Nam-Joo Cho

Un roman intéressant mi-fiction mi-factuel sur la situation de la femme en Corée et plus généralement à travers le monde avec chiffres à l'appui. Je dois reconnaître que je ne m'attendais pas à ça. J'escomptais une lecture plus vivante, plus révoltée, plus développée aussi. Cependant, on ressent bien toute la résignation, l'abattement et la colère justifiés du personnage principal tout au long du récit et la phrase finale du livre termine de nous achever et de proprement nous indigner dans notre chair de femme. De quoi avoir d'autant plus envie de renverser ce satané patriarcat qui nous étouffe toutes autant que nous sommes !

Au vu de la popularité de ce livre, j’ai eu très envie de le découvrir et de comprendre l’entrain qu’il a suscité. Tout d’abord il s’agit d’une lecture ultra simple et rapide. L’histoire paraît anodine car on nous raconte la vie d’une femme de façon très terre à terre. Mais il en ressort une réelle critique de la société et de la place de la femme. C’est à travers pleins de petits événements ou détails sur le fonctionnement de certaines choses qu’on se rend compte de l’impact des discriminations féminines. Cette critique est faites de façon douce et violente à la fois. J’ai apprécié le ton et la façon subtile qu’a l’autrice de dénoncer. Je suis sûre que beaucoup de personnes doivent s’être retrouvé dans les mêmes situations que Kim JiYoung. La conclusion du livre m’a donné des frissons, encore une fois tout est fait avec finesse mais c’est une véritable claque.

C’est l’histoire d’une femme sud-coréenne, mère de famille avec une vie normale, mais un jour, sans raison, elle parle avec la voix d’autres femmes.

Elle pourrait être n’importe qui, n’importe laquelle d’entre nous.

L’autrice transpose dans ce roman l’expérience de vie qu’est d’être une femme dans notre société, peut importe le pays, la culture ou l’âge. Elle aborde les règles, la place de la femme dans le foyer, la charge mentale, le plafond de verre et encore bien d’autres choses !

« Comment les filles sont-elles devenues ainsi, cette part de l'humanité qui se charge de tous ces trucs sans qu'on ait besoin de leur expliquer quoi que ce soit ? »

On suit les différents pans de la vie de Kim Jiyoung, de son enfance à sa vie adulte, de tout ce qui a forgé son quotidien, toutes ces petites choses qui marquent négativement et conditionnent c’est que c’est que d’être une femme encore aujourd’hui, notamment dans la société traditionaliste sud-coréenne.

C’est criant de vérité, c’est le miroir de notre réalité, c’est beau et triste, c’est cinglant et terriblement… commun.

Il se dévore et c’est un bonheur à lire !

Très belle lecture sur la place de la femme en Corée.

Le pays étant toujours en mouvement, certains faits peuvent ne plus être d'actualité néanmoins.

Suite à l’accumulation stressant de plusieurs événements stressant Kim Jiyoung est comme possédée par les voix d’autres femmes qui ont parcouru sa vie.

Dès sa plus tendre enfance, elle est confrontée à l’injustice homme/femme qui est profondément ancrée dans les traditions coréennes. Tout comme le fait que la naissance d’un garçon est plus précieux au sein d’une famille. La condition féminine à évoluer en occident alors qu’en Asie beaucoup de statut dévalorisant perdure encore aujourd’hui.

Mais où que l’on soit la femme subi les mêmes discriminations, les mêmes attouchements dégradants, les mêmes situations sexistes voir gravement perverses.

Je suis horrifiée, révoltée de constater ce récit qui me fait une piqûre de rappel désagréable et me montre que la société dénigre autant la femme, son corps, ses droits face au patriarcat ici ou ailleurs. Le sacrifice ultime est d’enjoindre à la femme de faire des enfants car c’est la bienséance de la société et de la dévaloriser parce qu’elle est obligée de tout abandonner, sacrifier sa carrière et ses rêves.

Le personnage principal tente de se rebeller faiblement et accepte obligeamment son sort tel un devoir d’asservissement sans quoi la culpabilité la ronge.

Je constate l’évolution des droits de la femme en Corée malgré d’énorme boulets qui perdurent inlassablement. L’éclosion met du temps et c’est un euphémisme.

J’ai apprécié cette écriture franche féministe, sans artifice qui tranche dans le vif, je comprends mieux que la sortie de ce roman ait donné lieu à une grande polémique. Moi-même j’éprouve une grande colère, une injustice si présente et de voir cette révolte exsangue face au traditionalisme gravé dans le marbre, enfermé, cloîtré, emprisonné dans les convenances de ce passé étouffant qui parasite la vie de la femme.

