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William Faulkner

Auteur

389 lecteurs

Activité et points forts

ajouté par annso06 2009-09-09T16:55:45+02:00

Biographie

William Faulkner (25 septembre 1897 - 6 juillet 1962) est un romancier américain.

Même s'il publia des poèmes et exerça occasionnellement comme scénariste pour le cinéma, il est surtout connu pour ses romans et ses nouvelles. Écrivain majeur du XXe siècle, il eut une grande influence sur les générations suivantes.

Situant la plupart des ses récits dans son état natif du Mississippi, il demeure l'un des écrivains du sud les plus connus, aux côtés de Mark Twain, Robert Penn Warren, Flannery O'Connor, Truman Capote, Eudora Welty, et Tennessee Williams.

Régulièrement publié depuis les années 20, Faulkner était encore peu connu avant de recevoir le Prix Nobel de littérature en 1949. Il est à présent célébré comme le plus grand écrivain américain de tous les temps[1].

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Quelques chiffres

Note moyenne : 6.8/10
Nombre d'évaluations : 103

2 Citations 53 Commentaires sur ses livres

Dernier livre
de William Faulkner

Sortie France/Français : 2017-03-16

Les derniers commentaires sur ses livres

Une rose pour Emily et autres nouvelles

Bon, ma critique va être courte car je n’ai pas aimé. Déjà le style, j’ai eu du mal avec même si on a de belles tournures de phrases, c’était long, ce qui pour des nouvelles, n’est jamais bon. Je n’ai été pris dans aucunes des nouvelles présentées dans ce recueil, même pas par la principale. Emily reste cloitrée dans ses pensées, elle m’a laissée indifférent, Minnie pareil sa tourmente ne m’a pas paru vivante et Nancy est tout aussi fade que les deux autres.

Je lui laisserais toutefois le bénéfice du doute, les nouvelles ne sont peut-être pas les meilleures œuvres de l’auteur, je lui relaisserais sa chance.

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Commentaire ajouté par marine131213 2022-06-28T15:25:49+02:00
L'Arbre aux Souhaits

Un peu déçue, pourtant on m'a beaucoup vanté les mérites de Faulkner. Peut-être que je n'aurais pas dû attaquer par ce livre. J'ai trouvé l'écriture beaucoup trop enfantine, beaucoup trop hachée et sans vraiment de fond. Bien sûr c'est un livre jeunesse, mais il y en a de très bons, bien écrits, recherchés. Ici, ce n'était pas le cas, selon moi. Le message est tout de même beau et important, même si je ne suis pas sûre que des enfants le comprennent.

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Commentaire ajouté par catf 2022-08-19T18:15:16+02:00
Tandis que j'agonise

Je vais paraître pour une idiote, mais je n'ai pas réussi à rentrer totalement dans l'histoire. Chaque mot m'a semblé difficile à lire. Comme je suis têtu, j'ai été jusqu'à la fin. Et j'ai été soulagé de l'avoir enfin fini.

C'est un livre qui n'était vraiment pas fait pour moi.

Lisez bien les extraits avant de vous lancer dans cette lecture, très loin des livres actuelles.

Bonne lecture !

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Commentaire ajouté par Sebdelatour 2022-10-10T11:01:19+02:00
Sanctuaire

S'attaquer à une critique de Faulkner, c'est forcément casse-gueule. J'ai pris le temps pour y aller, d'être mûr en quelque sorte. Et je dois dire que, même s'il faut s'accrocher dans les premières pages, cela devient une véritable et puissante expérience de lecture.

La richesse des personnages, la fatalité qui pèse sur leurs destinées, le tout agrémenté par des descriptions d'atmosphères oppressantes typiques de ce sud étouffant; tout cela a contribué à me faire apprécier viscéralement ce roman très dur.

C'est un bonheur de lire un tel écrivain. Et on est fier d'arriver au bout. Pas forcément indemne d'ailleurs...

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Commentaire ajouté par Multiac 2023-01-04T12:28:44+01:00
Le Bruit et la Fureur

Un livre étrange, j'ai eu du mal à me mettre dedans. à partir de la deuxième partie tout prend forme, même si j'avais des soupçons.

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Commentaire ajouté par Philippe-85 2023-07-01T14:32:06+02:00
Sanctuaire

Sanctuaire de William Faulkner

Me revoilà à reparler de Faulkner. Pourtant, ce n’est pas un auteur très commode. Beaucoup se lassent ou se perdent dans ses textes, avouons-le, parfois conçus pour dérouter le lecteur. Alors, pourquoi y revenir ?

C’est que les romans de Faulkner nous font pénétrer un monde à part. Un parfum de sud d’abord. Je veux dire les états du sud américain, le Mississipi. Un sud attachant, qui pleure encore d’avoir perdu la guerre de sécession, un sud qui oublie peut-être la cruauté de l’esclavage pour lui préférer une vision plus « bon enfant », comme ce juge blanc, père de l’héroïne de Sanctuaire, fumant sa pipe sur le rocking chair de sa véranda en regardant « son » noir tondre la pelouse.

Et puis c’est surtout que l’on se prend au jeu auquel nous invite l’auteur : savoir recoller les morceaux. Il se joue de nous Faulkner. Il nous met des petits signes ici où là pour qu’on ne se perde pas complètement, mais il faut avoir l’œil. Parfois, souvent, il faut relire pour être sûr d’avoir tout compris. Et encore ! Sans parler des fois où un personnage, Horace en général, ne termine pas ses phrases, nous laissant un peu le bec dans l’eau. Cela donne le sentiment d’un monde absurde et celui d’être, nous lecteurs, victime de Faulkner. Son jouet en quelque sorte.

