Au nom de la liberté: Joseph Boczov et Olga Bancic, deux de l'Affiche rouge
Auteur
- Viviane Janouin- benanti (Écrivain)
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Classement en biblio
extrait
Russie -1903 -
À la frontière Roumaine.
Quand Kichinev était russe, le 6 février, on découvrit à Dubasari, à une trentaine de kilomètres de la ville, le cadavre de Mikhail Rybachenko, un jeune chrétien de 14 ans. La nouvelle se répandit vite. La rumeur encore plus vite : ce crime ne pouvait avoir été commis que par des Juifs.
Pavel Krushevan, un journaliste du Bessarabien, connut pour son antisémitisme, y alla de sa plume et expliqua que tout désignait les Juifs, personne d'autre n'ayant intérêt à assassiner cet adolescent. Le journal Lumière poussa plus loin et prétendit que c'était la tradition juive de tuer un enfant chrétien, le but étant de lui prendre son sang pour fabriquer la matza, le pain sans levain, consommé pour Pessa'h.
Sans plus de réflexion, tout le monde s'engouffra dans cette voie et commença un pogrom qui dura trois jours ; trois jours d'enfer pour les Juifs de Kichinev. Le New York Times les résuma ainsi:
Il y a eu un plan bien préparé pour le massacre des Juifs le jour suivant la Pâques russe. La foule était entraînée par des prêtres, et le cri général, «Tuons les Juifs», retentissait dans toute la ville. Les Juifs furent assassinés comme des animaux. Le nombre de morts atteint le chiffre de 120 et les blessés au moins 500. Les scènes d'horreur pendant le massacre furent indescriptibles. Les bébés ont été massacrés par une foule hystérique. La police locale n'a rien fait pour arrêter les massacres. Au coucher du soleil, les morts et les blessés jonchaient les rues. Ceux qui ont échappé à la tuerie ont fui la ville.
Saisis, les Juifs avaient en effet peu réagi et ne s'étaient pas défendus. Sur cet événement, le poète Haim Bialik écrivit ces vers terribles dans La ville du massacre:
Tu verras de tes yeux les lieux où se cachèrent
Les lâches descendants des glorieux Maccabées...
Ils avaient fui comme des rats,
Ils s'étaient terrés comme des fourmis,
Et ils moururent d'une mort de chiens...
La honte est toute aussi grande que la douleur,
Et peut-être même est-elle plus grande encore.
Après ce pogrom, Haim Bialik, et d'autres avec lui, incitèrent les Juifs à s'organiser dans des ligues d'autodéfense. Le mot d'ordre était : à la violence d'où qu'elle vienne nous répondrons par la violence.
Plus tard, l'assassin du jeune garçon, un Roumain non juif, fut arrêté et jugé. Mais la justice, peu soucieuse d'aller au fond des choses, condamna seulement vingt-quatre émeutiers, et encore à des peines mineures, souvent à un an ou deux de prison. Deux seulement prirent cinq et sept ans.
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Date de sortie
Au nom de la liberté: Joseph Boczov et Olga Bancic, deux de l'Affiche rouge
- France : 2013-02-09 (Français)
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Résumé
Février 1944. L'Affiche rouge, montrant les visages de 10 résistants, dont ceux de Missak Manouchian et de Joseph Boczov, est placardée par la Gestapo dans toute la France. Les résistants des FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans, Main-d'oeuvre immigrée) sont dénoncés comme l'armée du crime.
Joseph Boczov, de son vrai nom, Ferenz Wolf, ingénieur, commandait le 4e détachement des FTP-MOI chargé du déraillement des trains de la SS et de la Wehrmacht... Il sera fusillé au Mont Valérien le 21 février 1944, à 38 ans.
Olga Bancic, ouvrière, faisait du repérage et du transport d'armes pour les FTP-MOI. Déportée en Allemagne, elle sera décapitée par les nazis à Stuttgart le 10 mai 1944, à 32 ans. Maman, elle laissait une petite Dolorès de 5 ans.
Ils étaient venus à pied de Roumanie. Joseph pour aider les républicains espagnols contre Franco dans les Brigades internationales. Olga, pour fuir la répression et rejoindre la France, patrie des Droits de l'Homme. Issus de familles juives, tous les deux camarades d'Ana Pauker, ils croyaient que le communisme apporterait le bonheur en Roumanie.
De la Roumanie à la France, en passant par l'Espagne, la vie de Joseph Boczov et Olga Bancic est une véritable épopée. Viviane Janouin-Benanti nous la fait revivre dans ce roman palpitant.
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