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Rentrer dans le Rivage des Syrtes, c'est plonger dans une immense transposition onirique, où la réalité des choses s'efface pour laisser place à la réalité de la suggestion qu'en fait Gracq. La nature, plus que jamais, devient consistante, organique, consciente, même. Jamais dans la figuration, toujours dans la suggestion, ses scènes prennent vie et sont animées par le lecteur. Les irisations de sa prose, la tension constante entre le concret et l'abstrait, le tangible et l'immatériel, entre les différents sens — magnifiques synesthésies ! —, sont incroyables. Par cette abondance de métaphores gorgées de sens — perceptions comme signifiés —, Gracq rend avec maestria les impressions et les sensations. Il ne s'éloigne de la réalité concrète et physique du paysage, de la scène, du moment, que pour se rapprocher du vrai de ce qu'il décrit, s'inscrivant, par la puissance évocatoire dans la lignée de ces œuvres puissamment imaginaires — faisant surgir des images — et réussit à donner une « vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même »¹. Mais la prose de Gracq ne s'explique pas, elle s'expérimente, dans toute son ampleur déstabilisante. Je me contenterai de citer trois courts extraits :
« Dans la déflagration brutale d'une bourrasque, les trompettes sonnèrent. [...] Une douce foudre tombait en pluie d'argent sur le cimetière. Longues, brèves, longues, les notes se poursuivaient en appel surhumain, en coulée de joie chaude et rouge, étouffante comme un caillot de sang. »
« le brasillement énorme et stupéfiant des étoiles déferlait de partout [...], exaspérant l'ouïe jusqu'à un affinement maladif de son crépitement d'étincelles bleues et sèches. »
« la fraîcheur s'égouttait lentement des branches en se diluant comme une odeur dans l'air transparent. »
Et pourtant, c'est ce style que j'ai détesté pendant mon premier essai, et à de nombreuses reprises dans le roman. Ampoulé, abscons souvent, difficile toujours, phrases interminables toutes en tours et détours (ce genre de phrases dont on oublie le sujet tellement elles sont longues et où l'on s'étonne ensuite d'un accord), l'aborder est d'une complexité extrême. Mais quand on prend le temps — et qu'on arrive à rentrer en résonance avec, je l'avoue —, quel régal !
Mais rentrer dans le Rivage des Syrtes, c'est aussi comme plonger dans une eau fraîche : cela ne se fait pas sans appréhension, on frissonne, on hésite. Une fois immergé, on s'y sent bien, on s'ébat, mais on en ressort beaucoup trop facilement, pour profiter du soleil plus chaud d'occupations plus abordables. C'est dommage parce qu'il est très dur de progresser dans ces chapitres, qui sont, en plus de cela, assez longs — quarante pages de Gracq, ça semble sans fin — et que sortir de l'histoire, ça veut dire avancer à une lenteur de tortue.
J'ai été extrêmement surpris, ayant été prévenu contre un roman de l'attente — ce qu'il est —, un roman de l'ennui — ce qu'il est... plus discutablement —, de le trouver à ce point passionnant. Peut-être que, par mon expérience de lecture, j'ai appris à tirer parti de l'éternité d'une olive² ? Ou alors, de même que Aldo s'habitue petit à petit à l'ennui des Syrtes, je me suis habitué à l'ennui du roman ? Le fait est que j'ai trouvé que ce roman est — globalement (il a des lacunes aussi, et plus que mon avis, qui peut paraître assez dithyrambique, ne le laisse penser : l'ennui, parfois, est vraiment réel et profond) — un excellent roman de l'attente et du mystère. Ce n'est pas un climat de mollesse passive qui domine, mais plutôt une tension de l'attente qui va crescendo, à mesure que l'auteur instille une menace voilée, recouvre la narration d'une brume de mystère qui intrigue. Il n'a rien à envier à certains maîtres du suspens, hormis peut-être que cette tension ne trouve pas d'accomplissement ni de réalisation — ce qui est très déroutant.
