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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-27T01:35:51+01:00

Je m’arrête un instant, la pluie pénètre à l’intérieur de ma tête, une myriade de minuscules aiguilles d’eau glacée. Je me retourne. Ma mère n’est plus derrière moi, elle ne m’a pas suivie. Je croyais qu’elle s’obstinerait, mais non. La rue est vide. Est-ce que je suis déjà arrivée au bout de la rue ? Est-ce que j’ai fait demi-tour ? Je ne suis pas sûre. Est-ce que je me dirige vers une destination ou est-ce que je la quitte ? Et laquelle ? De chaque côté de la rue, les maisons sont identiques. Je reste immobile, raide. J’ai quitté la maison il y a moins de deux minutes et voilà que je ne sais plus où elle est. Une voiture me dépasse, qui m’éclabousse les jambes d’eau glaciale. Je n’ai pas pris mon téléphone, de toute façon, je ne me rappelle pas toujours comment on s’en sert. J’ai oublié les chiffres. J’ai oublié lesquels représentent quoi, et dans quel ordre ils viennent. Mais je suis encore capable de marcher, alors je marche dans la même direction que la voiture qui m’a aspergée. C’est peut-être un signe. Je reconnaîtrai ma maison en la voyant, car les rideaux sont en soie rouge vif et, quand la lumière les traverse, ça les rend flamboyants. Souviens-toi bien de ça : il y a des rideaux d’un rouge flamboyant sur l’avant de ma maison, et un de mes voisins a même dit que ça faisait « cool ». Je me rappellerai les rideaux rouge flamboyant. Je serai bientôt à la maison. Tout ira bien.

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Extrait ajouté par Laurinoushka 2015-07-23T11:02:48+02:00

Être mère, ça implique de protéger ses enfants de tout ce qui pourrait leur causer du mal, mais ça veut aussi dire leur faire confiance pour emprunter les meilleures routes, ou en tout cas pour faire de leur mieux. Et se souvenir que même lorsqu’on n’est pas là pour leur tenir la main, ils sont capables d’y arriver.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-27T01:37:14+01:00

De petits fragments me reviennent, des morceaux qui surgissent contenant des informations que je me dois de débrouiller pour décoder le message. Le monde qui m’entoure est un puzzle.

Je ne réagis pas au traitement, ça au moins, je le sais. C’était prévisible, les chances pour que les médicaments fonctionnent étaient aussi élevées que lorsqu’on lance une pièce en criant « face ! ». Pourtant tout le monde espérait que, pour moi, le traitement ferait la différence. Parce que je suis très jeune, que j’ai deux filles, dont l’une n’a pas encore trois ans et l’autre va devoir ramasser les morceaux. Ils espéraient que ça marcherait, en tout cas que ça marcherait pour moi mieux que pour les autres. Même le docteur au nom si long et si difficile l’espérait. Du coup, moi aussi je me suis mise à croire à ce miracle qui changerait tout. Ça me semblait juste que le destin ou Dieu m’accorde une petite faveur à cause de mes circonstances atténuantes. Mais ni le destin ni Dieu n’en ont tenu compte, et l’un ou l’autre doivent bien rire à mes dépens d’avoir fait exactement le contraire de ce qu’on attendait. À moins que tout ça n’ait rien de personnel. Peut-être que c’est simplement un accident généalogique qui remonte à des millénaires et m’a désignée comme étant celle qui devait en subir les conséquences. Mon état se détériore bien plus vite que tous ceux qui m’entourent ne le pensaient, y compris les médecins. C’est dû à ces petites embolies. Je me rappelle parfaitement le mot, alors que je n’ai pas la moindre idée du nom que l’on donne à ce truc en métal qu’on utilise pour touiller le café. Mais le mot « embolie » est plutôt joli, presque musical, poétique. De minuscules caillots de sang qui explosent dans mon cerveau. Et c’est nouveau, les experts ne s’y attendaient pas. Ça fait de moi un cas presque unique au monde, et à l’hôpital tout le monde est très excité, même si les médecins essaient de n’en rien laisser paraître. Bref, tout ce que je sais, moi, c’est que chaque fois qu’il y a une explosion, une partie de moi disparaît à jamais – un autre souvenir, un visage ou un mot, qui se perd, comme moi.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-27T01:36:08+01:00

