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La Saga des Rinucci, Tome 4 : Au premier regard



Description ajoutée par Underworld 2018-09-14T08:58:00+02:00

Résumé

Célèbre productrice en Angleterre, Della Hadley cherche depuis des mois un présentateur pour une série historique. Aussi, quand on lui conseille l'archéologue italien Carlo Rinucci, n'hésite-elle pas à se rendre à Naples pour le rencontrer. Là, dès le premier regard, elle sent que sa vie bascule : jamais elle n'a rencontré un homme si séduisant. Pourtant, tout les sépare : l'âge, la langue, la culture. Autant d'obstacles qui font renoncer Della à avouer son amour au bel Italien...

* * *

Description en VO :

Her Italian toyboy!

Intelligent, sensible Della Hadley should have known better than to embark on an affair with a Italian playboy six years her junior, but vibrant and sexy Carlo Rinucci was just too hard to resist....

Della knows that a fiery passion so quick to ignite should be fast to die out, despite Carlo's vow that their love is forever. But Carlo is Italian through and through, and determined to win his woman--and make Della his bride before the sun sets on their affair.

* * *

Sensible Della should've known better than to embark on an affair with Carlo Rinucci... But Carlo is Italian through and through. Can he make Della his bride before the sun sets on their affair?

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Classement en biblio - 2 lecteurs

extrait

** Extrait offert par Lucy Gordon **

1.

La photo affichée sur l’écran de l’ordinateur semblait égayer la pièce. Le sourire espiègle de l’homme jeune qui y apparaissait n’y n’était pas étranger. Pas plus que ce regard pétillant d’un bleu très vif, ni ces boucles châtain clair tout ébouriffées.

— Oh-oh ! s’exclama Jackie. Joli spécimen…

Della rit avec indulgence. Sa secrétaire, qui approchait la trentaine, se laissait facilement émouvoir par la beauté masculine. Elle s’efforçait pour sa part d’adopter une attitude plus détachée.

— Il n’est pas mal, admit-elle.

— Pas mal ? répéta Jackie, scandalisée. Il est sublime !

— Ça ne me suffira pas. Il me faut un homme qui connaisse bien le sujet. Et, de préférence, qui se soit déjà fait un nom.

— Réfléchis, Della : c’est une série télévisée, que tu vas produire. Le physique n’est donc pas négligeable.

— En effet. Le candidat que je choisirai devra avoir l’air sérieux et compétent, pas des allures de jeune premier. Carlo Rinucci a tout au plus vingt-cinq ans.

— D’après mes renseignements, répliqua Jackie en feuilletant quelques documents posés sur son bureau, il en a trente. Et une solide réputation dans le domaine des vieilles pierres, ossements et autres.

— Mais il est italien. Je ne peux pas l’embaucher pour présenter une émission anglaise.

— Certains épisodes seront tournés en Italie. De plus, toujours selon mes sources, il parlerait anglais à la perfection, et assez bien français et espagnol. Tu disais toi-même que, pour que cette série soit rentable, il te faudrait la vendre à d’autres pays.

C’était exact. Della, réalisatrice qui avait monté sa propre maison de production, comptait parmi les célébrités du monde de la télévision. Ses émissions étaient très appréciées, tant du public que des directeurs de chaînes. Cela ne l’empêchait pas de garder la tête sur les épaules et d’accorder à l’aspect matériel de ses créations toute l’importance qu’il méritait.

Elle examina de nouveau le portrait de Carlo Rinucci, et dut convenir que son visage n’était pas seulement attirant, mais aussi et surtout intéressant. Son sourire, à la fois coquin et joyeux, recélait quelque chose de particulier. A croire qu’il venait de découvrir un secret ignoré du reste du monde.

