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Tous les livres de Pierre Bergounioux

Abandonné par sa femme Catherine, après dix ans de mariage, le narrateur se réfugie dans une petite maison qu'il vient d'hériter en Corrèze, toute proche du bourg où il est nommé professeur de français. C'est là qu'il va vivre le cauchemar de l'arrachement, la solitude, la tentation du suicide, ainsi que l'hostilité de ses voisins braconniers qui dévastent clandestinement son verger.

Mais il va miser également sur l'espoir, celui de reconquérir Catherine. Car il lui envoie une lettre d'amour dément : consentira-t-elle à reprendre la vie commune ? En attendant la réponse à son ultimatum passionné, il se replonge dans la lecture de Flaubert comme dans un bain de vie seconde, à la fois organique et intellectuelle, qui lui permettra de survivre, jusqu'à l'extrême limite de ses forces, conscientes ou rêvées.

Que sera le message de cette Catherine aussi lointaine que toute-puissante ?

Ce roman, d'une violence dramatique patiente et concentrée, nous laisse jusqu'au bout dans l'anxiété. Mais pourquoi l'amour et l'intelligence ne triompheraient-ils pas, après le doute et le chagrin, des forces mises en jeu par le destin ?

(Source : Gallimard)

Année 1904, dans le Centre. Le narrateur, un simple d'esprit de dix-sept ans, vit dans la pauvreté avec sa mère, à l'écart du bourg. Il entrevoit la fille du domaine des Bordes et n'aura plus de cesse qu'il n'ait retrouvé la fugace apparition. Pour ce faire, il va devoir gagner de l'argent, beaucoup d'argent. Comme journalier, d'abord, puis cantonnier, enfin comme bûcheron dans les Landes et exploitant forestier. Il lui faudra se battre avec les arbres et l'hiver, la solitude, les villageois hostiles. Étudier, aussi, apprendre le français, lire les livres. La guerre de 14 éclate, qu'il avait souhaitée. Mais il apprend que la «fille-lumière» s'est mariée avec un marchand de la ville puis que la mort a fauché le couple après la naissance d'un enfant.

Toujours plus fou, sauvage et solitaire, il poursuit l'entreprise inutile de planter des arbres jusqu'à ce que le hasard le mette en présence de l'orpheline, vivante image de sa mère, qu'il adoptera.

Elle le quittera pour épouser un artiste et se suicidera au début de la deuxième guerre, laissant une petite fille qui lui ressemble, la troisième «fille-lumière», près de laquelle le narrateur vieilli, fidèle, attendra la fin.

(Source : Gallimard)

Le narrateur et son cousin Michel âgés de onze ans passent leurs vacances dans une maison de Corrèze où leur grand-père est en train de mourir tout doucement après une existence d'aventures extraordinaires sur des continents lointains. Il n'en faut pas plus pour que l'esprit des deux garçons s'enflamme et réussisse à passer sans le moindre hiatus d'une réalité quotidienne heureuse aux jeux fantastiques de l'imagination. Comme pour marquer la fin de leur enfance, ils inventent deux rites de passages. Dans le bois voisin, la nuit, il s'agit de traquer une bête fabuleuse, surgie du fin fond de l'Afrique, avec les récits et les livres du grand-père. Puis sur le désertique plateau de Millevaches, de marcher jusqu'aux sources de la Corrèze, où le père a l'habitude de pêcher des truites. Mais la Corrèze qu'ils découvrent n'est qu'un filet d'eau. Où sont les truites ? Deux questions capitales se posent alors. Au père : As-tu menti ? Au grand-père : As-tu peur de mourir ? Pierre Bergounioux évite aussi bien le ton de la narration enfantine que celui du souvenir. Il a inventé autre chose d'absolument original pour faire revivre la sensibilité d'un âge exigeant et lucide, bien que mêlé de rêves, encore.

Le narrateur se souvient de la maison de son enfance, dans le Quercy. Il se revoit à la campagne, il a six ans, vit avec sa mère et ses tantes, rêve d'un oiseau d'or, partage les souvenirs de guerre de son grand-père. Il se revoit à dix ans, passionné de lecture, inquiet de l'absence de sa mère, refusant la mort de son grand-père, ayant mal au cœur lors des voyages en 4 CV. À quatorze ans, il tombe gravement malade et rejoint la maison du Quercy pour y voir mourir sa tante Lise. À dix-sept ans, il connaîtra d'autres deuils. Derrière tous ces morts de la maison rose, on découvre peu à peu de dramatiques histoires d'amour très anciennes, un épisode de la Résistance, et l'amour naissant du narrateur pour Catherine. Pierre Bergounioux a le don de voir, entendre, toucher, goûter, sentir mieux que quiconque. Les histoires qu'il nous rapporte prennent un extraordinaire relief, ainsi que cette maison rose, dont il en fait le cœur battant. La mort et la vie projettent à tour de rôle, fatalement, sur ce long récit leurs scintillations de plaisir, de douleur et de nostalgie. Il nous branche à la fois sur les beautés les plus secrètes d'une nature que l'auteur dévoile, et sur l'étrangeté des drames et des bonheurs humains.

L'arbre sur la rivière, de Pierre Bergounioux lecture par Marie-Françoise:

Si la vie est un long fleuve tranquille qui se répète à l'infini, on pourrait dire que ce qui va survenir dans celle des quatre amis du livre de Pierre Bergounioux, d'abord garçons de huit ou dix ans, puis adolescents, puis apprentis ou étudiants, puis à vingt ans au seuil de la vie active, était inscrit dans le spectacle qui se déroulait année après année au-dessous d'eux perchés pour pêcher entre ciel et terre sur l'aulne qu'ils avaient découvert surplombant de ses branches la rivière : les arbres déracinés avec les grandes pluies et les tempêtes qui flottaient, puis emportés par le courant se fracassaient sur la pile du pont, s'échouaient sur la rive de sable et de galets, se desséchaient et perdaient leur écorce, blanchissaient…

Animés comme ces arbres flottants du rêve de s'en aller à vau l'eau, de voir au-delà du pont, d'aller jusqu'à la mer qui sait, ils construiront un radeau. Voudraient partir ensemble.

