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Toutes les séries de Éric Chevillard

9 livres
6 lecteurs

«En septembre 2007, sans autre intention que de me distraire d'un roman en cours d'écriture, j'ai ouvert un blog, quel vilain mot, j'ai donc ouvert un vilain blog et je lui ai donné un vilain titre, plutôt par dérision envers le genre complaisant de l'autofiction qui excite depuis longtemps ma mauvaise ironie.

Rapidement j'ai pris goût, et même un goût extrême, à cet exercice quotidien d'intervention dans le deuxième monde que constitue aujourd'hui Internet et à ces petites écritures absolument libres de toute injonction.

Mon identité de diariste est ici fluctuante, trompeuse, protéiforme. Je me considère à mon tour comme un personnage, je bascule entièrement dans mes univers de fiction où se rencontre aussi, non moins chimérique, le réel. Je ne m'y interdis rien, c'est le principe, ni la sincérité ni la mauvaise foi, ni même à l'occasion l'assassinat.

Ces pages pourront être lues ainsi comme la chronique nerveuse ou énervée d'une vie dans la tension particulière de chaque jour.»

Tous les livres de Éric Chevillard

Monsieur Théo était né pour mourir comme d'autres naissent pour danser ou pêcher la baleine. L'heure a sonné, enfin, après quatre-vingts ans, où il va pouvoir donner sa mesure. Chassé de son domicile, il trouve refuge chez Suzie Plock, veuve de son vieil ami Martial Plock, un imbécile. Là, il reçoit parfois la visite de Lise, petite complice délicate de son agonie, qui confond céleri et salsifis comme tout le monde.

Monsieur Bénigne, successeur de son père à la tête d'une importante entreprise de pompes funèbres, ne tarit pas d'éloges sur Monge, leur vieux collaborateur. Grâce à lui, l'affaire est en pleine expansion. Tous les cimetières gagnent du terrain. Démarcheur infatigable, Monge piège le client jusque dans la rue et ne le lâche que lorsqu'il n'y a vraiment plus rien à faire pour lui.

Certes, à première vue, tout laisse à penser que Palafox est un poussin, un simple poussin puisque son œuf vole en éclats, un autruchon comme il en éclôt chaque jour de par le monde, haut sur pattes et le cou démesuré, un girafon très ordinaire, au pelage jaune tacheté de brun, un de ces léopards silencieux et redoutables, volontiers mangeurs d’hommes, un requin bleu comme tous les requins bleus, assoiffé de sang, en somme un moustique agaçant de plus, avec sa trompe si caractéristique, un éléphanteau banal, mais bientôt on se prend à en douter. Palafox coasse. Palafox nous lèche le visage et les mains. Alors nos certitudes vacillent. Penchons-nous sur Palafox.

Furne est un contestataire. La lumière et l'obscurité l'indisposent pareillement, toujours menacée l'une par l'autre, l'inutile complexité du corps l'afflige, la loi de la pesanteur l'indigne au-delà de toute expression, et il n'aurait pas davantage voté les autres si seulement on l'avait consulté. Furne caresse l'idée de réformer l'ordre des choses, qui ne lui convient pas. Sept collaborateurs ingénieux et tout dévoués l'aideront dans sa tâche.

De nouveaux matériaux seront conçus, de nouvelles matières. Mais Furne tirera aussi parti de la soie, par exemple, ou du caoutchouc, l'inépuisable caoutchouc, si obéissant, si compatissant, et bonne pâte, le musculeux, le miraculeux caoutchouc.

La première fois que Crab fut pris pour un éléphant, il se contenta de hausser les épaules et passa son chemin. La deuxième fois que Crab fut pris pour un éléphant, il laissa échapper un geste de mauvaise humeur. La troisième fois, enfin, devinant que ses ennemis avaient comploté de le rendre fou, il ceintura vivement l'insolent et l'envoya valser à dix-huit mètres de là... Tel est Crab, dont ce livre voudrait rapporter quelques gestes remarquables et que l'on verra ainsi avec un peu de chance plier le ciel comme un drap ou se tuer par inadvertance en croyant poignarder son jumeau, puis devenir torrent pour mieux suivre sa pente. A moins évidemment qu'il ne se terre plutôt tout du long dans son antre obscur, s'agissant de Crab, on ne peut rien promettre.

