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Œuvres, Tome 3
Œuvres, Tome 2
Voilà pourquoi cette réédition s'imposait.
Œuvres, Tome 1
Ce court ouvrage collectif, dont chaque texte est précédé par une (si belle !) photo de l'autrice ou de l'auteur, est un livre qu'on peut qualifier de livre de commande. En effet, « depuis 2017, la Maison des écrivains et de la littérature invite des autrices et des auteurs à jouer au « Livre en question », en écrivant un texte librement inspiré par la bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (BIS) ».
Dans la préface, Laurence Bobis, rappelle la force de ces textes rédigés entre 2020 et 2021 : « Malgré les circonstances, ces cinq textes sont des messages d'espoir ou des invitations à ne pas désespérer. » (p. 8), tandis que Sylvie Gouttebaron, nous propose une définition ludique de la bibliothèque : « La bibliothèque est un jeu de patience, mais aussi un jeu de l'oie – sans puits ni prison –, une marelle, un labyrinthe (c'est connu) – sans autre destination ou issue que la satisfaction d'un désir de savoir, de connaître toujours recommencé, jamais exaucé –, tous jeux aussi tentants que le diable gisant dans chaque détail insoupçonné de ses méandres en relief, véritablement habités. » (p. 11)
C'est Linda Lê qui a eu l'honneur d'ouvrir le bal, avec « La langue de l'éternel questionnement » (pp. 15-30). Pour elle, les livres s'enchaînent les uns aux autres et elle extirpe de l'oubli et de la BIS, grâce à Iouri Tynianov, un certain Alexandre Griboïedov, auteur malheureux d'un pièce de théâtre intitulée « Le Malheur d'avoir trop d'esprit ». Linda Lê fait remarquer que : « Le fil qui relie Nadejda Mandelstam à Iouri Tynianov, puis à Pouchkine et à Griboïedov, c'est l'évocation des temps troublés. » (p. 25). Elle mentionne « à la BIS, deux thèses consacrées à Griboïedov, en 1907 et en 1965 » (p. 26). Selon elle, « Chez Griboïedov, la langue de l'éternel questionnement oscille entre le cynisme des uns et l'effacement des autres » (p. 29), car « il ne reste aux « purs » qu'à battre en retraite » (p. 28). Ainsi, pour elle, « La question demeure : le livre en question serait-il une énigme à résoudre, l'objet d'une enquête qui mène à un autre livre ? » (p. 30)
Arno Bertina, s'est penché (pp. 31-46), quant à lui, à la BIS, sur la question « Des tracts et des affiches ». D'entrée de jeu il affirme que : « Mondialement célèbre, ce lieu est éminemment labyrinthique, insaisissable » (p. 31), et constate que le rôle de conservation d'une bibliothèque est « d'opérer un tri drastique entre ce qui relève du savoir, de la culture et ce qui est pauvre, circonstanciel, non autorisé » (p. 34).
Muriel Pic, dédie son « Manicules (à la BIS) » à la mémoire de Jacques le Brun. Elle relate sa longue expérience de lectrice en s'intéressant notamment à l'ensemble des annotations et plus particulièrement aux stigmates laissés par certains lecteurs. Pour la définition des manicules on peut retenir le passage suivant : « La manicule est une petite main que dessinaient jadis les lecteurs sur les joues pâles des livres, à distance de l'axe vertical des textes qui va du blanc de tête au blanc de pied, et distribue les mots de gauche à droite sur toute la surface du rectangle d'empagement. C'est un geste de lecture pour indiquer ce qui a retenu l'attention, doit être gardé en mémoire ou sera commenté plus tard. La manicule est une trace en forme de petite main que l'on trouve dans les marges des manuscrits et des incunables à partir du neuvième siècle. Elle a l'index pointé sur une phrase articulée par une bouche imaginaire, dont les deux hémi-lèvres se touchent en forme d'arc de cupidon. Tout texte a son propre visage, ses propres mimiques, sa propre tache de naissance. Grâce à elle, on comprend qu'un livre a été pris en main. Un lecteur fait signe sur la surface diaphane du parchemin. Une motion intérieure affleure sur la peau animale, chèvre, mouton, veau » (pp. 50-51), tandis que pour les stigmates, on retiendra surtout ceci : « Il est remarquable que les ouvrages portant les marques de lecture les plus sauvages aient trait à des sujets politiquement délicats. C'est en tout cas le constat que l'on peut faire si on ouvre l'armoire des livres détérioré de la Sorbonne, sachant qu'il n'y a pas de limite à la fantaisie dans le domaine de la destruction des livres. le plus frappant a été pour moi d'y trouver l'ouvrage d'Annette Wieviorka littéralement dévoré sur les bords par je ne sais quel animal anonyme soudain doué d'une haine qu'ignorent en temps normal les bêtes » (pp. 87-88).
