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CHAPITRE 1

Cathie

Trois jours que nous passons notre temps à nous éviter et que je m’endors toutes les nuits en pleurant. Trois jours que je mange à peine et que je ne travaille pas. Je n’en peux plus. Si ce soir ça continue comme ça, je vais finir par l’assommer avec un livre pour qu’il réagisse. Seuls nos regards remplis de haine s’expriment pour nous. Nous sommes complètement terrés dans notre silence et ça me tue à petit feu de le voir tous les jours sans pouvoir le toucher et lui parler. J’ai besoin de savoir ce qu’il ressent une bonne fois pour toutes et que nous prenions les décisions nécessaires, mais je n’arrive pas à briser ce silence entre nous, il est trop lourd. Je suis terrifiée par ce qu’il peut me dire. J’ai peur de l’entendre dire qu’il ne m’aime plus et qu’il me demande de quitter cet appartement au plus vite.

Tous les jours Clara m’interroge pour savoir comment je vais et je ne sais pas quoi lui répondre. Depuis mon retour sur Lyon, j’ai juste l’impression que les heures sont interminables et que je n’arriverai jamais à me relever. Je ne parviens pas à m’en remettre. Enlever complètement Matt de ma vie me paraît impossible maintenant. Je l’ai aimé à en crever jusqu’à aujourd’hui. Je ne peux pas l’effacer de mon existence comme ça du jour au lendemain en un claquement de doigts. Je vais avoir besoin de temps pour ça même si je le déteste pour ce qu’il a fait.

Alors pour éviter que les soirées soient insupportables à attendre qu’il fasse le premier pas, je passe mon temps libre au bar place Carnot à jouer au babyfoot avec mes amis et je ne travaille pas. Les quelques sourires que m’arrachent parfois les victoires face à Laurent et Clara me font du bien, mais ça ne dure généralement pas plus de quelques minutes et ça me tue. Je n’ai pas revu Léo depuis lundi soir. Il avait des examens à passer cette semaine et il devait absolument les réussir pour ne pas avoir à recommencer une troisième fois sa première année. Il m’a envoyé quelques messages pour me dire qu’il pensait souvent à moi et qu’il espérait que j’aille bien. J’ai tout fait pour le rassurer, mais franchement, tout ce dont j’avais besoin, c’était qu’il me serre à nouveau dans ses bras. Sa présence me manque terriblement. Ces derniers jours, c’est le seul qui a réellement su remplir le néant qui m’habite en permanence.

Mon corps me fait affreusement mal. Je suis constamment tendue. Les seules choses qui me soulagent vraiment sont les douches bien brûlantes que je prends en rentrant. Je ne m’en prive pas même si je sais très bien que les factures vont grimper. Elles sont devenues vitales pour moi, j’en ai besoin quotidiennement. Je m’arrangerai pour payer la note au moment venu, je ne veux pas créer d’autres tensions inutiles avec Matt.

Après plusieurs minutes sous le jet bouillant, je coupe l’eau. J’ai tellement monté la température que ma peau est rouge-écarlate, mais cela ne me dérange pas. L’espace d’un moment la sensation de brûlure intense que je sens sur mon corps me fait oublier la souffrance horrible que j’ai à l’intérieur de mon cœur depuis plusieurs jours et je ne pense plus à rien. Si l’eau n’était pas devenue froide, je crois que j’aurais préféré continuer de me consumer sous la douche pendant des heures plutôt que de devoir à nouveau supporter la peine et le chagrin que je traine à longueur de journée.

Je sors de la douche, contrainte de la quitter, et entoure mes cheveux dans une serviette. J’essuie rapidement ma peau rougie, mais au moment où je relève la tête pour attraper mes habits, je réalise que j’ai encore laissé mon pyjama sur l’étagère dans la pièce d’à côté. J’enrage plusieurs secondes après moi-même de ne pas y avoir pensé plus tôt. En ce moment c’est horrible, je n’arrive pas à aligner deux idées à la suite et j’oublie tout. C’est impossible de me concentrer plus de deux minutes, je suis systématiquement obligée de m’y reprendre à deux fois pour réussir à faire quelque chose d’à peu près bien. Je suis clairement trop fatiguée et perturbée par les événements.

Comme je n’ai pas envie de prendre froid en allant dans la pièce principale du studio, je m’emmitoufle dans une grande serviette blanche avant de sortir de la salle de bain. Je suis quasiment sûre que Matt n’est pas encore arrivé. Ces derniers soirs il est rentré tout le temps tard et tant mieux, j’espère qu’il va continuer. Depuis trois jours, je fais tout pour l’esquiver, je souffre trop chaque fois que je le vois.

