Géraldine Alibeu

Quel n'est pas le parent qui a énoncé cette phrase ou plutôt ce verbe "attends !" à son enfant ? Mais ici c'est l'enfant qui dit à son père d'attendre et cela le rend "perplexe", il va donc s'interroger sur "le bon moment" !

Au delà de l'originalité de l'histoire, il y a la technique utilisée pour la réalisation des illustrations, à savoir l'utilisation de tissus et de la couture... cela rend d'autant plus intéressante la découverte de cet album jeunesse !

Un album intéressant qui incite à poursuivre ses rêves même si les illustrations ne m'ont pas ému et qu'il n'y ait pas une once d'humour. Oui, avec un titre comme celui-ci, je m'attendais à un tantinet de second degré et d'ironie (désolée pour les Jean-Kevin).

"On n’aime pas les chats". Pourquoi ? On ne sait pas ou plutôt, si, on sait pourquoi et on avance une raison puis une autre toutes aussi absurdes les unes que les autres pour justifier notre point de vue d’humain.

Tout est expliqué dans ce superbe album : pourquoi les gens honnêtes, adeptes de l’ordre et de la sécurité uniformes, rejettent l’autre pour sa différence : principal ferment du racisme ? Cet album revisite les tristes épisodes de notre histoire : les pogroms, les déportations, mais plus près de nous le rejet de celui du Sud ou de l’Est venu chercher asile dans notre pays, les sans papiers, les clandestins … « Nous, on n’ est pas des méchants. Aussi, on lui a laissé dix minutes. Seulement, cette fois, il devait décamper ! »Au regard des textes de lois de plus en plus durs, à entendre des discours de plus en plus racistes banalisés par une classe politique de plus en plus large, à justifier sans cesse des actes de plus en plus abjects vis-à-vis de l’étranger et maintenant du français parce qu’il a « des origines » , on comprend mieux comment un individu, des individus, un peuple, une « civilisation » peuvent devenir responsables de tout ce qui s’est passé ou se passe ici, ailleurs vis-à-vis de celui qui est différent et qui dérange.

Cette fable universelle qui transcende les époques et les lieux, à la fois grave et éminemment ironique est illuminé par les illustrations dérangeantes de Géraldine Alibeu : les chats ne sont pas beaux ou du moins ne ressemblent à l’image du beau petit chat douillet et bien soyeux qu’on voit dans les calendriers ou sur les couvertures d’agenda ou de cahier de texte. Ils ressemblent à des oiseaux et même oiseaux, ils leur manquent toujours quelque chose. Et si c’était cela leur beauté ?

Un très beau livre pour enseigner la rafle du Vel d’Hiv à tous les écoliers , tous les étudiants, tous les éducateurs et tous les donneurs de leçons….

Moi , j’adore ! ! ! Et pourtant, je n’aime pas les chats….