Puis il inventa l'écriture. Dès lors, impossible de reculer : l'homme entra dans l'Histoire. Mais il serait faux de croire que tout a commencé pour lui ce matin-là. Depuis longtemps, l'homme s'activait sur la Terre. Moins doué pour la vie de tous les jours que les animaux, ses voisins, bisons, chevaux, mammouths, dont la paisible assurance et le sens pratique l'impressionnaient fortement, il en fit les héros de ses fresques rupestres - grandes figures éternelles, déjà vieilles de vingt ou trente mille ans, que l'on ne saurait donc comparer sans sourire à nos récentes peintures sur toile, démodées avant d'être sèches. La grotte de Pales s'ouvre ainsi sur un réseau de galeries richement ornées. On la visite. Le narrateur de cette histoire, quand elle commence, vient justement d'être nommé au poste vacant de guide et gardien du site. Il tarde pourtant à prendre ses fonctions. Quelque chose le retient.

« On ne vous présentera pas Crab puisqu'Un fantôme le fait et que vous l'avez peut-être déjà rencontré dans La nébuleuse du crabe, un tout autre livre qui n'a rien à voir avec celui-ci, sauf qu'il est du même auteur sur le même sujet, si l'on peut traiter Crab de sujet sans risquer la diffamation. On ne vous présentera pas Crab parce qu'on ne veut pas ajouter un tissu de menteries aux " allégations intempestives ”, “ hypothèses que rien ne fonde ”, “ jugements à l"emporte-pièce ” et autres plaisanteries qui remplissent les deux ouvrages - le lecteur en est informé par un avertissement. Et pourtant, Crab mérite d'être connu, Un fantôme le prouve mais peut-on connaître un type qui traîne dans un ouvrage de ce nom ? À moins que son titre n'ait rien à voir avec Crab, auquel cas, d'accord, on s'incline pour livrer quelques indices sous forme de citations “ Crab a dix ans ressemblait tant à son père qu'il fut souvent battu comme plâtre par sa mère dont il était le portrait craché affirmait son père en le rouant de coups. ” Ou encore, “ Crab trouve chaque matin dans son courrier des refus de femmes, d'éditeurs, de banquiers, auxquels il n'a pourtant rien demandé, rien proposé, rien réclamé, qu'il ne connaît seulement pas, mais qui ont jugé préférable de prendre le devant ”. L'essentiel n'est pas là, diraient les adorateurs de Crab, agacés. Allez donc voir ailleurs ! D'autres pages ! Le paragraphe par exemple où il est dit que “ les femmes aux cheveux courts, elles vous le diront toutes, sont en train de les laisser repousser, tandis que les femmes aux cheveux longs s'apprêtent à les couper, elles vous le diront toutes, c'est pourquoi Crab qui préfère les femmes aux cheveux longs préfère les femmes aux cheveux courts ”. Mais précisément, l’une des caractéristiques d’Un fantôme est que n'importe quel paragraphe peut faire l'objet d'une citation, n'importe quelle phrase peut être brandie comme un argument. Précisons aussi qu’Un fantôme se lit lentement car, d'une part, rire prend du temps, d'autre part, chaque paragraphe est tellement accompli qu'on ne se précipite pas sur le prochain. Une pause est nécessaire. »

L’homme qui nous livre ici son témoignage porte en permanence et très naturellement une chaise retournée sur la tête, ce qui lui vaut depuis toujours bien des déboires et des railleries, mais aussi, tout à coup, l’enviable privilège de plaire à Méline. Celle-ci l’invite même à s’installer chez elle avec ses vieux amis. Cependant, l’envahissante présence des parents de la jeune fille les oblige à se transporter au plafond, où les conditions de vie se révèlent d’ailleurs excellentes et en tout point meilleures qu’au sol. On se demande alors pourquoi Méline hésite à les rejoindre là-haut.

Il est évidemment inutile de rappeler ici qui fut Thomas Pilaster, écrivain tant aimé, dont la mort brutale a fait de nous tous de lamentables orphelins. Mince contrepartie, les sept textes inédits rassemblés dans ce volume, que présente et annote son excellent ami, Marc-Antoine Marson, le poète, avec un sens aigu de la nuance critique qui lui permet de tempérer son admiration et de ne jamais verser naïvement dans l'hagiographie, laissant par ailleurs deviner l'histoire surprenante et complexe de leur amitié.

