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Tous les livres de Raoul Vaneigem

Conçu sous forme de brèves analyses et thèses, Nous qui désirons sans fin fait l'examen critique d'une société marchande en déclin et d'une société vivante appelée à la dépasser. Le capitalisme mondial n'est plus qu'un système parasitaire déterminant l'existence d'une bureaucratie où le politique est aux ordres d'une pratique usuraire. Toute l'organisation sociale est ainsi menacée jusque dans sa contestation qui, ne cherchant d'autre solution en dehors de l'économie d'exploitation, se dégrade avec elle. Cependant, si nous ne voulons plus d'une civilisation qui a tourné toutes ses espérances vers la mort, nous ne voulons pas davantage d'une société où la vie est perçue à travers l'optique de la rentabilité. Comment empêcher les désirs de devenir leur contraire ? Comment les dépouiller du négatif dont les a revêtus une tradition séculaire ? Comment savoir ce que l'on veut et vouloir ce que l'on sait ? La réponse est en chacun dès l'instant où il lui importe avant tout de renaître à ce qu'il a en lui de plus vivant.

Les citations sont un hommage de la désinvolture à la paresse. Il suffit de se pencher un peu pour les cueillir, comme des champignons afin d'en composer, au choix, quelque mets délectable ou mortel. L'exercice n'est pas sans conséquence, mais guère plu que les gestes ou les pensées qui nous engagent quotidiennement à aller ou à ne pas aller en des temps et lieux où nous n'avons que faire. Le choix de Raoul Vaneigem et sa manière toute personnelle de commenter les citations au gré des thèmes déterminés font de ce dictionnaire une manière de chef-d'œuvre du détournement considéré comme un art de vivre.

"Le Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations marque l'émergence, au sein d'un monde en déclin, d'une ère radicalement nouvelle. Au cours accéléré qui emporte depuis peu les êtres et les choses, sa limpidité n'a pas laissé de s'accroître. Je tiens pour contraire à la volonté d'autonomie individuelle le sentiment, nécessairement désespéré, d'être en proie à une conjuration universelle de circonstances hostiles. Le négatif est l'alibi d'une résignation à n'être jamais soi, à ne saisir jamais sa propre richesse de vie. J'ai préféré fonder sur les désirs une lucidité qui, éclairant à chaque instant le combat du vivant contre la mort, révoque le plus sûrement la logique de dépérissement de la marchandise. Le fléchissement d'un profit tiré de l'exploitation et de la destruction de la nature a déterminé, à la fin du XIXe siècle, le développement d'un néocapitalisme écologique et de nouveaux modes de production. La rentabilité du vivant ne mise plus sur son épuisement mais sur sa reconstruction. La conscience de la vie à créer progresse parce que le sens des choses y contribue. Jamais les désirs, rendus à leur enfance, n'ont disposé en chacun d'une telle puissance de briser ce qui les inverse, les nie, les réifie en objets marchands. Il arrive aujourd'hui ce qu'aucune imagination n'avait osé soutenir : le processus d'alchimie individuelle n'aboutit à rien de moins qu'à la transmutation de l'histoire inhumaine en réalisation de l'humain." R.V.

Par Anne-Marie Bertrand

Auteur du célèbre Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations (1967), Raoul Vaneigem publie ici un petit livre paradoxal et dérangeant – ce pourquoi on en conseillera d’autant plus vivement la lecture.

Petit, car il ne compte que 93 pages et ne coûte que 6,40 euros.

