Dominique Conil
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Note moyenne : 7.4/10Nombre d'évaluations : 5
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Léon rêve de partir à la guerre. Non pas pour la faire, mais pour la couvrir : il est journaliste. Au lieu de cela, on l'envoie enquêter sur une affaire vieille de vingt ans, dans le Sud, près de Nîmes, un fait divers que tout le monde ou presque a oublié. Il s'agit d'interviewer Anne Valetta, celle qui, bien des années plus tôt, a suivi son amant, Pierre Livi, de Paris jusqu'à ce mas perdu appelé le Baume du Mal ; puis, lorsque celui-ci a fui un braquage qui avait mal tourné, elle s'y est installée et l'y a attendu, attendu sans fin.
Ensemble, ils avaient vécu en marginaux, dans la pauvreté, fiers de leur insoumission face aux règles impitoyables du marché du travail qu'ils observaient autour d'eux ; seuls pendant l'hiver, entourés pendant les mois d'été d'une population hétéroclite de révoltés ou d'insouciants, attirés par ce «baume» qui leur promettait réconfort et soutien. Mais «Baume du Mal» signifie en réalité «Colline du Mal» ; lorsque Pierre Livi s'est mis à braquer avec Gourvil, Anne Valetta s'est sentie peu à peu exclue, jusqu'à la disparition finale. Quand Léon rencontre Anne Valetta et la contacte pour une interview, celle-ci n'a absolument pas envie de revenir sur son histoire, ou bien même d'en faire une histoire, parmi d'autres. Mais ses jours d'attente paisibles au Baume sont comptés et l'approche de la fin va déclencher chez elle un flot de paroles.
Auprès d'elle, Léon, jeune et inexpérimenté, comprendra mieux encore pourquoi il souhaite la guerre et l'espère. Chez cette femme qui fait partie de la génération d'après-guerre, de la «guerre froide», la guerre a toujours été à la fois absente et omniprésente. Elle est celle du passé, qui hante les paysages (le chemin des résistants, qui mène au Baume) comme les mémoires ; elle est celle, plus mesquine, que la société mène contre le marginal qui en récuse les règles ; enfin, elle est celle, intérieure ou secrète, que l'on se livre entre proches ou que l'on se livre à soi-même. «Pierre disait que les guerres s'interrompent, mais ne finissent pas pour autant. Elles continuent avec d'autres moyens» (p.63). Léon prend conscience en l'écoutant que son désir de couvrir un conflit international répond à son besoin d'extérioriser la guerre intestine qu'il a toujours dû affronter.
Dominique Conil donne une idée juste et fine de ce que put être l'état d'esprit de cette génération née après le plus grand conflit survenu en Europe au tournant du XXe siècle : les guerres s'étaient déplacées sur des terres éloignées, en Afrique, aux confins de l'Europe de l'Est et en Orient ; mais les luttes continuaient, sous d'autres formes. Anne Valetta, Pierre Livi et d'autres de leur génération ont vécu pour défendre leur liberté individuelle. Quant à la génération suivante, celle de Léon ou de Carmen, la fille d'Anne Valetta, elle est plus résignée, plus passive aussi : «C'est quand même bizarre ta génération finalement il y a peu de révoltés, plutôt une génération soumise, je dirais, non ? Adaptée» (p.107). Et si Léon «espère la guerre», c'est avant tout pour retrouver une intensité et se sentir vivant.
Fasciné par cette femme forte et fidèle, il s'identifie à elle et voudrait à son tour lui parler de la disparition qui le hante. Mais Anne Valetta ne s'adresse pas à lui, elle ne se prête jamais au jeu de l'interview. «Son récit ne lui est pas destiné, elle le laisse se débrouiller avec les manques, les ellipses, ce qu'elle ne veut pas dire» (p.116). Le récit à la troisième personne alterne avec la voix du je, matérialisée par une police et une typographie particulières. L'écriture, très travaillée, se fait elliptique et traque les bribes d'une pensée intérieure par le biais de la notation. Nous suivons le fil des souvenirs d'Anne : les époques s'enchevêtrent (celle du braquage, narrée au début du roman, celle de l'interview, celle de sa jeunesse avec Pierre Livi, etc.). Le point de vue est toujours interne, suivant tantôt Léon, tantôt Anne Valetta ; la narration laisse place au discours direct, mais aussi au discours indirect libre et même au monologue intérieur, tandis que l'on ne sait plus si Anne pense à voix haute devant Léon ou bien si nous avons accès à sa pensée intérieure.
Afficher en entierCe livre est génial ! L'histoire d'Anna Politkovskaïa est magnifique, admirable, révoltante, émouvante. Ne passez pas à côté de ce petit livre qui raconte la vie d'une femme extraordinaire :D !
Afficher en entierCe livre issu de la série « Ceux qui ont dit non » est un de mes préférés.
On y découvre l’histoire d’Anna Politkovskaïa, une journaliste Russe qui s’est donné la mission de dénoncer les injustices et massacres dont le peuple tchétchène est victime.
Ce roman historique m’a bouleversé. En plus d’être tiré de fait entièrement réels, avec un personnage principal ayant existé il n’y a pas si longtemps que ça, on y découvre des faits toujours d’actualités (quoique peu médiatisés).
J’ai été emportée par la détermination, le courage et le sens de la justice qui ont rythmés la vie de cette journaliste d’exception. J’ai vécu le coeur battant toutes les oppressions dont elle à été victime en tant que journaliste mais aussi en tant que femme.
Et comme le répétait souvent Anna Politkovskaïa ; « Les mots peuvent sauver des vies ».
Un livre à lire sans modération.
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Biographie
Biographie :
Dominique Conil est une écrivaine et journaliste française.
D'abord journaliste, elle assure pendant plus d'une décennie la chronique judiciaire et de nombreux reportages, notamment sur la Russie, et la mer d'Aral, ainsi que le suivi des prisons au journal Libération. Elle collabore régulièrement à L'Autre Journal de Michel Butel puis, ultérieurement, à L'Événement du Jeudi, à DS Magazine, à L'Humanité (grands reportages), à l'émission Cosmopolitaine sur France Inter (littérature et cinéma), à Elle, etc.
Elle a publié aux éditions Flammarion une enquête au long cours sur la justice française, dans ses aspects les plus quotidiens, ou les plus médiatisés : Notre justice. Vivant aujourd'hui entre Paris et les Deux-Sèvres, elle ne fait plus qu'écrire, "je veux dire écrire, pas rapporter".
En octobre 2008 elle a reçu le prix de l'Inédit Actes-Sud-Le Monde à Mouans-Sartoux pour son roman En espérant la guerre paru chez Actes Sud en octobre 2008. En 2009, ce roman a obtenu deux prix : le Prix de l'inaperçu et le Prix Simenon. Elle tient également un blog sur le journal en ligne Mediapart.
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