Ses commentaires inspirés ressuscitent surtout pour notre plus grand bonheur la compagne de Pilaster, Lise, et contiennent quelques révélations qui devraient faire du bruit sur le rôle exact qu'elle a joué dans la vie et l'œuvre de l'écrivain.

De James Cook, dont le navire The Adventure quitta Plymouth pour les mers australes le 13 juillet 1772, qui découvrit la Nouvelle-Zélande et Tahiti, navigateur infatigable et digne de Napoléon pour l'esprit de conquête, affichant d"ailleurs le même petit air fat et borné, il ne sera pour ainsi dire pas question dans ce livre, comme son titre très honnêtement nous en avertit. C’est jouer franc jeu. En revanche, comme partout où le capitaine Cook n’osa s’aventurer par crainte de trop grands périls, on y rencontrera notre homme, curieux personnage, comme chez lui dans ces contrées où tout peut arriver : deux femmes naître attachées par les cheveux et traverser l’existence ainsi sans se soucier l’une de l’autre, un vieux préhistorien perdre la mémoire de tous les événements postérieurs au paléolithique, ou encore un ermite distrait périr par noyade dans les sables du désert.

Son visage exprime une ferme résolution. Ses gestes sont brefs et précis. Sa main ne tremble pas. Il joue pourtant sa vie dans cette affaire. Il est écrivain et, ce soir, il se propose d'écrire son autobiographie. Sur sa table se trouve rassemblé tout le matériel nécessaire, du papier, un crayon, une gomme, un hérisson. Qui n'a rien à faire là, ce dernier, vous avez raison. Dont la présence incongrue est même un vrai mystère.

Mais l'effet de surprise s'estompe vite. Place à la colère. Ce hérisson naïf et globuleux est une calamité. Si doué soit-il lui-même pour l'introspection vicieuse et le repli sur soi compulsif, il contrarie grandement et déroute l'ambitieux projet autobiographique de l'écrivain. D'où sort-il, ce nuisible animal, renifleur bruyant, hirsute, insaisissable, que cherche-t-il ici ? Que me veut-il ?

On se croyait quitte de ces sornettes, pour parler franc. L’enfance est derrière nous. Et le conte du vaillant petit tueur de mouches est une vieille histoire. Or voici qu’un écrivain prétend soudain devenir l’auteur conscient et responsable qui fait défaut à celle-ci, enfantée négligemment par l’imagination populaire, soumise à tous les avatars de la tradition orale puis recueillie en ce lamentable état par les frères Grimm au début du XIXe siècle. Il a des ambitions. Il compte bien élever le frêle personnage qui en est le héros au rang de figure mythique. Noble projet, mais quel est-il, ce héros, le vaillant petit tailleur ou l’écrivain lui-même ? Dans un monde fabuleux, peuplé de géants et de licornes, cette dernière hypothèse pourrait être moins extravagante qu’il n’y paraît.

Comme le confie avec justesse Éric Chevillard : une certaine hargne habite tous ces textes qui se veulent vengeurs, autant de contre-attaques. Pour autant, la matière de ces sept scalps est toute littéraire et se tient à distance des mesquineries plates ou des vengeances personnelles : ce sont les statues de la bêtise et de l’angoisse contre quoi il s’acharne.

Cet écrivain aime sa chambre, sa table, sa chaise, dans la pénombre : on l'envoie en Afrique où sont les lions, dans le soleil. Que va-t-il chercher là-bas ? Un grand poème, dit-il. Ou ne serait-ce pas plutôt l'inévitable récit de voyage que tant d'autres avant lui ont rapporté ? On l'a lu déjà, et relu. L'auteur va prétendre que des indigènes l'ont sacré roi de leur village. Il aura percé à jour les secrets des marabouts et appris de la bouche d'un griot vieux comme les pierres quelque interminable légende avec métamorphoses. Le pire est à craindre. Par bonheur, l'aventure tourne court. L'hippopotame se cache. L'Afrique curieusement ne semble guère fascinée par le courageux voyageur. En revanche, celui-ci prend des couleurs : est-ce le soleil ou la honte ? Nous l'appellerons Oreille rouge.