J’ouvre la porte en vérifiant une dernière fois que l’eau ne coule pas le long de mes jambes pour ne pas mouiller le sol du studio, mais au moment où je relève les yeux pour regarder où je vais, je m’arrête net. Le visage de Matt est seulement à quelques centimètres du mien et je ne peux plus avancer.

Putain ! Il m’a fait peur !

Je ne l’ai pas entendu rentrer ! Il vient d’où ? Et pourquoi il est là plus tôt ce soir ? Je n’ai aucune envie de le supporter.

Par pure habitude, je baisse les paupières quelques secondes pour me concentrer uniquement sur le parfum qu’il dégage. Son odeur de bois de cèdre et de santal me remplit immédiatement les poumons et me fait frémir sans le vouloir. C’est dingue comme sa fragrance me manque horriblement ces derniers jours. Malgré tout ce temps, je l’adore toujours autant et ça me rend folle l’espace d’un instant de ne pas pouvoir le toucher au moins une seconde sans penser à notre passé et aux conséquences que ça aurait.

Seulement lorsque je me ressaisis et que j’ouvre les yeux, son visage tendu me rappelle la réalité de ce qu’il a fait et me déchire à nouveau le cœur en deux.

— Salut, me lâche-t-il à la fois crispé et essoufflé.

Je le regarde, scotchée d’avoir entendu pour la première fois depuis plusieurs jours le son de sa voix. Trois jours que nous nous croisons sans nous parler et là, il me jette un simple « Salut » ! Il me rend cinglée à force d’être aussi distant depuis notre retour. Je meurs d’envie de lui en coller une tellement il m’énerve, mais je me retiens. Ça ne changerait rien à notre situation, je le sais.

— Salut, je lui réponds livide en reculant d’un pas pour mettre un peu d’espace entre nous et me ressaisir.

Je commence à avoir froid, mais ses yeux verts qui plongent dans les miens me brûlent atrocement et je déteste ça. Je n’arrive pas à déterminer si c’est de la haine ou de l’amour que je lis dans son regard, mais quelque part je ne suis pas vraiment certaine de vouloir le savoir.

J’ai bien conscience que nous devons discuter, mais je ne me sens toujours pas prête à l’affronter. J’ai peur qu’il me balance tout ce que je n’ai pas fait pour que ça fonctionne entre nous et je ne suis pas en état de le supporter. Tout ce qu’il risque de faire, c’est de terminer de m’achever dès ses premières paroles. Je n’arrive pas à accepter d’en être là aujourd’hui avec lui. Je suis complètement détruite et c’est trop dur de me réparer.

Je me décale sur le côté pour pouvoir rejoindre l’étagère et enfin atteindre mon pyjama, mais il me bloque le passage avec sa main posée contre le mur de la salle de bain. Je me retourne aussitôt de l’autre côté pour le contourner, seulement je découvre rapidement que je suis piégée avec la porte de la salle de bain qu’il maintient avec sa deuxième main.

Il s’avance d’un pas pour se rapprocher alors que je recule pour m’éloigner de lui. Je me retrouve plaquée au mur à moitié dégoulinante, coincée entre la salle de bains et son corps bouillonnant. Je ne comprends pas où il veut en venir, il me déstabilise atrocement. Mais au moment où je relève les yeux vers lui pour lui demander de me laisser passer, je saisis tout de suite dans son regard que je ne vais pas pouvoir lui échapper et que nous allons devoir parler bien que je sois encore à moitié nue.

CHAPITRE 2

Matt

Trois jours plus tôt

Je passe la porte fou de rage d’avoir vu quelques minutes plus tôt Cat dans les bras d’un autre homme en pleine rue. J’ai beau essayer de me raisonner et savoir que c’est à cause de moi que nous en sommes là tous les deux, je n’arrive pas à me calmer. Je lui en veux de ne pas m’avoir parlé de lui quand nous étions encore ensemble. Elle le connait forcément depuis un moment pour avoir cette proximité avec lui. Elle ne se laisse pas approcher aussi facilement, je le sais.

Alors quand je me retrouve en face d’elle, je suis partagé entre mon envie de lâcher toute ma colère contre elle et la culpabilité d’avoir tout gâché entre nous et de l’avoir déshonorée. J’ai bien conscience que je ne peux pas lui demander des explications sur sa relation avec lui, je suis mal placé pour parler après ce que j’ai fait. Et pourtant j’en meurs d’envie. Je ne supporte pas de la voir avec lui. Ça me rend dingue de ne pas savoir ce qui se passe entre eux. Pour l’instant la seule envie que j’ai, c’est de les éloigner l’un de l’autre.

