Gauz

Quelque part entre Alain Mabanckou et le Beigbeder de "99 Francs", un premier roman surprenant dans la forme, avec des intermèdes sur la vie de vigile qui sont très drôles et plein de cynisme. De vulgarité, aussi, parfois, mais n'est-ce pas ce qu'il décrit qui est le plus vulgaire ? L'autre partie axée sur l'immigration africaine, est à la fois critique et pleine de questionnements. Un vrai style.

http://appuyezsurlatouchelecture.blogspot.fr/2015/11/laisse-le-travail-des-vautours-aux.html

Un excellent roman qui a su me conquérir par son originalité. Le style de Gauz est pur, touchant et révolutionnaire. Les parties "lexicales" du livre en font tout le charme, et apportent une touche d'ironie, tout en dénonçant subtilement les abus contre les vigiles. Quant aux parties narratives, elles sont aussi attrayantes, et les quelques anecdotes historiques qui ponctuent le récit le rendent sérieux et dénonciateur.

Magnifique premier roman, qui fait réfléchir sur la condition des immigrés français de nos jours.

Roman original.

Le procédé de décrire des personnes ou des actions par des mots est brillante et accrocheuse.

Cependant il ne restera pas grand chose en mémoire d'ici quelques temps. Ce roman n'a pas une histoire originale ou créative. On passe un bon moment malgré tout même si on a l'impression de lire pour ne rien retenir.

L'auteur nous parle de l'immigration et des difficultés que cela entraîne, mais le tout avec humour, ce qui est plutôt agréable!

Une lecture originale de par son thème et sa forme. Agréable sans être mémorable. J'ai trouvé enrichissant de pouvoir voir les choses du point d'un vigile issue de l'immigration.

Comme une impression de trop-plein... Le roman commence par deux histoires en parallèle. Chacune est potentiellement intéressante au départ, mais elles ne sont reliées entre elles que de façon artificielle. Et j'ai eu l'impression que l'auteur voulait tout mettre, un récit de la période coloniale ou pré-coloniale - la phase des explorations, et un récit du retour sur la terre d'origine, le pays des ancêtres. S'il est sans doute moins original, le récit de l'explorateur m'a plus séduit, peut-être parce qu'il se passe des choses, que le personnage évolue - contrairement au petit garçon qui ne comprend pas ce qui lui arrive, m'empêchant à mon tour de suivre son voyage.

Si les trouvailles langagières du petit garçon sont spirituelles et assez décalées au début, elles en deviennent à la longue fatigantes. Le Camarade Papa du titre est évanescente. Certes, je comprends que c'est pour relier les deux histoires, montrer les liens, l'importance des ancêtres et des racines.

Un avis mitigé donc, où la déception l'emporte, sans doute parce que les promesses du début m'avaient séduite.

Une lecture originale de par son thème et sa forme.

J’ai apprécié cette lecture grâce au regard acide que l’auteur porte à la société de consommation. L’humour est présent à travers les définitions données aux clients, trouvées par Gauz lui-même lors de ses années vigile. Même si le livre paraît au premier abord léger, la réalité est toute autre : l’auteur aborde avec sérieux la condition des immigrés africains, leur difficulté à s’intégrer à la société française, leurs rêves et espoir d’une vie meilleure, anéantis par une réalité bien plus dure. J’ai aimé le fait que le roman n’épargne personne : toutes les communautés, toutes les classes sociales sont à un moment donné visées. La disposition du livre est on ne peut plus originale ! Les définitions de la société de consommation données par les personnages du livre permettent de casser la simplicité du roman. L’écriture simple et fluide rend le livre accessible à tous.

Cependant, j’ai beaucoup moins apprécié les passages relatant l’âge de bronze de la Côte d’Ivoire. Le nombre important de dialogues et/ou monologues a rendu ma lecture quelque peu hachée. Ces parties du livre m’ont moins attiré, notamment à cause des longueurs de certains passages. J’ai nettement plus apprécié l’âge de plomb, après les attentats du 11 septembre 2001 : la condition des immigrés africains devient plus difficile encore, les Français ayant peur de vivre à leur tour des attaques de cette ampleur.

Légère déception quant à la fin : Spoiler(cliquez pour révéler)j’aurais aimé qu’Ossiri trouve à son tour le bonheur en France, après tant d’années à y avoir travailler ...

Une lecture sympathique et agréable dans l’ensemble, m’ayant fait rire et acquiescé à de nombreuses reprises face à la plume légère de l’écrivain.

Un premier roman prometteur qui me donne envie de lire son second roman, Camarade Papa.

JLR.

Ce livre a le mérite de l'originalité...mais c'est à peu près tout !!! L'auteur alterne les réflexions, pensées et aphorismes d'un vigile ivoirien, propos et situations d'observation en activité, dans un magasin de prêt-à-porter Camaïeu et dans le magasin Séphora des Champs-Elysées. Evidemment vision "naïve" de la société française !!! L'ensemble, hétéroclite de par sa construction et son écriture, est étrange et se veut original, mais cette forme particulière peut parfois gêner. Curieux assemblage pas toujours convaincant et pourtant bien plus riche qu'il n'y paraît, pas inintéressant mais il manque quelque chose pour que je sois pleinement enthousiaste. Je redemande pourquoi je me suis mise à lire ce livre!!!