— J’ai eu un oncle représentant de commerce, reprit Jackie, qui n’avait pas son pareil pour charmer tous ceux — celles, surtout ! — qui croisaient son chemin. Quoi qu’il fasse, il trouvait toujours grâce aux yeux des gens qu’il avait pu berner d’une façon ou d’une autre. Et on lui pardonnait, pour le seul plaisir de le voir sourire. Mon père disait de l’oncle Joe qu’il ne s’était pas contenté de manger la pomme. D’après lui, il vivait dans le pommier !

— Tu penses que ce Carlo Rinucci serait de cette même engeance ?

— Ça ne me surprendrait pas…

Della, qui partageait cet avis, ne dit cependant rien. La prudence que lui avait enseignée la vie lui interdisait de manifester trop d’enthousiasme pour le jeune Carlo. Même si elle le trouvait elle aussi « sublime ».

Il n’en restait pas moins que le curriculum vitæ du bel Italien était saisissant. George Franklin, son assistant — qui l’aidait à effectuer des recherches pour cette série —, lui avait envoyé un e-mail des plus élogieux.

Ne te laisse pas tromper par sa jeunesse. Carlo Rinucci est un élément très prometteur. Il a effectué des travaux impressionnants, et écrit deux ouvrages qui ont suscité l’attention des spécialistes. Si ses opinions ne sont pas toujours très orthodoxes, il est considéré dans son domaine comme quelqu’un de sérieux et de fiable.

George avait ajouté quelques notes sur le projet auquel travaillait en ce moment le jeune archéologue, à Pompéi, la célèbre petite ville située au nord de Naples, qui avait disparu presque deux mille ans auparavant sous la lave du Vésuve en éruption.

George avait conclu par ces mots : Crois-moi, il mérite que tu étudies son cas de près.

— « De près », répéta Della, songeuse.

— Je m’en charge ! s’exclama Jackie. Je peux très bien prendre le prochain vol pour Naples, le rencontrer, et te faire part de mes impressions.

— Habile tentative…, observa Della, amusée.

— Tu veux dire que tu as décidé de te l’accaparer ?

— Ce que je veux dire, rétorqua Della, la mine sévère, c’est que j’entends envisager toutes les options sous un angle professionnel. Suite à quoi je jugerai de ce qui me semble le plus adapté à cette série d’émissions.

Jackie hocha la tête.

— Bien sûr. Je ne me trompais pas : tu as décidé de t’accaparer Carlo Rinucci.

Della abandonna son air strict pour éclater de rire.

— Il faut bien que le rôle de chef offre quelques avantages…

— Quelques seulement ? railla Jackie.

Elles rirent de concert, puis la plus jeune des femmes reprit, sérieuse cette fois :

— Si tu le choisis, ton succès est assuré. L’émission atteindra des taux d’audience records. Tous les pays se l’arracheront. Tu deviendras célèbre.

— Célèbre, je le suis déjà pour des centaines de personnes, déclara Della d’un air faussement vaniteux.

— Tu le seras bien plus encore !

— Tu penses donc que je devrais avoir recours à lui pour asseoir ma position ? Merci bien, je n’ai besoin d’aucun joli garçon qui se sert de son charme pour avancer dans la vie !

— Rien ne te permet d’affirmer qu’il se sert de…

— Je n’avais pas remarqué qu’il était si tard ! s’écria soudain Della. L’heure de la sortie a sonné, ma belle.

Jackie soupira et rassembla ses affaires. Sur le point de tourner les talons, elle lança un dernier regard langoureux à l’écran de l’ordinateur, où souriait toujours Carlo Rinucci.

— Un peu de tenue, voyons ! lança Della. Il n’est tout même pas si extraordinaire.

— Bien sûr que si, il l’est…

Soupirant de nouveau, Jackie consentit enfin à s’éloigner pour gagner la sortie.

Della, elle, n’avait pas de trajet à faire entre son domicile et son lieu de travail, puisqu’elle travaillait chez elle, dans une péniche amarrée sur la Tamise. Elle adorait cet endroit. Pas seulement parce qu’il était très agréable à vivre, mais aussi parce qu’il symbolisait tout le chemin qu’elle avait parcouru.