Paradoxal, car dans une écriture très classique (« Qu’il soit désormais établi, dès le plus jeune âge, que la connaissance des êtres et des choses n’a pas pour but de suborner, de dominer, d’ériger en juge mais de répondre aux sollicitations mêmes de cette faculté créatrice qui est le propre de l’homme et de choisir avec discernement ce qui peut nous aider à mieux vivre »), se coule une pensée de fer farouchement opposée à toute bien-pensance, au point que le préfacier Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières (et à ce titre peu suspect de composer avec la censure ni les censeurs), s’émeut de certaines formules – et on le comprend, par exemple à la lecture de celle-ci : « Il est aussi vain de reprocher aux spécialistes de l’information leur démagogie, leur autocensure, leur veulerie, leur avilissement et leur insolente complaisance aux aboiements du maître, que de prêcher l’honnêteté à un homme d’affaires. »

Dérangeant, car le propos est sans nuances : « Aucune idée n’est irrecevable, même la plus aberrante, même la plus odieuse » ; « Un crime est un crime et une opinion n’est pas un crime » ; « La scandaleuse hypocrisie de nos sociétés consiste à promulguer des lois contre les propos racistes, xénophobes, sexistes, terroristes, haineux, sans obvier à la banalisation de l’horreur que perpétue le fétichisme de l’argent », etc. Le propos est sans nuances mais appelle discussion, notamment sur la presse, dont Vaneigem ne parle pratiquement pas. Le débat qui avait été ouvert en 1996, à l’occasion de la censure à Marignane et Orange, sur la place de certains journaux, certains textes, certaines idées dans les bibliothèques publiques (je me souviens que nous parlions, précisément, de propos « racistes, xénophobes, haineux ») s’est interrompu – sans que la question ait été le moins du monde résolue. « Ce ne sont pas les propos qui doivent être condamnés, écrit Raoul Vaneigem, ce sont les voies de fait. » Oui mais, les propos les préparent…

À lire, évidemment.

C'est un effort et un plaisir constants que de se tenir au cœur des désirs, au centre d'une volonté de vivre, seule capable d'identifier l'existence à un passionnant labyrinthe. Si je n'ai cessé d'incliner et d'adhérer à un tel projet, auquel je dois d'inestimables enchantements, je me garderai bien, en revanche, de m'en glorifier.

" Plus jamais ça ! " : tel était l'objectif de la définition du crime contre l'humanité, adoptée en 1945 pour sanctionner les criminels nazis. Pourtant, depuis, massacres et génocides n'ont pas cessé. Et nous vivons dans un monde où le pouvoir réclame toujours plus de désordre pour imposer sa protection mafieuse, plus d'inhumanité pour donner du brillant au mensonge humanitaire. Dans ce monde, que peut signifier la justice ? C'est à ce paradoxe insupportable que Raoul Vaneigem s'attaque dans ce livre, en revisitant les fondements de la justice moderne. Pour lui, tant que la liberté restera le produit idéologique du libre-échange, la justice se bornera à corriger l'homme, valeur marchande plus que valeur humaine. Car si le capitalisme et l'humanisme de façade ont rompu avec la loi du talion, le rôle de la justice se borne depuis à limiter les excès d'un système inhumain. Pour autant, le pardon n'est pas une alternative à la punition : loin de rendre les hommes meilleurs, il les endurcit dans l'idée de la fatalité et de la compassion. Ni pardon ni talion : à la fois nécessaires et insuffisantes, les institutions judiciaires ne peuvent être que le point de départ d'une lutte plus vaste contre la barbarie universelle. Elle suppose un consensus sur les droits de l'être humain, patiemment obtenu par une éducation nouvelle et l'émergence d'un nouveau style de vie : agir localement avec une perspective globale, en solidarisant partout les forces vives des individus aspirant au bonheur. Vaneigem ne raille pas les avancées de la justice, il plaide seulement pour que, poussées toujours plus avant, le progrès humain les rende obsolètes.

Lorsque l'école et le lycée se comportent comme des entreprises, que les élèves sont traités comme des clients, incités non à apprendre mais à consommer, il est salutaire de rappeler que l'éducation appartient à la création de l'homme, non à la production de marchandises.

