Aucun souvenir assez solide

Après avoir lu la Horde de Contrevent et apprécié la plume de Damasio, j'ai décidé de me lancer dans la lecture de ce recueil de nouvelles du même auteur... J'ai particulièrement aimé "So phare away".

Je ressors de cette lecture tout de même mitigée. Tout d'abord je suis admirative des jeux de langages employés avec une facilité presque déconcertante, toutes les subtilités liées au vocabulaire, ou à l'orthographe des mots sont vraiment bluffantes, mais cela en devient parfois un peu lourd. J'ai eu du mal à adhérer à certaines des nouvelles, ayant des difficultés à plonger dans l'histoire ou a en saisir le sens, avec parfois des barrières de langage un peu trop complexes pour moi.

Je salue tout de même l'écriture inventive de l'auteur.

C'est son unique recueil de nouvelles, écrites entre 2001 et 2007, Aucun Souvenir Assez Solide, et c’est à nouveau la gifle, tant Damasio partage avec El Levir, un de ses personnages, la conviction suivante : « la littérature, comme tout art authentique, ne pouvait être que puissance de vie », quitte à payer de l’une l’autre, et ces nouvelles regorgent de vie, d’appel à la vie contre le virtuel et So Phare Away, dont on se dit qu'en parler sur FaceBook revient à évoquer un ouvrage sur la chasteté en plein milieu d'une partouze), de vie-guerre dans la langue , déambulation mélancolique dans un Paris post-apocalyptique à la recherche d'une existence à partager ; Une Stupéfiante Salve d’Escarbilles de Houille Ecarlate, et sa jonglerie insensée avec les temps de conjugaison qui finit par abstraire le lecteur de toute époque jusqu'à le convaincre que Dieu n'est qu'un Barf vieillissant), de vie à réclamer (Annah à travers la Harpe, relecture informatisée du mythe d’Orphée – à ceci près qu’Eurydice est ici une petite fille de trois ans, et que Damasio écrit des pages magnifiques sur la perception d’un enfant en bas âge).

La langue, c’est la grande affaire de Damasio, surtout si elle est porteuse d’un sens qui va à l’encontre de l’époque et de l’avenir qu’elle se dessine, comme ces Hauts® Parleurs® qui expriment leurs désirs avec des mots à inventer puisque le lexique a été privatisé, le tout dans un bel esprit où Bakounine croise Deleuze sur un fond de techno minimale.

Quel pensum ! Je ne peux pas nier que Damasio ait une vraie et féconde imagination, livrant à chaque fois des univers surprenants et des situations inédites : chapeau.

Mais la ficelle est un peu grosse et la charge peu subtile lorsqu’il fait de la politique pour dénoncer certaines tendances du monde moderne.

Et surtout, la langue et l’écriture sont d’un hermétisme et d’une artificialité qui fait souffrir. A petite dose, comme dans la Horde, ça crée une ambiance. Quand ça devient un parti pris systématique, un exercice de style façon nouveau roman mais avec plusieurs décennies de retard, le lecteur se demande « pourquoi tant de haine envers moi ? ». Ne serait-il pas en fait un intello prétentieux ? J'aime abonne littérature bien écrite Mais pas cet exercice prétentieux et hermétique.

Damasio a des idées, notamment politiques, et il accorde de l'importance au style : sa langue se veut inventive, au point de rebuter certains lecteurs. Voilà qui est de bon aloi, surtout dans un genre aussi inégal que la science-fiction. Mais ces bonnes intentions sont plombées par une écriture et une vision qui ne sont pas à la hauteur de ces ambitions : sa prose souvent pédante et puérile est en effet corsetée par les références philosophiques et le militantisme, qui finissent paradoxalement par la cantonner au périmètre très circonscrit des titres à succès de la science-fiction française "à la papa", celle qui semble parfois désormais écrite pour séduire les adeptes attardés de la littérature jeunesse.

Ce recueil de nouvelle a été une bouffée d'air frais. Les idées originales amenées avec lenteur et souvent avec poésie créent une atmosphère de mystère que j'ai trouvée très prenante, même si je conçois que cela ne soit pas du goût de tout le monde.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'auteur profite du format court de la nouvelle pour tenter et tester des concepts et des procédés dont l'aspect inhabituel nous maintient éveillés. Une lecture entre deux genres, mais ça fait du bien de sortir des entiers battus.

Les explications détaillées dans la postface sont vraiment très éclairantes sur l'univers de création de Damasio. Le style d'écriture est original. Il a une manière toute particulière de lier le fantastique et la science fiction d'un côté avec des thématiques d'actualités ou des apports de sociologie, philosophie et des envolées lyriques. C'est agréable de voir ce mélange des genres. J'ai apprécié toutes les nouvelles même si certaines m'ont plus parlé que d'autres. On voit déjà sa ligne de mire sur tout ce qui est lié au vent comme dans la Horde, des idées qui reviennent en ritournelle qui pourraient par contre en lasser certain(et)s à la longue...

J'ai,lu deux nouvelles avant d'abandonner tant je me suis ennuyée.

J'adore cet auteur mais j'ai vraiment eu du mal avec certaines nouvelles, ce que je trouve dommage. Heureusement, la majorité des nouvelles sont excellentes et m'ont bouleversée d'une façon ou d'une autre (en particulier Annah à travers la Harpe et so phare away). Avec la formidable et poétique plume de Damasio on retrouve également plusieurs thèmes déjà mis en avant par l'auteur.

Encore une magnifique preuve du génie de Dalmasio, qui m'a émue par la beauté de son langage.

J'adore la science fiction et les nouvelles ...Alors je suis gâté avec ce recueil... J'ai déjà lu La Horde du Contrevent et La Zone du Dehors.En comparaison, je ne suis absolument pas déçu par ce recueil de nouvelles. Je retrouve ce que j'ai aimé dans les 2 romans : style d'écriture et jeux de langage, richesse des histoires.

Je regretterais presque que certaines nouvelles soient si courtes.