A 18 heures, sa propre journée de travail n’était pas terminée. Elle entrait dans une autre phase : c’était le moment où elle appelait des gens qui habitaient à l’autre bout du monde, sur d’autres fuseaux horaires.

Elle se déchaussa et s’installa confortablement. Le beau visage de Carlo Rinucci occupait toujours l’écran, mais elle refusait de se laisser distraire. La main tendue vers la souris, elle s’apprêtait à cliquer pour l’envoyer dans le cyberespace, quand ses doigts s’immobilisèrent.

Au tout début de cette aventure, elle avait décrété que le présentateur de cette série historique ne devrait pas être un simple animateur, susceptible de se retrouver démuni si, pour quelque raison, sa prestation devait dépasser le cadre du script. Elle attendait de lui qu’il participe de façon active à l’élaboration de scénarios, basés sur des événements qui avaient marqué l’Histoire avec un grand H.

Elle avait déjà reçu un certain nombre de candidats des deux sexes. Tous des gens sérieux, que précédait une excellente réputation.

Une femme même avait éveillé en elle de grands espoirs, jusqu’au moment où, durant l’entretien, elle avait commencé à adopter une attitude pédante.

Son attention s’était alors portée sur un homme d’une quarantaine d’années, élégant, très cultivé, qui avait cependant perdu tous ses moyens face à la caméra.

— Je suis certaine que ça ne vous arrive jamais, Carlo Rinucci ! lança-t-elle à l’écran. Il suffit de vous regarder pour le deviner. Vous n’avez sûrement pas votre pareil pour charmer vos interlocuteurs, ce qui vous a sans doute aidé à récolter toutes ces louanges.

A ce stade de son monologue, elle s’arrêta et écarquilla les yeux. Elle aurait juré qu’il venait de lui répondre par un clin d’œil.

— Ça suffit ! enchaîna-t-elle avec une moue de réprobation. Je connais les gens de votre espèce. Mon ex-mari vous ressemblait. Il n’y avait pas plus charmeur que lui ! Malheureusement, c’était là tout ce dont il était capable. Non, je mens. Gerry avait aussi un don pour vider les comptes bancaires !

Elle se servit un soda avec un doigt de gin, et revint s’asseoir face au portrait. Le plaisir qu’elle prenait à le contempler était aussi indéniable qu’agaçant.

— Et si je ne me montrais pas envers vous aussi objective que je le devrais, monsieur Rinucci ? Si je cherchais à vous trouver tous les défauts de la création, précisément parce que tout le monde s’obstine à vanter vos qualités ? Mes amis prétendent que je suis dotée d’un solide sens de la contradiction… Ils me trouvent également entêtée, peu diplomate, pas toujours facile à vivre. Et ce sont mes amis !

Haussant une épaule, elle but une gorgée de gin tonic et poursuivit :

— La vie que je mène me convient à merveille. Je suis comblée par ma carrière, et immunisée contre le sexe opposé. La plupart du temps, en tout cas. Vous ne m’intéressez pas. Pas du tout. Compris ?

Elle fixa Carlo Rinucci, qui la fixa à son tour. Il n’avait pas l’air convaincu par sa déclaration.

— Je suppose donc, reprit-elle avec lenteur, que rien ne m’empêche de vous rencontrer…

* * *

— On croirait qu’une bombe a explosé ici…, dit Hope Rinucci en examinant le salon, puis la salle à manger, et enfin la terrasse qui surplombait la baie de Naples, avec le Vésuve en toile de fond. Deux bombes, même ! rectifia-t-elle, face au désordre qui régnait dans la maison.

Son ton n’exprimait toutefois nulle désapprobation. De la satisfaction, plutôt. Car une fête s’était déroulée la veille au soir à la villa Rinucci et, aux yeux de Hope, une fête qui ne laissait aucune trace n’était pas réussie. Selon ce critère, la soirée précédente relevait du succès triomphal.