Il y a aussi l’humour. Sanctuaire est un livre très noir mais l’auteur nous laisse reprendre notre souffle. Ainsi fait-il apparaitre des personnages secondaires ou des scènes quasi inutiles au propos principal. Les aventures des apprentis coiffeurs à Memphis, l’enterrement orgiaque de Red, les discussions entre miss Réba et ses amies. Des pages truculentes, au milieu de la tension que fait naître le récit.

Sanctuaire, est un roman noir, qui dit l’absurde et le malheur de la vie. Un roman d’ambiance. Angoisse, crainte suggérée de ce qu’il pourrait se passer. La sensation que l’on éprouve est incontournable, palpable. Ainsi dans deux scènes : au début, lorsque Horace découvre Popeye, silhouette noire, presque décharnée, énigmatique et inquiétante. Faulkner nous fait vivre dans ces premières lignes un face à face oppressant. Du très grand art. Une parole de temps en temps échangée par les deux personnages, une longue attente de deux heures au cours de laquelle rien ne se passe que quelques dialogues, ou plutôt monologues inquiets d’Horace face au silence de son vis à vis, relancés parfois par une courte question de Popeye. Une attente rythmée par le cri régulier d’un oiseau ou le passage d’une voiture qui reviennent en leitmotiv obsédant témoigner de la durée de cet affrontement quasi silencieux. A la sortie de ce face à face, Popeye et Horace se retrouvent, sans autre explication, marchant sur une piste sablonneuse jusqu’à ce qu’apparaisse, encore une menace, la masse sombre et inquiétante d’une maison trapue au-dessus de la cime noire des arbres.. (Pour ceux qui ne pratiquent pas régulièrement le Faulkner, il faudra accepter ces continuelles césures dans l’action. Deux personnages sont face à face au bord d’une source et plus tard, l’un marche derrière l’autre, sans que l’on sache s’il y a été forcé, s’il le fait de gaité de cœur, ou parce que la nuit va tomber. Ce n’est que plus tard que vous apprendrez que Popeye avait probablement proposé à Horace de le faire emmener à Jefferson, où il souhaitait se rendre.)

Autre moment d’angoisse, vous lirez aussi cette scène incroyable dans la maison où vit Popeye. Ces moments oppressants que Temple, jeune étudiante entrainée par un ami pris d’alcool, passe là-bas. On la voit errer de pièce en pièce se réfugiant tantôt là tantôt ailleurs, dans la terreur de ce qui, pour cette jeune fille, est inévitable dans une maison occupée par tant d’hommes pris d’alcool. De la cuisine à la chambre, de la chambre à la grange, elle guette les bruits dans les couloirs pour échapper à son destin, aidée en vain par Ruby. Là, ce n’est plus le chant de l’oiseau qui rythme le temps. Ce sont les déplacements des uns et des autres dans les différentes pièces, le passage d’un vieillard aveugle qui tâtonne son chemin le long des couloirs, les pleurs de ce bébé un peu attardé installé dans la cuisine, au fond d’une boite en bois qui doit le protéger des rats. Le lecteur est entretenu dans l’attente du drame, dont il n’aura finalement une idée complète que vers la fin du roman. La technique employée par Faulkner pour nous faire éprouver le stress que nous ressentons à la lecture de ces lignes tient pour beaucoup à ce qu’il se garde de décrire les pensées des uns ou des autres. Il n’énonce que des faits, rien que des faits. Des déplacements, des bruits. Il nous met en position de spectateur observateur et impuissant.

Je n’ai pas souvenir d’oppressions aussi fortes exercées par un romancier sur son lecteur. Pas de lignes plus efficaces.

Mais pour commencer, peut-être souhaiterez-vous que l’on vous aide un peu dans la découverte que vous allez faire. Je vais vous dire un mot des personnages que vous verrez apparaitre, ainsi que sur le déroulé de l’intrigue. Vous verrez, cela vous facilitera probablement la tâche.

Principaux personnages :

Horace Benbow, avocat à Kinston. Il vient de quitter sa femme, n’en pouvant notamment plus de devoir aller lui chercher des crevettes à la gare tous les vendredis et de lui ramener cette marchandise dont il déteste l’odeur. Il reste très attaché à Little Belle, la fille de sa femme. Il ne conduit pas et se déplace au gré des possibilités. Il retourne à Jefferson, sa ville d’origine, où habite encore sa sœur, Narcissa, et sa grand tante miss Jenny. Au cours de son périple, il va passer quelques heures chez Lee Goodwin, trafiquant de Whisky et devenir son défenseur dans le procès où on accuse Goodwin d’avoir tué son employé Tommy pour pouvoir tranquillement violer Temple. Il échouera totalement dans sa mission et retournera à Kinston, retrouver une vie absurde. Un néant incompréhensible.

