Curzio Malaparte

Un éloge du peuple napolitain, peuple martyr par excellence selon l'auteur. Description par thème de la ville de Naples pendant la lutte des américains contre Mussolini. Description détaillée de cette ville dans toute sa misère mais dans toute son humanité.

La description du débarquement américain à Naples est ici décrite dans toute sa crudité. Les libérateurs sont aussi désemparés que les Napolitains affamés et capables de se rabaisser à toutes les vilénies pour survivre.Mais est-ce vraiment de la bassesse?

Les états d'âme de Malaparte nous bouleversent autant que tous les protagonistes de ce roman désespéré.

La scène traumatisante où un Romain venu accueillir avec enthousiasme les Américains finit écrasé sous les chenilles d'un tank est bien représentative de ce récit qui fut formidablement adapté au cinéma par Liliana Cavani en 1981 malgré les controverses que le film suscita à l'époque.

Un livre cru et troublant mâtinée d'une écriture magnifique, même en traduction. Difficile d'en faire un résumé dans mon souvenir, car c'est une suite de témoignages, ce qui explique que le descriptif ne s'y risque pas. Il existe aussi un film, pas équivalent au bouquin mais assez bien torché malgré tout. Je le relirais bien aussi celui-là

Malaparte narre des destins pris dans la tourmente de cette période brutale et cruelle de l'Histoire qu'est la Seconde Guerre Mondiale.

Outre le fait que ce livre est un chef d'oeuvre où l'on ne sort pas tout à fait le même après sa lecture. Malaparte est un très grand romancier et ce roman est de ceux qui resteront longtemps hanter notre humanité déclinante.

La noirceur de l'âme humaine est ici disséquée avec une précision et une rigueur chirurgicale. En fait plutôt déprimant et négatif...On en ressort mal à l'aise...Je pense que la littérature doit donner un peu d'espoir en l'homme !

Malaparte raconte les massacres de juifs et de prisonniers russes, les soirées mondaines entre diplomates, le ghetto de Varsovie, les fêtes des dignitaires nazis, ses manœuvres d'opposant, des histoires sur des animaux, sa lâcheté, des rencontres avec de hautes personnalités criminelles.

Ecrit sur le front, rapatrié dans l'Italie post fasciste par des diplomates Espagnols et Roumains, ce livre a été publié en 1944 dans Naples libérée.

C'est un des premiers témoignages historique écrit de la Shoah et des crimes nazis en Russie. Mais tout n'est pas rigoureusement exact. Malaparte a trop d'imagination pour ne pas se laisser aller. C'est une vraie œuvre littéraire, récit d'aventures à la structure complexe ou le grotesque côtoie l'anecdote et le cauchemar. Le style est classique, avec un ton poétique, surréaliste et baroque exceptionnel.

Malaparte est de ces quelques auteurs d'autrefois, purs hommes d'actions aux mille expériences, ouverts sur le vrai monde , formés aux "humanités"et visionnaires ..Ce peut être aussi , selon la sensibilité du lecteur, une réflexion stimulante sur la décadence de l'Europe et de sa civilisation , conséquence de sa folie guerrière et de son matérialisme obscène.La description des avanies subies par le peuple Napolitain "libéré" et en survie, nous ramène à lire autrement les événements actuels propres à un monde qui se désagrège..Ce livre est aussi l'occasion de lire notre monde au delà des interprétations médiatiques et du politiquement correct.

Ce livre m'a terrifiée dans les descriptions parfois chirurgicales de ce qu'est la peau.

De la viande débitée et pesée comparée au poids d'une fillette fragile et des images tout aussi percutantes m'ont accrochée et horrifiée.

Avant de le lire, je n'avais jamais imaginé le mépris qui habitait l'esprit de ces américains rouleurs de mécaniques à l'égard de ce peuple napolitain réduit en cendres. Et pourtant ils étaient venus nous libérer.

Pour moi ce livre est un chef d'oeuvre parce qu'il arrive à nous faire aimer tout ce qu'il y a d'horreur charnelle dans cette triste humanité sur le déclin. Et ça c'est une prouesse inégalable.

Il m'avait profondément choquée au sens de traumatisée, mais je n'aime pas ce mot trop fourre tout , et pourtant j'ai adoré .

Œuvre que j'ai dû étudier à la fac. Au début je n'avais aucun intérêt pour le livre, vu le sujet, mais je dois reconnaître que le livre est captivant. C'est très intéressant et très bien écrit. Moi qui n'aime pas lire de livres traitant de ce genre de choses, sincèrement, j'ai adoré.

Ca n'a pas toujours été facile à lire mais j'avais vraiment envie d'aller jusqu'au bout (et pas que pour ma note).

Malaparte offre l'occasion d'évoquer les relations assez particulières de la Roumanie et de l'Italie, qui est la première destination des émigrants roumains mais pas d'un point de vue littéraire, puisqu'on ne compte quasiment aucun écrivain roumain en Italie. Certains écrivains italiens se sont intéressés à la Roumanie néanmoins, comme Claudio Magris, Dario Fo, Grigore Arbore, et Curzio Malaparte. Pas à ses meilleurs côtés pour ce dernier, puisque le propos de "Kaputt", c'est la guerre. La Roumanie y tient une part non négligeable et le livre de Malaparte est une des seules descriptions que je connaisse du pogrom de Jassy. L'atroce épisode étant relativement connu, je m'attarde un peu plus sur le petit chapitre intitulé "Les filles de Soroca". Nous sommes donc à Soroca, aujourd'hui en république de Moldavie, où l'on parle au moins roumain et russe. Des filles juives survivent misérablement dans les champs. Les Allemands les capturent et les enrôlent dans un bordel militaire, où elles se relayent, du moins c'est ce qu'elles pensent. Toutes se rattachent à cet espoir d'un ailleurs, d'autre chose, harassées. Mais, bien entendu, elles sont fusillées après avoir "servi". Malaparte raconte l'histoire d'une de ces filles, à laquelle un soir il tient la main, à Louise de Hohenzollern. C'est une autre force de ce livre : ses aspects mondains, la fréquentation du comte Galeazzo, du prince de Suède, des réceptions de Hans Frank, gouverneur général de Pologne, où le contraste est le plus marquant entre un homme qui donne tous les aspects de la civilisation, voire d'une culture raffinée, et l'indigence du ghetto de Varsovie. Il finit par trouver une conclusion à la hauteur lorsque Frank "joue" à tirer sur un enfant, censé avoir été pris pour un rat, qui tentait de sortir par le mur du ghetto. Et puis vous devez absolument lire Kaputt pour savoir ce que des chevaux peuvent bien faire dans un lac et pourquoi ils ne bougent pas. Sur les atrocités de la guerre mondiale, car Malaparte est allé un peu partout, au moins en Europe, un livre essentiel sur l'essentiel. Pour ses parties qui divisent l'espèce humaine en animaux (les rats, les mouches…), je le rapproche de Vittorini, essentiel aussi, pour qui il y avait "Les hommes et les autres". Mais pour sa narration d'épisodes marquants, sa cruauté baroque et son humble mais furieux et sanguin besoin de liberté en conclusion, il est définitivement unique.