" Un jour, Gaston Chaissac a saisi un pinceau. Que se passa-t-il alors ? Rien. Nulle foule rassemblée, nulle pluie d'étoiles, nul craquement sinistre de la machine du monde. Je m'étonne décidément que les gestes les plus importants ne soient jamais perçus comme tels aussitôt par quelqu'une des innombrables antennes sensibles qui vibrent dans les airs. La nuit tomba sur ce jour comme sur tous les autres, avec indifférence. Le lendemain, enfin, les ennuis commencèrent. Voici le peintre maigre à la recherche d'un peu de santé pour lui-même. Mais c'est le monde alentour qui reprend des couleurs. Regardez-les : les tableaux de Chaissac ne seront jamais ces marqueteries desséchées devant quoi l'esthète se prosterne, dont le souffle bavard décolle une à une les écailles. Les peintures des enfants ne sont pas si pimpantes, et pourtant, sommes-nous assez obtus encore pour n'y rien comprendre et ne rien voir de la solitude et de l'effroi de l'homme né dans un cerne noir ? "E.C.

Pour se connaître enfin soi-même, il n'est pas de meilleur moyen que de connaître bien son ennemi. Ordinairement, celui-ci ne fait pas mystère de sa personne : on ne voit et on n'entend que lui partout. Mais le narrateur de ce livre va devoir s'employer à débusquer le sien, mort en 1888 et oublié presque aussitôt. Désiré Nisard, critique littéraire académique et compassé, sermonneur versatile, n'en a pour autant pas fini de nuire. Il a pesé de tout son poids sur la trame légère des jours comptés à l'humanité. Il a contribué au malheur de celle-ci, aujourd'hui encore accru par les fatales conséquences de ses moindres opinions et petits gestes mesquins. Tout cela appelle une juste vengeance. Désiré Nisard doit disparaître. L'idéal serait qu'il n'ait jamais vécu. La plus infime trace de son existence sera effacée. Ce livre entend lui régler son compte une bonne fois.

Nous ne connaîtrons jamais notre squelette. Parfois, une fracture ouverte nous en donne une vue partielle et décevante puisque c'est là précisément qu'il a cassé, alors que nous aimons de lui sa dureté si secourable à nos chairs défaillantes, le jeu délicat de ses articulations et son sourire imperturbable sous nos plus tristes moustaches. Nos moindres gestes pourtant le mettent à l'épreuve. Ainsi la main qui écrit engage une partie d'osselets qui vaut aussi pour elle-même, indépendamment des tableaux que les mots ordonnent. Voici, rassemblées dans ce volume, quelques-unes de ces parties, gagnées ou perdues, qu'importe.

Sans l’orang-outan, roman de science-fiction écologiste paru en 2008, aborde la disparition de l’orang-outan et de ses conséquences pour le monde humain et la société humaine (notez que les orang-outans, bien qu’en voie de disparition, existent toujours). Eric Chevillard va dépeindre un monde apocalyptique à cause du bouleversement de l’écologie, monde où les humains fument une drogue hallucinogène, conçoivent le suicide comme un soulagement et la reproduction comme un crime, parce qu’elle assure la survie de l’espèce.

Ce livre rassemble une trentaine de textes courts consacrés à des métiers ou professions relevant au sens large de cette zone d’activité qui constitue le monde du travail, lequel se confond de plus en plus avec le monde lui-même et semble en constituer la seule réalité tangible. Il paraît intéressant d’imaginer les hommes réduits de fait à leur seule fonction professionnelle, puisque tel est sans doute l’idéal inavoué de nos sociétés modernes...

Ailes d' Eric Chevillard avec des illustrations d'Alain Ghertman Une version revue du texte « Ailes » a fait l'objet d'une édition à 40 exemplaires (30 numérotés, 10 hors commerce) sur grand papier illustrés tous différemment par Alain Ghertman Ce livre a reçu le Prix Jean Lurçat 2007 décerné par l'Académie des Beaux-Arts qui récompense un ouvrage de bibliophilie

Le Mot de l'éditeur : En territoire cheyenne

Le cadavre a été découvert au centre d’une clairière enneigée. Nulle trace de pas autour du corps. Nulle empreinte digitale sur le couteau. Ainsi connaissons-nous le signalement du meurtrier : ni mains ni pieds.