Temple, jeune étudiante écervelée, dépassée par les évènements et épouvantée à l’idée de se faire renvoyée de son université et d’affronter alors son père, le juge Drake, de Jackson. Elle n’inspire pas vraiment l’empathie tant elle s’y prend mal, à se mettre dans des situations impossibles, partagée entre la crainte des traitements qu’on lui fait subir et la soumission feinte ou réelle à ses tortionnaires. Elle glisse progressivement vers la déchéance, l’alcool. Sous l’emprise du sexe, elle semble partagée entre l’amour et la peur de l’homme qui la prostitue pour satisfaire son goût du voyeurisme.. Malgré tout, sa fragilité nous touche. Ses réactions puériles face au danger, les efforts de son imagination d’enfant pour se protéger des hommes et finalement se perdre dans un monde qu’elle n’était pas faite pour connaître. Au cours du procès de Goodwin, elle fera un témoignage accablant qui mènera celui-ci à la mort. Témoignage faux, inspiré sans doute par son père et accepté par elle qui a perdu tout repère. Après tous les évènements qu’elle aura subis, elle se laissera vivre, sans joie, comme ballotée aux côtés de son père.

Ruby Lamar, seule femme de la maison Goodwin avant que s’y retrouve Temple, elle trime pour nourrir une bande d’alcooliques sans vergogne, trafiquants de Whisky. Elle le fait par habitude, non dénuée d’amour pour son compagnon, Lee Goodwin. Quelques années plus tôt, elle s’est prostituée pour lui payer un avocat et le tirer de prison. Elle vit à présent avec lui, un peu comme une esclave soumise, révoltée parfois. Elle traine partout avec elle un bébé chétif, comme ferait un enfant avec un doudou. Elle est malheureuse et pourtant fidèle à son homme. Elle le soutiendra lorsqu’il sera accusé à tort du meurtre de Tommy et du viol de Temple. Victime consentante, faussement indifférente et brutale, elle fait ce qu’elle peut pour tirer Temple des griffes des hommes qui l’entourent. La seule chose que demande Ruby à Horace Benbow, c’est un polissoir pour effacer sur ses mains les dégâts causés par la vaisselle. Ruby est le personnage le plus attachant du roman. Elle accompagnera son mari avec dévouement jusqu’à sa mise à mort par la populace.

Lee Goodwin, compagnon de Ruby. Même s’il a déjà un meurtre à son « actif », il serait proche d’être un bon bougre s’il n’était pas aussi imprégné d’alcool. Lui aussi fait ce qu’il peut pour protéger Temple, mais plutôt parce qu’il est quand même tenté de s’en occuper lui-même . Il essaye de maîtriser comme il peut ses acolytes, avec un succès très relatif. Cela va le mener en prison, à Jefferson, soupçonné à tort du meurtre de son acolyte Tommy et du viol de Temple. Il s’obstine à croire qu’il se sortira de ce mauvais pas, puisqu’il est innocent et que le juge n’a pas de preuve. Pour le cas où, il voudrait quand même être sûr que Ruby et son enfant auront de quoi subvenir à leurs besoins. Truand peu scrupuleux, il paiera cher pour un crime qu’il n’a pas commis.

Popeye, Il a eu une enfance catastrophique. Il n’a pas connu son père, élevé partie par sa mère (une femme que ses deux maris ont roulée) et en partie par sa grand-mère, incendiaire récidiviste. Après 5 ans en pénitencier, devenu adulte, tout le monde le craint. Il parle peu. Ses silences sont angoissants. Il a toujours un pistolet avec lui. Beau gosse, il aurait du succès auprès des femmes si sa sexualité n’était pas particulière. Il s’est emparé de Temple et la conserve sous sa coupe en la tenant enfermée dans un bordel, sous la vigilance de la patronne, miss Reba (que l’on retrouvera dans un roman plus tardif, Les larrons). Popeye, c’est le prédateur du roman. Il couvre sa proie de cadeaux en la gardant prisonnière. Il finit par la prostituer en se limitant à un rôle de voyeur, avant de tuer par jalousie Red, le complice de ses jeux sexuels avec elle. Ah, j’oubliais, dans la maison de Goodwin il a violé Temple avec un épi de maïs. Impuissance « oblige ».

Tommy (ou Tawmmy), il est l’un des ouvriers de Goodwin. Écœuré par le comportement de ses acolytes, il aura tout fait pour sortir Temple des griffes des hommes qui l’entourent. Il y laissera sa peau.

Miss Réba : personnage haut en couleur, elle mène de main de maître un bordel à Menphis dont elle vante à tous le sérieux. Elle y promène sa quasi impotence sous les yeux effarés de ses deux chiens, terrorisés par ses colères, surtout lorsqu’elle a trop bu. Elle aime bien Popeye, tout en s’en méfiant. Elle reçoit ses amies pour des après-midi semi mondaines et alocoolisés. Sa fidèle servante, Minnie la seconde servilement dans sa tâche. On retrouve ce personnage atypique mais finalement presque attachant dans d’autres romans, notamment Les larrons.

D’autres personnages apparaissent au fil du récit. Le sénateur Clarence Snopes, des apprentis coiffeurs, la grand-mère de Popeye...etc. Tous ne sont pas forcément utiles à la progression de l’intrigue, mais apportent un moment de détente et d’humour dans un roman marqué par le pessimisme et l’absurde.

**************

Bon, vous n’y voyez pas encore très clair je pense. Alors après les personnages, la trame de l’intrigue :

Horace Benbow, avocat de son état, rejoint sa sœur après avoir quitté sa femme. Il se fait transporter au fil des possibilités et se retrouve ainsi face à Popeye qui l’amène dans la maison de Goodwin, trafiquant de Whisky. Il y croise Ruby, épouse de Goodwin, qui fera appel à lui plus tard lorsque son mari sera accusé à tort du meurtre de Tommy, l’un des complices de Goodwin.