Mais la vie n'est pas que vacances, n'est pas que jours de congé permettant de lire des récits d'explorateurs à la bibliothèque ou de se retrouver sur leur arbre. Au fil des ans, de leur croissance, de leur éloignement, pour études apprentissage ou service militaire, ces moments se feront de plus en plus rares, et l'arbre penchera de plus en plus dangereusement sur la rivière…

À travers le récit de l'un des quatre amis, Pierre Bergounioux nous plonge dans leur silence contemplatif et nécessaire à l'attention de leur pêche, de leur quête, dans leur concentration des heures durant, dans leur symbiose commune avec cet arbre enraciné au bord de l'eau, sur lequel ils se perchent de plus en plus haut. Son écriture est au plus proche de leurs visions, de leur immédiat ressenti, de leur émerveillement, de ce qu'ils disent, souvent à demi-mot, de leurs arrêts brusques de pensées seulement suggérées. Sa lecture demande patience et lenteur et travail au lecteur, elle ne permet en aucun cas la distraction. Elle s'accélère avec le temps et l'urgence, comme celui de la vie qui passe de plus en plus vite, les blesse, ne leur laisse plus le temps d'accomplir leurs rêves au ralenti, comme ils le faisaient en arrêt sur image perchés sur leur arbre… Parviendront-ils à le quitter, à se quitter ? Car c'est d'amitié aussi qu'il s'agit.

Source : Le Café Littéraire luxovien / Des lectures

Autour du narrateur et de son cousin Michel qui, en dépit de leurs différences, vivent - éprouvent et agissent - comme une seule personne (l'un est droitier, l'autre gaucher), ce récit est peuplé de personnages et de péripéties que l'imagination des deux enfants dote d'une rare présence et de pouvoirs presque fabuleux. Il y a la Dordogne, la Vézère, des collines et des plateaux. Mais aussi des lieux plus secrets où leurs explorations prennent l'allure d'une quête immémoriale. Il s'agit d'affronter des monstres, de triompher d'obstacles et de la figure fascinante mais encore sans nom de la mort. Il s'agit de trouver le passage : celui qui déboucherait à la fois sur le suspense d'une ultime révélation et sur une liberté infinie. Qui n'a connu de quelque façon l'ardeur de cet âge héroïque ? Et plus tard le profond étonnement d'avoir changé, presque oublié, en présence de ceux qui vont prendre la relève, recommencer la quête ? Il n'y a rien d'intentionnellement symbolique, de fantastique dans ce nouveau récit de Pierre Bergounioux. S'il revêt cette dimension de mythe qui lui donne son ampleur, c'est à travers l'extrême présence des éléments et des choses, tous devenus des êtres ou des signes du monde mystérieux simplement parce qu'il est là, et que la seule aventure qui vaille y est revécue, intense, par deux enfants.

« Si les têtards tressautants et vrombissants n'avaient pas surgi, là, entre le compotier de pêches, le vase en opaline de maman, la Seine (ou la Marne) sous verre de Marquet et le petit meuble en palissandre, dans la lumière du même jaune mûri, succulent, que les fruits, peut-être que rien de ce qui a eu lieu ne se serait produit... »

Mais qu'est-ce qui s'est produit ? La mue, qui est le septième roman de l'auteur, précisément le raconte, et - comme les récits précédents, mais à sa façon particulière - est en effet l'histoire d'une métamorphose, la plus complète, la plus grave, celle qu'une sensibilité et un esprit subissent entre le début et la fin de l'adolescence. Aux bouleversements intérieurs répondent ceux d'un monde lui-même en crise, entre la guerre du Viêt-nam et les événements de mai 1968. Le talent de Pierre Bergounioux réussit là une plongée parfois presque hallucinée dans l'univers d'un être en proie à l'acuité de son regard et à la violence de l'univers.

" Il était cinq heures lorsque le téléphone a sonné.

Je suis souvent levé à cette heure où la nuit règne encore mais, ce matin-là, je dormais et c'est en rêve que j'ai su que mon père était mort. J'attendais ce moment depuis le moment où j'ai appris que nous mourrons, tous, et qu'il nous faut attendre. Il avait visité la place vingt-huit ans auparavant, au début du mois de juillet de ma treizième année. Je campais, sous la tente, à cinq cents kilomètres de la maison mais je vois l'étroit vestibule, la pomme du premier balustre en chêne verni, les deux portes latérales et l'amorce de l'escalier avec une telle netteté qu'aujourd'hui encore, je m'y laisserais prendre.

La scène ne comporte aucune incongruité. Les portes sont à la bonne hauteur. Le bois de la rampe a la couleur du chêne. Je discerne mal les traits de ceux qui m'entourent mais cela se produit également de ce côté-ci quand on se trouve aux prises avec une douleur extrême. En revanche, je vois mon père étendu au pied du balustre. On a repêché son corps dans la Vézère. "

Quatrième de couverture

La Vie s’entend à s’attacher les services des créatures en qui elle est éparse et persiste. Il n’y a que les nôtres qu’elle paraisse un peu dédaigner. On ne serait pas, sans cela sujet au doute. On n’aurait pas tous ces regrets ni cette envie, souvent, de ne plus vouloir. La tentation d’abandonner ne serait pas tapie au creux de chaque jour et jusqu’au cœur de nos entreprises.

Cette félicité qu’il faut supposer aux animaux, elle nous a peut-être été accordée un très court instant, au commencement. Il serait dans sa nature non seulement qu’elle se dissipe mais que son souvenir lui-même s’efface après qu’elle a rempli son office, qui est que nous restions. Ensuite, nous vivons par habitude. Quelques complications, du côté de mes origines, ont laissé dans ma mémoire deux ou trois fragments que je soupçonne d’en être issus.

Ces créatures pareilles à des gemmes, les gemmes, une infinité de choses qui sont belles résident hors de nous, dans leur être propre, où elles s’évertuent à demeurer. Lorsqu’on s’avise qu’elles existent et que leur possession remédierait, un peu, à l’infirmité de notre condition, elles nous échappent. On se souvient. On a gardé une fugace image de leur splendeur, jusqu’au jour où il s’avère qu’on est peut-être capable. Du temps a passé. Celui qui reste, c’est donc à ça qu’on va l’employer : à annuler par un acte opposé, positif, chaque dommage et chaque perte qu’on a essuyés pour commencer. Notre fin, ce serait alors de remonter vers l’origine en bouclant, pour ce faire, la figure de zéro.

«On a passé ensemble quarante années. C’est plus qu’il n’en faut pour tirer au clair des quantités de choses, si compliquées, lointaines qu’elles paraissent. On peut s’y reprendre à plusieurs fois, avec des précautions, des pauses, comme pour s’extraire une écharde du doigt ou déplacer une cuisinière en fonte. Or, mon père n’a fait que deux allusions à cette période où l’on aurait tort de supposer qu’on n’existait pas. On est déjà là, épars en ceux qui respirent, dont c’est le moment.»

