Anne-Sophie Brasme

Me voilà définitivement réconcilié avec Anne-Sophie Brasme. Et pour longtemps ! Si je n'avais pas aimé son premier roman, "Respire", j'ai été très touché par "Notre vie antérieure". Son écriture, tout en gardant sa simplicité, a gagné en légèreté, en luminosité et en efficacité. Un critique de l'obs disait "ce livre a le charme et le parfum de la jeunesse perdue" et je pense qu'aucune autre phrase ne pourrait aussi bien résumer ce livre.

Au-delà de l'histoire et de son dénouement intéressant, la structure du livre siet bien au propos : un chapitre sur deux avec une narration dans le présent de cette auteure qui, à 65 ans, se lance dans l'ultime roman de sa carrière et nous fait état de sa progression et de ses doutes. Les autres chapitres ne sont ni plus ni moins que le contenu de l'oeuvre qu'elle dessine au fur et à mesure de la progression. Jusqu'à ce que les chemins de ces deux narrations se croisent et que le voile se lève sur de nombreux événements. J'ai aimé le caractère profondément humble du personnage qui, malgré de nombreuses victoires, sait qu'elle n'est pas l'auteure du siècle. Sa vie, bien que marquée par quelques événements uniques et de belles rencontres, s'inscrit dans un schéma de vie ordinaire et c'est un portrait réaliste qui en est fait tout au long du livre. Il n'y a pas de magie, juste une réalité douce-amère et légère qui fait du bien.

Plus que l'oeuvre d'une vie, cette histoire raconte comment un événement traumatisant peut faire sortir le meilleur en chacun de nous et même être le déclencheur de vocations qui dessineront le parcours de toute une existence. C'est un roman fort, poignant et prenant malgré son extrême simplicité dans l'écriture qui contraste avec la diversité des personnages : Laure, Bertier, Aurélien et Tristan sont très différents. L'écriture lumineuse, l'innocence qui y règne, la découverte des corps et des premiers émois, l'amitié entre deux garçons, les passions communes pour la littérature, les études, tout nous replonge dans le goût sucré et exquis de l'adolescence.

Mais plus que ça, "Notre vie antérieure" nous montre que vieillir n'est pas une tare mais plutôt ce moment où il faut prendre conscience des chances que l'on a eus d'emmagasiner des souvenirs que l'on continue de chérir plus de quarante ans après. Une ode à la vie, à ceux qui se battent pour obtenir ce qu'ils veulent, à ceux qui continuent de braver les vents et ne se laissent pas anéantir face aux difficultés et, tout simplement, une ode au bonheur des choses simples.

J'ai adoré ce roman, vraiment. Dès la première page, la première phrase, j'ai été prise dans l'histoire de Charlène qui bascule peu à peu dans la folie et qui finit par commettre l'impensable. Un acte impardonnable, fou et radical certes, mais un acte prémédité, Charlène ayant parfaitement de ce qu'elle faisait. C'est ce que j'ai aimé, dans ce livre.

Sans qu'il n'y ait pourtant de vrai suspens, étant donné qu'on a beaucoup de réponses rapidement, j'étais incapable de lâcher ce livre.

Il se lit rapidement et la maturité de l'écriture est plus qu'agréable, ce qui renforce les sentiments des personnages. D'ailleurs, j'ai trouvé les deux protagonistes extrêmement bien travaillées. Elles sont réelles, véridiques. J'ai souffert avec Charlène et me suis identifiée à elle, ses réflexions étaient les miennes. Tout ce qui se passe avant m'a tellement mise hors d'haleine, que comme Charlène j'en avais la respiration bloquée. Je pense que ça fait cet effet là quand un livre touche et s'approche au plus près de la vérité. Car si cette histoire est fictive, à cet âge où les amitiés sont nécessaires, voire precieuses, je pense qu'on pourrait rencontrer des amitiés similaires partout. Peut être pas poussée à l'extrême, mais quand même. À un moment, je crois qu'on a tous rencontré une "Sarah"...

Ce roman est, pour moi, une révélation et un coup de coeur !

Cent quatre-vingt-dix pages que j'ai lues en une seule soirée tant j'étais obsédée par l'idée de connaître la fin de cette histoire.

Je me suis très rapidement attachée au personnage de Charlène et j'ai découvert avec elle celui de Sarah. Ces deux personnages sont criantes de vérité, bouleversantes. À l'image du roman.

Je ne sais pas quoi penser de ce livre, d'un côté, je l'ai lu d'une seule traite et il est criant de réalisme et de l'autre, je n'ai pas vraiment réussi à me mettre à la place du personnage principale qui nous explique toute son histoire.

J'ai donc lu ce livre tout en étant un peu ailleurs pendant toute la lecture ce qui me laisse un impression un peu étrange sur cette histoire.

Mais sans cela, c'est une histoire vraiment très intéressante et très réaliste.

Un roman tout court de 190 pages.

Des thématiques compliqués à aborder mais très réaliste et profond dans ce roman: amitié toxique, manipulation et dépression.

Un début assez mou, je trouve. Il faut dire que quand on ne s'intéresse que moyennement aux préoccupations des adolescents, on n'est pas forcément le public visé par ce bouquin. D'autant plus que le style d'écriture s'apparente à des confessions ou à une autobiographie : pas de mise en scène romanesque, juste un long monologue explicatif où il ne se passe pas grand-chose, du moins dans un premier temps.

A l'apparition de Sarah, les choses changent un peu. Bon, cela reste assez pauvre en contenu, et pour cause : la narratrice, Charlène développe un sentiment purement obsessionnel pour sa nouvelle amie. Il n'y a rien d'autre qui compte à ses yeux. Sarah est devenue son unique raison de vivre. Même la petite histoire d'amour qui naîtra entre Charlène et Maxime - petite lueur d'espoir à cette sombre histoire - ne prendra que très peu d'importance.

