Christopher Berry-Dee

Si le sujet nous intéresse, ce livre vaut le coup, vraiment. Il est complet, et traite le sujet sur tous les points. Pas trop long, pas trop court, juste bien dosé.

Ceci-dit, j'ai été pas mal déçue.

D'abord, le titre du livre, je le trouve un peu mensonger. J'ai commencé ce livre en pensant avoir affaire à une autobiographie. C'est ça que je trouvais intéressant : cette tueuse a fait l'objet de tellement de films/livres/documentaires, c'est plutôt son point de vue à elle qui aurait fait la différence. Ce qu'elle pensait, comment ça marchait dans sa tête, histoire d'en apprendre plus mais surtout de la comprendre au moins un minimum.

Et c'est là que c'est raté. Parce que c'est plus ou moins une biographie ordinaire. Plutôt moins que plus, certes, dans la mesure où les éléments et faits révélés viennent d'elles même s'ils ont été transcrits par quelqu'un d'autre, et aussi quelques extraits provenant directement d'elle. Que ce soit des conversations, ou des témoignages. Mais cette partie, je l'ai trouvée beaucoup trop réduite pour vraiment avoir de l'impact. Les débuts des premiers chapitres étaient intéressants, par exemple, mais beaucoup trop courts. Quant à ses longs monologues vis à vis de la non-culpabilité de sa copine, c'était long et niais, franchement, je m'en serais passée.

Pourtant, j'ai bien aimé cet aspect là, même si j'aurais préféré que tout le livre soit comme ça. Lui laisser la parole, ça donne de l'authenticité à son histoire (même si avec sa manie à tout le temps mentir et changer de version, on ne peut pas vraiment démêler le vrai du faux). Surtout qu'elle a un style bien vivant : familier, peu recherché, mais qui accroche l'attention.

Malheureusement, la plume du criminologue qui coécrit avec elle prend bien trop de place, et - je trouve - ne s'en sort pas très bien. Déjà au niveau de la linéarité du récit... Le début est pas mal, on entre bien dans sa vie, son enfance un peu. Mais à partir du premier meurtre, ça ne devient qu'une énumération des victimes d'Aileen, et ça honnêtement, j'ai trouvé ça ennuyeux au possible. Parce que non seulement ça prend les trois quarts du bouquin, mais surtout, là dedans, ce qui m'intéresse, c'est la tueuse, pas ses victimes. Alors raconter les meurtres, d'accord. Avoir un compte rendu super détaillé de toutes ses victimes, là, je n'en vois franchement pas l'intérêt. (bon, c'est bien pour l'exhaustivité du sujet, mais ce n'est certainement pas ce que j'attendais de ce livre).

Ensuite des passages trop longs, qui virent parfois sur le niais, et il manque tout ce qui aurait vraiment fait la force de cette biographie. La psychologie d'Aileen a à peine été soulevée dans les dernières pages, et je trouve ça vraiment dommage, vu que je voyais ça comme un des points les plus importants. Au lieu de quoi, c'est les faits qui sont accentués. Et ça bon, les faits, j'imagine qu'on peut les retrouver n'importe où ailleurs. Pour être honnête, ça ressemble plus à un compte rendu judiciaire qu'une réelle biographie/autobiographie.

De plus, le criminologue apporte plein d'études/statistiques/... qui n'apportent absolument rien. Tellement de remarques totalement inutiles par leur évidence que je ne vois même pas l'intérêt de les insérer là-dedans. Et ces pseudo-analyses en deviennent lassantes et lourdingues.

Sans parler de la traduction qui semble laisser à désirer (j'imagine que c'est bien mieux écrit en VO, parce que là, y'avait parfois quelques formules approximatives...)

Lecture très instructive sur la noirceur de la nature humaine. La preuve que même le pire film d'horreur n'est rien à côté de la réalité. Âmes sensibles s'abstenir.