(Source : Gallimard)

La casse est le premier récit de Pierre Bergounioux paru chez Fata Morgana en 1994. Son verbe dense et rythmé nous entraîne des campagnes limousines de l’enfance aux casses et décharges de la banlieue où le regard du narrateur sait discerner les éléments d’un merveilleux quotidien qu’il élève au rang d’œuvre d’art

Quatrième de couverture

Situés dans la Corrèze un peu mythique des années soixante, deux récits sans doute largement autobiographiques qui forment un concentré de l'univers de Bergounioux.

Recueil de 32 pages, composé de 9 photographies en bichromie de Magdi Senadji, texte de Pierre Bergounioux.

La rencontre de ces deux auteurs brillants, aux univers artistiques particulièrement surprenants, fait de ce livre un événement. Les douze photographies sont sans éclats, sans artifices, jeu entre ombre et lumière, entre réel et irréel, le jour impalpable et la nuit claire. Le texte sombre et habité accentue les dominantes charbonneuses des images, restituées par l’impression en phototypie.

(Source : Filigranes)

Le haut plateau granitique du Limousin fut l'un des derniers refuges de l'éternité. Des êtres en petit nombre y répétaient le rôle immémorial que leur dictaient les sang, le sol et le rang. Puis le souffle du temps a toujché ces hauteurs. Ce grand mouvement a emporté les personnages et changé le décor. On a tâché de fixer les dernières paroles, les gestes désormais perdus de ce monde enui. Pierre Bergounioux - Présentation de l'éditeur-

Le récit commence au début des années 80, dans la campagne limousine, juste après la mort de Baptiste et de Jeanne, sa femme. Seul témoin de toute cette mémoire endeuillée, Adrien est le fil qui conduit le narrateur au coeur de ce passé immédiat, et, à travers lui, d'un passé antérieur, immémorial. A plusieurs reprises, Pierre Bergounioux écrit que ses personnages sont des figures vieilles de trois mille ans, qu'ils « vivaient et mouraient et renaissaient depuis le fond des âges, identiques à eux-mêmes, inchangés, tels que la terre, les choses, sans interruption, les avaient requis ».

Deux photographies sont comme une cartographie de la mémoire. La première, datant de 1905, montre Pierre et Miette ; mais les traits de celle-ci sont « entièrement effacés, comme si elle n'avait pas de visage, juste un contour que rempliront, préciseront les maternités successives, l'abnégation, le reniement de soi ». Sur la seconde, cinq ans plus tard, Miette est visible, avec ses quatre enfants, figurant « la procession des âges ». Précédant ces deux images, le drame invisible, personnel, dont Miette fut la protagoniste et la victime : son mariage arrangé, le refus, puis l'acceptation, « par déférence à l'ordre existant, par désir de complet effacement », au nom d'une certaine vision du monde vision inexprimable, où le désir propre, l'affirmation de soi n'ont aucune place, où seuls importent cette « abnégation », ce « reniement ».

L'univers que décrit Bergounioux, les figures qui l'habitent Octavie, la célibataire, l'intellectuelle, Baptiste, l'homme des forêts, le taciturne, dont le mariage avec Jeanne est comme la répétition de celui de Miette et de Pierre... semblent figés dans un « maintenant » éternel : « ... Maintenant, c'est avant, c'est toujours. Rien ne peut plus nous être enlevé ni se perdre. Tout est bien. » « Tout est grâce », pensait déjà Bernanos... Dans ce temps arrêté, la part propre de chacun est réduite, négligeable du moins au regard d'une conception de l'existence qui fait triompher le moi, un moi libre de ses pensées et de ses mouvements, maniant fièrement les « attributs de la domination ». Le Monde du 03 Février 1995

Nous sommes doubles et divisés, engagés dans le monde, agissants, passionnés, émus, agités mais capables, aussi, de recul et de réflexion. La littérature est en germe dans toute situation dont on s'est détachée afin de se la mieux représenter. Mais elle a une histoire qui est inséparable de l'histoire. Née d'un retrait, du loisir, de la sécurité, privilège, elle ne vaut que par ce qu'elle nous révèle du monde dont on s'est détaché. Elle n'a d'autre intérêt que de nous donner cette vision de la vie que nous dérobent la poursuite des intérêts ordinaires, la hâte, l'inquiétude, l'immédiateté. Son apparition, dans la Grèce ancienne, la difficulté spécifique, la contradiction qu'il lui faut surmonter. Homère, qui a montré les combats dans la plaine, le tumulte, l'inconnu, Homère, dit-on, était aveugle. C'est tard que l'écrivain s'avise qu'il écrit et n'agit pas. Le point de vue dégagé, formellement élaboré, déforme le monde. Car celui-ci est d'abord et avant tout nécessité présente, obstacle, urgence, alors que sa description est le fait d'un moment tardif et d'un lieu séparé, d'une heure sereine et d'un cœur apaisé. Les cinq conférences rassemblées dans ce volume pour objet les démêlés de la représentation et de la situation et, plus précisément, la situation representative qui affecte, si l'on n'y prend garde, la situation représentée. Les œuvres passées ou contemporaines qu'on a examinées ont en commun d'avoir résolu, chacune avec ses moyens propres, la contradiction entre écrire et agir, sachant qu'écrire est encore une manière d'agir que la littérature doit prendre en compte pour nous offrir la forme authentique, c'est-à-dire entière, de notre condition.

Quatrième de couverture

Pierre Bergounioux, à qui Alain Turpault a demandé d'écrire le texte de ce livre, nous plonge dès les premiers instants dans les tumultes de sa littérature. Pourtant, son rapport au pays du Quercy est nimbé de lumière et de douceur, en cela il s'oppose aux images sombres d'Alain Turpault ; impressions premières d'un enfant face aux "choses de la campagne". Grâce à cet antagonisme les deux auteurs nous restituent avec force un univers foisonnant.

" Le temps qu'on dit passé s'attardait encore, au milieu de ce siècle, dans les petites villes enfouies au cœur du pays.

