Extraits

— Blake ?

C’était Julia. Je regardai sur la gauche, d’où venait sa voix. Mon sourire se figea et retomba instantanément ainsi qu’une autre partie de mon anatomie. Elle était installée dans le salon, une tasse de thé à la main. Moi qui pensais la trouver seule pour pouvoir jouir d’elle, eh bien, ce n’était pas le cas : une femme était assise en face d’elle. Avec sa chevelure grise resserrée dans un chignon haut et sa robe à fleurs, l’invitée coupa court à tous les fantasmes que j’avais en tête. Julia, tout sourire dans une robe cintrée chocolat, reposa sa tasse sur la table basse devant elle. Son geste attira mon attention qui se posa sur ses jambes, accolées l’une à l’autre.

« Moi qui pensais la trouver nue. C’est raté. »

Avec un temps de retard, je captai les paroles de Julia.

— Quoi ?

Mon regard passa d’elle à la dame d’un certain âge devant elle. Mon corps réagit plus promptement en se tendant lorsque je découvris son visage :

— Lady Méruna était impatiente de te voir. Elle m’a dit n’avoir jamais eu l’occasion de t’être présentée physiquement.

— Sortez ! grondai-je, les poings serrés et le corps tremblant tant je me contrôlais pour ne pas laisser exploser ma colère.

— Mais enfin, Blake, que t’arrive-t-il ? s’inquiéta Julia en se levant avant de venir à ma rencontre.

Je continuais de fusiller du regard la vieille bique qui, pour une fois, était habillée comme il seyait à son âge. Elle resta tranquillement assise, portant à sa fine bouche la tasse de thé fumante.

— Vous partez sur-le-champ de ma chambre, du château où je vais courtoisement vous exploser la tronche !

Ma menace fit sursauter Julia, qui intervint à nouveau alors que l’autre folle levait enfin son cul décharné de mon fauteuil.

— Okay. Tu as intérêt à avoir une très bonne raison pour justifier un tel comportement.

— Oui, Monsieur Hamilton. Que vous ai-je fait qui mérite tant votre mépris ?

Alors certes, le ton que venait d’employer Méruna marquait sa surprise, mais nous savions tous les deux ce qu’il en était. Sa tirade finie, elle sortit sa langue pour l’agiter dans tous les sens à l’insu de Julia qui lui tournait le dos. Je rugis de colère en faisant un nouveau pas vers elle, bien déterminé à lui casser la gueule. Julia me retint en posant deux mains sur mon torse. Mon regard alla d’elle à l’autre cinglée, qui, toujours dans le dos de Julia, se mit à caresser ses seins pendouillants pour me narguer. Elle fit moins la maligne en commençant à décoller du sol. L’une de ses chaussures orthopédiques tomba par terre alors que la vieille truie battait des pieds dans les airs. C’est à peine si me parvenaient les cris de Julia, tant j’étais fou de rage. L’autre jouait la victime en ne cessant de beugler qu’on la relâche, qu’on lui porte secours. C’est alors que deux bras s’enroulèrent autour de mon buste et me firent décoller à mon tour du sol.

— Maître, enfin, calmez-vous, me supplia Alan à mon oreille.

Je retombai sur le sol, libéré de sa prise. Je venais d’expédier Alan loin de moi, mais je ne me tournai pas pour voir s’il allait bien. J’avais toujours une main tendue vers Méruna, qui continuait de s’agiter à deux mètres du sol, sous mon emprise.