Au moment où je croise le regard de Cat à la fois rempli de haine et d’amour alors qu’elle se prépare un repas, je me renferme immédiatement pour me protéger et la préserver de la puissante rage qui m’habite. J’ai bien conscience que je la détruirais si je lui parlais et je n’ai pas besoin de lui faire plus de mal que je lui en ai déjà fait. Je lui en veux terriblement de m’avoir oublié si rapidement dans les bras d’un autre homme.

***

Aujourd’hui

Trois jours que je lutte pour ne pas prononcer des mots que je regretterais. Trois jours que nous vivons l’un à côté de l’autre en nous ignorant du matin au soir. Combien de temps allons-nous tenir comme ça à nous éviter en permanence ? Ce n’est pas supportable.

Nous avons beau ne pas nous parler et passer notre temps à nous esquiver, je souffre de la regarder dans cet état. J’ai bien remarqué qu’elle a affreusement maigri et qu’elle s’épuise vite. Je me rends bien compte des dégâts que j’ai faits sur elle sans le vouloir. Tout ça parce que j’ai été faible et lâche pendant près d’un mois. Je me déteste. Je crois qu’on ne peut pas être plus méprisable que moi, je ne réussirai jamais à me le pardonner.

Je manque clairement de sommeil. Je n’arrive pas à dormir à côté d’elle. Les nuits à l’entendre pleurer sont une vraie torture. Chaque fois je meurs d’envie de la serrer contre moi pour la réconforter, mais je me retiens. Je ne peux plus la toucher après ce que j’ai fait. J’aimerais pouvoir lui dire que c’est juste un mauvais moment à vivre et que tout va bien se finir, mais je ne le fais pas. Je n’en ai pas le droit. Je ne suis pas quelqu’un de bien, je le sais maintenant. Je ne mérite pas son amour et elle est digne de trouver quelqu’un de mieux qui saura davantage l’aimer que moi.

Hier soir, je l’ai attendue après les cours. J’avais besoin de savoir si elle allait retrouver l’homme qui l’avait raccompagnée devant notre porte. Je devais connaitre la vérité sur sa relation avec lui pour savoir à quoi m’en tenir, mais je ne l’ai plus aperçu avec elle. Cat était seulement avec Clara. Et même si elles sont allées dans un bar sur la place Carnot, je n’ai jamais revu ce garçon près d’elle. Et heureusement, depuis que je l’ai découverte dans les bras de cet homme, je n’arrive pas à me l’enlever de la tête. L’imaginer nue contre un autre corps que le mien me rend complètement malade, je ne supporte pas l’idée de la partager.

Ce soir, je n’en peux plus. Voilà trois jours que j’espère comprendre où nous en sommes tous les deux et que rien n’avance pour la simple raison que j’ai peur de ne pas réussir à m’exprimer sans m’énerver. Ça ne peut plus durer comme ça. Nous souffrons tous le deux de cette situation et je ne supporte plus de la voir se détruire depuis plusieurs jours à cause de moi. Je suis bien décidé à crever l’abcès ce soir quoiqu’il arrive. Alors quand je rentre et que je l’entends sous la douche, je patiente juste derrière la porte pour l’attendre. J’ai bien conscience que je risque de la terrifier, mais c’est la seule idée qui me vient à l’esprit pour l’empêcher de s’esquiver.

Seulement lorsqu’elle franchit le seuil à moitié nue et dégoulinante, l’effet qu’elle me fait me retourne complètement. Je fonds à nouveau pour elle et mon corps me hurle son besoin immédiat de la sentir contre lui. L’espace d’un instant, j’en égare même mon souffle et mon envie d’en découdre avec elle. Je veux juste la plaquer contre moi et tout oublier. Mais ma conscience me rappelle rapidement que c’est totalement impossible et que je dois la laisser respirer. Je la fixe un moment, je suis tétanisé à l’idée de la perdre définitivement après la discussion que nous devons avoir. Heureusement, ma bouche ne se démonte pas et s’exprime toute seule sans que je m’en rende compte.

— Salut, je lance essoufflé malgré moi.

— Salut, me répond-elle un peu plus tard aussi livide qu’un mur blanc.

