Toutes les séries de John Galsworthy
Le vieux Jolyon Forsyte ne met qu'une condition au mariage de sa petite-fille June avec l'architecte Bosinney : que le jeune homme se constitue d'abord une solide clientèle. June entreprend aussitôt le siège des membres de la famille.
Etre le premier des Forsyte à posséder près de Londres une maison de campagne est un argument de prestige qui séduit son cousin Soames, lequel y voit aussi le moyen de réaliser un excellent placement. De plus, s'installer à Robin Hill soustraira sa femme Irène à des influences diverses qu'il juge néfastes. Irène ne l'aime pas, il le sait et s'en irrite. Dans cette nouvelle résidence qui promet d'être splendide, il espère que tout changera.
Tout change, en effet, mais d'une façon que ni Soames ni June n'ont prévue. Ainsi commence vers 1880, dans Le Propriétaire, la saga des Forsyte - étude magistrale de la bourgeoisie anglaise -, le chef-d'oeuvre de John Galsworthy.
Tous les livres de John Galsworthy
Que Fleur Mont s'amuse à collectionner les célébrités de l'heure semble à son mari Michael un travers peu agréable, mais Soames Forsyte n'y voit aucun inconvénient du moment que cela amuse sa fille, Aussi est-il piqué au vif en lisant un article où Fleur est traitée de snob et d'arriviste - et il n'hésite pas à chasser du salon de Fleur l'auteur de l'écho injurieux qu'il surprend à tenir les mêmes propos insultants.
Marjorie Ferrar n'aurait peut-être fait que rire de l'incident si elle ne s'était trouvée alors accablée de dettes criardes. Une action en diffamation contre Fleur qui a écrit sans ambages son opinion à deux amies communes serait un excellent moyen de regarnir sa boum, car Marjorie ne doute pas que le vieux Forsyte préférera payer plutôt que de laisser son enfant chérie être traînée en justice.
Soames paierait si des excuses n'étaient exigées : il se sait dans son droit et sa fierté se rebiffe. On lui demande de justifier que Marjorie n'a « aucun sens moral », eh bien, il justifiera. Ainsi, à travers un procès banal entre gens du monde, c'est la moralité moderne qui passe en jugement avec les idées avancées de Marjorie.
Mentalité étonnamment actuelle, comme restent actuelles les difficultés de l'Angleterre de 1925 qui est le cadre de La Cuillère d'argent, deuxième volume d'Une Comédie moderne.
Source : Le Livre de Poche, LGF
Lorsqu'en 1906 John Galsworthy (1867-1933) publie L'Homme de biens, il ne sait pas dans quelle immense aventure littéraire il se lance, mais il a conscience d'atteindre enfin la plénitude de son art romancier. L'histoire de la famille Forsyte commence par la douloureuse crise conjugale opposant Soames, bourgeois consciencieux, à sa femme, l'énigmatique et musicienne Irene. Nous sommes en 1886. Soames est passionnément attaché à sa femme; mais Irene l'a épousé sans amour. Elle s'est éprise du jeune Philip Bosinney; leur liaison aura toutefois une issue tragique. A travers L'Homme de biens, le lecteur pénètre dans le monde des Forsyte, vaste tribu de la bourgeoisie des dernières années de l'époque victorienne. Galsworthy attend la fin de la Première Guerre pour publier la suite de son oeuvre monumentale. Elle comprend neuf romans groupés en trois trilogies, quatre interludes, et une vingtaine de nouvelles datant de 1930 seulement, mais destinées à s'insérer entre les deux premières séries de romans. Celles-ci éclairent le passé des principaux membres de la dynastie et occupent ici, pour la première fois, la place souhaitée par l'auteur. Sous le joug, publié en 1920, et qui fait suite à L'Homme de biens, conduit Soames de son difficile divorce à son deuxième mariage avec une jolie jeune Française, Annette, qui lui donnera une fille, Fleur. Quant à Irene, elle épouse un cousin de Soames, Jolyon Forsyte. Vingt ans d'histoire séparent ce deuxième roman du troisième, A louer (1921). La Grande Guerre a eu lieu, les mentalités ont changé. Fleur et Jon, fils d'Irene et Jolyon, tombent amoureux. Toutefois, leurs parents, et le passé qui les a opposés, interdisent une heureuse conclusion de cette idylle. Jon sacrifie son amour à sa mère; tous deux quittent l'Angleterre pour la Colombie britannique et sur la vieille maison de Robin Hill, qui avait été construite pour Soames, on lit : "A louer".