On se souviendra que les fantômes sont aussi des « revenants » avec le magnifique texte de Jean-Christophe Bailly (pp. 101-118).
Dans le dernier texte « Comme un cygne » (pp. 119-130), Jean-Marie Gleize nous parle de poésie, et plus amplement d'Alphonse de Lamartine.
La dernière phrase est sublime : « Il pourrait n'être pas absurde de dire qu'il s'agit, dans cette « Mort de Socrate », de quelque chose comme le suicide de la philosophie par absorption d'un poison qui n'est autre que le chant romantique, le chant des cygnes ou des signes, la très suave ciguë de l'harmonie poétique et religieuse. » (pp. 129-130)
Un court recueil donc avec des auteurs (à l'exception de Linda Lê) inconnus pour moi qui a été aussi l'occasion de garnir généreusement de futures listes de livres à lire. Un bel hommage à ce lieu d'exception qu'est la BIS !
Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne, tome 4
Écrire, écrire, pourquoi ?
Ici, il s'agit d'un recueil de nouvelles écrit à l'âge de vingt-six ans et de son troisième livre après les romans Un si tendre vampire (que je viens seulement de commander : longtemps introuvable, car Linda Lê elle-même avait pris ses distances avec ses premiers écrits en les écartant même de sa bibliographie) et Fuir.
Dans Solo, les personnages sucent le sang de leurs proches ou se font sucer le sang par eux, mais restent des vampires au sens figuré. C'est surtout de SOLITUDE qu'il est question. Tous les personnages se caractérisent par cet état d'âme, particulièrement exacerbé dont le symbole évident reste la marionnette Solo (cf. la toute première nouvelle).
Il y a encore dans ce livre l'image du pays étranger, on le devine à mi-mot le Vietnam (dont Linda Lê est originaire), d'où la question du langage : le français, précis et à la limite de l'érudition (cela deviendra vite jubilatoire dans les livres suivants) contre le vietnamien qu'elle a abandonné et dans lequel elle a écrit des lettres maladroites et d'une politesse cérémonieuse à son père. Celui-ci, qu'elle pense avoir laissé mourir au Vietnam, la tourmente sans cesse.
Ces nouvelles sont brèves et regroupées en quatre parties aux titres révélateurs : Les doublures, Les complices, le soliste, Les revenants.
Linda Lê n'a eu de cesse de faire évoluer la précision de la langue qu'elle manie avec maestria et ses écrits sont pour moi d'indispensables nourritures livresques, à l'image de ce proverbe égyptien qu'elle cite ici, page 59 : « Je te nourris pour te former des rondeurs, mais tes os pointent vers moi et me font peur ».
Solo
Marina Tsvétaïeva : Comment ça va la vie ?
Renié par ses parents, il est accueilli par une tante sans-le-sou chez laquelle il grandit, plutôt mal jusqu'à ses dix-huit ans quand (pour une raison qu'il convient de ne pas dévoiler) il fuit vers le Sud. À vingt ans il fait un mariage de raison avec Tanh, la fille du Docteur (qui bien sûr n'est pas médecin, mais un personnage peu fréquentable).
Dans le présent de la narration, il est poursuivi (depuis un mois) par un Japonais, clochard attendrissant qui parle un français « recherché ». C'est un « vagabond au visage de moine et au corps de vermine » (p. 9) qui « traîn[e] cahin-caha deux valises lourdes » (p. 7).
Parmi les autres personnages (tous paumés, en fin de compte, tous à fuir) on peut encore nommer le Maître, un percepteur qui entra dans la vie du narrateur vers l'âge de douze ans, qui était « fragile comme une porcelaine en coquille d'oeuf » (p. 47) et aura une très mauvaise influence sur son élève, ainsi que Vinh, le frère de son épouse, qui finira dans un asile de fous.
Dans les meilleurs moments, le narrateur se qualifie de « bohème qui ne comprenait rien à la poésie de l'errance » (p. 149), mais la plupart du temps c'est en ces termes qu'il s'exprime : « je n'aimais pas la vie et elle me le rendait bien. Je rêvais de l'assassiner et elle m'avait tué. J'avais des arrière-pensées peu louables et elle m'avait condamné pour délit d'intention ». (p. 171)
Je ne vais pas dévoiler la fin : il faudra lire ce roman pour savoir ce qu'il arrive au Japonais et par voie de conséquence au narrateur.
Encore une fois, j'ai beaucoup aimé le style de Linda Lê.
