Nadine Gordimer

Ce livre a une thématique intéressante mais n'a pas su réellement capter mon attention. Intéressant mais sans plus.

Cela commence par un fait divers, puis bien vite on arrive à la description de l'Afrique du Sud, les communautés (blanche noire et indienne) et les rapports entre elles.

Tres déçue de ce roman que j'ai pourtant lu jusqu'au bout, attendant le moment où la "rencontre" se ferait... Malheureusement on s'est raté! Sujet prometteur mais cheminement obscur et confus en dépit d'une belle écriture. Dommage...

"Le Conservateur" de Nadine Gordimer, auteure Sud-africaine blanche née en 1923, a été publié en 1974, pendant l'apartheid. Le roman débute par la découverte du cadavre d'un Noir, "face contre terre" dans la propriété agricole d'un riche industriel blanc, Mehring. Au fil des pages, le lecteur suit les méandres du flux des pensées de Mehring au cours de ses promenades dans le vlei (marécage en afrikaans) ou pendant ses allers-retours entre sa propriété et la ville. Le roman ne tombe jamais dans les bons sentiments ou le manichéisme des personnages : Mehring n'est jamais violent envers ses employés (il leur offre quelques cadeaux à Noël, il leur donne une prime après le gros travail qu'ils ont fournit après l'inondation), la famille indienne sait utiliser des relations pour conserver sa position avantageuse de petit commerçant près de la location (réserve pour les Noirs à l'époque de la ségrégation), la maitresse gauchiste de Mehring est souvent ridiculisée avec sa bonne conscience, les Noirs peuvent se méler à de petits traffics dans la location,.... Cependant, Nadine Gordirmer met en lumière la façon dont Mehring de part sa poistion de riche blanc tire profit du système de la ségrégation sans jamais le remettre en cause.

J'ai beaucoup apprécié le style de l'auteure (qui rappelle un peu celui de Faulkner). L'emploi du pronom personnel de la troisème personne est très intéressant : d'une part, lorsqu'il réfère à Mehring, l'auteure passe très vite au style indirect libre, dans le même paragraphe, le lecteur se situant alors au coeur des pensées du personnage; d'autre part, quand il s'agit d'un des Noirs, il reflète une mise à distance de la part de l'auteure.

La nature et la terre sont très présentes dans le roman (d'ailleurs, le titre anglais "The Conservationnist" a une double signification, à la fois écologique et conservatrice). La terre est le lieu où Mehring s'allonge pour profiter de la beauté des saules, des joncs et de la rivière; mais, c'est aussi le lieu où l'on retrouve le cadavre du début (Mehring a du sable dans sa bouche quand il se relève, de même que le cadavre était "face contre terre"). Il y aura comme une sorte de retournement où le corps de Mehring rejoint le corps du cadavre du début. "Quand on y pense, au fond, la terre tout entière est un cimetière, on ne sait jamais si on marche sur des têtes, surtout dans ce continent...".