Après le départ d’Horace, c’est Temple, jeune étudiante un peu fantasque qui arrive dans la maison en compagnie de Gowan, un ami sous l’emprise de l’alcool (accessoirement ex petit ami de la sœur d’Horace). La maison est alors le théâtre de divers drames : le meurtre par Popeye de Tommy, un type plutôt bien qui s’efforçait en vain de protéger Temple (à propos du meurtre, ne vous étonnez pas si vous n’en prenez pas conscience tout de suite. Vous réaliserez plus tard, parce qu’à ce stade, on vous dit seulement que Popeye a un révolver dans la main et que Temple a entendu un claquement bref et étouffé) meurtre suivi du viol de Temple par Popeye à l’aide d’un épi de maïs, étant bien incapable de violer qui que ce soit lui-même. Cela aussi, vous ne le saurez, et encore, que bien plus tard.

Puis Popeye emmène Temple en voiture tandis que Mrs Goodwin va chez des voisins téléphoner au shérif pour l’informer du meurtre (au passage, je n’ai pour ma part pas compris pourquoi, alors que de son dialogue avec son mari il semblait résulter que Mr Goodwin irait chez les voisins, c’est finalement elle que l’on retrouve chez eux ... je m’interroge encore).

Après ces évènements, on en vient à l’arrivée d’Horace Benbow chez sa sœur, à Jefferson. Il y croise Gowan Stevens, ce même homme qui quelques jours plus tard, en état d’ébriété, emmènera Temple chez les trafiquants de Whisky. Pour ne pas vous perdre, rappelez-vous bien que d’abord Horace passe dans la maison Goodwin, puis va en camion chez sa sœur. Il y voit Gowan qui, fâché par les refus de celle-ci, va retrouver la jeune Temple. Cette scène est donc antérieure aux scènes de la maison Goodwin qui précède ce chapitre.

En prison à Jefferson se trouvent un noir, un pauvre noir qui a tranché la gorge de sa femme et attend son exécution. Il réapparaitra régulièrement au fil des lignes, marquant par ses lamentations résignées l’écoulement du temps et l’inexorabilité du malheur. Se trouve en prison aussi Goodwin, accusé du meurtre de Tommy. Il se doute bien que c’est Popeye le coupable, mais est convaincu, s’il parle, qu’il se fera descendre dans sa cellule même. Alors il se tait et pense s’en tirer, puisqu’il est innocent. Il demande seulement à Benbow, devenu son avocat, d’assurer l’avenir du petit de Ruby. Au fond, Goodwin, c’est un brave gars. Horace Benbow prend en charge Ruby, l’emmenant chez lui, puis la logeant dans un hôtel de la ville, puis chez une vielle femme noire. Ruby, au chevet de son fils malade, avoue à Horace la présence de Temple dans la maison le soir du crime, ouvrant la voie à un témoignage favorable à Goodwin et accablant pour Popeye.

Le chapitre 18 est un retour en arrière sur la fuite de Popeye après le meurtre de Tommy. Il est accompagné de Temple. Des allusions laissent penser qu’elle a été violée. Attitude ambiguë de Temple (elle en vient à se repoudrer dans la voiture Popeye). Elle est paniquée, mais obéit quasi sans révolte. Le « couple » arrive ainsi à Menphis, au bordel de Miss Reba, qui voit en Temple la petite amie de Popeye.

Vous allez maintenant découvrir Miss Reba, personnage coloré qui apparait dans plusieurs romans de Faulkner. Patronne d’un bordel, souvent prise de boisson, elle en dirige les activités de main de maître, avec une certaine tendresse pour ses « pensionnaires » et le souci de maintenir sa maison dans un statut respectable. Elle est le plus souvent accompagnée de ses deux chiens, profondément antipathiques. Sa fidèle servante Minnie la seconde. Cette partie du roman est plutôt légère, imagée. Miss Reba a du bon sens, et une certaine morale. Elle est finalement plutôt attachante. Elle apprécie Popeye, qu’elle connait de longue date. Elle accueille Temple avec douceur et bienveillance, la fait soigner. Dans ce chapitre vous serez témoin des mœurs sexuelles de Popeye.

Dans le chapitre Horace, informé par Ruby de la présence de Temple dans la maison des trafiquants de whisky le jour du meurtre, essaye d’obtenir d’elle plus d’informations. Ruby nous décrit ainsi une partie de la soirée là-bas. (C’est dans ce chapitre que l’on comprend aussi ce que Gowan, petit ami de Narcissa, la sœur d’Horace, faisait avec Temple quelques temps plus tard. Narcissa ne voulant pas l’épouser, il était parti au collège pour y retrouver une autre fille, Temple.)

Puis Horace prend le train pour retrouver Temple dans son collège, dans la ville d’Oxford. Il veut recueillir son témoignage sur les évènements intervenus dans la maison Goodwin le soir du meurtre. En vain. Après un épisode divertissant où il croise deux étudiants qui voyagent sans billet, Horace rencontre le sénateur Clarence Snopes. Snopes est un personnage secondaire peu sympathique. Il apparaitra régulièrement par la suite et permettra à Horace, moyennant finance, de retrouver la trace de Temple dans le bordel de miss Reba à Menphis.