Loin des critiques réductrices du système éducatif, l'auteur du Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations étudie et dénonce l'aliénation qui s'empare des élèves et des enseignants et montre ce que l'école pourrait être : un lieu d'autonomie, de savoir et de création.

Je souscris à la résolution de Lautréamont : " Je n'écrirai pas des mémoires ". Je n'ai pas le goût des confessions, elles offrent trop de gages à un spectacle où ma démarche même renierait son propos. Je n'ai en revanche aucune raison de dissimuler l'attrait qu'a toujours exercé sur moi la tentative de Montaigne de se peindre sur le vif en dépit des couleurs que le monde lui imposait. N'ayant écrit qu'un seul livre, sans cesse récrit, complété, corrigé selon la facture qu'empruntaient les bouleversements de la société et, inséparablement, les variations de mon existence, je me sens en narquoise familiarité avec lui. Chacun de mes livres traduit le progrès, si incertain qu'il soit, d'une conscience en peine de dénouer les fils enchevêtrés d'une destinée, dont j'aspire à régler le cours. Si mon analyse se fonde sur des éléments personnels, ce n'est pas pour en tirer valeur d'exemple, c'est pour tenter d'éclairer un dernier voyage comme s'il dût, envers et contre tout, être encore le premier; c'est pour aviver, dans un refus de ce qui doit finir, une volonté, sinon de tout recommencer, du moins d'ouvrir des portes demeurées fermées ou entrouvertes par crainte. Ce désordre d'émotions et de pensées, j'ai choisi de l'aborder par le biais des passions auxquelles je demeure le plus attaché l'amour, l'amitié, la volonté de vivre, l'aventure labyrinthique de la destinée, l'alchimie du désir, la sensibilité, l'animalité, le bonheur, la poésie; et à travers ce qui les corrompt: la peur, l'argent, la présomption de l'esprit. Mon questionnement est sans réponses, mais j'ai, au plus profond de mes doutes, quelques certitudes. Peut-être est-ce suffisant au cœur d'une époque qui, présentant comme nulle autre pareille les symptômes d'un pourrissement universel, cherche, au crible de ses désillusions, les signes d'une civilisation humaine qui tente maladroitement et naïvement de s'instaurer.

