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- Si c'est ça, allez acheter un billet de train. Nous allons à...
Il tira de sa poche un papier plié en deux, avec un grand sourire. Mon menton tomba quand je vis ce qu'il brandissait.
- Au nom de la reine, comment-avez vous su où nous allions ?
Il lissa le ticket et le remis soigneusement en place, ravi.
- C'est une question à deux sous, Wadsworth. Vous portez des bottes montantes en cuir.
- Ma foi quelle évidence ! raillai-je en roulant des yeux. Si je ne vous assassine pas dès cette après midi, j'y verrai un ordre de Dieu et je retournerai à la messe tous les dimanches, assurai-je la main sur le cœur.
- Je savais que je vous amènerais à l'église, tôt ou tard, commenta-t-il en frottant le devant de sa veste. Ce qui m'impressionne, c'est la rapidité avec laquelle vous m'avez cédé. Mais bon, je suis irrésistible, il faut le dire.
Afficher en entierNo man has invented a corset for our brains. Let them think they rule the world. It's a queen who sits on that throne. Never forget that.
Afficher en entierMon père était fier de moi, il me donnait la liberté dont j’avais tant besoin. Cette fois, quand mes larmes montèrent, ce fut pour une tout autre raison.
— C’est vrai ? Ou est-ce que je rêve ?
Je devais ressembler à un poisson qui sort de l’eau. Je fermai la bouche et examinai Papa. Le fait qu’il ait admis cette idée était proprement miraculeux. Ou bien délirait-il ? Je l’étudiai, cherchant à savoir s’il avait pris des stimulants.
Mon expression le fit rire tout bas.
— Thomas m’a promis de veiller sur toi pendant votre séjour là-bas. Pour ce que j’en sais, c’est un gentleman digne de confiance.
— Thomas va… Il part aussi ?
Papa hocha la tête.
— L’idée est de lui.
— Ah ?
Mes sourcils ne faisaient plus qu’un. Je n’y croyais pas. Thomas avait séduit mon père, comme promis. Décidément, plus rien ne tournait rond. Je serrai mon père dans mes bras, pas encore convaincue.
— C’est… c’est merveilleux, tout ça, mais… Pourquoi ?
Papa me garda contre lui.
— J’ai tenté de te protéger, à ma façon, contre la cruauté du monde et la maladie. Mais les hommes ne sont pas faits pour vivre en cage, pas plus que les jeunes filles. Quand un mal se propage, il se faufile partout. Je compte sur toi pour changer cela. Pour y parvenir, tu dois parcourir le monde, ma douce. Promets-moi une chose, tout de même.
— Tout ce que tu voudras, Papa.
— Alimente et entretiens ton insatiable curiosité.
Afficher en entierJe m’écartai suffisamment pour le regarder dans les yeux. Ce que je vis me coupa le souffle et me dopa l’esprit : de la fierté.
Afficher en entier— Vous voulez dire : combien de baisers j’ai accepté malgré moi. Mais bon, vos désirs sont des ordres.
Il s’approcha de l’escalier mais je l’arrêtai, le doigt tendu vers mon oncle, à l’autre bout de la pièce.
— Si vous n’allez pas l’aider, il se mettra à jeter des choses importantes.
— Convenez-en : vous redoutez surtout que votre père succombe à mon charme et que nous soyons fiancés dès ce soir.
Il était si près de moi que ses lèvres frôlèrent mon oreille d’une manière très déplacée. Mon oncle toussota.
— Ma foi, l’idée de vivre de nouvelles aventures avec vous me séduit, mademoiselle Wadsworth.
Je secouai la tête. Évidemment, il allait me parler convenablement, maintenant. Quel démon. Il déposa un chaste baiser sur ma main, puis bondit vers mon oncle.
Afficher en entierJ’allais jeter le tablier dans le panier à linge quand Thomas le prit doucement, ses doigts frôlant les miens. Je levai la tête ; il me fixait jusqu’au fond des yeux. Malgré mes plaies encore à vif, mon cœur battait plus vite quand ses mains se posaient sur moi.
— Ça va s’arranger, dit-il doucement en souriant. Je pourrais peut-être aller trouver votre père. Je ne serais pas étonné qu’il m’apprécie. Je suis du genre irrésistible.
Je pouffai en repliant le bras.
— J’aimerais bien vous voir avec lui à l’heure du thé ! Vous pourriez lui avouer combien de baisers vous m’avez volés.
Afficher en entierThomas sentit ma souffrance et me tendit la main. Il m’offrait sa force, que j’acceptai avec joie.
Afficher en entierThomas. Je compris, en sursautant, à quel point je l’aimais. J’avais besoin d’être avec lui. Il était la seule goutte de vérité qui me restait.
Afficher en entierJ’étais horrifiée au point d’en devenir immobile. Le temps s’était arrêté. La vie n’existait plus hors de cet enfer.
Afficher en entierUne main plaquée sur la bouche, je me forçai à rester calme, sans vomir ni crier. Des tubes pleins de liquide sortaient de l’organe et traversaient la table, vers un objet situé un peu trop loin pour être bien visible. Le liquide traversait le cœur grâce à un dispositif de transfusion : noir comme du goudron, il sentait le soufre.
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