Tous les livres de Penelope Fitzgerald
Rien ne semble troubler la paix de Hardborough, aimable bourgade de l'East Anglia. Mais Florence Green, une jeune veuve, a décidé d y ouvrir une librairie, ce qui déplaît aux notables de la ville. Florence voulait créer innocemment un lieu de sociabilité inédit; elle découvre l enfer feutré des médisances. Puis l'ostracisme féroce d'une partie de la population. Surtout lorsqu'elle s'avise de mettre en vente Lolita, le sulfureux roman de Nabokov. Alors, la guerre est déclarée, les clans s'affrontent, les personnages révèlent leur acrimonie. Florence sera très seule pour affronter le conformisme ambiant.
Rien de plus romantique, à priori, que l'amour fulgurant du jeune Fritz von Hardenberg -alias Novalis, le célèbre poète allemand de la fin du XVIIe siècle- pour Sophie von kuhn, âgée d'à peine douze ans.Mais ce romantisme n'a rien de l'emphase avec laquelle le terme est trop souvent confondu.Certes, le jeune aristocrate déborde des cadres rigides de sa famille et de la société de son époque; pourtant son amour hors du commun et son insistance à lier rêve et réalité suivent une logique mathématique.Moqué mais aimé par son entourage, le jeune homme dégingandé, épris de philosophie et contraint par la nécessité de devenir inspecteur des Salines, est un exemple exacerbé de son temps.Dans la Saxe d'alors, les passions politiques sont alimentés par les échos de la Révolution française et les passions amoureuses ne sont que que les reflets discrets de la flamme intérieure qui consume les êtres.Ceux-ci ont tour à tour la rusticité, le bon sens du terroir et la fragilité de la porcelaine.La plume de Penelope Fitzgerald, laconique, acérée, cisèle l'instant et les personnages.Un détail de décoration intérieure lui suffit à situer une scène, une parenthèse à suggérer toute l'épaisseur d'un figurant, une réplique à sceller un destin.Avec une parfaite économie de moyens, elle ancre dans nos mémoires les Hardenberg, les Rockenthien et leur monde bleu et froid où l'on a la décence de tout dire en quelques paragraphes et de mourir en une ligne.
Le roman de solitude et de connexion de Penelope Fitzgerald, lauréat du prix Booker, se déroule dans la communauté des péniches de la Tamise, avec une introduction d'Alan Hollinghurst.
"A la dérive" est un roman sec et véritablement drôle, qui se déroule parmi la communauté des péniches qui montent et descendent avec la marée de la Tamise sur Battersea Reach. Vivant entre terre et eau, ils ont le sentiment de n'appartenir ni à l'un ni à l'autre…
Maurice, un prostitué, est l'ami sympathique vers qui se tournent tous les autres. Nenna aime son mari mais ne peut pas le récupérer; ses enfants se déchaînent sur l'estran boueux. Elle se sent attirée par Richard, l'ancien citadin de la RNVR dont le dragueur de mines reconverti domine le Reach. Est-il sexuellement attirant parce qu'il peut plier des cartes dans le bon sens ? Avec cette question et d'autres en attente de réponse,"A la dérive" offre un délicieux aperçu du fonctionnement d'une communauté excentrique.
En 1912, Fred Fairly est, à Cambridge, maître-assistant au collège de Saint-Angelicus dit les Anges où, depuis des siècles, aucune femelle n'a jamais été admise, qu'il s'agisse d'épouses, de chambrières ou de chattes, voire d'oiselles.
Mars 1913, la grande ville de Moscou s'ébroue et s'apprête à accueillir le printemps. Il y a du changement dans l'air. Au 22 de la rue Lipka encore plus qu'ailleurs. C'est la maison d'un imprimeur anglais, Frank Reid. Un soir, il rentre chez lui et apprend par lettre que sa femme est partie. Elle a pris le train pour l'Angleterre, sans raison apparente. Il doit s'occuper de ses trois enfants et engage, sur les conseils de Selwyn Crane, son comptable, une fille de la campagne, imperturbable, au point qu'on la dirait simple. Pourquoi Selwyn Crane (un drôle de disciple de Tolstoï, fervent randonneur, âme charitable) a-t-il été jusqu'à réunir ces deux-là ? Frank, lui-même en homme rationnel, s'interroge. Mais à Moscou, l'amour comme le reste - l'amitié, la politique et le pouvoir - demeure insondable.