Tous les livres de Yvonne Verdier
Un même fil parcourt, à Minot, la tresse que forment les propos, les gestes et les fonctions des femmes.
Il est fait des particularités de leur corps. Façons de dire et façons de faire se relaient et s'éclairent mutuellement pour dessiner une sphère de représentations et d'actions qui appartient en propre au monde féminin. Au cœur de ces représentations apparaît avant tout le rapport privilégié des femmes avec le temps, chacune en prend la mesure par la périodicité de son corps, alternance qui la relie aux grands rythmes cosmiques.
Les femmes et la lune battent la mesure du calendrier. Trois femmes : la couturière, la cuisinière, la femme-qui-aide. Trois fonctions : faire les jeunes filles et la mariée, faire les noces, faire les bébés et les morts. Trois techniques : coudre, cuisiner et laver. Trois moments de la vie : l'âge nubile, l'âge de la fécondité, l'âge de la ménopause. Jeux d'échos dont l'auteur a perçu la cohérence et qui, répercutant ce que l'on a coutume d'appeler propos de bonnes femmes, livrent une façon de penser.
Ethnologue et sociologue française, Yvonne Verdier publie en 1979 Façons de dire, façons de faire, reconnu aussitôt comme une grand livre d’ethnographie villageoise, monographie de Minot, un village de Bourgogne où elle recueille la "parole vive des bonnes femmes". Elle donne ensuite quelques articles sur le conte populaire en général et en particulier sur le Petit Chaperon rouge, en s’efforçant de penser ensemble littérature orale et institutions et de décrypter toutes les "façons de faire, façons de dire" qui en éclairent jusqu’au plus énigmatique détail. Elle disparaît à la fin de l’été 1989 en laissant un manuscrit inachevé consacré à Thomas Hardy.
Yvonne Verdier observe dans les différentes versions traditionnelles du Petit Chaperon rouge le destin féminin, la puberté, la maternité et la ménopause. Nous reproduisons ici l’intégralité du texte "Grands-mères, si vous saviez… : Le Petit Chaperon rouge dans la tradition orale" publié dans Les Cahiers de la Littérature orale, IV (1978) avec l’aimable autorisation de l’éditeur.