Sa lumière morte, son air éteint, ses drames anachroniques, sa misère, ses tenaces noirceurs encombraient la vie de chaque jour. L'heure qui montait au cadran de l'histoire hésitait, au loin. Quinze années durant, peut-être, la nuit mérovingienne, le regard d'une dame du roi François, les catins et les roués de la Régence, le spectre d'un maréchal d'Empire assassiné hantèrent le paysage immobile. Une clarté soudaine, insolite et verte, les éclipsa un beau soir, sans retour, et l'instant qui nous était destiné, le présent, a fait son entrée ".

Quatrième de couverture

On ne saurait dire de Pierre Bergounioux s’il croit que la nature qui les environne trempe les hommes d’une certaine façon ou si l’écrivain ne s’attache aux paysages que pour autant qu’ils offrent des parallèles dans le règne des humains.

Avec Le Matin des origines, il nous avait livré son côté lumineux, l’or et l’azur du Lot.

Le côté âpre, ombreux et mouillé, c’est vers la Corrèze, un peu plus tard dans la vie, qu’il faut le chercher. L’horizon y est borné par la succession des combes et des hauteurs, les éléments s’interpénètrent, tout s’y altère, se dissout dans l’indistinct ou manifeste un caractère hostile, accidenté. L’ingratitude du pays y fait faire très tôt l’expérience de la contrariété.

Mais cette expérience même recèle son précieux antidote : le rêve. Non pas les songes faciles mais les vrais rêves, « ceux qui nés du réel, travaillent à y retourner ». Il arrive que cette opiniâtreté porte ses fruits, le rêve se fait réalité. Or, à peine goûté cet instant de grâce, une nouvelle adversité se lève. Il n’est pas jusqu’au plateau qui n’échappe à cette présence obscure.

À celle-ci le lecteur lui aussi trouve un antidote : la richesse chatoyante de la langue de Bergounioux, sa précision scrupuleuse, la profondeur de la vision qu’elle porte.

Il s'agit en fait d'un article publié la première fois en 1993, dans la revue Quai Voltaire, no 7, L'illisibilité. Le texte de l'édition William Blake and Co a été corrigé par Pierre Bergounioux en 1996.

Livre de 16 pages.

présentation de l'éditeur :

Nous sommes vêtus de chair, pour un temps, dans un coin. Telle est la situation. Mais nous avons la capacité d'envisager plus qu'il ne nous est donné de vivre. Entre l'expérience contingente d'une heure et d'un lieu et la notion des rapports les plus généraux, il y a place, peut-être, pour un registre intermédiaire où l'intelligible reste sensible et le sensible infusé d'intelligibilité. Chaque particularité s'élève à l'ordre général et l'on perçoit, au creux de chaque instant, l'écho de la grande temporalité. C'est une contradiction dans les termes, un déni opposé à notre condition. C'est pourquoi il y a peu de chances que cela se produise. Mais quand cela arrive, qu'on lit, c'est à la réconciliation avec nous-mêmes, à la délivrance, à la joie que mène le fil ténu, tendu, éblouissant de la lisibilité.

Le monument de la Grande Guerre à Brive, et les livres conduiront l'enfant puis, plus tard, l'auteur, à se représenter ce qui s'est produit : un épisode du massacre devant lequel "on ne peut que se taire et se retirer".

L’univers des origines ruisselait de sources, miroitait d’étangs. Des hommes qui m’entouraient partageaient, quoique pour des raisons opposées, le goût de l’eau. Si nous participons à quelque degré du monde extérieur et, par notre ascendance, des âges antérieurs, comment, dans de pareilles conditions, ne pas naître pêcheur ?

" Je suis de Brive. Si j'ai mis longtemps à concevoir qu'on puisse naître ailleurs, vivre autrement, ce fut par la force des choses. Une officieuse main y avait travaillé dès l'âge permo-carbonifère, tandis que nous étions encore dans les limbes, à attendre. Elle avait disposé, en rond, des collines égales ou alors taluté le pied de la montagne limousine, au bord de l'Aquitaine, puis enfoncé le pouce à leur jointure ".

« On possède trois domaines : celui de la réalité extérieure, à laquelle il n’importe aucunement que nous l’envisagions ou pas, celui des chimères, des êtres fictifs et des visions qui ne sont que pour nous, celui enfin que composent les ressortissants du premier lorsqu’ils établissent dans le second pour y former la mémoire. Habituellement, les frontières sont tranchées. Les populations n’interfèrent pas. À moins que l’immobilité du premier domaine ne prête à confusion. Quand rien n’a bougé dans le paysage, alors le temps qui est passage n’a pas changé. C’est toujours le passé, avec ses habitants. »

Pierre Bergounioux

Notre expérience du beau est inséparable de l'atelier vitré où l'artiste étudie ses modèles, à moins qu'il n'invente, sous les combles, au-dessus du monde, des formes étrangères à toute nécessité. Elle a pour cadre attitré le silence des musées, pour modalité l'émotion épurée, instruite, bien contrôlée. L'opposé, ce seraient la grande forêt pluvieuse et les savanes calcinées, l'économie de subsistance, le tumulte affectif et l'insécurité. La magie de l'art éclate dans la haute perfection des figures dont l'Afrique noire est le berceau. Nées de besoins vitaux, insoucieuses du réel tardif, des scrupules de notre raison, elles nous délivrent de notre particularité, nous ouvrent à plus d'humanité.

"Pour continuer sur votre rapport à Flaubert, que représente pour vous la maîtrise de la langue ? La maîtrise de la langue, à mes yeux, est une question purement technique, presque subalterne. Ce qui est premier, décidément, c'est la vision qu'on a de ce qui existe et qui n'existe, en partie, qu'autant qu'on le voit. La langue, le français en l'occurrence, est fixée depuis quatre siècles. Elle n'a pas énormément changé.

Le monde, en revanche, a été, dans cette même période, le siège de tels bouleversements, révolutions, métamorphoses, qu'à peine on le conçoit. Il est nécessaire de connaître les ressources de l'idiome, d'en avoir l'usage, ni plus ni moins que n'importe quel ouvrier a celui des outils de sa profession. Ceci admis, le reste est affaire d'application, de temps, de peine, ce qui est la loi commune."

