Extraits

La terrible réalité de ce vaisseau me frappe d'un coup.

Ici, il n'y a nulle part où s'enfuir.

Je tends la main derrière moi. Elder est toujours là, à côté de moi. Depuis toujours. De nouveau, il essaie de me prendre la main. Je l'en empêche.

Je ne suis pas encore prête.

Mais... si ma vie sur Terre doit prendre fin, qu'elle se termine sur une promesse.

Sur une note d'espoirs.

J'enroule mon petit doigt autour du sien. Il l'enserre, et le monde ne me paraît plus aussi hostile.

-Tu resteras toujours avec moi? je murmure.

-Toujours.

" Because dreams are like that: they go in and out of memories and scene, but they're never real. They're never real, and I hate them because they aren't"

L'un des premiers enseignement d'Eldest portait sur les religions. Que des histoires de magie, des contes de fées, et je me souviens avoir beaucoup ri quand il m'a appris que sur la Terre il y avait eu des gens capables de mourir ou de tuer pour défendre ces personnages imaginaires.

Et la viande... m'est inconnue. Une sorte de viande rouge, sans gras. Chaque morceau forme un cube parfait – parce qu'un cuisinier l'a bien découpée ou parce que ce n'est pas du tout de la viande ? Dans ma tête je vois des bacs à glaçons remplis d'une pâte rougeâtre...

Elle se met à pleurer à gros sanglots, comme si elle détestait le monde entier, ou du moins ce vaisseau. Alors je fais ce que toute personne raisonnable ferait en pareille situation.

Je me tire au plus vite.

— Ça suffit, m'interrompt-il avec autorité. Je t'ai conseillé de ne pas causer d'ennuis. Tu ne m'as pas écouté. Tu es un élément perturbateur.

— Je crois que ce vaisseau a besoin d'un élément perturbateur !

— La dernière personne qui a pensé ça ne pense plus rien du tout, maintenant.

Moi non plus je n'ai pas envie qu'Amy sache ce qu'Eldest a dit. Mais chez Harley, ce genre d'omission est systématique. Il pense que le meilleur moyen de protéger quelqu'un est de ne rien révéler. Il ne comprend pas que ce qu'on s'imagine est en général bien pire que la vérité.

Je plisse les yeux. Ça m'étonnerait que ce vieux bougon lève le petit doigt pour aider autrui. Il imagine sans doute que poster des gardes dans la zone de cryogénisation créerait trop de « désordre ». C'est un sans-cœur. Peut-être même qu'il m'a débranchée simplement pour voir si ça me tuerait.

— Ne quitte pas l'Hôpital. Je n'ai pas encore décidé de ce que je vais faire de toi.

— Je ne suis pas en prison ! je m'indigne.

— Sur ce vaisseau, nous le sommes tous, rétorque-t-il.