Le rendez-vous à l’hôpital n’avait pas été une partie de plaisir. Greg avait voulu venir, mais je l’avais envoyé finir le jardin d’hiver qu’il construisait, en arguant que rien de ce que pourrait dire le médecin ne nous dispenserait du paiement des traites de la maison, ni de continuer à nourrir les enfants. Ça l’avait blessé que je ne veuille pas de lui à mes côtés, sauf qu’il ne comprenait pas qu’en fait, je ne supportais pas l’idée de devoir essayer de deviner ce que signifiait son expression, à un moment où moi-même j’ignorerais ce que je ressentais. Je savais que si j’emmenais maman, elle dirait tout ce qui lui traverserait l’esprit, ce qui me semblait préférable. Ça vaut mieux que d’apprendre de terribles nouvelles et de se demander si votre mari regrette d’avoir posé les yeux sur vous, de vous avoir choisie, vous, parmi toutes les autres. Bref, je n’étais pas dans les meilleures dispositions d’esprit qui soient – le jeu de mots est volontaire – quand le docteur m’a fait asseoir pour passer en revue avec moi les résultats des derniers examens. Ceux qu’ils m’avaient fait passer parce que la situation dégénérait bien plus vite que prévu.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-27T01:35:29+01:00

Naissance de Caitlin

Ça, c’est le bracelet qu’ils t’ont donné à l’hôpital. Rose, parce que tu es une fille. Il porte l’inscription : « Bébé Armstrong ». Ils te l’avaient mis à la cheville, mais le truc n’arrêtait pas de s’enlever, minuscule comme tu étais. Un mois en avance, au jour près. Tu étais prévue pour être un bébé d’avril. J’avais imaginé les jonquilles et le ciel bleu, les averses d’avril, mais tu as décidé de naître un mois plus tôt, par un vendredi froid et humide. Un vendredi 13, rien que ça, même si ce détail ne nous a pas gênées. Si quelqu’un était né pour surmonter les mauvais présages, c’était bien toi, et tu le savais, quand tu as accueilli le monde par un cri puissant – pas un gémissement, pas un pleur, non, un rugissement lourd de sens, m’a-t-il semblé alors. Une déclaration de guerre.

Pendant longtemps, il n’y a eu personne avec nous à l’hôpital, parce que tu étais en avance et que grand-mère vivait loin. Alors, les six premières heures de ta vie, nous les avons passées toutes les deux ensemble. Rien que toi et moi. Tu sentais bon, comme un gâteau, et tu étais toute chaude et… Tu étais parfaite. On nous avait placées tout au bout du couloir et on gardait le rideau tiré autour de nous. J’entendais les autres mamans parler, les visiteurs qui allaient et venaient, les bébés qui pleuraient et qui geignaient, mais je ne voulais plus jamais m’inscrire dans cette agitation-là. Je ne voulais me confronter à rien d’autre que toi et moi. Je te tenais dans mes bras, si minuscule et recroquevillée qu’on aurait dit un bouton de fleur attendant d’éclore, et je te regardais t’assoupir contre mon sein, ton petit front barré d’une ride, en te répétant que tout irait bien, parce que toi et moi, on était ensemble. On était l’univers à nous deux, et rien d’autre n’avait d’importance.

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Extrait ajouté par ilovelire 2016-02-27T01:34:39+01:00

GREG ME REGARDE. IL CROIT QUE JE NE M’EN RENDS PAS compte. Je coupe des oignons sur le plan de travail de la cuisine depuis quasiment cinq minutes, et je vois son reflet – à l’envers, convexe et déformé – dans la bouilloire chromée qu’on avait reçue en cadeau de mariage. Assis à la table de la cuisine, il me surveille.

La première fois que je l’ai surpris en train de me regarder de cette façon, j’ai pensé que je devais avoir un truc coincé entre les dents ou des toiles d’araignées dans les cheveux, enfin, un truc bizarre, car je ne voyais pas pour quelle autre raison le jeune maçon séduisant que j’employais m’aurait regardée, moi.

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Extrait ajouté par Laurinoushka 2015-07-23T11:01:51+02:00

Je m’étais approchée d’Esther pour lui faire un câlin quand c’est arrivé. Soudain, il n’y avait plus qu’un mur d’épais brouillard gris entre son nom et moi. Non, non, ce n’était même pas un mur : c’était un vide.

Un espace vidé de son contenu, des tas d’informations oblitérées. J’ai paniqué, car plus j’essayais de réfléchir, plus le brouillard s’épaississait. Il ne s’agissait plus d’une réunion de travail que j’avais ratée, ni de la femme de mon club de lecture chez qui je suis allée trois fois maximum et que je dois parfois éviter au supermarché parce que j’ai oublié son nom. Ce n’était plus : « Quelqu’un de la télé qui jouait dans ce truc, là… » Non, là, c’était ma petite fille, la prunelle de mes yeux. Mon trésor, mon délice, ma chérie. L’enfant dont j’ai choisi le nom.

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Extrait ajouté par LesFacesLitteraires 2020-07-03T01:23:59+02:00

Greg s'assied sur le canapé près de moi.

- Je me disais, on devrait peut-être prendre un rendez-vous avec ta conseillère ensemble, non?

- Ma conseillère...