Les primitifs estiment avoir plusieurs âmes, dont l'une, toute locale, hante l'endroit où ils sont nés. Je me croirais assez volontiers pourvu d'une telle entité. Elle rôde dans les vallons du commencement, s'attarde près des sources tandis que le corps et la conscience seconde qui l'habite poursuivent au large leur course vagabonde. La vie nous a entraînés loin de nos fondations. Mais elle ne les a pas abolies. On peut être tenté de refuser le présent, la réalité, pour se rencogner dans des images, dans le passé. Un personnage de Fellini dit quelque chose d'approchant dans La voix de la lune : " À quoi bon vivre ? Il suffirait de se souvenir. " Pierre Bergounioux

Les quatre-vingt-quinze pages du dernier livre de Pierre Bergounioux se lisent d'une seule et solennelle traite. Écrites dans une langue travaillée, elles forment une splendide élégie qui fait que le roman se découvre poème. C'est le malheur de qui se confronte au secret de l'origine que Bergounioux exprime. Que faire lorsque le père vous a assigné une place et qu'il n'a rien dit de son choix ? Que faire de cet héritage silencieux ? "Pour être fixé, il fallait passer à l'extérieur" écrit l'auteur. L'adolescent cherchera dans les bibliothèques puis dans le Grand Paris les mots que le père se refuse à lui donner. Et il faudra bien des années pour qu'il renonce à chercher le sens dans "le grand théâtre du monde" et qu'il abandonne l'illusion que la vérité appartient aux autres. Le Premier Mot est donc le récit d'une intime traversée qui va de l'ailleurs vers soi. On y apprend que les ombres accumulées ne peuvent disparaître qu'à condition d'avoir trouvé ses mots propres pour les nommer. --Isabelle Rossignol

Cela fait quatre siècles que l'on Forge à Syam, en dépit des lois, bien plus dures que le fer, qui régissent l'activité économique. Une poignée d'hommes dansent le feu de part et d'autre du laminoir. Ici le temps a marché sur place. La vie s'obstine, portée par le travail. La singulière étrangeté du lieu vient de ce qu'il tient ensemble les contraires, l'eau et le feu, le mouvement et l'immobilité, la permanence et le changement, l'universel et le local, le présent et le passé.

L’histoire, selon Michelet, s’apparente à une maladie. Le corps social est secoué de fièvres, de nausées, sujet à de grandes hémorragies. Il y a aussi une pathologie de l’espace. Le séjour des petits pays restés en marge du temps s’accompagne de troubles obscurs, chroniques, auxquels les ressources locales permettent plus ou moins de remédier.

Tout le Pin creux travaille d'arrache-pied pour préparer une démonstration équestre. La cause est importante, l'argent gagné sera reversé à un refuge d'animaux abandonnés. Au cours d'une visite du refuge, Lisa fait la connaissance de Sam, un cheval dont l'état de santé est très inquiétant. Bouleversée, la jeune fille réunit le Club du Grami Galop il faut trouver un moyen de récolter encore plus d'argent...

Présentation de l'éditeur

Des infirmes, des sensitifs furent longtemps les plus qualifiés pour voir. Leur inaptitude aux luttes, aux travaux les tenait à l'écart, disponibles, pensifs - c'est pareil. L'heure est venue, au XIXe siècle, où cette élite vulnérable a éprouvé l'impossibilité d'aller plus loin, dans une Europe qui semblait aspirer, elle-même, au suicide. C'est alors qu'un petit homme s'est avancé à Oxford (Mississippi). PB

Quatrième de couverture

Des vies, mais telles que la mémoire les invente. que notre imagination les recrée, qu'une passion les anime. Des récits subjectifs, à mille lieues de la biographie traditionnelle. L'un et l'autre : l'auteur et son héros secret, le peintre et son modèle. Entre eux. un lien intime et fort. Entre le portrait d'un autre et l'autoportrait, où placer la frontière ?

Les uns et les autres : aussi bien ceux qui ont occupé avec éclat le devant de la scène que ceux qui ne sont présents que sur notre scène intérieure, personnes ou lieux, visages oubliés, noms effacés. profils perdus.

En 50 pages, découvrez un autre visage de la grammaire ! Que vous soyez collégien, lycéen ou simple lecteur désireux d'accéder rapidement à une vraie maîtrise des principes de la grammaire française, cet ouvrage vous les montrera en prise directe avec le langage - le " propre de l'homme " - et avec le sens de la vie.

Pierre Bergounioux, enseignant et écrivain, nous offre ici une approche originale et simple de la grammaire, éclairée par les apports de la linguistique et de la philosophie.

Nés vers le milieu du siècle dernier en Corrèze, Pierre et Gabriel Bergounioux pour¬suivent dans ce livre l’entretien qu’ils ont ébauché dès l’enfance. Le réel et la fiction, entre lesquels se partagent les récits de l’aîné sont les visages opposés d’une même expérience, urbaine, centrale, cultivée. Écrire revient à disputer leur nom à des choses muettes, hostiles, à rompre la servitude où elles nous tiennent aussi longtemps qu’on ne les a pas transférées dans l’ordre du langage et éluci¬dées. Pierre Bergounioux n’a jamais autant révélé sur lui-même et sur l’essence de son écriture, qui affecte ce que nous pensions et change ce que nous sommes. À l’entretien s’ajoutent des pages d’anthologies de Pierre Bergounioux, des mor¬ceaux choisis de ses livres de référence, des photographies, des documents personnels, des textes inédits. Auteurs : Pierre Bergounioux, né en 1949 à Brive-la-Gaillarde, après avoir été 35 ans pro¬fesseur de français dans des collèges, enseigne à l’École supérieure des Beaux-Arts de Paris. Il a publié une quinzaine de romans. Gabriel Bergounioux, qui a vu le jour cinq ans plus tard au même endroit, est professeur de linguistique à l’Université d’Orléans. Il est l’auteur d’essais et d’ouvrages de fiction.

Quatrième de couverture

« Jean-Michel Fauquet, sa journée faite, parcourt les rues plus ou moins désertées où s’amoncellent les emballages, prélève des cartons, rentre, chargé de butin, sous son toit, s’arme de ciseaux, de colle pour tirer de cet élément de fortune un double parodique du monde où il vit comme il peut après avoir été dépouillé de l’univers de sa vie première, la seule qu’on ait. » Pierre Bergounioux

Né en 1950 à Lourdes, Jean Michel Fauquet s'engage dans un périple de douze ans au Canada où il enseigne la photographie à l'université. C'est cependant à Paris qu'il s'installe et qu'il s'expose. Ses travaux ressemblent plus à des peintures à l'huile qu'à des photos. Sa façon de voir la lumière et les formes est très personnelle. Ses procédés de tirage autant que l'utilisation de papiers ou de supports particuliers en font aussi un alchimiste. Dessin, peinture, sculpture, photographie sont autant de techniques qui contribuent à la réalisation de ses images. Son œuvre a donné lieu à de nombreuses expositions.