Fuir
Quoi de plus simple que de mettre en scène des personnages qui lisent pour écrire sur des livres? L'intertextualité marque cette oeuvre, comme nombre de livres de Linda Lê: l'une de ses formes est la célébration de la force rédemptrice du travail des traducteurs pour lesquels Linda Lê serait plutôt un modèle de vocabulaire et de finesse. S'agissant des noms, je ne citerai que les Oeuvres de Felisberto Hernandez, Osamu Dazai, ou Isidore Ducasse, comte de Lautréamont.
Conte de l'amour bifrons
Chercheurs d'ombres
C'est un beau premier roman qui traite de l'ambivalence de l'écriture à la fois comme imposture romanesque et comme acte salvateur (cf. le journal intime, page 96).
Que dire de plus sans trop dévoiler ? Un style élégant et un ton ironique permettent de belles mises en abyme sur la création littéraire. Page 52 on peut lire ainsi : « Tout a été dit, il ne nous reste qu'à ressasser les refrains de quelques chansons tristes. Seuls les êtres et les intérêts, l'argent, l'amour et autres vétilles, qui les agitent, me bouleversent encore. »
Au détour de la page 64, je découvre un peintre que je ne connaissais pas : Gustave Caillebotte.
Même si mon roman préféré de Linda Lê reste « Les trois parques » j'ai encore passé un agréable moment en sa compagnie.
Un si tendre vampire
Deux textes donc (pièces de théâtre ?!) assez différents mais tous deux brefs et percutants. Page 84, Linda Lê emploie le mot « scène », ce qui me réconforte dans ma qualification théâtrale.
Sans « bain de sang », Kriss, revisite le mythe d'Électre en 1983, en Californie, sur fond de guerre du Vietnam. Selon le site du Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales, le kriss (ou criss) est un « long poignard malais, à manche oblique et à lame généralement ondulée ». C'est ici aussi le nom de la soeur meurtrie qui attend le retour de Stan qui se fera passer pour un ami et dira que le vrai Stan est mort. Je me suis un peu intéressée pour l'occasion à la signification du prénom Stan qui « est le diminutif du prénom Stanislas, qui en vieux slave se traduit par "se dresser" et "gloire". En vieil anglais, "Stan" signifie "pierre" ». Un prénom fort bien choisi donc.
Si comme moi, vous ne connaissiez pas le sphex à ailes jaunes, la métaphore du triple coup est extraordinaire.
Un texte dramatique qui rappelle incidemment l'indicible horreur de la guerre.
« L'Homme de Porlock » est un dialogue très animé entre trois muses (?!) Daimôn, Bobok et Brownie d'un écrivain dont la soeur est morte après six mois de souffrances atroces. C'est un débat qui constitue une fort intéressante réflexion sur la création littéraire. Trois brillantes références à Georg Trakl, Elizabeth Browning et Samuel Taylor Coleridge (auteur du « Dit du vieux marin »). Est-il souhaitable d'écrire des « livre pleins de fureur, comme une tempête sous un crâne. Des livres comme de la braise, qui vous brûlent les doigts. Des livres qui vous déchirent le coeur comme la révélation d'un amour interdit » (p. 97) ou de ne rien écrire du tout ?
Deux textes qui se lisent vite et qui font méditer longtemps. Mon admiration pour Linda Lê reste intacte.
Kriss : L'homme de Porlock
Personne
Calomnies
Cette fois, le titre fait directement allusion à l'un des protagonistes et Linda Lê met en exergue ceci : « Non, de personne jamais je ne fus le contemporain je n'ai que faire d'un tel honneur ». Ossip Mandelstam, le Livre de 1928.
« Chez Nguyên Ai Quôc, on trouve une culture, celle de l'avenir. Ses gestes nobles et sa voix grave me font penser au futur et à la perspective d'une fraternité mondiale immense comme un océan ». C'est ce qu'a écrit le poète russe Ossip Mandelstam, en 1923, suite à sa rencontre avec le jeune patriote Nguyên Ai Quôc (le pseudonyme du président Hô Chi Minh [Source de lumière] de l'époque).
Le point de départ est donc ce constat de l'autrice : « Hô Chi Minh comme Mandelstam ont tous deux été d'irrémédiables étrangers, inaptes à s'accommoder avec ce qui manque d'intransigeance dans cette existence. »
« Le portrait qu'il fit de Nguyen le Patriote était un travail mi-journalistique, mi-personnel. Peut-être ne voyait-il là que le moyen de grappiller quelques roubles, mais cette rencontre, si surprenante qu'elle pût paraître, mettait au jour tout un pan de la personnalité de Mandelstam. »
C'est donc un double portrait croisé en quelque sorte que propose Linda Lê et qu'elle croque avec subtilité et sensibilité littéraire.
Toujours aussi érudite et documentée, elle fait également preuve d'une très bonne connaissance du Vietnam.
De personne je ne fus le contemporain