Tous les livres de Pierre Albert-Birot
Grabinoulor est un poète doué d'une imagination et d'un verbe torrentiels. Sa verve est pantagruélique, elle reflète tout ce qui peut traverser l'esprit des hommes en faisant la part égale à la bouffonnerie et au vertige métaphysique. Grabinoulor accompagna l'auteur pendant cinquante ans d'écriture, à partir du printemps de 1918 lors d'un séjour à Royan.
Surprenant par la modernité du point de vue et de la forme, ce " Passe-temps littéraire " de l'iconoclaste Pierre Albert-Birot, auteur du magistral Grabinoulor, propose une désinvolte et brillantissime dissertation sur le Temps dans la lignée d'Apollinaire ou d'Alfred Jarry.
Né en 1876 à Angoulême, mort à Paris en 1967, Pierre Albert-Birot, pour son honneur et son malheur au regard de la postérité, fut un précurseur. En 1916, il fonde la revue SIC (Sons, Idées, Couleurs) à laquelle collaborèrent notamment Apollinaire, Aragon, Max Jacob, Reverdy, Soupault, Tzara. Comme Dada, ce titre était une affirmation. En pleine guerre, il disait oui à l'espoir, à la vie, à la réalité transfigurée en surréalité. Les moyens de cette transfiguration étaient simples. Pierre Albert-Birot déblayait le terrain et sarclait le terreau en supprimant l'éloquence, la syntaxe, la rime, la ponctuation et les épithètes. Restait une appréhension immédiate du réel par les substantifs et de l'action par le verbe.Il est désormais possible de redécouvrir, à côté des œuvres célébrées de ses amis Apollinaire et Cendrars, cette poésie de Pierre Albert-Birot, poésie en mouvement perpétuel, qui tourne comme les manèges, les kaléidoscopes et la roulette, chante dans son vertige le soleil, la verdure, l'amour, les songes bleus et roses, toute la féerie de l'existence. Il y a ici une alliance unique et allègre du burlesque et du fantastique, du quotidien et du merveilleux.
Beaucoup de poèmes présentés ici ont paru dans diverses revues au cours des années 1934-1935 et 1937-1938 ; certains d'entre eux avaient déjà été rassemblés par Max Jacob sous le titre L'Homme de cristal.
On les a complétés par des variantes et des inédits, notamment celui qui est intitulé «À la mémoire de Guillaume Apollinaire» : il date de 1918 et avait paru dans la revue Sic, dirigée par Pierre Albert-Birot.
Ce recueil, le dernier préparé par Max Jacob avant sa fin tragique, paraît en receler la prémonition. Sous un humour fondu dans un lyrisme qui semble échevelé, coule une poésie tout en profondeur avec des tonalités altérées par une inquiétude certaine.
C' est à travers de fragiles paroles qu' il nous faut découvrir le cœur nostalgique de cette poésie et aussi son sourire grave. On trouve dans L'Homme de cristal l'accent le plus émouvant de la poésie de Max Jacob, faite d''ironie, de rêve et de tendresse.
(Source : Gallimard)