Au service du surnaturel - Saison 1 : Jenna, Épisode 6

1 — Un bal, un cavalier, un show, le tout surprenant !

— Devon, c’est vous ?

— Oui, se contenta-t-il de me de dire.

— Ah… euh, c’est que je ne vous avais pas reconnu, en fait.

— Suis-je si différent ?

« Il est sérieux ? »

Oubliant le fait que j’étais en train de flotter dans les airs, je le regardai avec un mélange de surprise, de curiosité et… de crainte.

— Ben… Disons que vous n’avez plus la peau grise, vos cornes. Votre corps est…

Les mains posées sur ses épaules, je me pris à les palper.

« Oui… non. Ça, ça n’a pas trop changé. Toujours aussi dur que de la pierre. Bon Dieu, c’est la première fois que je touche un homme aussi musclé. »

Pourtant, Jackson possédait un corps d’athlète, mais Devon semblait plus brut, avait des formes plus pleines.

— Je vous effraie moins ainsi ?

« Que dire ? Ce serait con que je le laisse filer en disant un truc de travers. »

Et vu comme j’étais une bourde ambulante dernièrement, je ne manquerais pas de le fâcher. Je le regardais tout en me focalisant sur ses pensées. Et à ma grande surprise, je fis chou blanc. Pourtant, depuis que je portais le collier, j’avais pu lire dans la tête de toutes les personnes sur lesquelles je m’étais concentrée. Lui : rien. Constatant qu’il attendait une réponse, je bredouillai :

— Vous ne m’avez pas effrayée, la dernière fois… enfin, au début, j’ai quand même flippé grave quand vous êtes sorti de la cage d’ascenseur, et puis quand vous m’avez arraché des mains lord Hamilton. J’ai failli me faire pipi dessus quand vous vous en êtes pris à Calypso. Enfin… Bon. Disons que… maintenant, ça va. Surtout quand vous avez l’air normal… comme ça ! débitai-je avant de réaliser la portée de mes mots. Sans vouloir vous froisser, bien sûr !

— Vous, par contre, vous n’avez pas changé.

— Comment ça ?

— Vous parlez toujours autant.

Je grimaçai. Je n’imaginais même pas ce qu’il pensait de moi après la scène que je lui avais faite. Bon, après tout, il m’avait approchée.

« Peux-être qu’il aime les cinglées, qui sait ? »

— Si vous me connaissiez vraiment, vous ne penseriez pas ça. Je ne suis pas très loquace en temps normal. C’est juste que la dernière fois, j’ai craqué. Je devais être en état de choc.

Il me regarda comme s’il doutait de ce que je venais d’affirmer. Il me demanda :

— Et là aussi, vous êtes en état de choc ?

— Si ça ne vous dérange pas, on pourrait redescendre sur terre ? lui dis-je pour éviter de lui répondre que je n’étais effectivement pas dans mon état normal. À cause de lui, d’ailleurs.

L’instant suivant, il entama notre descente. Je lâchai un soupir de soulagement lorsque mes pieds touchèrent le sol. Pour autant, je restai cramponnée à lui, rassurée par la force qu’il dégageait. Ses ailes se replièrent jusqu’à disparaître de ma vue.

— Wahou !

— Plaît-il ?

— Hein ? Ah… ce sont vos ailes. Ça doit être super de pouvoir voler !

— C’est l’un des rares plaisirs que m’offre ma condition.

Je me retins de le contourner afin de voir ce qui était arrivé à sa paire d’ailes, de peur de le choquer. J’hésitai également à lui poser plus de questions pour satisfaire ma curiosité. Il me fallait le connaître davantage et ne pas le brusquer. Mais tout de même. C’était très tentant. Ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait rencontrer un type comme lui. Il me faisait le même effet que si je me trouvais face à Superman en personne. Il ne cessait de me fixer de ses prunelles d’un noir pénétrant. Je me sentis vraiment intimidée par l’attention qu’il me portait jusqu’à ce qu’il détourne les yeux pour observer quelque chose derrière moi.

— Souhaitez-vous toujours vous désaltérer ? me demanda-t-il brusquement.

— Euh… oui. Bonne idée.

Il se détacha de moi, prit place à mon côté en me tendant galamment son bras. Je regardai son geste, étonnée, avant de poser ma main au creux de son coude. Ainsi, nous traversâmes la piste de danse en direction du bar où Sims officiait toujours. Je ralentis et il sembla comprendre mon hésitation. Il prit place entre le comptoir et moi avant de me questionner sur le choix de ma boisson. Je lui sortis un truc au hasard en oubliant même le fait que j’avais commandé deux verres de vodka un peu plus tôt. Il se tourna pour passer commande et je pus l’observer à loisir. Je levai une main vers son dos, tentée de le toucher. Aucune déchirure sur sa veste, rien qui aurait pu laisser présager que deux grandes ailes se trouvaient là quelques minutes plus tôt.

« Un truc magique, je suppose. »