« Le pamphlet répond à deux préoccupations : rappeler vers quelle impasse la dictature de la rentabilité est en train de mener les hommes en dévastant les ressources planétaires. Montrer que la contestation se condamnera à l'impuissance tant qu'elle n'aura pas misé - avec l'intention de la dépasser - sur la seule et véritable nouvelle économie, celle qu'instaurent le mode de production d'énergies naturelles gratuites, l'agriculture « biologique », le retour à la valeur d’usage et à la qualité des produits, la reconstruction d’un environnement en accord avec l’aspiration individuelle à une destinée moins navrante. Nous assistons avec une passivité navrante, à une mise en coupe réglée de la planète par des associations d’intérêts, qui accroissent leur puissance financière en démantelant partout les secteurs utiles à la société et en attisant des conflits locaux qui s’apparentent à des guerres de gangs. Des organismes bureaucratiques tels que le FMI ou l’OMC prêtent un semblant d’honorabilité à une politique mafieuse puisant dans les dernières ressources des populations du globe l’argent désormais investi dans les circuits fermés de la spéculation boursière. Nous sommes confrontés à un système autodestructeur qui court à la faillite financière parce qu’il tourne sur lui-même, dévaste la terre, perturbe le climat, accroît cette misère qui, alliée au désespoir, multiplie les comportements suicidaires - dont le terrorisme n’est que l’épiphénomène -, contamine, à travers le cycle de la délinquance et de la répression policière, une existence quotidienne exposée aux lois aléatoires du marché. Le chaos agencé à des fins de rentabilité à court terme par le capitalisme financier dissimule à beaucoup, induits à se lamenter et à s’indigner en vain plutôt qu’à vouloir changer le cours des choses, les signes d’une mutation qui oppose au système totalitaire de l’argent, sans autre usage que sa reproduction virtuelle, la conscience d’un véritable progrès humain. L’histoire n’a connu que des modes de gouvernement qui vouaient les hommes à la damnation en prétendant assurer leur salut. Ce qui existe aujourd’hui à l’échelle de la planète est une tyrannie omniprésente du profit, qui mise sur le caractère archaïque des pratiques contestataires pour conforter la servitude volontaire des masses. Une révolte incapable de créer des conditions sociales radicalement nouvelles ne fait qu’ajouter sa pollution aux eaux sales de la rentabilité à tous prix. Il est temps de prendre conscience des phénomènes qui expriment à travers la fin de la civilisation marchande l’émergence d’une civilisation humaine. - L’apparition d’un nouveau mode de production, fondé sur l’essor des énergies naturelles et renouvelables, faisant appel non à l’abrutissement du travail mais à l’exercice des facultés créatrices et favorisant à terme la valeur la plus compatible avec la marchandise : la gratuité. - Le développement d’une conscience citoyenne amorçant son dépassement par le passage de l’éthique contestataire et de la désobéissance civile à la création collective. Il s’agit de combattre pour le progrès de l’humain avec les armes de la vie, en s’émancipant de toutes les formes d’économie fondées sur l’exploitation de la nature et de l’homme par l’homme. - Une attention particulière doit être accordée à la sollicitude envers l’enfant, à un apprentissage, qui implique l’abolition d’une éducation concentrationnaire, où l’élève est cyniquement sacrifié à l’économie, le refus des réflexes de prédation, de concurrence, de compétition, de culpabilité, de sacrifice, ainsi qu’une aide à la création et à l’autonomie. - L’avenir des sociétés nouvelles appartiendra aux femmes, unies par delà les distinctions de nations et de cultures. Elles seront les premières à tenter de libérer l’Afghanistan, le Pakistan, l’Iran, l’Algérie, et les pays encore sous la coupe d’une religion qui les assujettit à l’autorité du mâle. Celles qui donnent la vie mettront le plus résolument fin au règne millénaire de l

La jouissance implique la fin de toutes les formes de travail et de contraintes. La jouissance implique la fin de l'échange sous toutes ses formes. La jouissance implique la fin de la culpabilité et de toute société répressive... Ainsi se développe, fortement martelé, un essai qui fait de la jouissance un moyen de critique et de subversion radicales.

Dans ce livre de "mémoires" collectives et personnelles, Raoul Vaneigem évoque, quarante ans après le mouvement des occupations du printemps 68, les prémices de cet "embrasement au cœur multiple" puis sa récupération insidieuse par le spectacle culturel et contre-culturel. Il dresse, à cette occasion, un bilan de sa participation au groupe situationniste, non sans faire la part de certains errements propres à tout projet insurrectionnel, écartelé entre pulsion de mort et instinct de vie.

Ce texte a été écrit pour le Festival anti-autoritaire pour la démocratie directe, réalisé les 8, 9 et 10 septembre 2010 en Grèce, dans la ville de Thessalonique. Il comprend 'Ni guerrier ni martyr', réflexions faisant suite à une question soulevée par un ami persan confronté à la violence répressive de la dictature islamiste en Iran. Il est suivi de « Un changement radical est à notre portée », réponses, inédites en français, de Raoul Vaneigem à un questionnaire, rédigé l'été 2007 par Javier Urdanibia (traducteur en espagnol du Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations) et évoquant l'Internationale situationniste, Guy Debord, la critique de la religion, la philosophie, des expériences en terres mexicaines..

