Tous les livres de Georges Anglade
«Et si Haïti déclarait la guerre aux USA? La question a jailli au dixième jour de la guerre d’Irak. Le 29 mars 2003. Comme sortie sous pression des entrailles d’un puits de pétrole en un haut jet de sperme noir. À Port-au-Prince, c’était la question de la dernière chance.»
Haïti écrasé pourrait enfin se faire reconstruire à grands frais, mais avec la déveine qu’on lui connaît, il serait bien capable de gagner rien que pour continuer à croupir! Pendant douze heures intensives de branle-bas de combat, Américains, Français et Canadiens vont marcher à fond dans cette chance inespérée de trouver enfin la sortie de crise à trois siècles d’adversité.
Ce feuilleton emprunte sa forme, son rythme et son humour à l’art local haïtien de la lodyans, inventée pour justement raconter les tribulations des vieux-nègres pris dans les trois guerres de cent ans qui ont cours en Haïti depuis Saint-Domingue.
Écrivain et géographe, analyste reconnu de la politique haïtienne, Georges Anglade poursuit dans ce quatrième livre de fiction sa défense et illustration du Rire haïtien que renferment ses recueils Les Blancs de mémoire (Boréal, 1999), Ce pays qui m’habite (Lanctôt, 2002) et Leurs jupons dépassent (Lanctôt, 2003).
troisième recueil de Lodyans, Ce pays qui m'habite, complète la trilogie commencée avec Les Blancs de Mémoire et Leurs jupons dépassent..
La lodyans est un art du récit bref, un art de la miniature. Si elle cultive l’ellipse et préfère l’oblique, elle n’en dit pas moins le réel mieux qu’on n’y arriverait en l’abordant de front. Georges Anglade se fait ici tireur de lodyans et transpose dans le champ de l’écriture cette pratique orale bien haïtienne, née dans un pays où on peut mourir d’avoir «trop parlé».
Les trente-quatre lodyans qui composent ce recueil peignent quelques-uns des innombrables visages d’Haïti et retracent un itinéraire qui va de l’enfance (Quina) jusqu’à l’exil (Nédgé), en passant par la dictature (Port-aux-Morts).
Chaque éclat de ces trois mosaïques est comme un trait dans une ligne pointillée. Il ne reste plus qu’à combler les «blancs» qui les séparent les uns des autres pour obtenir le dessin tout entier, qu’à explorer ces trous de la mémoire, où la couleur n’est jamais chose innocente, pour que tout un monde se mette à vivre sous nos yeux.