Hé merde ! Fais chier ! Elle a les traits affreusement tirés. C’est évident que ça ne peut plus durer, nous devons absolument nous délivrer et réussir à avancer.

Elle recule d’un pas pour s’échapper, mais j’attrape la porte de la salle de bain. Je ne veux pas la laisser filer et la coince volontairement contre le mur. Et alors que je me rapproche d’elle rapidement et place mes deux mains sur le placo autour de son visage pour qu’elle soit obligée de me regarder, je l’observe quelques secondes et réalise que malgré sa fatigue, elle est toujours aussi magnifique.

Je reprends mon souffle et me lance bien que mes jambes tremblent affreusement. Je suis terrifié par ce que nous risquons de nous dire et ce que nous allons finalement décider.

— Faut qu’on parle, je lâche calmement pour ne pas davantage l’apeurer.

Ses yeux sombres posés sur moi me gèlent immédiatement. La haine qu’elle a pour moi se lit sur son visage. Je sais que je vais passer un sale moment.

— Parler de quoi ? me crache-t-elle aussitôt en pleine face sans réfléchir.

— De nous, je lui réponds fermement.

— De nous ? me jette-t-elle en riant amèrement. Il n’y a plus de nous Matt. Il n’y en a plus depuis… elle, finit-elle en détournant le regard pour éviter que je la voie craquer.

Je sais, c’est horrible. Je l’ai perdu en faisant ça.

— Laisse-moi au moins t’expliquer, je la supplie en baissant les paupières.

Malgré ce qu’elle pense, je tiens toujours à elle et peut-être qu’entendre ce qui m’est arrivé quand j’étais là-bas pourra diminuer un peu sa souffrance. J’aimerais qu’elle comprenne que ça ne vient pas d’elle, mais uniquement de moi.

— D’accord, me souffle-t-elle exaspérée par mon insistance.

Je meurs d’envie de lui retourner le visage et lui caresser la joue, mais je n’ose pas. J’ai peur de sa réaction à mon contact, je ne veux pas la brusquer.

Mon Dieu c’est affreux, acceptera-t-elle encore un jour que je la touche ?

CHAPITRE 3

Cathie

Me voilà coincée entre Matt et le mur. Le sentir si proche de moi est un vrai supplice. Je l’ai aimé tant de fois que c’est incomptable et le savoir si près est insupportable. Je n’ai même pas besoin de le toucher pour sentir sa chaleur m’envahir, et pourtant je n’en ai aucune envie. Je suis furieuse contre mon corps d’y être aussi sensible après tout ce qu’il m’a fait, il ne devrait plus réagir comme ça.

Alors quand Matt me demande de l’écouter, je cède. Je ne veux pas me battre éternellement contre lui. J’ai juste envie qu’il s’éloigne le plus vite possible de mon corps affreusement en manque de lui. Je ne suis toujours pas sevrée de lui et je ne sais pas de combien de temps je vais avoir besoin pour ça. Mon corps est complètement imprégné de Matt, ça me rend dingue d’être aussi addict d’une personne. Je ne pensais pas qu’un jour cela pourrait m’arriver.

— Je suis désolé Cat, me murmure-t-il alors que je fixe mes pieds.

Je ne peux plus le regarder, je ne supporte plus de l’avoir en face de moi. Ces excuses ne sont pas grand-chose à côté de la peine que j’ai depuis des jours entiers. Je suis incapable de sortir un mot, je ne sais pas quoi lui dire à part des cruautés qui ne changeraient absolument rien à notre situation.

— Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, continue-t-il la gorge nouée.

Putain !

Il me rend dingue !

Cette fois-ci, j’en ai assez ! C’en est trop !

— Comment ça ? Tu ne sais pas ce que tu as fait ? Tu crois que je suis stupide ou quoi ? je lui crache au visage en lui tapant le torse avec rage pour lui faire mal.

— Non, ce n’est pas… Ce n’est pas ce que je voulais dire, se reprend-il aussitôt en bloquant mes poignets contre le mur pour que j’arrête de le frapper.

Je le hais.

Je le déteste pour tout ce qu’il a fait avec cette fille et l’homme qu’il est devenu en si peu de temps. Mais comment a-t-il pu changer aussi rapidement ?

— Je sais, c’est impardonnable, me lâche-t-il les yeux dans le vague.

Je le fixe furieuse. Je crève d’envie de le gifler pour l’humilier, mais il me maintient toujours les mains au-dessus de ma tête contre le placo et je ne peux pas bouger.

— Ce que je veux dire, c’est que j’étais dans un autre monde là-bas.

