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Si le corps humain comportait vingt-cinq sexes au lieu d'un, il perdrait beaucoup de son pouvoir érotique. Ce qui fascine, ce sont les îlots.
Afficher en entierJe jugeais cette idée magnifique et riche de sens : « Chacun tue ce qu’il aime », a écrit Wilde, l’un de mes saints patrons. J’attendais le moment où je verrais la belle foncer, cornes en avant, vers celui que j’aurais voulu être et l’embrocher, le soulever de terre, le porter au-dessus de sa tête en galopant. J’espérais que le sang de la victime coulerait sur la figure de l’aurochs qui tendrait sa langue pour le lécher. Le réalisateur ne partageait visiblement aucun de mes points de vue esthétiques. Je jetai un œil sur le scénario qui circulait. On eût cru un procès-verbal à l’usage d’un syndicat de vétérinaires. J’ai tendance à être stupide. Je jugeai opportun d’avertir Pierre de mon opinion, entre deux « coupez ! ». Il me regarda des pieds à la tête et reprit son activité sans me dire un mot
Afficher en entierCes saintes femmes me parlaient comme si cette ligne rouge allait être la seule horreur de ma figure. Je bénis la colère qui les aveuglait. Marguerite fut généreuse en mercurochrome. Nervalien, je murmurai : « Mon front est rouge encor du baiser de la reine... » Je me souvins alors que le dernier mot de ce sonnet était « fée » et je me tus, dans la peur absurde de dévoiler mon secret. Ethel me remplaça sur le fauteuil de maquillage. Je déplorai que mon corps toujours froid ne lui ait pas préchauffé le siège : je ressens moi-même une émotion presque érotique quand, dans le métro, je m’assieds à une place qu’une femme vient de quitter et que ses fesses ont tiédie
Afficher en entierCe n'est hélas pas contradictoire. Ton amour a ses racines dans le fumier : c'est peut-être pour ça que ses fleurs sont si belles.
Afficher en entierVers vingt heures, je la raccompagnais chez elle. J'aurais voulu rester avec elle plus longtemps mais je ne voulais pas avoir l'air de chercher à la séduire.
-Sais-tu qu'avant toi personnene m'appelait Epiphane?
-Comment t'appelait-on?
-Quasimodo.
-Pourquoi? Tu es bossu, tu es carillonneur?
-Non je suis laid.
Elle eut un rire sincère qui m'enchanta.Elle ne chercha pas à nier sottement :"Non, tu n'es pas laid"-cela m'eût fait grimper au plafond.
Puis elle dit :
-J'aime ton nom.Il te ressemble.
-Aussi laid?
-Non. Il est bizarre.
-Je suis bizarre? En quoi le suis-je?
Elle mit un temps avant de répondre:
-Tu ne dis jamais de choses blessantes ni d'idioties.
-Et c'est bizarre, ça?
-C'est très bizarre.
Afficher en entierJe n'ai pas pu rester longtemps : le froid était intenable. Je suis rentré en passant par les vieux quartiers de la ville : il n'y a pas plus beau que ces toits nippons ensevelis sous la neige, laquelle amortissait le bruit de mes pas au point de me convaincre de mon absence. Ne serait-ce que pour cette promenade nocturne, j'ai eu raison de venir au Japon.
Afficher en entierChaque passion a son siège dans le corps humain : l'amour étreint le coeur, le désir tord les tripes, la colère décuple la force des bras. La méchanceté pure, elle, s'en prend aux mâchoires : je sentis les miennes se gonfler sous la pression du mal.
Afficher en entierNous sommes de la race de ceux qui veulent le meilleur et refusent le reste: nous avons sans doute peu de chances d’obtenir ce que nous désirons mais cela ne change rien à notre désir. Nous aspirons au sublime et tant pis pour ceux qui nous trouvent débiles.
Afficher en entier" Quand à mon expression, si c'en est une, je renvoie à Hugo parlant du bossu de Notre-Dame : "La grimace était son visage". "
Afficher en entierNous aspirons au sublime et tant pis pour ceux qui nous trouvent débiles.
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