“Notre sol est meuble, et nous pesons. Sans doute aurions-nous aimé laisser de notre passage des traces plus remarquables que le dessin d’un pied sur les surfaces où nous évoluons si souvent à notre avantage. Le vent nous décoiffe quelquefois avec art, mais cela aussi sera oublié. Seules ces empreintes signent notre présence. Ce bipède ne tenait pas en place, voilà tout ce qui sera su de nous. Pour nous étreindre ou nous anéantir, amis et ennemis n’auront d’autre choix que de remonter cette piste.”

Dans ce livre, entièrement bicolore, Philippe Favier dialogue avec la prose d’Éric Chevillard par une trentaine de dessins originaux.

L'île de Choir est un écueil de terre rude, hostile, inclément, et nous, ses habitants infortunés, de toutes nos forces nous le haïssons, nous le honnissons, nous le maudissons. Tous, nous rêvons de partir. Impitoyablement, nous sommes retenus par ses sables et ses boues. Il se raconte pourtant qu'un ancêtre, Ilinuk, né avec une difformité formidable, parvint à s’en arracher pour rejoindre le ciel. Un de ses anciens compagnons vieux comme l’orage et la cendre endort nos douleurs et calme nos plaintes avec le récit de sa vie prodigieuse. Ilinuk a promis de revenir nous chercher. Nous vivons depuis pour cette seule espérance. Et nous guettons son retour, ne cessant de scruter le ciel que pour haïr, honnir et maudire le sol de Choir.

Dino Egger, ce nom n’évoque rien pour personne et c’est bien regrettable. C’est aussi parfaitement compréhensible, puisque Dino Egger n’a jamais existé. Il aurait pourtant accompli de grandes choses, s’il faut en croire Albert Moindre dont le nom ne vous dira rien non plus. Pas étonnant, Albert Moindre est un homme modeste, sans éclat. Tandis que Dino Egger devait marquer le monde de son empreinte, ouvrir des perspectives nouvelles, inventer l’harmonie. Pourquoi n’a-t-il pas vu le jour, en dépit de ces excellentes dispositions ? Quelle eût été son oeuvre ? Ne peut-on espérer encore et malgré tout le miracle de son apparition ? Albert Moindre se fait fort de répondre à toutes ces questions.

Pour quelques damnés heureux ou malheureux, la littérature décide de tout. Chaque chose sera vue à travers son prisme et rien ne sera vraiment vécu avant d’être formulé. Ce livre est-il un récit humoristique délirant, une confession autobiographique désarmante, un essai polémique agressif, ou bien plutôt, outrepassant ces catégories qui se télescopent ici, tantôt joyeusement, tantôt brutalement, une mise à l’épreuve de la vie de l’auteur dans le champ de la littérature où il s’est établi au saut du berceau ? Nous y lirons donc un roman bien dans sa manière (un peu trop sans doute), et même deux romans puisqu’un second (l’histoire d’un homme qui suit une fourmi) vient soudain interrompre le premier. Mais nous y lirons aussi les interventions et commentaires de l’auteur, soucieux de garder la main sur sa création et d’élucider ce qui se trame peut-être à son insu dans ses fictions.

Voici venue l’heure du verdict, l’heure des révélations. Albert Moindre est mort et il découvre l’au-delà, ce qu’il en est, ce qui s’y passe. Sommes-nous vengés ? Sommes-nous punis ? À quoi ressemble le Royaume des cieux ? Ce témoignage de première main apporte des réponses à nombre de nos interrogations anciennes. On le lira si ces questions nous tourmentent, pour être fixés une bonne fois.

Nous attendons d'un livre qu'il nous parle de neige, de marquise, d'île, de zoo, de style, de photographie, de Beckett, d'humour, de Dieu, de virgule, de littérature et évidemment de kangourou. Ce sera le cas de celui-ci, entre autres questions de semblable importance. Soucieux de mettre un peu d'ordre dans son recueil, l'auteur a cédé à la tentation de l'abécédaire, optant même pour la disposition AZERTY du clavier français, conçue justement à l'origine pour éviter que les machines à écrire et ceux qui en usent ne s'emmêlent les pinceaux. C'était oublier que l'écriture selon son goût pactisera toujours plus volontiers avec les forces du désordre.

Présentation de l'éditeur (Hélium) :

Le très singulier auteur Éric Chevillard retranscrit avec malice les théories de sa fille Suzie.

