Extraits

Un amour qui s'achève meurt toujours lentement, difficilement. Mais lorsqu'un autre amour se présente, le précédent est impitoyablement et rapidement broyé.

"Vos serments sont aussi nombreux que les coquillages et aussi légers que le vent."

"Tu devrais t'en souvenir. Il n'y a aucune loi qui garantisse l'amour d'un homme pour une femme. Seule la séduction maintient l'amour. Tant qu'on reste capable de séduire, on sera aimé..."

Trân Phuong se remémore les femmes qui sont tombées entre ses bras, leurs vêtements bariolés, éclatants, la poudre, les fards en couches épaisses sur leur visage, les parfums qui attirent les hommes comme l'aimant attire le fer. Il les voit défiler devant ses yeux, se trémoussant , inclinant la tête, jouant l'orgueil, la naïveté, la spontanéité... Soudain, cette denrée depuis longtemps digérée lui donne la nausée.

Elle se sent transportée, ivre comme lorsque sa mère lui a donné, pour la première fois, du riz gluant fermenté.

Il aime venir ici, tôt le matin, pour admirer le joli petit jardin dans la cour octogonale, écouter les haies de bambou bruire dans le vent. Ici, il rencontre les jeunes compositeurs dans leurs premiers pas, apportant leurs premières oeuvres, le coeur anxieux. Les jeunes chanteuses sont belles dans leurs tuniques éclatantes.

- Comme tu veux... Mais à force de pardonner à des gens de bonne foi qui ne cessent de gâcher le travail des autres, la société entière sombrera dans le déclin.

Une haleine chaude remonte de leur amour passé, envahit leurs veines, les transporte de bonheur.

La chambre est belle, élégante, avec ses murs hauts, bleu pâle et son grand tapis brodé de roses. la glace du buffet renvoie la lueur de filets d'or au bord des tasses et des bols, l'éclat du cristal des verres à vin, les bijoux de verre scintillants dans la chevelure d'une poupée japonaise, la clé dorée plantée dans le cadran d'un réveil. Ces objets hétéroclites se sont accumulés tout au long d'une vie de jour en jour plus aisée, comme des alluvions sur la rive d'un fleuve, dont on se rend compte un jour par hasard.

- (...) Aucun empire ne résistera à l'ouragan des évènements. Aussi, les efforts des hommes pour acquérir des richesses matérielles me semblent assez pitoyables. Une fois qu'on l'a compris, on peut vivre en paix une vie pleine, conforme à nos aspirations, à notre conscience...