Le chapitre 20 vous ramène à Jefferson, où loge à présent Horace. C’est dans cette ville que se trouve la prison où est détenu Goodwin. Ruby, chassée par des grenouilles de bénitier de l’hôtel où Horace la logeait, a fini par se réfugier dans la cellule de son mari. Dispute avec Narcissa, sa sœur qui soupçonne Horace de la déshonorer en ayant des relations avec Ruby. Elle manigance quelque chose et se renseigne sur l’avocat de la partie adverse. Pourquoi, vous ne saurez pas trop, mais en tous cas pas pour aider son frère à défendre Goodwin.

Au chapitre suivant, deux apprentis coiffeurs, Virgil, un garçon de la famille du sénateur Snopes, et un certain Fonzo arrivent à Menphis par le train. Personnages secondaires, ils vont nous détendre avec leur naïveté puérile et leurs aventures dans la recherche d’un hôtel, puisqu’ils aboutissent sans s’en rendre compte dans le bordel de Miss Réba où ils se livrent à diverses exégèses sur la présence de nombreuses jeunes femmes. Dialogues délicieux. C’est probablement (enfin peut-être...) grâce à ce hasard que constitue la présence de Virgil Snopes dans ce bordel de Menphis que le sénateur Snopes découvrira la présence de Temple chez Miss Réba.

Chapitre 22 : Horace trouve pour Ruby un nouveau logement dans une maison un peu délabrée. Snopes indique à Horace le lieu où il pourra retrouver Temple. Au chapitre suivant Horace va donc chez Miss Reba pour interroger Temple. Elle raconte sa nuit chez Goodwin avec une sorte d’orgueil, vanité dépersonnalisée et naïve. La pauvre fille est complètement déboussolée. Elle dit comment, dans la chambre chez Goodwin, elle se rêvait en garçon pour éviter d’être violée. Elle a même, dans son désarroi, provoqué Popeye pour qu’il en finisse avec elle, qu’elle puisse enfin dormir et oublier ce qu’elle vit. On apprend par miss Réba que viennent au bordel, dans la chambre de Temple, Popeye et un autre homme. Il va s’agir de Red, que l’on retrouvera plus loin. Très marqué par le récit, Horace rentre à Jefferson, envahi par des cauchemars.

Chapitre 24 Temple se révolte et jette ses affaires offertes par Popeye, très généreux avec elle (enfin, si l’on peut dire...). Elle se saoule, en état d’agitation permanente. Elle s’échappe de la maison pour téléphoner à Red et lui donner rendez-vous (enfin cela vous ne le comprendrez que plus tard). Elle part dans la voiture de Popeye et le nargue en lui reprochant de ne pas être un homme. Les dialogues de ce chapitre me laissent perplexe : tour à tour Popeye et Temple se disent l’un l’autre qu’il (ou qu’elle) lui a laissé sa chance. Sans doute un effort de Faulkner pour nous perdre un peu plus. Plus tard, on comprendra de quoi ils parlaient tous les deux (en fait l’assassinat de Red) mais on ne saura toujours qui veut quoi. Dans le dancing où se rendent Popeye et Temple, se trouve donc Red ainsi que des complices de Popeye sans doute convoqués dans la perspective du meurtre de Red.

Le désir érotique de Temple pour Red est tel qu’elle craint et souhaite en même temps sa mort. La difficulté que nous ressentons à comprendre absolument tout traduit en fait le foisonnement des sentiments éprouvés par Temple. Elle est sexuellement accrochée à Red mais lui demande pourtant de venir la retrouver alors que Popeye a menacé de le tuer si elle le revoyait. Temple est emmenée en voiture par les complices de Popeye. On comprendra qu’il est passé à l’acte en assistant, au chapitre suivant, à la cérémonie funèbre de Red.

Chapitre 25 : Cérémonie funèbre complètement délirante, alcoolisée et orgiaque, suivie d’une réunion de quelques dames chez Miss Reba pour une délicieuse conversation entre amies, elles aussi un peu alcoolisées. Faulkner vous propose un peu de détente. Profitez-en.

Au chapitre suivant (26) Narcissa, sœur d’Horace, se rend chez l’attorney qui doit intervenir dans le procès de Goodwin. Il a besoin, pour se faire élire sénateur, d’obtenir un maximum de condamnations. Le chapitre se termine par une tirade du sénateur Snopes contre les avocats juifs... Je suis encore une fois resté perplexe.

Chapitre 27 : on apprend que Temple s’est enfui de Menphis avec Popeye.

C’est alors le début du procès et l’interrogatoire de Ruby. Horace la retrouve à la prison, dans la cellule de Goodwin. Celui-ci craint d’être tué par Popeye, nécessairement inquiet de ce que révèlera le procès. Ruby pensait devoir coucher avec Horace, en guise du paiement de ses honoraires, comme elle a déjà dû le faire lorsque son mari s’est retrouvé en prison après le meurtre d’un soldat pour une histoire de femme noire.

Retour le lendemain au tribunal où se retrouve l’avocat juif de Menphis dont parlait Snopes au chapitre 26. Parmi les pièces à conviction, se trouve désormais un épi maïs ensanglanté. L’interrogatoire de Temple est accablant pour Goodwin, à la fois pour le meurtre de Tommy et pour le viol avec l’épi de maïs, que Temple dit reconnaitre (sans accuser formellement Goodwin). Ce témoignage est donc complètement faux. Il traduit sans doute la pression exercée par le père de Temple, et le désarroi dans lequel elle est dorénavant plongée. Temple et son père sortent dignement et en silence du tribunal.

