Commentaires de livres faits par aurelia38
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Il s’écarte.
— Demi-sœur, maugrée Cole.
Il attrape un petit sac marin en cuir et le lance sur son siège.
— À ton avis, qu’est-ce qu’ils cherchent, les gens ?
Avec une étincelle dans le regard, il se penche vers mon oreille. Je me crispe.
— Un trésor…, chuchote-t-il.
— Vous êtes prêt à mourir, déclara audacieusement Boaz.
— Bien sûr.
— Pourquoi ? (Lazar, qui avait jusque-là gardé les yeux baissés vers le sable qu’il tamisait entre ses doigts, releva brusquement la tête. Il dévisagea Boaz avec une expression d’incrédulité sincère.) Je ne veux pas vous heurter, Lazar, mais ne vous paraît-il pas étrange qu’un prince galinséen – l’héritier du trône qui plus est – soit prêt à donner sa vie pour une simple odalisque, une ancienne fille de berger ?
— Zar Boaz, elle est la Zaradine, la favorite absolue. Je…
— Elle n’est pas moi ! Je peux comprendre votre loyauté envers la Couronne… envers mon père, puis envers moi. Beaucoup n’y parviennent pas, compte tenu de vos origines. Mais moi, si. Ce que je n’arrive cependant pas à saisir, c’est la raison pour laquelle vous êtes prêt à donner votre vie pour une de mes femmes.
— Vous avez remarquablement bien caché votre désespoir, Majesté, fit remarquer Maliz, sans parvenir à masquer l’ironie dans sa voix.
Boaz lui sourit avec chaleur et Lazar sentit ses épaules se détendre légèrement.
— Il m’a paru normal de venir dire au revoir à mon épouse avant le long voyage qui vous attend, Lazar.
— En effet, Très Haut. (Il tourna les yeux vers Ana.) Zaradine Ana, dit-il en inclinant légèrement la tête. Nous avons prévu pour vous une pouliche douce et docile.
Ana répondit par un signe de tête puis se tourna aussitôt vers Elza, qui s’était empressée de la rejoindre pour prendre les choses en main. Celle-ci appréciait manifestement la notoriété soudaine que lui procurait son statut d’esclave attitrée de la nouvelle Zaradine, et son sourire radieux ne laissait pas de doute sur le bonheur que lui procurait l’occasion d’échapper à l’étouffant harem.
Lazar reporta son attention sur le Zar.
— Nous allons nous diriger vers les contreforts, Très Haut, et camper là-bas pendant quelques heures. Nous voyagerons dans la fraîcheur des dernières heures de la soirée et des petites heures de l’aube, jusqu’à ce que le soleil chauffe trop.
— C’est la saison du samazen, si je ne me trompe pas ?
— C’est malheureusement exact, mon Zar. C’est la période la plus dangereuse de l’année pour traverser le désert.
— Mais on ne peut rien y faire, précisa Boaz.
Le mot « préparer » avait un sens particulier pour le gardien du harem. Les paroles du Zar produisirent un effet immédiat sur le grand maître des eunuques.
— La préparer, Très Haut ? Vous ai-je correctement compris ? demanda-t-il d’une voix forte, visiblement pris de court.
— Pez, marmonna Boaz en titubant légèrement. Comment puis-je laisser un innocent mourir ?
La jeune fille avait tout de suite compris qu’il parlait d’elle, mais elle ne savait pas du tout pourquoi.
— Je suis là, répondit-elle sans faire d’effort particulier pour dévoiler sa présence.
Salméo se retourna, et sa cicatrice se souleva légèrement sous l’effet d’une grimace passagère.
— Ah, te voilà ! Tu te cachais ?
— Non, grand maître, je tenais simplement compagnie aux plus jeunes. Tout cela est encore très effrayant pour elles.
— Mais pas pour toi, hein, Ana ?
— Je pense que vous avez déjà commis le pire, répondit-elle d’un ton calme.
Elle vit Boaz écarquiller légèrement les yeux. Un profond chagrin se dissimulait derrière son air surpris, et il y avait de la douleur dans le pli qui barrait sa bouche.
— Ana, il est de mon triste devoir de t’annoncer que l’Éperon Lazar ne reviendra pas au service de Percheron.
Elle l’entendit parfaitement, mais ces mots n’avaient aucun sens pour elle.
— Serait-il parti ? demanda-t-elle, blessée que Lazar ne lui ait pas envoyé un mot d’adieu.
— Oui, il est parti pour de bon pourrait-on dire, admit Boaz. Il a rejoint ses dieux, Ana.
Elle pencha la tête de côté comme si elle écoutait une voix intérieure. Elle n’avait pas l’air de comprendre.
— Je ne vois pas comment.
