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De quel songe s’élever ?
Lequel rêver ?
Avec quoi pénétrer dans le jardin des portes ?
Et l’exil est l’exil
Et ils savaient leur chemin jusqu’à son terme et rêvaient
Venus du lendemain à leur présent, ils savaient
La destinée des chansons dans leurs gorges et rêvaient
De l’oeillet du nouvel exil sur la clôture de la maison, savaient
Le sort des faucons s’ils se fixent dans les palais, et rêvaient
Du combat de leur narcisse avec le paradis quand il devient leur exil, et savaient
L’avenir de l’hirondelle quand le printemps l’embrase, et rêvaient
Du printemps de leur obsession qui viendrait ou ne viendrait, et savaient
Ce qu’il advient lorsque le rêve naît du rêve
Et savaient, et rêvaient et rentraient et rêvaient et savaient et rentraient et rentraient et rêvaient et rêvaient et rentraient
Afficher en entierJamais partis, jamais arrivés. Leurs coeurs sont des amandes dans les rues. Les places étaient plus vastes qu’un ciel qui ne les recouvrait point. Et la mer les oubliait. Ils distinguaient leur nord de leur sud, lâchaient les colombes de la mémoire vers leurs premières tourelles et capturaient chez leurs martyrs un astre qui les guidait à l’ogre de l’enfance. Chaque fois qu’ils disaient : Nous y sommes ? le premier d’entre eux dégringolaient l’arc des commencements. Toi le héros, laisse-nous que nous puissions te porter vers une autre fin. Périsse le commencement ! Toi le héros ensanglanté des longs commencements, dis-nous, longtemps encore notre voyage ne sera que commencement ? Toi le héros qui gis sur les pains d’avoine et le duvet des amandes, nous embaumerons de rosée la plaie qui tarit ton âme, nous l’embaumerons du lait d’une nuit éveillée, de la fleur de l’oranger, de la pierre qui saigne, du chant, notre chant, et d’une plume prise au phénix.
Et la terre se transmet comme la langue
Leur chant, pierre qui racle le soleil. Ils étaient bons et ironiques
Ne connaissaient danse et mizmar qu’aux funérailles des camarades partants
Ils aimaient les femmes tout comme les fruits, les principes et les chats
Comptaient les années par l’âge de leurs morts et partaient pour les obsessions
Afficher en entierIl y a des morts qui sommeillent dans des chambres que vous bâtirez. Des morts qui visitent leur passé dans les lieux que vous démolissez. Des morts qui passent sur les ponts que vous construirez. Et il y a des morts qui éclairent la nuit des papillons, qui arrivent à l’aube pour prendre le thé avec vous, calmes tels que vos fusils les abandonnèrent. Laissez donc, ô invités du lieu, quelques sièges libres pour les hôtes, qu’ils vous donnent lecture des conditions de la paix avec les défunts.
Afficher en entierAinsi, nous sommes qui nous sommes dans le Mississippi. Et les reliques d’hier nous échoient. Mais la couleur du ciel a changé et la mer à l’Est a changé. O maître des Blancs, seigneur des chevaux, que requiers-tu de ceux qui partent aux arbres de la nuit ? Elevée est notre âme et sacrés sont les pâturages. Et les étoiles sont mots qui illuminent … Scrute-les, et tu liras notre histoire entière : ici nous naquîmes entre feu et eau, et sous peu nous renaîtrons dans les nuages au bord du littoral azuré. Ne meurtris pas davantage l’herbe, elle possède une âme qui défend en nous l’âme de la terre. O seigneur des chevaux, dresse ta monture qu’elle dise à l’âme de la nature son regret de ce que tu fis à nos arbres. Arbre mon frère. Ils t’ont fait souffrir tout comme moi. Ne demande pas miséricorde pour le bûcheron de ma mère et de la tienne.
Afficher en entierIls sont rentrés
Au terme du long tunnel à leurs miroirs, et rentrés
Quand solitaires ou rassemblés, ont retrouvé le sel de leurs frères et délaissé
Les légendes de la défense des places pour l’ordinaire des mots
Ils ne lèveront plus s’ils veulent, mains ou bannières aux miracles
Ils sont rentrés célébrer l’eau de leur existence, et ordonner cet éther
Marier leurs fils à leurs filles, faire danser un corps dans le marbre estompé
Suspendre à leurs plafonds tresses d’oignons, cornes grecques et ail pour l’hiver
Traire les pis de leurs chèvres et nuages qui ont coulé des livrées des colombes
Ils sont rentrés aux confins de leur obsession, à la géographie de la magie divine
Au tapis de feuilles de bananier dans la terre des tracés anciens
Une montagne sur la mer
Derrière les souvenirs deux lacs
Un littoral pour les prophètes
Afficher en entierNos noms sont des arbres modelés dans la parole du dieu et oiseaux qui planent plus haut que les fusils. Ne coupez pas les arbres du nom, vous qui venez guerre de la mer. Et ne lancez pas vos chevaux flammes sur les plaines. Vous avez votre dieu, et nous, le nôtre. Vos croyances, et nous, les nôtres. N’ensevelissez pas Dieu dans des livres qui vous ont fait promesse d’une terre qui recouvre la nôtre. Ne faîtes pas de Lui un huissier à la porte du roi. Prenez les roses de nos rêves pour voir ce que nous voyons de joie ! Et sommeillez au-dessus de l’ombre de nos saules, pour vous envoler mouettes et mouettes, ainsi que s’élancèrent nos pères bienveillants avant de revenir paix et paix. Il vous manquera, ô Blancs, le souvenir de l’adieu à la Méditerranée et vous manquera la solitude de l’éternité dans une forêt qui ne débouche point sur un abîme, et la sagesse des brisures. Et il vous manque une défaite dans les guerres. Et un rocher récalcitrant au déferlement du fleuve du temps véloce. Et il vous manquera une heure pour une quelconque contemplation, pour que grandisse en vous un ciel nécessaire à la tourbe, une heure pour hésiter devant deux chemins. Euripide un jour vous manquera, et les poèmes de Canaan et des Babyloniens, et les chansons de Salomon à Shulamit. Et vous manquera le lys sauvage pour la nostalgie, et vous manquera, ô Blancs, un souvenir qui apprivoise les chevaux de la démence et un cœur qui racle les rochers afin qu’ils taillent dans l’appel des violons. Et il vous manque et manque l’hésitation des armes. Et s’il faut nous tuer, ne tuez point les êtres qui avec nous d’amitié se lièrent et ne tuez pas notre passé. Et il vous manquera une trêve avec nos fantômes dans les nuits stériles, un soleil moins enflammé, une lune moins pleine, pour que le crime apparaisse moins fêté sur vos écrans. Alors prenez tout votre temps pour la mise à mort de Dieu.
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