Extraits

Qu’est-ce que… ?  D’un geste rapide, je soulevai drap et couverture. Il me fallut une seconde pour comprendre que la forme que je venais de voir était en fait… la tête de Méruna. Cette vieille peau s’était glissée dans mon lit. Le fait que son visage ne soit qu’à quelques centimètres de mon caleçon en disait long sur ses intentions. L’instant suivant, elle me rendit mon regard. — Putain de m…  Mon pouvoir rugit dans mes veines et la vieille folle fut arrachée du lit. Elle vola à travers la pièce fortement éclairée par une intense lumière mauve sans même pousser un cri. Avant qu’elle ne percute le mur d’en face, j’eus le réflexe de lever une main en essayant de suspendre son vol. Quelle ne fut pas ma surprise de constater que cela fonctionnait. Elle se retrouva figée à un bon mètre du sol dans une posture un peu… compromettante. Je ne sais si elle l’avait fait exprès, mais elle avait les jambes entrouvertes et ne portait rien sous son déshabillé en soie blanc. Cette vision d’horreur eut pour effet de me déconcentrer. Je perdis le contrôle et Méruna finit par s’écraser sur le sol tel un flan qu’on venait de démouler de son pot. Je m’avançai vers le pied du lit pour voir si je ne l’avais pas tuée. L’ancestrale bigote, sonnée, s’assit à même le plancher. — Ça, je ne l’avais pas vu ! dit-elle avec étonnement avant de me sourire. J’adore ça ! Merci.  — Hein ?!  — C’est tellement rare qu’on arrive à me surprendre.  Son regard se balada sur mon torse nu et elle alla même jusqu’à poser les mains de part et d’autre sur le plancher pour se soulever afin de voir davantage de mon anatomie.  — Vous allez bien. Tant mieux. Maintenant dehors ! maugréai-je en essayant d’être le moins brusque possible, même si je rêvais de la faire passer par la fenêtre.  — Oh, non… pas déjà, soupira-t-elle avant de se mettre debout avec une agilité étonnante vu son âge.  Elle referma son négligé. J’aurais dû éviter de suivre ses gestes : mes pauvres yeux faillirent fondre dans leurs orbites à la vue des seins ratatinés et tombants de la centenaire. Un haut-le-cœur me prit, ce qui n’arrangeait pas mon cas. Mécontent, je pris néanmoins soin de placer mes mains entre mes cuisses pour éviter tout mouvement brusque capable de déclencher une envolée de mamie fort déplaisante.  — Vous savez, mon cher Blake, j’apprécie particulièrement les hommes caractériels un rien sauvages, déclara sur un ton suave lady Méruna en caressant du bout des doigts sa chevelure permanentée à l’extrême.  Je me renfrognai tout en me retenant de la chasser moi-même et correctement de ma chambre d’un simple mouvement de main.  — Très bien. Je vous laisse. Mais ce n’est que partie remise, quand vous aurez repris des forces. C’est que j’aime les amants fougueux…  Elle se dirigea vers la gauche en direction de la sortie dans un roulement de hanches à s’en déboîter un fémur. Elle ouvrit la porte avant de se retourner vers moi : — Sachez qu’un jour, vous serez à moi, Blake.  « C’est ça ! Rêve toujours, cocotte ! Ouais, mais attends… »  — Heu… vous avez eu une vision ? bredouillai-je, pour le coup paniqué qu’elle réussisse à me mettre la main dessus. C’est ça ? Méruna ?!