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Leurs enfants après eux
Leurs enfants après eux
Ce roman mérite-t-il le prix Goncourt ? On en a débattu. L’écriture est belle et fraîche, le sujet est abordé avec une finesse et une maîtrise incroyable. J’en suis sorti léger.Une très bonne lecture car c'est un roman bien construit qui nous fait vivre au rythme d'une après-midi un peu molle la France de l'Est, la vie désoeuvrée de plusieurs ados qui grandissent. on voit le temps passer de façon inégale, les sorts cruels, les ambitions fluctuantes. Un Goncourt "différent" qui s'est construit à l'abri de l'air du temps ...C'est un livre que j'aurai aimé avoir écris. Il sonne juste et respire le vécu.
Leurs enfants après eux
Leurs enfants après eux
L'auteur a su m'émouvoir en dépeignant le quotidien d'une population où se croisent et coexistent différentes strates sociales; misère, précarité, violence, acculturation....sont au premier plan et les miracles n'existent pas.
Le titre quant à lui n'autorise aucune échappatoire.
Un grand et beau roman.
Leurs enfants après eux
Leurs enfants après eux
Leurs enfants après eux
Connemara
Commençons par la fin du roman : il n'y a justement pas vraiment de fin, c'est un peu dommage. Au lecteur d'imaginer. Est-ce pour faire une suite ? Ou pour qu'un producteur fasse une série qui imaginerait la suite ?
Pour le reste, et bien nous avons là une oeuvre type L'assommoir moderne. J'ai pensé à Zola tout au long du livre. D'abord car c'est bien un roman sur le peuple, sur une classe. L'opposition des classes y est décrite. Mais surtout, j'ai reconnu le style de Zola, à peine modernisé, et le style des Enfants me semble bien la grande affaire de ce roman de Nicolas Mathieu. L'auteur a travaillé son écriture, pour un rendu qui devrait ravir les adeptes de l'auteur des Rougon-Macquart et les professeurs de français nés dans les années 40. C'est un compliment attention, et il doit expliquer l'attribution du prix Goncourt, enfin j'imagine.
Comme chez Zola, le description du décor participe au récit, explique la marche des événements. Les lieux semblent parfois comme décrits par les personnages eux-mêmes, on entendrait presque leurs intonations. Ainsi à la Zup : « le ciel était pris dans la mâchoire que dessinaient les tours (…) les fenêtres creusaient des yeux étroits, des bouches malades ». On est chez Zola encore lorsque nous est décrit un enterrement, puis la fiesta qui va avec ; on reverrait presque le repas de mariage de Gervaise. Les mots de Nicolas Mathieu pour décrire les scènes prennent le langage de ses personnages (quand le père lave son fils au jet d'eau : « le père insista sur la nuque, la tête, que ça lui éclaircisse les idées »).
On imagine aisément un cours de français sur les types de discours (indirect libre, etc…), avec distribution d'un extrait comme celui-ci :
Elles rirent. Est-ce que Steph comptait le voir ?
— Jamais de la vie.
On aimerait être dans la salle pour indiquer que cette intervention finale au style direct fait penser pour le coup aux Microfictions de Jauffret. Nicolas Mathieu n'a pas oublié d'être moderne !
Sinon, pour faire découvrir le livre à un jeune public, il faut peut-être chercher du côté du chapitre 7 de la deuxième partie, quand Steph découvre comment s'en sortir via les études, qu'on découvre ses techniques de révision et que la narration emprunte le discours de la jeune fille : « Dans sa filière, toutes les matières comptaient, même la philo. La République de Platon, sérieux ? Mais qui étaient les instigateurs de ces programmes lunaires ? ». Personnellement, je suis sous le charme d'une telle écriture, et même tellement admiratif que je conseille aux autres auteurs d'arrêter d'écrire. Nicolas Mathieu peut désormais suffire à la littérature !
Un dernier mot sur l'objet livre lui-même. En format poche, Babel, l'ouvrage de 550 pages est vendu 9.90 euros. Il y a là un abus évident pour un livre de poche. Les 1000 pages des Microfictions de Jauffret sont vendues 12.50 euros chez Folio…
Leurs enfants après eux
Pour étayer son propos, l'auteur nous les raconte sur quatre étés : 1992,1994,1996,1998.Pour tromper l'ennui, ils matent les filles ou les garçons, entretiennent des relations versatiles , proches par le corps mais distantes par le cœur.D’ailleurs, ils ne se parlent pas : les dialogues sont très pauvres, presqu' inexistants et l'écriture de l'auteur fait le reste : nous livrer leur ressenti, leurs illusions perdus, leurs envies sexuelles, violentes, fugaces et soudaines...
