Aurore Drey

Un enfant. Une jeune fille. Une jeune femme. Recluse au fond des bois. Refusée par la vie. Cachée de la vie. Juste une vie. Innocente. Solitaire. Taillée en pièces. Un texte qui commence doucement. Comme un éveil au monde. Un éveil à la découverte. Découverte des sentiments. Sentiment de peur. De rejet. De solitude. Un château isolé dans les bois où trois personnes se côtoient, se rencontrant occasionnellement. Puis vint l'horreur. La terreur. Le déshonneur. La douleur. Un corps blessé. Détruit. Annihilé. Ainsi qu'un fantasme. Un rêve. Une interdiction.

Peau de nonne est une nouvelle dense. Forte. Intime. Pas vraiment sentimentale. Une nouvelle qui vous fait abandonner notre monde pour entrer dans un autre où le questionnement, le doute, puis l'horreur prend une grande place. Nous entrons pas à pas, au fil des mots, dans la fin d'une vie sans trop d'émotion à une autre où l'amour est absent. Où l'amour n'a jamais existé.

Peau de nonne nous présente trois vies bousculées. Qui ne se croisent que pour le pire. Le meilleur n'y ayant jamais eu sa place. Le lecteur avance à pas de loup dans un monde de plus en plus opaque. Un monde où la lumière se fait sur l'extrême des gestes. Des choix. Des actes. Un monde où l'humain va au bout de lui-même dans une horreur glaçante pour renaître à la vie. Au monde extérieur. A l'horreur prochaine? A un goût improbable pour l'annihilement des vies dans un but de se laver de ses souillures. Pour renaître à la lumière glauque du monde? Une superbe nouvelle que vous accompagnerez dans l'escalade des décisions qui mettront en doute l'humanité. A lire absolument.

Les nouvelles sont belles. D'une cruelle beauté. D'une irréelle cruauté. Tout se fait en douceur. Plutôt, de manière doucereuse. Une histoire. Une personne. Une horreur. Pire que la précédente et moins que la suivante. Une entrée dans l'âme humaine, dans l'inhumanité de cette âme, qui se fait dans une tendre et belle horreur. Une sorte de vision sur écran blanc. Les mêmes questions surgissent à chaque fois. Que va t-il se passer cette fois? Quelle sera la découverte finale? Des questions qui se posent avec la même frénésie que celle d'un enfant qui va ouvrir ses cadeaux de Noël. Chaque histoire nous emporte plus loin dans la maison des horreurs. Mais, c'est si génial, qu'on se surprend à en redemander encore tel un enfant qui souhaite un autre conte avant de disparaître sous sa couette pour intégrer le monde des rêves.

Aussitôt le printemps et autres nouvelles nous emporte lentement sur l'aile de l'imagination d'Aurore Drey. Une imagination belle, fertile, pleine de suspens, d'amour. Oui, je dis bien d'amour pour ses personnages qui l'ont perdu. Ses personnages qui n'en ont jamais reçu, qui l'ont mal reçu et le rendent si maladroitement. Un recueil de nouvelles d'une douce beauté. D'une douce cruauté. Un recueil si vivant. Si réel.

Pour ma part, la promesse de quelques frayeurs a bien été tenue, le tout embrigadé par un style d'écriture que j'ai trouvé tout bonnement sublime et d'une belle finesse… Quel challenge d'ajouter de la délicatesse à une histoire d'horreur, me direz-vous… Pourtant, un défi grandement relevé par l'auteur…

L'utilisation de la deuxième personne rend l'immersion encore plus captivante, presque réelle. Comme si notre conscience nous parlait « Tu imagines le monde, l'autre, celui qui commence derrière ces grilles et il te fait peur »

L'univers, le château et les personnages sont bien décrits et bien mis en place pour créer une atmosphère des plus terrifiantes. On retrouve au coeur de cette nouvelle, le thème de la beauté ou plutôt son opposé, la laideur. Quelques passages peuvent néanmoins être difficiles à lire, notamment les scènes de viols et de violences, si vous y êtes un peu sensibles, soyez prudents

Recluse.

Une jeune fille est recluse dans un château, elle ne peut en sortir, ne doit pas sortir. Ses seuls compagnons sont son oncle Mathias et la Soeur Attina . Pourquoi ? Que craignent ils donc ?

Lorsque j'ai vu la couverture de cette nouvelle j'ai été interloquée et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord le titre "Peau de nonne" a suscité ma curiosité puis je me suis attardée que la jeune fille en couverture, une jeune fille au regard pénétrant, habillée de façon stricte, les mains en position de prière, mains couvertes de sang.

Il ne m'en fallait pas plus pour avoir envie de découvrir ce texte.

Dès les premiers mots l'atmosphère est plantée. Nous sommes dans un château, assez sombre , à l'atmosphère pesante .

L'histoire étant racontée à la deuxième personne du singulier, nous sommes immergés au coeur du texte, avons l'impression d'être cette jeune fille prisonnière de sa condition.

Très vite des interrogations surviennent. Pourquoi ? Comment ?

Nous allons découvrir le drame passé, sans forcément comprendre le besoin impérieux de cacher cette jeune fille. Puis les doutes s'installent . Et si tout ça avait une raison précise ?

À mesure que l'on avance, l'atmosphère devient plus lourde, plus malsaine. On sent très bien que cela se finira d'une façon dramatique, il ne peut en être autrement.

Aurore Drey signe avec ce texte , une nouvelle intense et dérangeant à la fois. Ses mots coupent dans le vif, nous renvoient à des souffrances et des peurs. Ses mots nous donnent l'impression que la lumière s'est éteinte au profit d'une noirceur sourde et violente.

Son héroïne n'est qu'une jeune fille , on ne connaît pas son nom , elle est comme déshumanisée. Elle est telle une ombre que l'on tente de contrôler, d'asservir. Elle n'est rien et pourtant elle va changer la donne.

Un texte fort, sombre et fascinant.

En toute honnêteté, je n'ai pas du tout apprécié cette lecture.

D'abord à cause du style de l'auteure qui est brouillonne et hésitante.

Et ensuite parce que l'intrigue est ridicule. Le début passe encore, même si Astree m'a fait l'effet d'une parfaite petite idiote, mais à la moitié du roman, arrive un retournement de situation complètement absurde et terriblement mal amené.

La transition entre la réalité et le fantastique arrive comme un cheveu sur la soupe et m'a fait lever les yeux au ciel plus d'une fois.

Et les personnages ne semblent même pas surpris par ce revirement. Leurs réactions sont incohérentes et peu crédibles.

Ce n'est clairement pas un roman que je recommande.