Ruggiero, l’un de ses plus jeunes fils, entra alors dans le salon et se laissa aussitôt tomber dans un fauteuil.

— Un grande soirée…, dit-il, étouffant un bâillement.

— En effet. Nous avions tant d’événements à célébrer ! La promotion de Francesco, Primo et Olympia qui attendent un heureux événement — avec les parents de celle-ci, venus tout spécialement d’Angleterre. Et, pour finir, Luke et Minnie qui nous annoncent eux aussi une future naissance !

— Sans oublier Carlo…, fit Ruggiero, citant son jumeau. Maman, as-tu réussi à deviner laquelle de ces trois jeunes personnes était sa petite amie ?

— Je t’avouerai que non. Il m’a semblé les voir arriver toutes ensemble.

Hope disparut quelques instants dans la cuisine et revint avec une cafetière et des tasses sur un plateau. Son fils accepta avec un plaisir non dissimulé le café qu’elle lui tendit.

— Quel dommage que Justin et Evie n’aient pu se joindre à nous, reprit-elle. Bien sûr, je comprends qu’elle ait préféré ne pas se déplacer. Quand on est sur le point de mettre au monde des jumeaux, on n’a pas très envie de voyager. Elle m’a promis de venir avec eux dès que possible.

— Très bien. Ce sera un prétexte idéal pour une autre fête. Qui sait, d’ici là Carlo aura peut-être appris à se diviser en trois !

Hope but une longue gorgée de café avant de demander :

— Avec laquelle est-il parti ?

— Je ne l’ai pas vu partir, mais j’ai eu l’impression de les voir s’en aller tooutes les trois ensemble ! répondit Ruggiero avec un sourire à la fois moqueur et envieux. Mio Dio, quel type courageux !

— Qui est un type courageux ? lança Francesco, entrant à pas feutrés dans le salon.

Hope lui sourit et remplit une autre tasse de café.

— Carlo, lui répondit-elle. Il est arrivé hier soir avec trois charmantes demoiselles. Tu ne l’as pas remarqué ?

— A mon avis, fit Ruggiero, il n’a rien remarqué d’autre que cette rousse flamboyante ! Où l’as-tu trouvée ?

Francesco grimaça et but une gorgée de café.

— Je pense que c’est plutôt elle qui m’a trouvé…

— Nous étions en train de nous demander, maman et moi, laquelle de ces jeunes femmes Carlo avait ramenée chez lui.

— Il n’est pas rentré chez lui.

Hope le fixa, les yeux tout arrondis.

— Comment le sais-tu ?

— Parce qu’il est ici.

D’un geste du menton, Francesco désigna un sofa tourné vers la fenêtre. Un sofa dans lequel dormait tout habillé un homme d’une trentaine d’années. Sa chemise blanche, largement ouverte, dévoilait une peau dorée.

— Hé ! s’exclama Ruggiero en le secouant sans ménagement.

— Mm ?

Son jumeau le secoua de nouveau, et Carlo finit par soulever les paupières.

Le voir se réveiller ainsi, le regard limpide, l’air serein, après une soirée mouvementée, exaspérait ses frères. Même après une nuit blanche, Carlo paraissait tout à fait alerte, ce qui, comme l’avait marmonné un jour Ruggiero, « donnait des envies de meurtre ».

— Bonjour tout le monde ! lança-t-il après s’être redressé.

Ruggiero croisa les bras et le gratifia d’un regard noir.

— Que fais-tu ici ?

— Où est le problème ? Pourquoi ne devrais-je pas être ici ? Ah, du café… Quelle bonne idée, maman ! Merci.

— Ne prête donc pas attention à tes frères. Ils sont jaloux !

— Trois ! s’écria Ruggiero en levant les bras au ciel. Il avait trois femmes qui n’attendaient qu’un signe de lui, et il s’endort sur le sofa !

— Reconnais que trois, ça fait beaucoup, répliqua Carlo avec une logique implacable. J’ai donc préféré leur appeler un taxi et me coucher tranquillement.

