Extraits

Elle songea alors au livre perdu dans sa fuite. Il lui manquait. Comme un membre de sa famille.

Ce n'est rien qu'un livre !

C'était tout un livre.

« Quel genre d’adolescent songe à la fin du monde comme à un soulagement ? »

« Ambre préférait la compagnie des livres à celle des humains, souvent décevants. »

Dans cet instant cruel, Ambre se jura que si elle avait un jour la possibilité d'avoir une seconde chance, elle ne serait que lumière. Positive. Retrouver ces valeurs que l'enfant en elle avait portées.

Celui qui lit est universel. Il n'est plus homme ou femme, il est l'humanité toute entière traversée par le même courant : celui de la littérature.

« Le week-end avait très mal commencé.

Gouttière était dans une mauvaise phase au bowling, cela se produisait par une humeur abominable, une irascibilité insupportable pour quiconque restait dans la même pièce plus d’un quart d’heure.

La mère d’ambre travaillait comme serveuse le samedi au loup solitaire, un bar restaurant à la sortie nord de la ville, un lieu pas toujours très recommandable, et ambre se retrouvait souvent en tête-à-tête avec le champion. Son regard sur elle changeait et ambre n’aimait pas cela. Elle percevait le combat permanent en lui et devinait qu’il luttait pour ne pas faire d’elle le punching ball qui est recherchait pour se défouler en l’absence de sa mère. C’était physique. Il serrait les points dès que ambre s’est servait dans le frigidaire, se mordais les lèvres lorsqu’elle passait devant lui, la fusillait de ses boules noires dès qu’elle lui adressait la parole tendit qu’il écoutait son petit poste radio en éclusant ses bières.»

Ambre mit plusieurs minutes à reprendre pleinement conscience. Le froid pénétrait par toutes les ouvertures, lui fouettant les joues.

Elle ne sentit aucune douleur profonde et estima qu'elle n'avait rien de cassé. Mais elle n'osait pas ouvrir les yeux pour autant.

Elle craignait ce qu'elle allait découvrir.

Au fond d'elle, il n'y avait déjà plus aucun doute, ni Gouttière ni sa mère ne seraient encore présents avec elle dans la voiture.

Elle pouvait deviner les flashs toujours aussi nombreux à travers ses paupières.

Le monde changeait.

Une tempête sans précédent.

Vient-elle de moi?

Était-elle seulement vraie? N'y avait-il pas, à l'instant présent, une autre Ambre assise à l'arrière d'un pick-up, couverte de larmes silencieuses, qui retournait à une vie misérable avec son beau-père et sa mère, refusant la réalité?

Si c'est là mon imagination, alors je vais y rester. Pour toujours.

C'était son choix.

Il y avait du bruit autour d'elle. Était-ce le vent ou le moteur qui bourdonnait? Des rafales sifflantes ou les murmures d'une conversation d'adultes?

Ambre inspira profondément. Elle était prête.

Elle ouvrit les yeux.

- Justement non, à chaque livre lu c'est une vie de plus que j'ai vécue en quelques heures. À la fin, toi tu n'auras que ta misérable existence pour tout souvenir, alors que moi j'aurai une bibliothèque entière de souvenirs en plus.

Ambre voulait vivre.

Juste vivre mieux.

C'est le chagrin et le désespoir qui aveuglent au point de ne plus discerner le bien et le mal.

Mais tout autour d'elle lui commandait de grandir, de se préparer à devenir autre chose, d'envisager de prendre ses responsabilités. Son corps, véritable traître, avait imposé l'heure du changement.