"Je suis né le 5 mars 1953. Staline mourait rois jours plus tard." Les trois premiers jours hésitants de ce nourrisson allaient-ils conditionner ses obsessions d'adultes? Le docteur Baudant ne semble toujours pas en mesure de répondre à cette question, et l'on ne sait d'ailleurs pas vraiment lequel, du patient ou du psychanalyste, entretient les manies de l'autre. Le travail du narrateur au ministère bruxellois en charge des infrastructures publiques assouvit quotidiennement son appétit d'observation méticuleuse des petites convulsions de la vie. Avec un détachement faussement apaisé, il décompte les cataclysmes dérisoires de l'administration : les liaisons si peu dangereuses, les culs-de-sac bureaucratiques, la valse saccadée des hiérarchies... et puis des morts.

Jamais, au cours des siècles, tant de moyens n'ont été disposés en faveur d'une émancipation véritable des individus et des peuples ; jamais ils n'ont été à ce point ignorés et méprisés par un aussi scandaleux parti pris de passivité et de résignation. Jamais nous n'avons autant végété au-dessous de nos capacités de vivre. Jamais, pour tout dire, la servitude ne s'est montrée si volontaire depuis que l'affranchissement s'est mis à portée de tous.

Pourtant, il existe au sein de la confusion et du désarroi croissants une force de vie, présente en chacun, capable de combattre ce qui l'opprime et la dégrade.

L'histoire des mouvements de résistance à l'Eglise et à l'imprégnation chrétienne n'a été abordée à ce jour qu'à l'ombre de la théologie et selon une perspective apologétique. Parce qu'elle participe du déclin des systèmes monolithiques, la déchristianisation permet d'étudier, en dehors des périls et de l'outrance polémique, des réactions sociales et individuelles longtemps oblitérées par l'empire de séduction et de crainte que Rome gouvernait au nom du Christ. L'Eglise ne cesse d'être hantée par un passé qui la conteste. Le christianisme s'hellénise au IIe siècle en reniant sa judéité pour tomber sous la condamnation du catholicisme au IVe siècle, et nourrir contre le clergé constantinien la nostalgie des origines et les insurrections millénaristes." Mais, sous le pouvoir de l'Esprit qui institue la prédominance du ciel sur la terre, s'agite aussi une indomptable volonté de vivre. Se jouant de ce que Deschner appelle " l'histoire criminelle du christianisme ", elle atteste la permanence d'un combat que ne travestissent plus aujourd'hui ni la mythologie chrétienne ni les idéologies de masse qui lui ont succédé pour un temps."

Proche du carnet de voyage, Voyage à Oarystis est la première fiction de Raoul Vaneigem. Ce récit, remarquable par l'expression passionnée de ses idées, permet de découvrir la ville utopique du philosophe à travers les yeux d'un couple amoureux appartenant au vieux monde.

" Nous étouffons sous une chape de banalités qui, ravalées de génération en génération et habillées au goût du jour, martèlent au fil des siècles le glas du dépérissement et de la vanité des destinées humaines. " Les Banalités de base ont été écrites et publiées, l'année suivante, dans l'Internationale situationniste.

" J'ai choisi dans Rabelais ce qui me paraissait de nature à nourrir une réflexion sur notre temps et sur nous-mêmes. Il ne m'a pas semblé inutile de lui emprunter un peu de sa lumière et de sa vivacité pour tenter d'avancer dans la nuit et le brouillard, où la plupart de nos contemporains errent comme des ombres en peine, rabâchant les poncifs du passé au lieu de bâtir le présent avec la ferme intention d'y vivre à loisir.Il ne faut voir ici qu'un divertissement où s'est composée, avec ou aux dépens de Rabelais, une mosaïque de reflets et d'échos. J'ai prélevé dans son œuvre ces ferments de vie qui, à l'égal de certaines semences découvertes par les archéologues, n'attendent qu'un sol fertile pour s'épanouir. Mon choix est subjectif. Il relève de mes affinités électives. Puisse-t-il inciter à d'autres lectures, à d'autres interprétations, pour autant qu'elles soient " à plus haut sens ", comme le souhaitait Rabelais. Enfin, de ce qui déplaira dans ma démarche, je ne me soucie guère, m'étant, depuis longtemps, mis en condition de n'avoir à plaire à personne. "Raoul Vaneigem

"Un nouveau style de grève, fondé sur la gratuité des transports, des communications, des soins, de l'enseignement, de l'énergie est de nature à nous doter d'une arme légale, capable de venir à bout de l'escroquerie universelle qui ravale les biens terrestres et les êtres humains à l'état de marchandises." R.V.