— J’espère que tu as réglé la course à l’avance…, intervint Hope, prête à afficher un air horrifié.

— Bien sûr, maman. J’ai été bien élevé.

Francesco le dévisageait, consterné.

— Quand j’y pense… Quelle lâcheté !

— Je sais, je sais, fit Carlo avec un soupir. J’ai d’ailleurs très honte de moi.

— Et tu prétends être un Rinucci ? renchérit Ruggiero.

— Ça suffit maintenant, les enfants ! Votre frère s’est comporté en vrai gentleman.

— En vraie poule mouillée, plutôt ! fit Francesco avec un rire narquois.

— J’en conviens. Mais, vois-tu, se comporter comme une poule mouillée présente aussi certains avantages. Les femmes te considèrent comme un gentleman, et la fois suivante…

Il finit sa tasse café d’une traite, embrassa sa mère et s’enfuit sous les cris indignés de ses frères.

* * *

L’hôtel Vallini était considéré comme le meilleur établissement de Naples. Situé à mi-hauteur d’une colline, il dominait la ville et offrait une superbe vue de la baie.

Debout sur le balcon, immobile, Della contemplait la silhouette majestueuse du Vésuve, qui se dressait au-dessus des brumes de chaleur. Il n’existait à Naples aucun endroit où l’on puisse échapper à la vue du grand volcan, à la fois menaçant et mystérieux. Sa gigantesque éruption, survenue presque deux mille ans auparavant et engloutissant en un jour Pompéi, était entrée dans la légende. Légende qui fascinait assez Della pour qu’elle ait choisi d’ouvrir sa série d’émissions historiques avec elle.

Fatiguée par le vol de trois heures et par le changement de climat, elle avait pris une douche à peine tiède dès son arrivée à l’hôtel, et, revigorée, s’était changée. Elle avait opté pour une tenue élégante, dont la simplicité frôlait l’austérité : un pantalon en lin noir et une tunique blanche sans manches, d’une coupe sobre et parfaite, œuvre d’un jeune créateur.

« Une tenue de femme d’affaires », s’était-elle dit en s’observant dans le grand miroir mural. Ce n’était vrai qu’en partie. A la voir, on aurait cru que ces vêtements avaient été créés spécialement pour elle, dans le but de mettre en valeur sa silhouette longue et fine. Une silhouette sage, avec des seins menus et des hanches étroites.

Cette apparente sagesse était trahie par un visage aux pommettes hautes, aux lèvres pulpeuses toujours maquillées, qu’encadrait une épaisse chevelure ondulée blond foncé. Le contraste entre ce visage et la façon dont elle s’habillait semait la confusion parmi les éléments masculins qu’elle côtoyait. Et, à vrai dire, elle s’en réjouissait.

Della n’avait prévenu personne de son arrivée, préférant prendre sa proie par surprise. Elle n’était pas même certaine que Carlo Rinucci se trouve à Pompéi ce jour-là. Elle savait seulement qu’il y travaillait, mettant à l’épreuve de nouvelles théories sur le site.

L’après-midi était à peine entamé. Della descendit, décidée à découvrir les lieux et à se forger quelques premières impressions qui lui seraient utiles lorsque, le lendemain, elle entrerait en action.

Elle monta dans un taxi qui la déposa à la gare, où elle acheta un billet pour la Circumvesuviana, un train qui longeait une voie étroite reliant Naples à Pompéi en une demi-heure. Elle passa presque tout le trajet à regarder le Vésuve par la fenêtre, qui se faisait de plus en plus imposant.

La distance était courte entre la gare et la Porta Marina, entrée de la ville de Pompéi, où elle prit un ticket pour visiter les ruines. Dès qu’elle pénétra dans l’enceinte, le calme qui y régnait la saisit.