Je répète le mot lentement, avec précaution. J'avais oublié que j'avais un conseiller, c'est intéressant. Car jusqu'à aujourd'hui, malgré toutes les choses que j'ai oubliées, je n'ai pas oublié une seule seconde que j'ai la maladie. Même quand j'oublie que le présent est le présent et que je m'en vais ailleurs, la maladie est toujours là, tapie, tel le bourdonnement distant d'un néon. Alors si j'ai oublié Diane jusqu'à ce qu'il y fasse allusion - Diane, ma gentille, trop cultivée et très agaçante conseillère - eh bien, cela signifie peut-être quelque chose. Comme par exemple que, sans même m'en rendre compte, j'ai reculé un peu plus loin dans les ténèbres.

- Je ne suis pas prête, dis-je tout haut.

- Je ne voulais pas dire tout de suite, corrige Greg. (Sa main flotte un instant au-dessus de la mienne, puis il la retire.) Mais je pourrais appeler pour prendre un rendez-vous. Honnêtement, Claire, je croyais être capable de gérer tout ça mieux que je n'y arrive en réalité. Je pensais qu'il me suffirait d'être courageux, stoïque, de tout porter à bout de bras. Je n'avais pas envisagé que ça puisse avoir un impact sur nous. Tu me manques et je ne sais pas comment gérer la façon dont les choses ont évolué.

Je ne réponds rien pendant un moment. J'essaie de comprendre pourquoi certaines choses me restent et d'autres non ; pour quelle raison Diane m'est complètement sortie de l'esprit, alors que je me rappelle chaque détail des vingt minutes que j'ai passées à la bibliothèque avec Ryan. Pourquoi mon cerveau me donne-t-il ça afin que je m'y raccroche, quand il me refuse le souvenir de l'amour que j'éprouvais pour Greg ? Je le regarde. Il est tellement gentil. Le rencontrer a été une bénédiction pour moi, d'autant qu'il m'a donné Esther, alors pourquoi mon cerveau ne veut-il plus me permettre de ressentir ces sentiments maintenant, à un moment où ça me ferait tellement de bien ?

- Je suis désolée, lui dis-je enfin. (Il lève les yeux vers moi, scrute mon visage comme pour vérifier que c'est vraiment moi.) Je ne veux pas te blesser. C'est même la dernière chose dont j'ai envie. Tu es un homme tellement bon et un père fabuleux. Et tu es vraiment gentil avec moi. À ta place, j'aurais plié bagage et je me serais déjà tirée depuis longtemps.

- C'est précisément ce que je veux éviter, commente-t-il. Je ne pourrai jamais te quitter, Claire.

- Merci, dis-je avec un sourire.

C'est pour lui que je le fais, ce sourire. Car si la maladie découpe des morceaux de moi, ou qu'elle les étouffe, je reste moi. Je sais encore ce qui est bien et ce qu'il faut faire. Et je veux être la meilleure épouse possible jusqu'à mon dernier souffle, même si cela implique de réapprendre la politesse. Je finis par capituler.

- D'accord. Prends rendez-vous et nous irons ensemble. On ne sait jamais, ça pourrait aider.

- Merci, dit-il en prenant soin de maîtriser ses émotions. Merci. Bon, il faut que je parte au travail. Qu'est-ce que tu vas faire aujourd'hui ?

- Eh bien, ma geôlière m'a consignée, du coup je vais sans doute jouer avec Esther et écrire un peu dans mon carnet. J'espère que Caitlin va prendre contact avec le parleur, pour me raconter comment elle va. Je suis certaine qu'elle me donnera des ses nouvelles dès qu'elle sera prête.

- J'en suis certain, oui. Bien, alors à ce soir.

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Extrait ajouté par Ploudillon 2020-06-08T15:06:51+02:00

L'après-midi s'est assombri et a complètement tourné à la pluie ; l'eau recouvre les vitres, les transformant en un miroir glauque qui reflète le monde peut-être tel qu'il est, avec ses couleurs qui saignent l'une dans l'autre - un endroit fluide, toujours sur le point d'être balayé par la prochaine rafale de pluie. C'est exactement ce que je ressens en cet instant : comme si je me trouvais de l'autre côté de ce miroir sale, à tenter d'essuyer les taches pour y voir plus clair.

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Extrait ajouté par Ploudillon 2020-06-08T15:03:30+02:00

Parfois je regrette de n'avoir pas pris le temps de me rapprocher de lui plus rapidement, car il serait plus facile de lui parler aujourd'hui. Je croyais avoir toute la vie, comme chacun de nous a tendance à le penser. Je sais, ça fait très cliché, mais j'ai soudain pris conscience de ne pas être immortelle. Par la fenêtre de l'hôtel, je regarde la vie qui passe dans la rue en contrebas. et je me sens très loin de chez moi.

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