Chapitre 29 : Le verdict est tombé après huit minutes de délibérations. Horace est effondré. Le soir, il gagne à pied la prison d’où on comprendra que Goodwin a été extrait pour être brûlé vif par la foule.

Chapitre 30 : Horace rentre chez lui. On va toucher le fond de l’absurdité. Sa femme qui ne cesse de lui demander de fermer la porte à clé, lui qui appelle au téléphone sa belle-fille pour ne rien lui dire et avoir avec elle des échanges absurdes faits de phrases inutiles et non achevées. Pourquoi est-il là, pourquoi est-il rentré ? Que va être sa vie ?

Chapitre suivant : la fin tout aussi absurde de Popeye, condamné à mort qui ne se défend pas (parce qu’il était innocent comme Goodman l’était). Il est jugé coupable du meurtre d’un policier, pourtant tué le jour où en fait il assassinait Red.

Vous en saurez plus sur la vie de Popeye, enchainement de malheurs et de médiocrité. Son père était briseur de grève. Il a épousé et mis enceinte sa mère, un peu par hasard. Au fond, il passait par là. Puis il est vite parti. Popeye a été élevé par sa mère et surtout sa grand-mère, une folle qui mettait le feu à tout. Popeye est un enfant malingre. Le second mari de sa mère lui a volé ses économies. C’est là grand-mère qui s’occupe de l’enfant pendant que la mère travaille. Elle a un grand talent de pyromane. Pour protéger son enfant, la mère cesse de travailler. La grand-mère abandonne l’enfant dans une voiture, puis met le feu à son logement. Popeye est sauvé de justesse. La dame qui a retrouvé Popeye dans sa voiture prend un peu soin de lui et de sa mère. Popeye s’enfuit après avoir égorgé deux oiseaux et un chat. Cela lui permettra de passer cinq ans en maison de correction.

Retour au présent avec l’arrestation Popeye pour ce meurtre d’un policier, meurtre qu’il n’a pas commis. Il s’ennuie au procès et refuse de faire appel (puisqu’il n’a tué personne dit-il). Popeye est pendu, comme il se doit. Il aurait bien voulu avant remettre un peu d’ordre dans sa coiffure. Décidemment, ce monde est bien absurde. C’est la mal qui y règne en maître.

Temple et son père se promènent au jardin du Luxembourg. (En 1925 Faulkner vivait à Paris). Le regard de Temple se perd dans cette saison de pluie et de mort.

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Commentaire ajouté par Philippe-85 2023-07-01T14:34:47+02:00
Les larrons

Âmes sensibles prenez garde ! Je vais me permettre de taquiner un peu un des maîtres de la littérature moderne. Cela ne se fait pas, mais après tout, on parle quand même d’une simple histoire de larrons.

Sur la suggestion d’un camarade peut –être mal intentionné (je m’interroge encore...) j’ai lu le roman de William Faulkner intitulé « Les larrons ».

Faulkner, c’est compliqué. Je le sais et pour avoir lu quelques autres livres de sa plume, je le savais avant de commencer. Je vais, pour vous donner une petite idée, tenter de résumer le livre. Enfin, un bout du livre, parce que résumer tout serait hors de ma portée. Et ce faisant, vous n’aurez qu’une pâle vision de l’histoire qu’il raconte. Allons-y :

Un grand père raconte à son petit-fils une aventure qu’il vécut lorsque lui-même avait onze, alors qu’il était sous la coupe de son propre grand père. (Jusque-là ça va non ?). Ce grand-père (le grand-père du grand-père qui raconte) avait une voiture. Non pas qu’il en eut voulu une, mais il refusait tout simplement d’obéir à une loi indigne adopté par le maire de sa ville, un banquier concurrent de sa propre banque, interdisant la circulation des voitures dans le bourg. Il faut savoir que dans ce bourg, des voitures il n’y en avait pourtant quasiment pas. Une voiture de passage un jour, puis un véhicule bricolé par un gars du coin qui avait un peu semé la panique en ville, puis après l’arrêté pris par le maire, celle du grand-père pour narguer le maire. (Bon, là, rien que de très normal. C’est après que cela se gâte).

Parti à un enterrement, le grand-père (pas celui qui raconte, l’autre) laisse derrière lui sa voiture, son petit-fils Lucius (qui est en fait le grand père qui raconte... Vous me suivez toujours ?) et son cocher, Boon, un métis indien jouant un peu le rôle de grand frère. Sachez au passage que Boon vient de tirer sur quelqu’un parce qu’il se sentait insulté, mais ce n’est qu’un détail. D’ailleurs, il vise si mal que l’agression fut sans conséquence notable. Donc le grand père de onze ans s’en va en voiture avec Boon et le reste de la famille passer le temps de l’enterrement chez un cousin. Bon, mais la voiture, c’est l’obsession de Boon. Il ne rêve que d’elle. Alors il va entraîner Lucius sur la voie de ce que Faulkner appelle « la Non Vertu ». La Non Vertu, et le combat avec son pendant la Vertu, est l’un des ressorts de ce livre, qui s’apparente à un roman d’apprentissage.