— Oui et alors, ça n’excuse pas tout ! je lui crie folle de rage.

Je sais ce que c’est d’être coupée de sa vie quotidienne. Mais merde ! Je venais le retrouver !

— Je sais, admet-il en baissant à nouveau la tête.

— Pourquoi tu as fait ça Matt ? je lui demande les larmes au bord des yeux.

Je ne tolère plus ses doigts sur ma peau. C’est atroce de sentir ses mains sur moi. Son corps est définitivement trop proche du mien.

— Je crois que je ne supportais tellement pas le rythme du travail et ton absence que je suis tombé dans la drogue et l’alcool avec Jérôme pour éviter de souffrir. Les journées passaient plus vite, je n’avais plus la notion du temps, m’explique-t-il en me regardant à nouveau.

— Il y a une différence entre consommer de l’alcool et de la drogue et avoir une relation avec une autre fille, je lui crache haineuse.

— C’est vrai, admet-il honteux les yeux brillants.

— En plus ce n’était même pas que pour un soir ! Comment tu as pu me faire ça alors que je venais te voir ? je lui demande avant de fondre en larmes.

Je n’arrive plus à retenir la tristesse que j’ai depuis que je l’ai appris. Il m’a oubliée après m’avoir aimée plus d’une année. Je ne réussirai jamais à m’en remettre, je le sais. Il m’a détruite.

— Jérôme n’arrêtait pas de me répéter que je devais essayer plusieurs femmes avant de trouver la bonne et que j’étais trop jeune pour me caser. Entre la pression et la fatigue, j’ai craqué. Ils étaient tous en couple là-haut. Je me sentais tout le temps seul et tu étais insupportable au téléphone. Je n’en pouvais plus de t’entendre déprimer. Cette fille s’est rapprochée et sous l’effet de la drogue, je l’ai laissé faire.

Alors que j’encaisse ses mots et que mes jambes faiblissent de plus en plus, mes sanglots ne font qu’augmenter. Ses paroles me brûlent.

— Je ne comprends pas, Matt. Tu n’avais qu’à me dire que tu voulais tout arrêter, je lâche entre deux pleurs.

Il me fixe quelques secondes, les larmes aux yeux, complètement abattu.

— C’est vrai, ça aurait été plus simple, me cède-t-il. Mais je ne pouvais pas. Je t’aimais tellement que c’était impossible de me séparer de toi. Tu es la seule personne à qui j’ai ouvert mon cœur et je ne pouvais pas renoncer à toi aussi facilement... Cat je t’ai aimée à en crever, me déclare-t-il la voix serrée.

Je ne comprends pas s’il tenait tant que ça à moi il aurait dû s’arrêter tout de suite et me dire qu’il n’était pas bien. Nous aurions évité toute cette souffrance.

— Je me suis noyé dans l’alcool pour oublier ce que j’étais en train de faire. Je savais que je te détruisais et que je ruinais notre histoire, mais plus les jours passaient, plus je continuais de m’enfoncer dans la drogue et c’était horrible. J’avais besoin de réconfort pour ne pas craquer et réussir à ne pas abandonner mon stage. Je devais absolument tenir sinon tout ce que nous avions fait aurait été inutile. J’espérais juste que tu ne l’apprendrais jamais, je n’avais aucune envie de te faire souffrir. Je voulais seulement réussir à survivre jusqu’à la fin de mon séjour pour rentrer.

Je n’avais pas compris que c’était aussi dur pour lui là-haut et qu’il avait autant besoin de décompresser.

Bordel ! S’il m’en avait parlé, nous aurions forcément trouvé une solution ensemble.

— Tu allais me mentir combien de temps comme ça ?

— Je ne sais pas… tout le temps, m’avoue-t-il en détournant le regard mal à l’aise.

Ce n’est pas vrai ! Je n’en crois pas mes oreilles ! Mais qu’est-il devenu ? Où sont ses putains de valeurs ? C’est affreux, je ne le connais plus.

— Tu es horrible ! je lui balance dégoutée.

Je voudrais qu’il me lâche les poignets, mais ses doigts se resserrent chaque fois que je bouge. Je n’ai plus envie de l’entendre. Depuis qu’il me parle, la douleur dans mon cœur ne fait que grandir et c’est intolérable. J’ai juste besoin de m’habiller et d’aller me coucher pour tout oublier. Mon Dieu faites qu’il me laisse enfin tranquille et que j’arrête de me détruire.