Les rues étaient bondées de touristes, mais ceux-ci parlaient bas. Lorsqu’elle tourna pour accéder à ce qui avait été une cour intérieure, elle se retrouva dans un silence presque absolu. Cette quiétude lui paraissait d’autant plus délicieuse qu’elle vivait ordinairement dans une perpétuelle agitation. Elle se promena lentement dans cet espace vide et observa les pierres anciennes, se laissant imprégner par la paix des lieux.

— Viens ici ! Tout de suite. Tu m’entends ?

Le cri perçant la fit sursauter. Della comprit bientôt ce qui l’avait provoqué. Un enfant d’une douzaine d’années courait au milieu des ruines, sautant agilement par-dessus les pierres. Une femme d’une cinquantaine d’années le poursuivait en ahanant.

— Viens ici !

Elle s’époumonait en anglais.

Le garçon commit l’erreur de se tourner vers elle, et ne prêta pas attention à Della qui venait de se placer en travers de son chemin. Elle le prit par les épaules.

— Lâchez-moi ! s’écria-t-il.

— Impossible, je regrette, dit-elle d’une voix gentille mais ferme.

— Oh… Merci beaucoup.

Essoufflée, l’enseignante venait de les rejoindre.

— Ça suffit maintenant, Mick, ajouta-t-elle. Tu vas me faire le plaisir de retourner avec le reste de la classe. Compris ?

— Mais je veux pas ! protesta le dénommé Mick. Je m’ennuie. J’aime pas l’Histoire !

— Nous sommes en voyage de découverte, expliqua l’enseignante à Della. Une chance inouïe ! J’aurais été enchantée, à leur âge, de visiter l’Italie. Ces gamins sont bien tous pareils : des ingrats ! Rien d’autre ne les intéresse que leurs jeux vidéo et toutes ces saletés électroniques.

— Je m’ennuie, répéta l’enfant d’une voix geignarde.

Les deux femmes échangèrent un regard de sympathie, et Mick profita de cet instant d’inattention pour s’échapper de nouveau. Rapide comme l’éclair, il avait déjà disparu quand elles se lancèrent à sa poursuite.

— Mon Dieu ! se lamenta l’enseignante. Et ma classe ? Je ne peux pas l’abandonner…

— Rejoignez vos élèves, je me charge de retrouver le fugitif !

Mais c’était plus vite dit que fait. Le jeune garçon semblait avoir été avalé par les pierres. Elle courait de rue en rue, sans aucun succès.

Elle vit enfin deux hommes postés devant un gros trou dans le sol, qui l’examinaient avec beaucoup d’intérêt. Le plus jeune de ces hommes avait l’air d’en être tout juste sorti. Il avait sur les bras quelques traces de terre, et, comme son gilet sans manches était ouvert, elle voyait des gouttes de sueur dégouliner le long de ses pectoraux.

— Hé ! lança-t-elle en se rapprochant d’eux. Auriez-vous vu passer un garçon d’une douzaine d’années avec un T-shirt rouge ? Il est en visite scolaire, et son professeur aimerait bien le retrouver.

— Je n’ai vu personne, fit le plus âgé des hommes. Et toi, Carlo ?

Le dénommé Carlo s’était tourné vers elle, tout sourire. Elle se retrouva face au beau visage masculin qu’elle avait vu pour la première fois sur l’écran de son ordinateur.

Face à celui qui était à l’origine de ce voyage en Italie.

— Je n’ai rien remarqué…, commença-t-il, avant de s’écrier soudain, la main tendue vers la droite : Là !

L’élève dissipé venait de surgir sous une arche. Il regarda autour de lui, emprunta une rue et disparut. Carlo Rinucci se lança à sa poursuite. Aussi étonnée qu’amusée, Della les vit apparaître et disparaître tour à tour sous des arches et des portiques.

Mick souriait, à présent. De toute évidence, cette façon de visiter les ruines lui convenait bien mieux que celle imposée par son professeur. Ses camarades ne furent pas longs à partager son avis et à se joindre à cette course-poursuite.

— Dieu du ciel…, gémit l’enseignante, qui venait de rejoindre Della.