Débutent alors des aventures relativement incompréhensibles. Dans la voiture se trouve un passager clandestin, Ned, un jeune noir plutôt débrouille mais aux raisonnements un peu aléatoires. C’est dans son esprit tortueux que va naître l’idée assez farfelue d’échanger la voiture « empruntée » au grand père, accessoirement son patron, contre un cheval. Un cheval qu’il sait pourtant avoir été volé. Tout à la fin du livre, Faulkner s’efforcera de vous expliquer comment Ned a pu – ou dû- avoir une idée aussi bancale. D’autant plus que le cheval est célèbre pour n’avoir jamais gagné la moindre course. Je vous passe l’embourbement de la voiture dans les ornières, les visites au lupanar de Menphis (cela fera partie de l’apprentissage du petit Lucius), la dent en or de Minnie, volée elle aussi mais par un autre noir âpre au gain, pour en arriver à l’organisation de la course, seul moyen permettant de récupérer la voiture, pour peu que cette course soit gagnée par le cheval qui perd toujours. Négligeons pour simplifier le fait que la course soit parfois troublée par les entreprises d’un shérif plutôt véreux jaloux de Boon et amoureux d’une prostituée, Corrie, à laquelle le petit Lucius fait les yeux doux et qu’il s’acharne à faire revenir sur le chemin de la Vertu. (Bon, tout va bien ?). Avant de poursuivre, je dois vous dire que Faulkner adore jouer avec les noms. Dans « Le bruit et la fureur », c’était terriblement déconcertant. Ici, rien de dramatique. Il faut simplement accepter l’idée que parfois les gens portent le nom du patelin où ils habitent et que le cheval change régulièrement de nom, pour une raison qui m’échappe encore. Le plus souvent, il est Lightning, mais parfois Coppermine ou encore un autre nom je crois, mais désolé, je l’ai perdu dans la bagarre. Au fait, vous ai-je dit que Lightning avait selon Ned le caractère d’un mulet qu’il avait bien connu ? Car Ned sait quoi faire avec un mulet. Donc avec Lightning. Pas question d’imposer sa volonté à un mulet, même si c’est un cheval si je puis dire. Il est trop intelligent pour cela. Par exemple, ce cheval accepte de faire une course, mais surtout pas de la gagner. Ce qui l’amuse, le cheval, c’est de rester à côté du cheval adverse, légèrement en retrait. Alors évidemment, comment voulez-vous qu’il gagne ! Enfin sauf s’il a Ned dans sa ligne de mire dans la dernière longueur (j’insiste, seulement dans la dernière longueur sinon il le verrait trop tôt et quitterait la piste pour le rejoindre). Pour être franc, c’est un cheval qui fonctionne à la sardine. C’est rare me direz-vous, mais enfin celui-là oui. A la fin du livre, tout s’arrange : Minnie retrouve sa dent en or, Lightning perd une ultime course par défaut de sardine mais Ned avait tout prévu. Et puis la voiture rentre au garage. Corrie, la prostituée, entrera dans le monde de la Vertu aux côté de Ned, devenu son mari. Et le grand-père du grand- père préfèrera laisser de côté la correction pourtant bien mérité par Lucius pour l’amener plutôt à assumer ses actes, à vivre avec ses responsabilités. Les vertus de l’apprentissage plutôt que celles du fouet.

En gros c’est fini, vous pouvez reprendre votre souffle.

Je dis en gros car j’ai négligé de vous conter quelques péripéties, et surtout je ne vous ai pas dit où était l’essentiel de ce livre de lecture difficile je reconnais, avec parfois des dialogues peu clairs (en tous cas pour moi modeste mortel).

D’abord, il y a beaucoup d’humour. Il y en a partout. Je vous raconte à titre d’illustration le genre d’humour :

Un rusé du coin attend avec des mulets que les voitures de passage s’embourbent dans une mare. La boue, il connait bien, il la « cultive » en labourant la mare... Et la récolte a été bonne ! Il facture un dollar le service des mulets pour dégager les voitures. Ah non, deux, parce que tout augmente. Le conducteur de la voiture, Boon, discute les prix. L’année dernière, il avait payé deux dollars.

- Ah oui, lui dit le muletier, vous étiez deux. Aujourd’hui, vous voilà trois. Trois fois un qui double, cela fait 6 dollars. Pas vrai ?

Boon discute...

- Et peut être bien que mes prix à moi sont restés les mêmes. Et si je les payais pas ces 6 dollars ? Et si je vous payais rien du tout ?

- Vous êtes libres de faire ça aussi. Ces mulets ont eu une dure journée, mais j’crois ben qu’ils ont assez de force pour ramener vot’engin d’là doù ils l’ont sorti.

Boon, montrant l’enfant qui l’accompagne, dit :

- Mais bon Dieu ce p’tit gars, c’est encore qu’un enfant. Sûrement que pour un enfant vous...

- Ce sera moins dur pour lui de rentrer à Jefferson à pied, mais ce sera pas plus court.

Alors Boon, désignant son compagnon noir recouvert de boue :

- Bon, mais l’autre, regardez le donc. Quand il sera débarbouillé, il sera même pas blanc

Le muletier laisse ses regards se perdre dans le lointain puis tourne les yeux vers Boon :

- Mon gars, ces deux mulets, ils distinguent pas les couleurs.