“Pessimistes, qu’aviez-vous donc espéré ?” écrivait Scutenaire. Je ne suis ni pessimiste ni optimiste. Je tente de rester fidèle à un principe : désirer tout, n’attendre rien. »

Dans cet entretien Raoul Vaneigem, fidèle à ses principes de générosité et de créativité, nous invite à voir dans la période actuelle de mutation les signes avant-coureurs de l’émergence possible d’une nouvelle civilisation. Il montre comment inventer une nouvelle société humaine qui ne repose plus sur l’exploitation de l’homme et de la nature, mais qui soit fondée sur une alliance des forces de la vie et de la nature.

Il n'est rien de plus exaltant qu'une intelligence en mouvement obligeant le lecteur à incendier ses certitudes et autres préjugés. Certes, une fois encore, Raoul Vaneigem célèbre la vie, non celle qui nous est faite, mais celle qui serait si les hommes s'appartenaient enfin. Loin des diaristes ordinaires qui ne voient pas plus loin que leurs petites misères existentielles, Raoul Vaneigem nous entraîne à travers ce Journal imaginaire dans le tourbillon de ses idées. Nombre de ses phrases sonnent encore comme des aphorismes cinglants. Des insolences à portée de cœur.

"Le caractère intime, spécifique, purement subjectif de l'expérience amoureuse la rend presque incommunicable. La gageure est que rien ne la destine par proposer quelque modèle, à offrir ses conseils, à fournir des recettes. Sur le mode du spectacle, elle ne sert donc à rien. Dans le même temps, l'authenticité à laquelle elle atteint aisément s'exprime selon des tonalités, des accords, des dissonances dont peut tirer usage quiconque s'attache à composer le plus harmonieusement possible les modulations de sa vie amoureuse. Le drame originel de la vie amoureuse, c'est qu'elle n'existe pas, si ce n'est en marge d'une existence dévolue à cette activité fondamentale qu'est la quête de la subsistance. Réduite à en passer par les filières bestiales de la prédation, que transcende la lutte quotidienne pour le pouvoir et le profit, elle ne nous échoit que dénaturée. Ainsi réinventer l'amour relève-t-il de la volonté subversive de dépasser la civilisation marchande en fondant sur l'être véritablement humain une civilisation vivante". R. V.

Il est aujourd'hui de bon ton de parler du retour des religions, en invoquant le renouveau de l'Islam ou en célébrant le deuxième millénaire du christianisme. Or, ce grand spectacle ne fait que meubler le vide que laisse la perte de crédit des idéologies politiques.Raoul Vaneigem restitue la logique profonde du phénomène religieux depuis ses origines : la religion institutionnelle est étroitement associée à certains systèmes de production économique, depuis l'âge néolithique jusqu'aux formes contemporaines du capitalisme. C'est dans un système où les ressources humaines et naturelles sont converties en profit, c'est-à-dire en valeur abstraite, que se développe le gigantesque système d'aliénation qui définit les religions, quels que soient leur forme et leur nom. Et c'est justement aujourd'hui, au moment où l'économie mondiale atteint son point d'expansion extrême, que la sphère religieuse se vide de sa propre substance et s'achemine vers son propre dépassement.