On y découvre que les arbres dorment debout, qu’il est impossible que les dinosaures aient disparu, et que les poissons rouges ont un goût de fraise.

Illustrées avec la subtilité farceuse de Jean-François Martin, ces formidables théories dessinent en creux le portrait de tous les enfants, poètes-nés dont on ferait bien de s’inspirer.

Tout public

15 x20,3 cm

Relié 56 pages

EAN: 9782330038809

À paraître en mars 2015

Si Ronce-Rose prend soin de cadenasser son carnet secret, ce n’est évidemment pas pour étaler au dos tout ce qu’il contient. D’après ce que nous croyons savoir, elle y raconte sa vie heureuse avec Mâchefer jusqu’au jour où, suite à des circonstances impliquant un voisin unijambiste, une sorcière, quatre mésanges et un poisson d’or, ce récit devient le journal d’une quête éperdue.

(Source : Éditions de Minuit)

Illustrations de Jean-François Martin

« Ce livre s’adresse aux désespérés, aux nostalgiques convaincus que nous nous essoufflons, que les plus belles pages de notre littérature ont été tournées depuis longtemps et jaunissent derrière nous et qu’il ne reste plus rien à écrire. »

Ce livre se présente à première vue comme une exploration de l’œuvre merveilleuse d’un écrivain répondant au nom de Prosper Brouillon, dans le but d’en faire l’éloge. Mais ce n’est qu’un leurre : il s’agit en réalité d’un féroce réquisitoire contre une certaine littérature institutionnalisée, pantouflarde et satisfaite d’elle-même. Qu’en est-il quand on y regarde de plus près ? Voilà à quoi répond Éric Chevillard dans ce livre aussi jouissif et frais que caustique et assassin. Prosper Brouillon est le nom donné à l’ensemble des écrivains chez qui ont été collectées les phrases, exemplaires, à partir desquelles Chevillard s’est amusé à reconstruire un faux roman délirant. Fruit de la collaboration au journal Le Monde entre Éric Chevillard et Jean-François Martin, qui en illustre le Feuilleton tous les quinze jours, ce livre comprend également une vingtaine d’images qui viennent ajouter un supplément de sens et d’humour à l’ensemble, pour un résultat des plus savoureux.

Il y a dix ans, Éric Chevillard entreprit d’écrire chaque jour trois courts textes et de les publier.

À l’issue de la première année, cela devint un livre.

Une décennie plus tard, il est l’auteur de cet opus, imposant comme un Évangile, à ceci près qu’il est souvent drôle, parfois insolent, toujours spirituel, et qu’il témoigne de l’inventivité d’un écrivain tellement exceptionnel qu’il convenait autant de le relire que de le relier.

Après un mois d'absence, le narrateur rentre chez lui et retrouve, dans son aquarium, sa tortue de Floride décalcifiée par manque d'eau et de nourriture. Par ailleurs, son intention de s'approprier, en la signant de son nom, l'oeuvre de Louis-Constantin Novat, un écrivain ignoré du XIXe siècle, se voit soudain menacée. Reste à savoir ce qui relie ces deux intrigues.

Les vrais canards ne sont pas en plastique.

Ils sont en viande et en plumes comme vous et moi.»

Eric Chevillard fait l'inventaire des jouets de sa fille Agathe, dont il constate les écarts de formes, de matériaux, de taille et de fonction avec les animaux du monde réel. Agathe ferait bien de se méfier : ces compagnons de jeux si innocents, si doux, si malléables sont, en fait, des êtres sauvages, parfois terribles et indomptables...

De ce balancement entre le monde des jouets et le monde animal surgissent des textes surprenants qui inspirent au dessinateur Frédéric Rébéna la plus grande liberté : du croquis au grand dessin naturaliste, de la drôlerie d'un petit jouet à la splendeur impressionnante d'un félin.

« Prosper Brouillon n’écrit pas pour lui. Il ne pense qu’à son lecteur, il pense à lui obsessionnellement, avec passion, à chaque nouveau livre inventer la torture nouvelle qui obligera ce rat cupide à cracher ses vingt euros. »

Prosper est de retour ! L’écrivain le plus insupportable de Saint-Germain-des-Prés est aux prises avec les tourments d’un auteur à succès : il passe à la télé, parle de littérature, dirige une master class et, suite au succès de son premier roman, tente d’écrire un polar. Il attend la visite de l’inspiration en travaillant ses métaphores, il recrute ses personnages, s’outille, plante le décor, remonte les bretelles à ses nègres, essaime des indices de sa plume turgescente... sans oublier de faire monter ses à-valoir.