— Laissez-les donc se dégourdir un peu les jambes.

La main tendue, elle se présenta.

— Della Hadley.

— Hilda Preston. Chargée de surveiller de près tous ces diables !

— Je crois bien que vous avez trouvé quelqu’un pour vous seconder dans cette tâche.

C’était exact. Les enfants s’étaient rassemblés autour de Carlo Rinucci. Comme par enchantement, celui-ci avait réussi à les apaiser et les conduisait à présent vers leur professeur.

— Vous m’avez bien compris, n’est-ce pas ? leur disait-il. A partir de maintenant, vous allez vous calmer.

Après l’avoir remercié d’un sourire crispé, Hilda se campa devant sa classe, qu’elle fusilla du regard.

— Pouvez-vous m’expliquer ce qui s’est passé ? fulmina-t-elle. Il me semble pourtant bien vous avoir demandé de rester près de moi !

— Mais on s’ennuie, se lamenta de nouveau Mick.

— Ça m’est bien égal ! Je vous ai amenés ici pour vous inculquer un peu de culture, et je ne m’écarterai pas de cette voie !

Un petit bruit éveilla l’attention de Della. Elle se tourna. Juste derrière elle, Carlo toussotait pour masquer son envie de rire. Comme elle avait elle aussi du mal à contenir un accès d’hilarité, ils échangèrent un regard complice.

— Voilà un mot qu’il ne faut surtout pas prononcer, murmura-t-il à l’oreille de Della. Culture ! Je pensais que les professeurs des temps modernes ne commettaient plus ce genre d’erreur. Enfin, j’espère que ça ne lui arrive pas trop souvent…

— Je ne sais pas… Je ne…

Il pensait sans doute qu’elle faisait elle aussi partie de ce voyage scolaire.

— Aucune importance, reprit-il. Il est temps de voler à son secours.

La déclaration de l’enseignante avait été saluée par un concert de protestations. Il se rapprocha du groupe et leva les bras.

— Allons, allons, un peu de calme, s’il vous plaît ! Cet endroit n’a qu’un très lointain rapport avec la culture. Ce qui s’est passé ici est lié à la mort. Les habitants de Pompéi ont connu une fin tragique. Ils ont péri de façon épouvantable.

Hilda porta la main à sa gorge et se rapprocha de Della.

— Seigneur Dieu…, souffla-t-elle. Il ne doit pas leur parler de cette façon. Ce ne sont que des enfants.

— Les enfants adorent justement tout ce qui est effrayant, lui répondit Della.

Tous les élèves étaient suspendus aux lèvres de Carlo, qui s’exprimait avec une emphase étudiée.

— Cette histoire rivalise d’horreur avec les pires cauchemars. Des milliers de gens menaient leur vie habituelle ce jour-là, quand ils ont entendu un grondement menaçant. Le Vésuve est alors entré en éruption, et a englouti toute la ville. Certains ont eu le temps de s’enfuir, d’autres ont voulu se réfugier dans les caves et ont été ensevelis sous les cendres du volcan. D’autres encore ont été surpris par une coulée de lave alors qu’ils s’attelaient à une quelconque tâche quotidienne, et sont restés figés dans cette position. Pendant des siècles, vous imaginez ?

La classe entière était subjuguée.

— C’est vrai qu’il y a des corps de ces gens, au musée ? demanda un garçon, les yeux ronds.

— Pas les véritables corps, repartit Carlo, du ton de celui qui fait un aveu à contrecœur.

Cette réponse fut saluée par des soupirs de déception.

« Ils sont assoiffés de sang, songea Della, amusée. D’authentiques petits vampires ! »

— Bon nombre d’habitants de Pompéi ont été pris au piège et sont morts ensevelis sous la lave, poursuivait Carlo. Quand on a procédé aux fouilles, des siècles plus tard, les corps des morts avaient laissé dans la lave des creux qui correspondaient à leurs formes exactes. Il a donc été possible de procéder à des moulages en plâtre, afin de reconstituer ces corps.