Il est représenté par la galerie Pierre Brullé, Paris

La génération de l'après-guerre vieillit, mal, comme toutes l'ont fait.

Ses espoirs ont périclité mais nulle ne fut plus riche, jamais, de pareils souvenirs. L'un d'entre eux conserve, contre vents et marées, la tangible consistance de la réalité. Isolée, pâlie, soumise au blocus des États-Unis, Cuba s'ancre dans la mer des Caraïbes comme un fragment préservé de nos jeunes années. On peut y marcher les yeux ouverts mais on se demande alors si l'on ne serait pas en train, pour le coup, de rêver.

De la naissance infime des récits et de leur vie parallèle (autonome, qui sait ?) jusqu’à l’incarnation, il est ici question. Et nous serions dans le domaine de la pure spéculation, de l’abstraction glacée des questionneurs de la littérature sans le talent de Bergounioux à donner matière et vie à cela. Le récit est traité en être vivant, il a ses lieux, très réels (Cressenssac, la Dordogne), ses siècles héroïques et ses lumières changeantes. Univers préférables tisse l’histoire d’une histoire, et sa langue est bien à la hauteur de cette «aventure moderne», souvent déçue et décevante.

Nos vies nous sont essentiellement obscures. L'habitude en estompe les contours. Nous manquons de recul. L'ombre du passé couvre le temps qui est le nôtre, le seul réel, le présent. Depuis cinq siècles, la littérature, en France, a porté les moments successifs de notre histoire dans une clarté qui n'est que d'elle, très personnelle et revêtue, pourtant, d'une portée générale. En nous livrant notre sens enfoui, elle nous donne la possibilité d'agir plus librement, d'écrire en meilleure connaissance de cause, en conscience, le chapitre qui nous revient. C'est dans cet esprit qu'elle est examinée ici.

Le déluge, le sphinx, les ondines ne relèvent pas, comme on croit, d'anciennes fables, d'un très lointain passé.

Ou alors celui-ci persiste, à petit bruit, dans les replis du paysage. Comment expliquer, autrement, que la pluie ait noyé le monde, sous nos yeux, qu'on puisse surprendre, dans un tournant, des chimères à corps de lion et visage d'homme, aux cheveux d'eau ? C'est d'elles qu'il est question. P. B.

Nulle désillusion ne se compare à celle que la génération d'après-guerre a connue.

Au printemps des années soixante a succédé l'hiver, qui dure encore, des années quatre-vingt. Les grandes espérances ont pâli, la vie perdu la saveur qu'on lui trouvait. Le changement d'horizon, la fin d'une époque, c'est à l'échelle des heures, dans le détail de l'expérience personnelle qu'on en prend la mesure. Ces notes, prises au jour le jour, depuis vingt-cinq ans, accusent avec les progrès de l'âge, l'érosion du bonheur qui avait été donné, pour commencer.

Nul langage ne se substituera jamais à celui qui, depuis trois mille ans, escorte en l'éclairant notre aventure.

La littérature, seule, peut expliciter les significations ultimes, ténues, vertigineuses qui hantent obscurément nos jours. Comme toutes les choses humaines, les pauvres évoquées ici sont d'une heure et d'un lieu. Mais elles se sont élevées au-dessus de leur détermination prochaine pour parler à l'humanité. C'est dans cette dimension que se retrouvent Gustave Flaubert, Alain-Fournier, William Faulkner, Henri Thomas, Claude Simon, Jacques Réda et Pierre Michon.

Une ère nouvelle a débuté. On le mesure moins à la diffusion de procédés bizarres, à la banalisation d'usages incongrus qu'à la disparition d'un certain nombre d'évidences qui paraissaient devoir régner toujours. Les unes, comme l'espoir d'un bonheurprovincial, péchaient par leur anachronisme, leur exiguïté. D'autres, en revanche, dont la portée était universelle, comme les significations véhiculées parla grande littérature, pâlissent devant la généralisation d'un intérêt spécial, trivial, celui dugain pécuniaire. Pareilles métamorphoses laissent rêveur, un peu mélancolique.

Si l'on met de côté les éternels laudateurs de l'école républicaine - ministres en représentation, sociologues de cour et pédagogues satisfaits -, dont la position commande les propos, on constate qu'aujourd'hui le discours dominant sur l'institution scolaire est empreint d'un formidable pessimisme : l'école est " en crise ", tragiquement victime de ses " dysfonctionnements internes ". Dans ECOLE : MISSION ACCOMPLIE, Pierre Bergounioux nous invite à reconsidérer posément les termes de l'analyse. Et si, au contraire, l'école n'avait jamais aussi bien fonctionné, manifestant une redoutable efficacité à perpétuer les rapports de domination ? En revenant en profondeur sur sa longue expérience de professeur de français, au carrefour de la langue et de la littérature, Pierre

Bergounioux analyse la manière dont s'est façonné un nouvel imaginaire de l'école : celui de l'" égalité des chances ". Ceux qui échouent sont désormais convaincus de leur indignité, incapables de penser que, peut-être, cet échec pourrait avoir des causes extérieures à eux-mêmes ; les autres, à qui tout réussit, se voient dotés d'une légitimité symbolique nouvelle. C'est à la fiction d'une société pacifiée, où l'école ne ferait qu'entériner des capacités inégalement réparties, qu'il nous est ainsi demandé

de croire.

Comment affronter la difficulté de vivre, la mélancolie, l’obscurité de ce que l’on est ? Peut-être en cherchant quelque réponse dans la lecture de Shakespeare et de Beckett, de Sterne et de Proust, en interrogeant sans cesse les toiles de Bacon et de Poussin, en observant chaque jour le vol des oiseaux et le mouvement des feuilles des arbres. Et l’on sait bien que rien de tout cela n’apaisera complètement notre trouble. Il faudra y revenir, on aura quelques lueurs mais rien de net, rien qui puisse satisfaire. C’est cela vivre. Pierre Bergounioux se soucie de comprendre « les étranges agissements auxquels on sacrifie aveuglément depuis toujours ». Tâche pénible, indéfiniment à recommencer. Mais depuis l’enfance, il est attiré par les ouvrages en fer, les machines, et aussi par les débris, les rebuts de l’industrie, les machines abandonnées d’une agriculture archaïque. Il fouille dans les dépôts pour ces déchets, les emporte, les transforme – ou non –, soude, fixe sur des supports en pin… Sidérothérapie. « On glanait, jadis, les simples, dans la campagne, pour lutter contre les maux petits et grands qui frappent nos corps. Je ramasse des débris métalliques dont certains, avec ou sans retouches, sont un antidote aux affections de l’âme. Il en est d’autres, sans doute. La ferraille me suffit. »

On lira le texte écrit à l’occasion d’une exposition de quelques sculptures au Musée de la Vallée de la Creuse, à Éguzon, l’automne dernier ; il est précédé d’une brève entrée en matière de Jean-Paul Michel, l’ami de toujours, et suivi d’un récit inspiré de Gabriel Bergounioux, le frère, sur les livres déjà publiés. Les sculptures sont magnifiquement reproduites, le livre est lui-même un travail d’artisan.