De quoi n'ai-je pas parlé ? Pêle-mêle, la relation entre Aldo et Marino est fantastique ; certains dialogues me sont resté totalement inaccessibles, je ne comprenais ni les questions ni les réponses, c'était très perturbant... ce qui implique que je devrai le relire dans quelques années ; ce roman, parce que je l'ai majoritairement lu entre une et deux heures du matin — pas en une seule nuit, hein ! en plusieurs tranches "une à deux heures" sur un peu plus d'une semaine —, revêt une couleur oscillant entre bleu roi et le noir, moucheté d'étoiles (oui, mon cerveau est étrange, il associe mes lectures à des couleurs ou des impressions...) ; mais surtout, je m'étais fait une montagne de cette lecture de manière peut-être un peu injustifiée — elle est extrêmement difficile, il n'y a pas de doute, elle ne m'a pas ménagé, mais moins que ce à quoi je m'attendais — et je suis particulièrement fier d'en avoir triomphé #PersonalPride.
Je finirai sur l'idée qui, je trouve, résume le mieux ce qui m'a envoûté dans Le Rivage des Syrtes et que j'ai si longuement développé — au détriment, je l'avoue, des points négatifs, qui font que mon avis semble un peu trop tranché et élogieux — : la réalité des choses s'efface pour laisser place à la réalité de la suggestion qu'en fait Gracq.
__________
¹ Maupassant, préface de Pierre et Jean : « Le réaliste, s'il est un artiste, cherchera non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même ».
² Reprise de René Char, « [Le poète] comme le pauvre sait tirer parti de l'éternité d'une olive ».
Le Rivage des Syrtes
Souvent critiqué pour son manque d'"action", je le trouve quant à moi extrêmement efficace dans sa narration. Bien sur, il ne s'agit pas d'un livre facile, qui s'offre immédiatement au lecteur : tout y est ciselé avec subtilité et finesse.
Un bijou !
Un balcon en forêt
Ce style éminemment évocateur, parce que sensuel — tous les sens sont sollicités, sur-excités, pour faire de la lecture et de l'écriture des expériences grandioses, totales —, est mis au service dans En lisant en écrivant, d'observations sur l'immense champ littéraire : auteurs, œuvres, propriétés, enjeux, apories.
En lisant en écrivant, c'est une anthologie (dans son sens premier, le plus beau : "bouquet de fleurs") de fragments en tous genres, mais qui possèdent comme dénominateur commun le plaisir de la lecture, le goût de l'art, alliés à l'exigence du style. Tout est bon pour rendre compte de la littérature, qu'elle soit sans distinction lecture ou écriture (En lisant en écrivant, sans virgule, n'exprime rien d'autre que ce va-et-vient continu, cette indissociable liaison entre deux faces d'une même médaille) ; tout est bon pour en suggérer les pouvoirs et les charmes : ouïe, vue, goût — les métaphores gastronomiques pullulent —, comparaison aux autres arts, détour par les sciences (chimie, biologie, optique surtout).
En lisant en écrivant est le cahier d'un lecteur (et amateur d'art) engagé dans ses lectures, qui n'hésite pas à affirmer avec force ses goûts, et aussi le cahier d'un auteur, qui écrit sur, mais surtout qui écrit, intransitivement.
Une fantastique expérience littéraire, qui transforme le "discours second" du critique en discours premier, pleinement littéraire en lui-même.
En lisant en écrivant
Il est ce genre de livre qu'on ne commence ni ne finit vraiment, que l'on reprend au début dès la dernière page tournée, dont on s'imprègne lentement, page par page, phrase par phrase, mot par mot, laissant les arômes du savoir infuser doucement dans notre esprit ; c'est le cas de cet essai, ou plutôt de ces essais tant la richesse et la diversité des sujets abordés par Gracq est grande.
Ouvrage de critique, mais contre la critique professionnelle et les professionnels de la critique, En lisant en écrivant est avant tout un carnet de lectures, où la critique est celle du lecteur. Carnet, aussi, de l'auteur, de l'écrivain, qui partage ses réflexions sur les genres littéraires.
Ceux qui me connaissent savent bien, pourtant, que Gracq n'a pas toujours été mon ami — Le Rivage des Syrtes, abandonné à la p.24, croupira peut-être jusqu'à ma mort dans ma bibliothèque [edit: j'en ai finalement triomphé fin 2018] — mais je dois me rendre à l'évidence : cet ouvrage est fondamental, tant pour la littérature française en général et du XXe siècle en particulier, mais aussi pour le lecteur — et peut-être écrivain — qui le lit.