— C’est parce que tu ne comprends pas encore la façon dont fonctionne le harem. Veux-tu bien me faire confiance, même si on t’a conseillé le contraire ? (Elle rougit. Il avait donc vu juste.) Crois-moi, je ne te veux aucun mal et je me contenterai de ton amitié pour l’instant, rien de plus.
— Bien sûr. Je ne peux rien vous refuser, Zar Boaz.
Elle était venue trouver son fils juste après sa discussion avec Salméo. Elle fut soulagée de voir qu’il ne reculait pas pour échapper à son contact. Elle s’était juré de retrouver l’affection qu’ils partageaient quand il était petit. Mais cela dépendait uniquement d’elle. Boaz n’allait pas céder facilement parce qu’il se sentait abandonné. Il avait appris à vivre sans elle et, à présent, elle allait devoir changer tout cela.
Pez et lui étaient en train de faire un pied de nez aux traditions ; Boaz avait accepté uniquement parce qu’il était en colère contre sa mère et que c’était gratifiant d’affirmer ainsi son indépendance sans redouter les conséquences de son acte. Il était le Zar, après tout.
Cependant, à présent qu’ils étaient arrivés à destination, dans cette partie de Percheron où il ne faisait pas bon être vu si l’on était un homme intact, il n’avait plus tellement envie de défier l’autorité ou d’encourir la colère de tout le monde – et pas seulement de sa mère – si cela venait à se savoir. Il voulut le dire à son ami, mais le nain le fit taire dès qu’il le vit ouvrir la bouche.
— Tais-toi, Boaz, siffla Pez entre ses dents serrées. Nous sommes sur le point d’entrer dans le domaine du harem.
Boaz prit un air apeuré.
— C’est interdit, Pez.
— Pas pour moi, rétorqua le petit homme en souriant d’un air malicieux. Et n’oublions pas qui tu es.
— Quand même, insista Boaz en attrapant le bras de son ami. Je ne peux pas. Ma mère me…
— Quoi ? Elle te tuerait ? Je ne crois pas. N’oublie pas que tu es la source de son pouvoir.
— Elle ne me le pardonnera jamais.
— Et si je te disais que je peux faire en sorte que personne ne te voie ?
Boaz se mit à rire.
— Je ne te croirais pas.
— Tu devrais. Je ne t’emmène pas au-devant des ennuis, Boaz. Je te conduis à l’illumination.
Avant que Boaz ait eu le temps de répondre, un adolescent de son âge apparut au détour du couloir.
— Zar ! s’exclama-t-il en faisant aussitôt la révérence.
Pez soupira. C’était fini. Heureusement qu’ils n’avaient pas encore franchi la ligne invisible mais officielle qui séparait le harem du reste du palais.
— Salut, Kett, dit Boaz avec bonne humeur, même s’il se remettait à peine du choc d’avoir été ainsi découvert. J’essaie d’échapper à mes précepteurs, à mes gardiens et à ma mère. À tout le monde, en fait. Connais-tu Pez, mon bouffon ?
L’intéressé commença à se curer le nez tout en esquissant quelques pas de gigue. De son côté, Kett, un domestique des eunuques, secoua bêtement la tête. Son regard allait du Zar au clown, qui examinait à présent le contenu de ses narines.
Boaz fit la grimace.
— Il a de très mauvaises manières. Ne fais pas attention à lui. Ça faisait une éternité que je ne t’avais pas vu.
— Pardonnez-moi, Très Haut. Je viens d’avoir quatorze ans, et mes maîtres estiment que je suis prêt à assumer plus de corvées. Je suis donc très occupé, Majesté, expliqua-t-il en inclinant de nouveau le buste. Mais nos jeux me manquent.
— Kett a été mon camarade de jeu pendant un temps, expliqua le Zar à Pez, qui prétendait ne s’occuper de rien à part se curer l’oreille. Sa mère a servi la mienne à son arrivée au palais. Kett a été autorisé à
— Non ! hurlé-je. J'en ai marre de me la fermer ! De jouer à ne rien ressentir, de faire semblant que je suis gentille et docile, ras le bol d'essayer de jouer le jeu ! Je ne suis pas un pion que tu peux déplacer à ta guise et repousser quand tu n'en as plus besoin !
— Mike n'est pas fait pour toi ! lâche-t-il entre ses dents serrées.
C'est la fin de cette accalmie forcée et il le sait aussi...
Pourquoi lui ?
— J’essaie de la protéger ! (C’est la voix de Jack.) Tu sais que le Cercle transforme les gens.
— Je sais. C’est pour ça que tu ne devrais rien lui cacher. Pour la laisser prendre ses propres décisions.
— Je ne pense pas t’avoir demandé ton avis.
— Avant, tu le faisais. (La voix de Stellan est empreinte d’une mélancolie factice.) Tu te souviens de l’époque où on se serrait les coudes ?
— Non.