S'ensuit alors un récit assez malsain qui décrit une relation tout simplement toxique, et cela des deux côtés. Sarah est abominable, mais le comportement de Charlène est tout de même loin d'être exemplaire non plus.

On nous décrit une jeune fille torturée qui sombre progressivement dans les méandres de son obsession, qui devient folle. Un personnage plutôt intéressant quand on s'intéresse aux personnages torturés, mais que tout de même - on aura du mal à comprendre.

Si la situation empire crescendo et qu'on peut comprendre comment elle en est arrivée à faire ce qu'elle a fait, on pourrait quand même se demander pourquoi elle a subi tout ça sans rien faire : aucune explication qui viendrait de son origine familiale (tout avait l'air de bien se passer dans sa vie jusqu'à cette fameuse rencontre).

Cette telle haine de soi qui la mène à cette obsession destructrice ne semble avoir aucune origine, et c'est vraiment curieux.

Parce que d'un côté ces sentiments de mal-être sont terriblement bien retranscrits, jusqu'à donner un petit côté oppressant à cette lecture. Des thèmes compliqués à traités, mais très bien exploités.

Mais de l'autre côté, on reste dans le flou, cette fameuse folie est dépeinte comme une fatalité, un destin qui n'aurait pu être évité dans tous les cas, sans rien pour le provoquer.

Un livre poignant, et sans espoir, qui manque peut-être d’approfondissement dans ce qui a provoqué le drame.

Très belle lecture. On pourra presque comprendre le pourquoi de la fin... c est horrible ces histoires de pervers narcissiques. J’avais tellement envie que Charlène s en sorte!

Je n'ai pas trop accroché cette lecture, pourtant le combat mené est beau mais je n'ai pas été emporté dans l'histoire ... l'empathie n'as pas fonctionné.

Fin bâclée... dommage

" Respire" c'est l'histoire bouleversante de Charlène, emprisonnée depuis 2 ans et qui décide d'écrire son histoire , toute son histoire. Elle se décrit tour à tour vivante, heureuse, enjouée , belle, brillante, attirée par l'écriture ...ou au contraire suicidaire, sans allant , triste, se trouvant laide, accumulant les difficultés ...

Dans toutes ses descriptions, souvent contradictoires, on retiendra que Charlène éprouve depuis sa tendre enfance un certain mal-être, fuyant les groupes et se retrouvant seule, voire abandonné, se sous-estimant . Ses relations avec ses parents sont compliquées car eux ne s'aiment plus et ne sont pas démonstratifs dans leurs preuves d'amour vis à vis d'elle.Son frère est là : il la protège.

Charlène se lie d'abord d'amitié avec Vanessa : une amitié unique, fusionnelle, exclusive qui s'interrompra avec le déménagement de Vanessa et dont l'absence laissera à Charlène un vide abyssal.

Suite à une tentative de suicide déguisée par son état asthmatique, Charlène se liera ensuite avec une meneuse et influenceuse du groupe : Sarah, aussi exclusivement et fusionnellement qu'avec Vanessa. Charlène n'a qu'elle ; n'entend qu'elle ; ne jure que par elle au point d'en devenir son souffre douleur.Ce ne sera pas encore la bonne bouffée d'air. En effet,Sarah se révèle comme une perverse narcissique, écrase Charlène, la domine, souffle sans cesse le chaud et le froid de manière sadique, annihile sa personnalité, la fait disparaître à petit feu en la rabaissant sans cesse.

Enfin, elle découvre plus qu'une amitié mais l'amour avec Maxime, jeune garçon, beau, sensible, cultivé, intelligent, doué d'une analyse pertinente des faits et des personnages. Charlène se sent cependant partir à la dérive et craint les effets négatifs de cette nouvelle relation.Portée par l'amour de Maxime qui la valorise, la sublime, la rassure , Charlène se défait progressivement de la relation toxique qu'elle a depuis 6 ans, avec Sarah qui disparaît de ses écrans et de ses pensées.

Sarah va mal donc sollicite l'aide de Charlène qui va l'aimer à nouveau puis la haïr au point de commettre l'irréparable et perdre définitivement Maxime qui alors comprend qu'il ne pourra pas vivre avec Charlène qu'il aime. Mais elle souffre de la relation avec Sarah au point de l’empêcher d'avoir des relations avec les autres : Sarah doit mourir ; Charlène doit tuer Sarah. Cette mort est vitale pour elle, voire pour elles deux.

L'écriture est fine, juste, ciselée, belle.Anne-Sophie Brasme fait preuve d'une maturité étonnante en décrivant avec une telle force sans entrer dans le pathos le mal-être propre à l'adolescence et ses fragilités et dresse un portrait effrayant et lucide du pervers narcissique, des mécanismes que ce type de personne met en place pour se faire aimer au point de rendre l'autre dépendante d'elle et de l'asservir à elle.

Dans ce roman, on ne respire pas beaucoup, comme Charlène.C'est un véritable uppercut d'autant que son auteure a 17 ans quand elle écrit ce roman, son premier.C'est beau, c'est grand, c'est effrayant, c'est vivant mais mortel.

Un livre pour ados mais qui peut être lu par les adultes tant ces thèmes : relation amicale toxique , perversité et narcissisme de Sarah, sadomasochiste (de Charlène), l'adolescence peuvent concerner tout le monde.Un livre éclairant pour les parents si souvent déstabilisés par leurs enfants ados.

J'ai hâte de lire d'autres romans de cette auteure.