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Tes souvenirs sont un vol d'oiseaux migrateurs dont les ailes silencieuses fendent le ciel. Tu les vois arriver et tu les vois disparaitre. Rien de plus, le souvenir n'est rien de plus que cela.
Afficher en entierLe diable est l'ombre de Dieu, et parfois cette ombre s'arrache et va son propre chemin, travestie en homme, en femme, en enfant ou en vieillard.
Afficher en entierElle avait rêvé une fois qu'elle mourait, seule, par une nuit d'hiver glaciale. Elle patinait au clair de lune sur un lac de forêt isolé. Soudain elle faisait une chute, se cassait la jambe. Elle criait, mais personne ne l'entendait. Elle mourait de froid, là, sur la glace. Elle s'était réveillée en sursaut au moment où son coeur s'arrêtait de battre.
Elle repensa à ce rêve en même temps qu'elle mobilisait toutes ses forces pour ouvrir le piège. Elle ne voulait pas réveiller son père. Mais la griffe de métal ne desserrait pas son étau. Elle renonça, prit le portable, lui expliqua où elle était, et qu'elle avait besoin d'aide.
Afficher en entier— Dans le meilleur des cas, on a sur les bras un fou sadique.
— Pourquoi « dans le meilleur des cas » ?
La réponse tarda, comme s’il n’avait pas entendu.
— Dans le pire des cas, c’est quelqu’un qui ne s’arrêtera pas aux animaux.
Afficher en entier- Pourquoi as-tu envie de vivre à la campagne?
- J'ai toujours rêvé de pouvoir me lever le matin et pisser. Sur la terre.
Afficher en entierLe Zèbre avait au départ une formation de barman ; ensuite elle était tombée enceinte de Marcus, que Linda connaissait, Marcus qui adorait les fruits exotiques et qui avait monté sa propre pépinière à l’est de la ville dès l’âge de dix-neuf ans. Leur relation avait pris fin, mais l’enfant, un garçon, était bien vivant. Elles parlèrent longtemps, jusqu’au moment où le gamin hurla si fort qu’elles durent battre en retraite dans la rue. Après cette première fois, elles continuèrent à se voir et Linda constata que son impatience diminuait quand elle reconstituait des passerelles vers l’époque où le monde se réduisait à l’horizon d’Ystad
Afficher en entierIl consacra le reste de son mois de vacances — un mois de mai froid et venteux — à se trouver une autre maison. Mais celles qu’on lui proposait étaient ou trop chères ou trop éloignées du rêve qu’il avait nourri pendant toutes ses années d’enfermement à Mariagatan. Il garda donc l’appartement et commença sérieusement à se demander s’il le quitterait jamais. Linda finissait son dernier semestre à l’école de police. Profitant d’un week-end, il monta à Stockholm et entassa à bord de sa voiture une partie des affaires qu’elle voulait rapatrier en Scanie. À partir de septembre, elle aurait son propre appartement à Ystad ; auparavant elle logerait dans son ancienne chambre chez son père
Afficher en entierCe soir-là, après l’étrange querelle qui avait tourné court, Linda eut du mal à trouver le sommeil. Deux mois plus tard, elle prendrait son service en tant qu’aspirante de police au commissariat d’Ystad. Elle avait suivi sa formation à Stockholm ; si elle avait pu choisir, elle aurait commencé à travailler plus tôt, au lieu de ce long été d’oisiveté en perspective, où son père ne pourrait pas lui tenir compagnie puisqu’il y avait pris la quasi-totalité de ses congés au mois de mai.
Afficher en entierLinda Caroline Wallander se demandait en ce jour de la fin du mois d’août s’il existait entre son père et elle des ressemblances qu’elle n’aurait pas encore décelées, bien qu’à son âge, bientôt trente ans, elle devrait évidemment savoir qui elle était. Quand elle l’interrogeait, il feignait la surprise et s’esquivait en disant qu’à son avis elle ressemblait surtout à son grand-père. Les « discussions sur les ressemblances », comme les appelait Linda, donnaient lieu à des prises de bec qui dégénéraient parfois en disputes furieuses, qui démarraient au quart de tour et s’arrêtaient aussi vite. Pour sa part, elle les oubliait, et supposait que c’était pareil pour lui
Afficher en entierC’était le moment. Il se redressa, un pulvérisateur dans chaque main, et les aspergea d’essence ; le temps qu’ils prennent leur essor, il avait déjà lâché la première bouteille et mis le feu à l’autre. L’essence enflammée rattrapa les oiseaux en une fraction de seconde. Telles des boules de feu ailées, les cygnes s’élevèrent au-dessus du lac dans une tentative folle pour échapper au supplice. Il essaya de graver en lui cette vision : les oiseaux qui brûlaient en criant dans le ciel, en plein vol, avant de tomber à pic, les ailes fumantes, grésillantes, et de sombrer dans les eaux du lac. Des trompettes brisées. C’est ainsi qu’il se remémorerait leur dernier appel
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