Pas des histoires drôles à se taper sur la cuisse bien sûr. Non, des petites blagounettes, des situations cocasses, des personnages invraisemblables, le regard étonné de Lucius sur les choses qu’il entrevoit de la vie et de la Non Vertu, le combat perdu d’avance qu’il mène pour retrouver cette Vertu, les envolées de Faulkner qui, partant d’un petit détail, arrive à invoquer la constitution ou je ne sais quelle grande idée. Tiens, un petit extrait significatif du ton et des envolées :

Il n’y a pas de crime qu’un enfant de onze ans n’ait envisagé depuis longtemps. Sa seule innocence réside dans le fait qu’il n’est pas encore assez âgé pour en désirer les fruits, ce qui n’est pas une question d’innocence mais d’appétit ; son ignorance tient simplement à ce qu’il ne sait pas comment s’y prendre, ce qui n’est pas une question d’ignorance mais de taille.

Il y a aussi le Sud de Faulkner. Ce parfum nostalgique qu’il vous fait sentir au fil des pages, de cette époque à jamais révolue, pas si loin pourtant, de la défaite des sudistes puisque le grand-père parle de son propre grand-père... Un sud où les noirs avaient malgré tout leur place au sein de la famille d’une certaine façon, où les patrons blancs se sentaient responsables de ces âmes et à leur façon les protégeaient, un sud où on croisait de vieux sages de couleur imprégnés d’une affection rigoureuse pour les jeunes dont ils avaient la responsabilité, fussent-ils blanc. Un monde presque parfait même si terriblement paternaliste. On sent bien que pour Faulkner, c’était bien mieux avant que le Nord vienne fourrer son nez dans les affaires du sud.

Et puis ce combat Vertu Non-Vertu, reflet sans doute du combat perdu Sud contre Nord, reflet peut être aussi du combat interne chez Faulkner du bien puritain et du mal moderne, né de la déliquescence d’une société fondée sur l’esclavagisme.

Finalement, l’ami qui m’a conseillé ce livre n’était peut-être pas aussi malveillant que je le soupçonnais. Ces larrons sont attachants. Ils font des magouilles invraisemblables, mais on finit par bien les aimer.

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Commentaire ajouté par NolletAlicia 2023-07-06T08:39:10+02:00
Le Bruit et la Fureur

Le style en est révolutionnaire. On alterne au cours des quatre parties de ce roman le point de vue de trois des protagonistes pour finir par un récit classique avec narrateur omniscient et extérieur, qui éclaire les bribes d"histoire que l'on avait pu saisir auparavant. La première partie est la plus déroutante (aussi ne soyez pas découragés, c'est aussi celle qui parait la plus belle lorsqu'on referme le livre !) puisque c'est l'idiot de la famille qui narre les évènements, dans un ordre non chronologiques, chaque évènement en rapellant pour lui un autre, on suit les méandres de sa pensée. Les deux parties suivantes sont plus classiques bien que l'on découvre la aussi les états d'âmes des deux frères de la famille dont il est question.

Car oui, encore une fois Faulkner raconte une fratrie dans l'entre deux guerre, une famille noble un jour mais aujourd'hui décadente et obligé de vendre ses derniers biens pour entretenir ses "serviteurs" noirs et les études des enfants. On y voit le désespoir, l'amertume se répandre dans la chaleur du Mississipi, et gagner tous les membres de la glorieuse famille Compson.

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Commentaire ajouté par Dorothy75 2024-01-04T09:28:20+01:00
Le Bruit et la Fureur

L'écriture de Faulkner est tout autant lyrique et puissante que difficile et hermétique : le record est une phrase de deux pages sans ponctuation ! C'est pourquoi plonger dans cet imaginaire dépressif nécessite de la part du lecteur un effort considérable.

Au bout de quelques pages, vous serez aussi déboussolé que les personnages. Dans cet océan de mots agité par une forte houle, la lecture de la préface de l'édition Folio pourra vous aider. Vous donnera-t-elle envie de poursuivre ? « Le bruit et la fureur » est sans doute un grand roman de la littérature américaine. Faulkner en balance beaucoup sur la société blanche du sud.Tout cela est peu accessible et ne m'a apporté aucun plaisir.

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Commentaire ajouté par Plassans 2024-03-02T07:18:43+01:00
Le Bruit et la Fureur

Le style en est révolutionnaire. On alterne au cours des quatre parties de ce roman le point de vue de trois des protagonistes pour finir par un récit classique avec narrateur omniscient et extérieur, qui éclaire les bribes d"histoire que l'on avait pu saisir auparavant. La première partie est la plus déroutante (aussi ne soyez pas découragés, c'est aussi celle qui parait la plus belle lorsqu'on referme le livre !) puisque c'est l'idiot de la famille qui narre les évènements, dans un ordre non chronologiques, chaque évènement en rapellant pour lui un autre, on suit les méandres de sa pensée. Les deux parties suivantes sont plus classiques bien que l'on découvre la aussi les états d'âmes des deux frères de la famille dont il est question. Faulkner raconte une fratrie dans l'entre deux guerre, une famille noble un jour mais aujourd'hui décadente et obligé de vendre ses derniers biens pour entretenir ses "serviteurs" noirs et les études des enfants. On y voit le désespoir, l'amertume se répandre dans la chaleur du Mississipi, et gagner tous les membres de la glorieuse famille Compson.

Un chef d'oeuvre comparable à l'Ulysse de Joyce, qui fit de Faulkner l'un des plus grand écrivains de son siècle.

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On parle de William Faulkner ici :

Une rose à 10
2015-03-18T13:33:36+01:00

Dédicaces de William Faulkner
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