Ce livre n'est pas vraiment ce à quoi je m'attendais. J'avouerais être légèrement déçu. Je l'attendais avec impatience (mes espoirs était-ils trop grands ?). Il a le mérite d'être original

J'ai trouvé cet écrit difficile à suivre.

Deux récits inégaux alternent: le parcours de ce petit garçon élevé dans la stricte doxa stalinienne, envoyé fomenter le grand soir en Afrique, au prétexte d'un lien ténu avec un de ses ancêtres, explorateur de la "Côte de l'ivoire"; et une relation, assez complexe, de cette exploration par plusieurs aventuriers vers la fin de XIXe siècle. Sur ce dernier point, il m'a manqué des références, car les personnages (je suppose que les noms sont authentiques) suivent des parcours déterminés par des croyances, des données géographiques et ethnologiques, des considérations stratégiques et financières pas évidentes à décoder, sans compter que certains changent de nom en cours de route... (quelques données historiques, une carte des ethnies... auraient été utiles en annexe du livre). Ah oui, en supplément, une immersion dans le milieu, inattendu, des ouvriers lorrains de l'armement dans l'ouest de la France après l'annexion de 1871... Cela fait beaucoup, trop pour qui n'a pas des connaissances solides sur l'histoire de l'Afrique de l'Ouest à la fin du XIXe...

J'ai beaucoup apprécié l'humour, les trouvailles langagières attribuées au jeune garçon, l'ironie bienveillante dans la description de la société coloniale (l'humour évite le manichéisme...). Exemple: "Chacun (des Blancs) est flanqué d'un boy dont la mission du moment est de réparer une injustice physiologique: contre le soleil, la mélanine pour le Noir; pour le Blanc, l'ombrelle tenue par le boy".

Dernier des cinq récits pour le #prixétrangeslectures auquel j'ai participé par le biais de la bibliothèque de Saint Geyrac.

Un roman à deux voix, la première est de Dabilly, un homme qui fuit la France et part pour la Côte-d'Ivoire, vers et autours de Grand-Bassam, où la colonisation de ces terres est en cours entre les Anglais et les Français. On découvre un regard poétique sur l'environnement :

Au début :

"Sept rouleaux de brisants, crête aux vents, écument la rage en se frappant la tête sur la plage. À l'instant où la première vague s'étale en auréole sur la dorure du sable, une autre au large s'enroule et gronde aussi fort que ses devancières. Leur cycle de vie est court. Quand la dépouille de la première se retire, la deuxième est déjà prête à s'écraser. Le cumul de ces deux vagues contraires se fracasse avant de faire demi-tour vers le large…"

Une description noté sur un carnet sur la vie et les personnages rencontrés, les rites et légendes :

"Ce matin du 5 septembre 1893, la plage est bondée plus que de coutume. Les corps et les esprits sont tendus par un enjeu nouveau. Depuis quelques mois, cette côte est française, et avec elle tout ce qui vit et gît jusqu'au 10e parallèle, plus de six cent kilomètres au nord."

Cette narration sera entre coupée avec l'histoire de "Anouman, l'homme oiseau, mon prénom de Maman", un jeune garçon, en admiration devant son père "Camarade Papa", qui sera balloté entre Amsterdam, la France et la Côte-d'Ivoire.

De nos jours :

"Dans le wagon, Camarade Papa parle fort. Personne ne se plaint. Il parle en français. Les gens tolèrent les bavardages dans une langue qu'ils ne comprennent pas. À la maison, Maman me parle le néerlandais de l'école, Camarade Papa le français de la révolution…"

Son histoire est captivante, son phrasé atypique, avec de beaux jeux de mots et un certain humour. De situations cocasses, en découvertes avec les yeux de cet enfant, rend le récit d'une sensibilité émotionnelle rare.

"Elle me triste, Yolanda, à regarder ailleurs le jour de mon premier voyage. Quand Camarade Papa et moi sommes au niveau de Oude Kerk, la paroisse du quartier, Yolanda me crie. En tenue de bisous, elle court dans la rue. c'est interdit à toutes les travailleuses de bisou de faire le gigot dehors des vitrines…"

Ensuite le résumé vous en dira un peu plus sur ces deux parcelles de vies… Un roman d'excellence autant dans l'histoire que dans l'écriture et les faits. Une très belle découverte que je garderais en mémoire.

Et pour finir avec ce Prix Étranges Lectures il y aura trois romans qui m'auront beaucoup plus, et les deux autres qui ne me laisseront pas de souvenirs exaltants. Je remercie Marie-José qui s'occupe de la bibliothèque de Saint Geyrac pour m'avoir donnée l'opportunité de participer à ce challenge.