La question "Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ?"

mérite davantage que les roulements de tambour de l'indignation. Il y a quelque inconséquence à promouvoir l'angélisme des bonnes intentions sans prémunir contre les monstres de la violence ordinaire, qui n'en feront qu'une bouchée. Beaucoup vitupèrent la barbarie et l'absurdité

dominantes à défaut de jeter tes bases d'une société enfin affranchie des rapports marchands et du totalitarisme financier. Alors qu'une civilisation, alliant développement technologique et sous-développement humain, agonise dans la boue et le sang, de nouvelles valeurs se font jour et se substituent aux anciennes. J'ai été sensible à ce souffle nouveau qui stimule, non seulement chez mes enfants et mes petits-enfants, mais aussi chez un nombre croissant de jeunes gens – une volonté d'instaurer de véritables valeurs humaines (solidarité, créativité, générosité, savoir, réinvention de l'amour, alliance avec ta nature, attrait festif de la vie), en rupture avec les valeurs patriarcales (autorité, sacrifice, travail, culpabilité, servilité, clientélisme, contention et défoulement des émotions), essentiellement axées sur la prédation, l'argent, le pouvoir et cette séparation d'avec soi d'où procèdent la peur, la haine et le mépris de l'autre. A l'abri des médias qui font métier de l'ignorer, une société vivante se construit clandestinement sous la barbarie et les ruines du Vieux Monde. Il n'est pas inutile de montrer de quelle façon elle se manifeste et comment elle progressera.

“Grand lecteur, amoureux de la femme, attentif aux oiseaux, voyageur en chambre et en Italie, collectionneur averti, chantre de René Magritte, révolutionnaire inconditionnel, homme tranquille, Louis Scutenaire (1905-1987) est, avant tout, un immense écrivain, doublé d’un poète sans pareil, dont l’essentiel de l’œuvre a été rassemblé dans Mes inscriptions.” (Alphabet des lettres belges de langue française)

Que nous reste-t-il à espérer dans un monde aussi sombre, dévoré par le fascisme, le contrôle des corps et la marchandise?? Rien. Car tout est déjà-là : pour lutter contre la tristesse, le ressentiment et la haine qui partout gangrènent nos existences, Raoul Vaneigem lance ici un appel à la joie, à la liberté et à l'entraide. Par la poésie qui le caractérise, Raoul Vaneigem continue de tracer le sillon de sa pensée claire et sans concessions. : «Nous faudra-t-il crever de ne pas vivre pour réaliser que ceux qui gèrent nos existences la cancérisent?»

Dans plusieurs de ses interventions, Raoul Vaneigem questionne les insurrections mondiales en oeuvre depuis 2018 pour en montrer la similaire actualité: se défaire de la tyrannie du monde marchand. Dans ces textes et entretiens, dans ces analyses, inédites, au plus proche de l'actualité, l'auteur montre l'urgence qui est la notre de jeter nos forces dans ce combat pour faire éclore la poésie de la vie émancipée.Ouvrir un espace vital à celles et ceux que paralysent le désarroi et l'angoisse du futur, n'est-ce pas la pratique poétique qui fait l'insolente nouveauté de l'insurrection de la vie quotidienne ? Ne la voyons-nous pas dans la déperdition du militantisme, dans l'érosion de ce vieux réflexe militaire qui multiplie les petits chefs et leurs troupeaux apeurées ? Sous la diversité de ses prétextes, l'unique revendication qui s'exprime aujourd'hui sans réserve, c'est la vie pleine et entière.

À la déshumanisation que le capitalisme propage en désertifiant la planète, l’expérience de sociétés autogérées oppose l’émergence de terres libres, affranchies du joug de l’État et du système économique qui détermine ses décrets. Des empires aux républiques, les modes de gouvernement du passé n’ont fait que moderniser la barbarie universelle aux dépens d’un bonheur individuel et collectif auquel aspirent des millions d’êtres. La société autogérée est la seule à pouvoir restaurer le devenir humain d’hommes et de femmes qui, réduits quotidiennement à l’état de marchandise, ont dû jusqu’à ce jour se contenter d’en rêver.

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