Extraits

Au bout de dix minutes, Jez s’engage dans une rue transversale et se gare au premier emplacement libre. Il coupe le moteur, reste encore un moment les mains sur le volant à me regarder, puis à regarder devant lui.

J’ai du mal à respirer. C’est le moment de vérité. Quand Jez tape brusquement deux fois des poings sur son volant, je me lance.

– Ce n’était pas moi, Jez, dans la deuxième partie de la vidéo, je dis d’une voix forte en espérant qu’il m’entende depuis le fond de sa colère.

Il me fixe, les lèvres pincées. Malgré la tension, la beauté de son visage est encore bien visible et je m’y accroche, je m’en nourris. Cette beauté que je sais capable de s’éclairer quand nous partageons des instants de bonheur.

– C’était bien toi, au début, dit-il, le regard scrutateur.

– Ce n’est pas moi qui couche avec ce type dans cette vidéo, je continue en serrant les poings pour lui montrer ma détermination à me défendre. D’ailleurs, je ne suis même pas sûre que ce soit lui non plus à ce moment-là.

– Je ne comprends rien à cette histoire, dit Jez en levant la voix. Je ne comprends pas de qui tu parles. Qui est ce « lui » ? Qui est ce type qui te dit ces horreurs au début de la vidéo ? Ce type devant qui tu te fous à poil, Eddie !

Nouveau coup contre le volant. Je le laisse faire. Je serais moi-même capable de soulever une voiture tel un Hulk en colère.

– Il s’appelle Robert Stanley, c’est un ami de mon père, un sale vicelard, mais ça, tu as pu le voir…, je dis en baissant les yeux avant de me reprendre en rassemblant toute mon énergie combative. Ce que je veux te dire, Jez, c’est que ce que tu as vu est vrai jusqu’au moment où on me voit sortir de la chambre. Ensuite, c’est un grossier montage.

Jez me dévisage sans rien dire, comme s’il essayait de lire dans mes pensées. Je ne me laisse pas désarçonner.