C’est avec une délectation jouissive qu’on plonge dans cette diatribe féroce contre la littérature industrielle et le monde des écrivains à succès. Un livre satirique et hilarant, toujours illustré par Jean-François Martin.

Monotobio plutôt que Mon autobio, avec quatre O comme quatre roues bien rondes, car il s’agit de ne pas traîner. Nul temps mort dans nos vies, le train des conséquences ne ralentit jamais, tout s’enchaîne selon la logique impérieuse du destin. Nous rencontrons ici un écrivain éperdu, aux prises avec son autobiographie. Peut-il se permettre de passer sous silence les plus menus incidents de son existence ? Chaque instant compte. La seconde où il a marché sur sa balle de ping-pong, celle où il a caressé un zèbre … S’il tait ces épisodes, la trame de son récit ne risque-t-elle pas de se défaire ? Et si tout était écrit avant d’être vécu, que lui reste-t-il maintenant à inventer ?

(Source: Éditions de Minuit)

Nous sommes le 5 novembre 2019 et je m’apprête à passer la nuit seul dans la Grande Galerie de l’Évolution du Muséum d’Histoire naturelle de Paris.

Cette perspective est-elle si effrayante ? Je n’ai pas l’intention de laisser ma peau aux taxidermistes du muséum ! Ils ont assez à faire avec l’éléphant de mer. Je suis sans doute le seul de la bande au contraire qui ne risque rien dans les heures à venir. Sont réunies ici les conditions de la plus parfaite sérénité. Ces toisons soyeuses, ces pelages, ces peluches… n’est-ce pas ce qui depuis toujours rassure l’enfant craintif dans le grand vide noir de la nuit ?

Cette nuit dans la grande galerie, Éric Chevillard la passera plus précisément dans la salle des espèces disparues et menacées. Et si triste est le constat du regroupement de ces deux populations, le lieu, effrayant, exotique, fantasmagorique est plus que propice à l’écriture.

De déambulations en contemplations, l’auteur en vient à s’imaginer sauveur de ces mondes perdus. S’ensuivent des pages sublimes et virevoltantes dans lesquelles il tente de faire revenir à la vie des animaux disparus, notamment un œuf de vorompatra,, grand émeu volatilisé depuis trois siècles, uniquement par la force d’invocation d’un poème. Car « Pour ressusciter les espèces éteintes, mieux que l’incertain clonage cellulaire, ne serait-il pas judicieux de s’en remettre à la poésie ? »

Emporté par l’incroyable élan de ce livre, le lecteur ne pourra que tomber d’accord.

Que se passe-t-il quand un écrivain, par nature voué au confinement quotidien, se voit rejoint par l'ensemble d'une population qu'on invite à rester cloîtrée ? Au pire il écrit ce qui lui arrive pour constater que ses congénères font comme lui et se racontent à grand renfort d'adjectifs égotistes et d'évidences narcissiques.

Engagé dans L'Autofictif depuis treize ans, Eric Chevillard a pris l'habitude de concentrer en quelques phrases l'expérience d'une journée ou d'un moment, faisant d'une contrainte une stimulation. Avec Sine die (à l'origine à une commande du journal Le Monde venue se greffer à l'entreprise journalière), il réinvente le reportage immobile, le voyage autour de ma chambre (et mon jardinet), il s'amuse à voir son univers si habituellement balisé éclater en bulles inattendues, laissant venir à lui de dérisoires mais souvent hilarantes épiphanies.

François Ayroles a souvent remis au lendemain l'idée de trouver un pendant dessiné à ces textes sans foi ni loi avant de se lancer, sans filet et à l'encre fine.

Il m'a été confié et j'ai accepté de le garder en observation. On aura estimé à juste titre que j'étais le seul qualifié pour mener à bien cette étude. Il est maintenant là, devant moi, étrangement mobile, brûlant d'on ne sait quelle ardeur. Curieux sujet, décidément. Je vais prendre bien soin de lui.

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