— Depuis la disparition de mon père, je ne supporte pas de perdre les gens que j’aime, continue-t-il. J’ai pris l’habitude de fuir, j’évite les problèmes et je ne voulais pas te faire souffrir pour rien.

— Ben c’est raté ! je lâche alors que des larmes silencieuses dévalent toujours mes joues.

— J’ai eu peur de m’emprisonner avec toi. Là-haut, j’ai pris conscience de toute la place que tu occupais dans mon existence et surtout du vide que tu laissais quand tu n’étais pas là. J’ai été terrifié à l’idée qu’un jour ça s’arrête entre nous. J’avais besoin de me prouver que je pouvais vivre sans toi et ton amour.

Je le regarde stupéfaite par ses mots.

— Je ne pouvais pas t’aimer autant, ce n’était pas possible d’être aussi attaché à une personne. J’ai eu peur, j’ai compris que le moment où tu disparaîtrais de ma vie, ça serait juste horrible et je ne l’ai pas supporté. J’ai préféré ne pas réfléchir et faire comme tous les jeunes de la station. J’ai laissé les choses se faire, mais je n’ai jamais eu envie de te détruire. Je suis désolé. Je pensais seulement me protéger et finalement j’ai tout gâché, continue-t-il le regard triste.

C’en est trop pour moi. Je n’en peux plus de l’écouter. Non seulement il m’avoue qu’il m’a volontairement menti pour ne pas me blesser, mais en plus il m’affirme qu’il m’aimait trop et qu’il a été terrifié à l’idée de trop en baver le jour où il me perdrait. Mais bordel ! En faisant ça, il m’a perdu !

Alors que je détourne le visage pour qu’il ne voie pas la rage qu’il a déclenchée à l’intérieur de mon corps, il me force à le regarder en attrapant mon menton du bout des doigts.

— Écoute, je sais que c’est impardonnable ce que j’ai fait, mais toi-même tu as bien conscience des dégâts que l’alcool et la drogue peuvent faire. Tu me l’as expliqué il n’y a pas si longtemps que ça.

— Matt, je peux comprendre que tu aies abusé du cannabis et des boissons, mais elle. Je ne peux pas, je lâche le cœur brisé.

Mes yeux me brûlent atrocement à force de trop pleurer. Je suis si triste que c’est impossible d’empêcher mes larmes de couler. Le chagrin que j’ai ne tient plus dans mon corps. Il a besoin de s’extérioriser et je n’ai plus la force de le contenir.

— Tu te rends compte que tu me faisais l’amour et que l’instant d’après tu en caressais une autre. Tu me dégoutes ! Tu allais de l’une à l’autre ? je lâche écœurée.

Je crève d’envie de le taper pour me défouler, mais je ne peux toujours pas bouger.

— Moi aussi bébé, je me dégoute… je ne comprends pas comment j’ai pu être comme ça. J’ai l’impression que mes pires défauts sont ressortis là-bas avec l’alcool et la drogue, m’explique-t-il la gorge serrée.

J’ai de plus en plus de mal à respirer et mes bras sont de plus en plus engourdis à force d’être en l’air. Il me regarde un instant et détache ses mains de mes poignets pour me libérer. Je baisse lentement les bras en le fixant encore assommée par tout ce qu’il vient de m’avouer et me rends compte seulement à ce moment-là que ses joues sont aussi inondées que les miennes.

Putain ! Fais chier ! Je ne supporte pas de le voir dans cet état.

C’est horrible, nous sommes tous les deux détruits par son séjour là-bas. Mais comment allons-nous réussir à nous reconstruire après une histoire comme celle-là ?

Je ne peux rien faire pour l’aider. Je souffre encore plus avec ce qu’il vient de m’expliquer. Ça fait des jours entiers que j’essaye de ne plus penser à cette humiliation et à la perte de l’être que j’ai le plus aimé au monde depuis que je suis née. Mais en l’écoutant, tout est ressorti en un éclair, je suis détruite et je ne peux rien faire pour lui.

Je m’apprête à m’éloigner pour enfin m’habiller et arrêter cette conversation que j’aurais préféré ne jamais avoir à vivre, mais mes jambes refusent d’avancer et se mettent à trembler. Je comprends en une fraction de seconde que mon corps est à bout et qu’il est en train de me lâcher. Cette discussion m’a finalement enlevé le peu d’énergie qu’il me restait. Matt vient de m’achever sans même s’en rendre compte. Je lève une dernière fois mes yeux vers lui avant de céder et de me laisser tomber sous son regard médusé. Je n’arrive plus à lutter, j’ai trop morflé.

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