C’est un très beau livre à découvrir.

Je sors de cette lecture en étant très en colère et triste pour Jiyoung et les femmes coréennes en général.

Je ne peux en dire plus mais lisez-le... vraiment.

Un livre édifiant qui, au travers d'un constat sur la société coréenne, décrit finalement une situation universelle. Celle que vivent de nombreuses femmes au quotidien.

Le style d'écriture pourrait paraître assez froid à certains, puisqu'il est simple, direct, sans fioritures. Parce qu'il constate. Ici pas de rebondissements ni d'élans d'émotions. Il en est d'autant plus frappant. Il relate uniquement les ressentis du personnage principal au cours de sa vie, de son évolution.

La fin m'a autant désarçonnée qu'elle m'a mise en colère, questionnée, déçue, révoltée.

Un roman féministe à recommander à 100%

La résidence Saha est un lieu d'habitation pour les non-citoyens de Town. État-Entreprise, Town fonctionne grâce à l'exploitation de toute une population sous payée, discriminée, sans accès au minimum sanitaire, harcelée par les forces de l'ordre...

Au lieu de nous offrir un point de vue d'ensemble de Town, l'autrice choisit de nous en faire le récit à travers le prisme de cette population invisibilisée.

Chaque chapitre est centré sur un personnage vivant dans la Résidence Saha. Chaque histoire nous dévoile des injustices supplémentaires. Peu à peu Town se dévoile dans ses aspects les plus abjectes.

Or Town est similaire à tous les pays capitalistes du monde dont la vie confortable d'une partie de la population repose sur le travail de sous-citoyens vivant à la marge de nos sociétés (employés non qualifiés ou travailleurs au noir) n'ayant pas accès au même mode de vie. Ces personnes qu'on a applaudi pendant la pandémie pour mieux les oublier après, sont les héros de cette dystopie. Si le roman a été publié en 2019 en Corée du Sud, difficile de ne pas faire le lien.

Ce recueil de nouvelles est ma première rencontre avec l'autrice Coréenne Cho Nam-Joo. Et que dire !

À travers 8 histoires, on découvre des histoires de femmes : des femmes ordinaires, qui pourraient être nous, notre mère, notre sœur, une connaissance. On en connaît toutes. Et c'est ce qui fait la force, la puissance de ces nouvelles. Puisqu'elles nous ressemblent, on se met à leur place, on les comprend, on est confronté à leurs questionnements, leurs doutes. On suit avec logique leur façon de penser. Jamais des nouvelles m'ont autant stupéfaites par leur banalité (dans le bon sens du terme !).

Un roman féministe coréen dont la ligne de narration est extrêmement intéressante. Le lecteur suit la vie de Kim Jiyoung depuis sa naissance jusqu'à sa vie de jeune maman, pendant sa trentaine. A travers ce récit l'auteure fait une critique de la société coréenne très patriarcale qui laisse peu de place à la femme principalement dans l'entreprise mais également à l'école où la place des filles est plus effacée.

Le roman débute par un prélude qui met en scène Kim Jiyoung dans sa trentaine, qui se met a être victime de dissosiations de la personnalité, prenant la voix d'autres femmes de son entourage. Une bonne entrée dans le récit qui se poursuit par une narration chronologique de la vie de cette femme.

De plus, l'épilogue est fort intéressant, il illustre et résume parfaitement le propos du roman en donnant voix au psychiatre de Kim Jiyoung, un homme qui semble comprendre la situation féminine à travers le parcours de sa femme. Cette voix narrative masculine donne de l'espoir en une évolution des mentalités coréennes. Mais cette espoir est annihilé par la dernière phrase "queque soit son talent, une femme qui a encore des enfants à charge cause des soucis. Je prendrais une célibataire pour la remplacer."

De plus, l'inégalité homme/femme est renforcée dans le roman par un choix d'écriture particulière : tout le roman est à la troisième personne - centrée sur Kim Jiyoung - excepté le dernier chapitre avec la voix du psychiatre qui utilise le "je" narratif.

Ce roman a fait polémique à sa sortie en Corée, mais a également su s'allier un large public ; nous comprenons ce phénomène par le fait que les mouvement féministe en Corée font peu parler d'eux et que l'inégalité homme/femme fait le sujet de peu de conversations bien que cela tant à changer (malgré un gouvernement conservateur).

Un bref roman qui se lit vite que je recommende pour son étude sociale.