Les parents ne valent pas mieux. Anciens ouvriers des hauts fourneaux, les pères connaissent le chômage, la misère sociale, la relégation et les petits boulots que seuls les fêtes comme le feu d'artifice, l'alcool et les cuites, le retour au bled,le fatalisme et l'avenir bouché tempèrent.Les femmes sont fanées à vingt ans lorsqu'elles deviennent mères et même si certaines essaient de s’émanciper en fuyant ou en couchant, la ville et sa désindustrialisation les rattrapent. Même le notable ment à lui même en voulant transformer cette ancienne cité ouvrière en ville touristique. Il y a le lac, boueux, gluant et de tout danger. Il y aura un complexe aquatique pour faire venir les gens et un musée pour se rappeler.
L'école n'a pas joué pour eux son rôle d'ascenseur social : les arabes ou les noirs restent les plus bas dans l'échelle sociale, au dessus les ouvriers blancs puis les chefs enfin les décideurs.On se souvient,nostalgiques,de cette période où on travaillait à l'usine de générations en générations ; on se la raconte au point de désespérer au plus haut point les jeunes.
L'école ne joue pas son rôle pour les jeunes aussi qui vivent dans le désœuvrement et attendent que ça se passe.Il y a des exceptions : Stéphanie Clém,Victor.... : des bourgeois qui ont compris que leur réussite scolaire leur permettra de quitter cette vallée sinistre.Car ils en rêvent tous de la quitter. A commencer par Hacine, écarté entre les deux rives de la Méditerranée, qui rêve que le business de la drogue lui procurera richesse et reconnaissance et lui permettra de partir mais où ? Pas au Maroc, où il se sent à l'étroit dans les traditions même si là-bas, les jeunes zonent comme lui.Pas en France, qui ne lui fait pas de place : même avec sa femme Coralie et sa belle famille qui l'ont adopté....Anthony s'engagera 2 ans dans l'armée et reviendra au point de départ. "Le cousin" s'en sortirait-il mieux en faisant construire dans la ZAC toute proche, en attendant un enfant à venir et que sa femme se repose.
C'est cette vérité dérangeante que Nicolas MATHIEU expose, fait exploser dans un style brut avec tendresse, humour, finesse. La trame est sombre : la vie d'hommes usés au travail, leur vie par défaut, le malaise, le son de la télé monté au maximum , les factures , l'odeur des gauloises , les bêtises des jeunes, l'ennui , l'échec, les faux départs, la nostalgie et le déclin, les désirs sexuels, la rage de vivre,les questionnements, l'alcool, la drogue, la violence... : tous rêvent de partir mais la plupart de ces jeunes sont condamnés à mener une existence semblable à celle de leurs pères.
Par sa construction en 4 grands chapitres pour chacune des années avec en entête une chanson de l'époque, le texte emporte le lecteur par son acuité et son extraordinaire sensibilité.Le récit est bouleversant , déchirant , énergique, rageur, nous prend aux tripes....et de toute évidence, nous envoie cette leçon de vie intemporelle.Chacun hérite de son milieu et voilà un auteur qui parle des plus "taiseux" mais des plus nombreux : ce peuple déboussolé, trompé et errant mais qui entonne la Marseillaise lorsque l'équipe de France de football est en finale de la coupe du monde.On oublie, un temps, qu'on est noir, arabe, pauvre, on est français(les autres aussi) et c'est cette France qui est décrite et expliquée, coincée entre les gauloises qu'on fume, les bières qu'on ingurgite et qu'on pisse,les "pets" qui aident à être heureux, la télévision qui braille, les cafés qui débordent de ces spectateurs, ces routes qui s'embouteillent, inondés de klaxons.
Un livre pessimiste mais réaliste ; une véritable satire sociale car
"Il en est dont il n'y a plus souvenir,
Ils ont péri comme s'ils n'avaient jamais existé :
Ils sont devenus comme s'ils n'étaient jamais nés,
Et, de même leurs enfants après eux."(Siracide, 44,9).
C'est aussi un peu mon histoire, fils d'ouvrier qui a été un des rares que l'école a sauvé et qui a essayé sans grande réussite mais avec conviction que l'école en sauve d'autres pour ne pas répéter l'héritage social.
J'ai adoré et j'ai vu que Nicolas MATHIEU a écrit d'autres livres que je vais m'empresser de lire.
Leurs enfants après eux
Leurs enfants après eux
Mais l'intrigue se développant, mon intérêt s'est un peu dissipé. Et quand au début de l'histoire, je trouvais de la poésie dans de nombreux passages, admirant le style de l'auteur, j'avoue que j'ai parfois été tentée de sauter des paragraphes entier par la suite. Des développements absolument inutiles à l'intrigue sur le fonctionnement par exemple des sociétés de consulting en RH m'ont semblé d'une longueur à fuir.
Le résultat pour moi est donc inégal, et je n'ai pas accroché à ces descriptions des habitants des Vosges : j'ai entendu en interview que l'on ventait la tendresse de l'auteur pour ces habitants de province, j'y ai vu pour ma part de la condescendance. Et même s'il n'est pas plus tendre avec les arrivistes parisiens, je n'ai ressenti aucun bienveillance dans cette histoire. Qui se termine un peu tristement.
Connemara
Leurs enfants après eux
13 à table ! 2020
13 à table ! 2020