©Tristan Hordé

"Nous avons une vie d'homme, l'âge adulte pour disputer aux forces occultes l'otage que nous leur avons cédé, l'enfant que nous avons été. II nous hèle, du fond du temps, pour que nous revenions disperser les ennemis aux mains desquels il est tombé d'entrée de jeu et avant cela, encore, dans les limbes. " Dans un entretien où le désaccord s'expose en toute confiance, Pierre Bergounioux évoque les lieux du passé : ceux, passionnés, de l'enfance tandis que les adultes dormaient les yeux ouverts, ceux de l'histoire qui nous a faits - et défaits. Pour rallier le seul temps réel, le présent, il a fallu clarifier le passé, situer hors de soi ce qui se confondait avec nous, qu'on prenait pour soi. La clarification est de chaque instant. Elle va droit.

Ce deuxième tome couvre les années quatre-vingt-dix, et porte toute l’ombre qui – à l’exclusion des années soixante – a prévalu au long de ce vingtième siècle.

Quatrième de couverture

Pierre Bergounioux

Années folles

" En deçà des heures qu’on a vécues et dont on aime à raviver le souvenir estompé, lacunaire, reconstruit, s’échelonnent celles qu’on imagine plus tranquilles, plus simples et d’autres, très sombres, auxquelles on ne peut s’empêcher de songer parce que les maux dont elles étaient grosses ont rejailli jusqu’à nous, troublé notre petit moment. À la première sorte appartiennent, par exemple, les années 1900. "

S’il fallait définir, d’un trait, la littérature de Homère jusqu’à Faulkner, on pourrait dire que c’est le monde vu par des écrivains. Les faits, qui ont été vécus par des guerriers, de rudes marins, des chevaliers hallucinés, ne furent jamais livrés comme ils s’étaient produits, dans l’instant, pour les intéressés mais tels que les imaginèrent des lettrés assis à l’écart, plus ou moins longtemps après.

“Le passage de l’initiative aux mains de la classe ouvrière”, les années trente, sont un pivot capital des visions historiques de Pierre Bergounioux. William Faulkner en est l’incarnation, il marque la rupture : désormais l’écrivain sera immergé dans le monde. D’une prose sans graisse, Pierre Bergounioux articule autour de cette idée un monde cohérent aux perspectives surprenantes sur l’acte d’écriture. On peut ne pas adhérer à ces partis pris, l’essentiel est ailleurs : il s’agit pour lui, à propos de Faulkner qu’il revendique comme une figure tutélaire, de montrer comment la parole s’enlève sur un fond de silence millénaire.

Il a plu aux dieux jaloux de nous assigner la dualité pour partage et la division qui s’ensuit pour destin. Nous avons reçu la vie mais nous nous savons promis à la mort. Nous sommes pétris de deux substances hétéroclites, pourvus d’un corps et munis d’un esprit et celui-ci, lorsqu’il s’éveille, c’est pour constater son essentielle inégalité au monde extérieur et à sa propre intériorité. Nul registre de l’expérience n’échappe à la contradiction qui nous traverse. Les couleurs elles-mêmes accusent, dans leur registre, l’incertitude de notre être et la labilité de nos affections. Le jaune, lorsqu’il est vif, est la parure de la terre.

L’œuvre de Pierre Bergounioux est écrite sous le signe du changement : les couleurs sont en texture et en épaisseur, baignées d’un regard rétrospectif vers les lieux, figures et rives de l’enfance. Joël Leick, par de nombreuses illustrations, dialogue avec ces sept courtes proses : la teinte est saisie dans son rapport au temps.

« Pour des raisons qui touchent à mes origines, à ma destinée, j’ai ressenti le besoin d’y voir clair dans cette vie. La littérature m’est apparue comme le mode d’investigation et d’expression le moins inapproprié. Elle est porteuse, comme l’histoire, comme la philosophie, comme les sciences humaines, d’une visée explicative, donc libératrice. Elle peut descendre à des détails que les discours rigoureux ne sauraient prendre en compte parce qu’il n’est de science que du général.

Les notes quotidiennes ne diffèrent pas, dans le principe, de ce que j’ai pu écrire ailleurs. Les autres livres se rapportent aux lieux, aux jours du passé, le Carnet à l’heure qu’il est, au présent. »

P. B.

Ce journal, qui couvre la première décennie du vingt et unième siècle, constitue le troisième volume des Carnets de notes de Pierre Bergounioux.

L'acte de naissance du sujet de la connaissance a été dressé par un Français. C'est le Discours de la méthode. Mais c'est en Allemagne que Descartes l'a conçu, en rêve, et aux Pays-Bas qu'il l'a rédigé. Si le monde se ramène depuis lors, à deux substances, l'étendue et la pensée, leurs rapports ne vont pas sans complications ni sautes. La vie même de Descartes en est l'illustration.