— Et on peut les voir ?

— Absolument.

Cette fois, tous les petits visages dressés vers lui reflétaient la satisfaction. Il continua de fournir à son auditoire captivé des détails sur le sujet. Il parlait parfaitement bien anglais, avec une légère pointe d’accent italien, et soudain les rues parurent vivantes, peuplées de ces hommes et femmes qu’un terrible destin allait faire entrer dans l’Histoire.

C’était l’occasion rêvée pour l’observer, et Della ne perdit pas une seconde de ce spectacle.

Elle avait pour habitude de se montrer exigeante et donc plutôt sévère dans ses appréciations, mais Carlo Rinucci semblait collectionner les qualités. Erudit, bardé de diplômes et doté d’un charisme quasiment exceptionnel, il était de surcroît très intéressant, drôle et, pour finir, bel homme, ce qui ne gâchait rien.

— Je conclurai sur ces mots : l’Histoire n’est pas de la culture. L’Histoire raconte les existences de gens qui vivent et qui meurent, qui aiment et qui haïssent, comme nous tous. Maintenant, retournez avec votre professeur, et tenez-vous tranquilles sans quoi je vous plongerai tous dans de la lave en fusion !

Cette menace fut acclamée, et Hilda avança vers lui, la main tendue.

— Je vous remercie infiniment. Vous avez un don particulier avec les enfants…

— Disons plutôt que j’aime bien étaler mes connaissances ! plaisanta-t-il dans un accès d’autodérision.

Plus le temps passait, plus Della était convaincue d’avoir trouvé l’homme qu’il lui fallait.

Après l’avoir remercié encore une fois, Hilda s’éloigna avec sa classe. Il se tourna vers Della, apparemment surpris qu’elle ne suive pas le groupe.

— J’étais là par hasard quand ce gamin a décidé de s’échapper, lui expliqua-t-elle. Je ne fais pas partie de ce voyage… culturel !

Ils se dévisagèrent et partirent ensemble d’un grand éclat de rire.

— Cette pauvre femme n’est pas au bout de ses peines, reprit-elle avec une moue comique.

— J’en ai bien peur.

Il lui tendit la main.

— Carlo Rinucci.

— Oui…

Sur le point de dire qu’elle le savait, elle se ravisa juste à temps et lui serra la main.

— Della Hadley.

— Ravi de faire votre connaissance, mademoiselle Hadley. A moins que ce soit… madame ?

— Techniquement parlant, oui. Je suis divorcée.

Sans lui lâcher la main, il lui adressa un sourire désarmant.

— Je m’en réjouis.

Une petite voix retentit au fond de l’esprit de Della.

« Sois prudente. De toute évidence, il excelle à ce jeu… »

— Hé, Carlo, vas-tu te décider à lâcher la main de la signora, ou envisages-tu de la mettre en exposition au musée, avec les autres ?

Soudain gênée, Della retira sa main. Gêné, Carlo ne l’était pas du tout, lui. Il souriait toujours, manifestement conscient de la portée de ce sourire. Elle se rappela soudain ce que disait Jackie à propos de son oncle.

— J’avais oublié Antonio…, dit-il avec une moue comique.

— Oh, ne t’inquiète donc pas pour moi ! s’exclama celui-ci, jovial. Je travaille pendant que tu t’occupes des relations publiques…

— Je propose que nous en restions là pour aujourd’hui, Antonio. Nous avons bien avancé, et je suis sûr que la signora Hadley a envie d’un café.

— En effet, dut-elle reconnaître.

— Dans ce cas, allons-y.

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Dates de sortie

La Saga des Rinucci, Tome 4 : Au premier regard

  • France : 2008-05-14 - Poche (Français)
  • USA : 2007-08-07 - Poche (English)
  • USA : 2012-09-27 (English)

Activité récente

Titres alternatifs

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  • The Italian's Wife by Sunset (The Rinucci Brothers #4) - Anglais
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