Il aura même réussi à me transmettre un petit morceau de son admiration pour Stendhal !
Une œuvre difficile d'accès, dont on pourrait se passer sans problème, mais d'une incommensurable profondeur, d'une immense intelligence et d'un grand intérêt — l'on sait bien que la sagesse est à la fois la plus superflue, mais en même temps la plus utile des richesses, tout en étant en même temps la plus inaccessible !
En lisant en écrivant
Julien Gracq est un écrivain talentueux. Il n'en fait aucun doute. Son style s'attache tout particulièrement à l'attente qu'il crée chez le lecteur. Je dois avouer que la lecture du "Rivage des Syrtes" n'a pas été facile. La description des lieux tient une place toute particulière puisqu'elle est reliée au ressentit des protagonistes. Il n'y a aucun marqueur de temps et tout est dans la suggestion. Certains n'iront pas jusqu'à la fin de ce récit car il ne s'agit pas d'un roman conventionnel. D'autres, comme moi, vont se sentir troublés par cette attente et lorsqu'ils auront lu les derniers mots de la toute dernière page, ressentiront un certain malaise face à cette réalité percutante.
Le Rivage des Syrtes
Mais, selon moi, l'intérêt de ce roman est bien dans ses descriptions poétiques, c'est ce qui le distingue des autres livres et qui fait son originalité.
Donc, même si ce livre est dure à lire, je le conseille vivement !
Un balcon en forêt
Une aventure au ralenti, une introspection qui conduit le héros comme le ferait un voyage initiatique vers une certaine sagesse, le désarroi ou la désillusion.
C'est le style de JG qui m'a le plus marqué. Un style suranné, mais infiniment poétique. Par moments, chaque phrase n'est que poésie.
La foison d'adjectifs et d'adverbes rend la lecture pénible, voire rebutante. Les phrases sont longues, mais pas aussi fluides que celles de Proust, par exemple.
L'utilisation exagérée de la conjonction "comme" finit par devenir désagréable (parfois insupportable). JG compare sans arrêt ce qui est loin des canons de la littérature moderne. En revanche, sa créativité poétique semble sans limite, m'a souvent laissé admiratif. On a affaire à un véritable tour de force, la plume est bluffante, mais sa lenteur m'a souvent éreintée.
L'histoire, pleine de non-dits, d'allusions pas toujours claires, demande une concentration permanente. J'ai immédiatement apprécié le récit, l'incipit m'a happé, mais durant certaines parties la lassitude m'a gagné. Le tissage du récit n'est pas équilibré, sa majeure partie s'attache à la description.
Un roman à lire quand on aime prendre le temps, s'immerger dans les mots, sentir l'intrigue s'installer, même si souvent elle ne paraît être qu'un prétexte à la poésie.
Le dialogue/monologue de la fin est pour moi, le sommet de ce roman particulier.
Le Rivage des Syrtes
La Littérature à l'estomac
Le Rivage des Syrtes
P. S. : Le "manque d'action" n'est pas dérangeant pour apprécier l'histoire. Et je trouve un peu dur de dire qu'il n'y a pas d'action. Il y en a peut-être peu, mais il y en a quand même.
Un balcon en forêt
Le Rivage des Syrtes
Le Rivage des Syrtes
Julien Gracq a fait le choix d'offrir à son lecteur un récit sur le thème de la solitude où l'onirisme tient une place essentielle. Dans cette forêt silencieuse, les hommes tentent de survivre à l'attente mais leur peur du conflit devient peu à peu l'élément clé du récit. Ils semblent être plongés dans un rêve où des "fantômes, les gens du villages, interviennent mais ne font que passer."
J'ai rapidement bouclée ma lecture, tant j'étais plongée dans le récit. J'ai eu l'impression de sentir les odeurs du sous-bois, de ressentir cette pression permanente dans l'attente de quelque chose. On arrive, très vite, à imaginer ces hommes qui évoluent dans un monde en suspens.
Un balcon en forêt
Une très belle écriture, pleine de description et de métaphores.
Une proximité avec la nature très forte et une vision de la guerre étonnante.
En revanche, j'ai trouvé le rythme assez lent.
Un balcon en forêt
Le Rivage des Syrtes