Deux livres en un. Deux textes reliés par la même traversée d’une épopée apocalyptique du XXe siècle. Bergounioux revisite la Littérature et ses liens avec la société jusqu’à une réflexion inédite et singulière qu’il nomme Le Récit absent : « La force des bolcheviks, quand ils n’étaient qu’une poignée de proscrits dispersés entre les mines de sel de Sibérie et les meublés bon marché d’Europe occidentale, leur optimisme, leur ardeur, ils les tiraient de ce qu’ils ne proposaient rien qui procède d’un intérêt partiel, plus ou moins déguisé, mais l’égalité complète… » aucune Littérature soviétique. Pensées qu’il concrétise en quelque sorte par une fiction : Le Baiser de Sorcière, récit dans la veine du texte « mythique » B-17G. Pierre Bergounioux cette fois invente, heure par heure, le récit de l’avancée d’un tank Russe, le JS2, de Moscou vers Berlin en 1944. L'histoire des cinq tankistes est l'écho inversé de B-17 G. D'un côté, l'Ouest, l'Amérique, le libéralisme, l'Atlantique, l'aviation, la vitesse, le ciel, l'aluminium, de l'autre, l'Est, l'URSS, la grande plaine orientale, la planification, l'acier, la vieille terre, les chars écrasants. « Le canon est chargé, la lampe témoin allumée. Alexei est penché devant, les yeux collés à l’oculaire de son épiscope, Oleg debout à son poste, accroché aux poignées, sous la circulaire, Stepan caché par la culasse, Ilya invisible, dans le nez. (…) Rasant les murs, enjambant les blocs de maçonnerie, les monticules de décombres qui obstruent les trottoirs, tête levée, pistolet-mitrailleur oblique, les fantassins ne sont que des ombres imprécises dans la poussière et le fracas. Le 103 cahote sur une traînée de gros moellons, de poutres arrachées à un immeuble, s’immobilise. »

(Source : Argol)

"La narration pulvérisée. Un éblouissement, un de ces éblouissements auxquels vise l'art quand il cherche à nous aveugler pour nous rendre enfin la vue". Bertrand Leclair, La Quinzaine littéraire, oct. 2001. "Le livre qu'on persiste à estimer le plus remarquable parmi ceux qu'on a pu lire sous le nom de Bergounioux, et qui incite à lire d'un autre oeil ce qui le précède". Bertrand Leclair, La Quinzaine Littéraire, mai 2004. "B-17 G, le très beau et étrange récit". Patrick Kéchichian. Le Monde des livres, déc. 2001. "De ce minuscule laps de temps qui sépare le choc de la disparition, l'instant même de la photographie, Pierre Bergounioux fait un grand texte sur l'histoire et sa longue durée.". Tiphaine Samoyault, Les Inrockuptibles, oct. 2001. "Avant B-17 G, Pierre Bergounioux était un écrivain suprêmement émouvant et sensible. Avec B-17 G, il est grand." Jean-Paul Michel. En compagnie de Pierre Bergounioux. Théodore Balmoral, 2004 Introuvable, ce petit livre que certains s'autorisent à qualifier de "livre culte", B-17 G, renaît dans une nouvelle édition, suivi de Smith, postface de Pierre Michon.

«On attendait d’énergiques initiatives, des changements effectifs, de vrais événements. Ils ne se sont pas produits. Cinq décennies ont passé en vain, à vide, apparemment. Et puis ce qui aurait dû être et demeurait latent, absent fait irruption dans la durée.» Pierre Bergounioux entreprend ici de saisir les origines et la signification du soulèvement social que la France a vécu ces derniers mois. Il enracine sa réflexion dans l’histoire des nations et des idées occidentales, en vertu de l’axiome selon lequel tout le passé est présent dans les structures objectives et la subjectivité des individus qui font l’histoire. Ainsi se poursuit, jusque dans les formes les plus contemporaines de la contestation, en pleine crise du capitalisme et de la représentation politique, le rêve égalitaire qui nous est propre.

Résumé

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Biographie

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J'ai demandé à Pierre Bergounioux s'il consentirait à dire les raisons pour lesquelles il se détourne si volontiers de la psychanalyse, sans qu'il s'en soit jamais vraiment expliqué - ma question plus directe ou provocatrice était : « Qu'est ce qui t'a retenu de faire une analyse ? » - Quelques mois plus tard, voici le résultat. Hôtel du Brésil est le nom de l'hôtel où Freud est descendu, rue Le Goff, quand il a étudié auprès de Charcot. L'étudiant Bergounioux, à qui le nom de Freud ne dit pas grand-chose, tombe sur la plaque commémorative alors même qu'il vient d'acheter « trente kilos de livres » qui parlent de son propre engagement et de ses objets. Cet engagement, c'est chercher non en lui mais au dehors de lui-même les causes de son mal-être. L'enfant effaré qu'il a été, accablé de tristesse dans la bibliothèque non chauffée de Brive, vivant à côté d'adultes muets, devenu jeune homme découvre que la constitution du sol (le grès « permo-carbonifère ») a rendu tout triste en Corrèze - maisons et ambitions intellectuelles et rendement des cultures fermières, et humeur : une condition provinciale loin de toute lumière. Ce qui éclairera l'auteur sur ce qui l'agite, c'est l'analyse politique. Pierre explique avec toute sa droiture, toute son obstination aussi - et son écriture fluide et grave -, que l'inconscient est dehors. Ce court essai - au fond antipsychanalytique - est très émouvant. Et quoi de plus souhaitable qu'un excellent adversaire pour secouer les pensées devenues trop familières ? « Si rien n'est plus manifeste que l'inconscient, depuis que Freud a passé, il résidait bien moins en nous, pour moi, pour d'autres, qu'à notre porte, dans les choses qui nous assiégeaient, leur dureté, leur mutisme, la tyrannie qu'elles exerçaient sur nos sentiments, les pensées qu'elles nous inspiraient forcément et semblaient s'ingénier à dénaturer. Le monde n'était pas ce résidu friable, terne que pouvaient ignorer « les belles dames » [les patientes de Freud] mais une excroissance énorme, ténébreuse - et je n'avais déjà même plus quarante ans pour m'en débarrasser. »

Quel est l'héritage de Pierre Bourdieu aujourd'hui ? Quel apport son oeuvre fournit-elle à l'élaboration contemporaine de nouvelles théories et de nouvelles politiques ? La pensée de l'auteur de La distinction continue à servir de point d'ancrage à ceux qui entendent fournir des instruments de réflexion et de critique de la réalité.Chacun à leur manière, Annie Ernaux, Didier Eribon, Arlette Farge, Frédéric Lordon, Geoffroy de Lagasnerie, Frédéric Lebaron et Édouard Louis montrent à quel point Pierre Bourdieu constitue une source inépuisable pour aborder des sujets aussi divers et actuels que la domination et la reproduction sociale, les rapports de classe, les théories de la reconnaissance et de la justice, l'amour et l'amitié, les luttes et les mouvements sociaux, la politique et la démocratie, etc. Ces textes s'efforcent de mettre au jour ce que Pierre Bourdieu a rendu pensable et visible bien au-delà de la sociologie, c'est-à-dire dans tous les espaces de la création : la littérature, l'art, l'histoire ou encore la philosophie. Faire vivre Bourdieu, ce n'est pas seulement faire vivre une doctrine. C'est avant tout réactiver une attitude : l'insoumission.

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