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Au commencement, il y a eu le virus. Terrible et féroce, comme un prédateur affamé tapi dans l’ombre depuis trop longtemps. C’était une forme mutante d’Ebola, une saloperie qui s’attaquait à l’humain par son sang. La première étape de la transformation touchait le comportement. L’humain infecté devenait plus agressif. Puis sa peau se mettait à suppurer et à se détacher par lambeaux, comme la mue d’un serpent. Celle qui la remplaçait était si transparente qu’on voyait les veines parcourir le corps. Par la suite, c’étaient les yeux qui changeaient. Les iris pâlissaient tant qu’on les distinguait à peine. Ne restait plus dans ce blanc insondable que la pupille noire et implacable qui vous observait avec appétit. Car, pour survivre, ces êtres humains contaminés devaient boire le sang de leurs congénères vivants ou fraîchement décédés. Ils en oubliaient jusqu’à leur ancienne humanité. Les Charognards étaient nés.
Afficher en entierParalysée par la peur, elle ouvre la bouche pour appeler à l’aide au moment où la créature se jette sur elle. Le cri s’échappe de sa gorge malgré la terreur qui s’empare d’elle. Son corps est projeté contre le sol, son front frappe une surface sale et humide. Une masse lourde et molle se plaque contre son dos, l’empêchant de se débattre. En dépit de la douleur, elle parvient à hurler. Il ne l’a pas mordue. Pas encore !
Afficher en entierOxana ne bronche pas et continue d'avancer comme si de rien n'était. Elle veut mettre au plus vite de la distance entre elle et les deux BOA. Les gardiens sont souvent rustres, mais ils n'ont pas le droit de toucher aux Sacs à sang, c'est interdit, et les sanctions sont sévères. L'adolescente allonge sensiblement le pas malgré tout.
- Hé! Le Sac à sang! Je te parle!
Elle s'immobilise immédiatement. Quand un soldat BOA vous interpelle, vous avez tout intérêt à lui répondre. Elle se tourne donc vers eux, le cœur battant la chamade. Le plus grand BOA s'approche d'elle, un sourire suffisant étirant ses lèvres. Ses yeux pâles se posent sur la poitrine de la jeune fille, sur sa gorge puis sur sa bouche. Il s'humecte les lèvres en y faisant courir sa langue. Un haut-le-corps saisit Oxana. Terrorisée, elle respire plus profondément pour se donner une contenance et ne pas montrer son malaise.
- Depuis quand on envoie des femelles aussi mignonnes dans ce trou glacial? demande le BOA, dont le visage se trouve désormais à seulement quelques centimètres de celui de l'adolescente.
Ils ne me feront pas de mal, songe-t-elle pour tenter de se calmer. Ils n'ont pas le droit de me toucher. Ils n'ont pas le droit…
- Tu as perdu ta langue?
- Laisse-la tranquille, Pat, intervient l'autre soldat, plus jeune, en approchant à son tour. Son sang va tourner si tu continues comme ça.
- J'en prendrais bien une petite gorgée.
- Vous n'avez pas le droit.
Afficher en entierFinalement, je suis tellement chiante que même la mort n'a pas voulu de moi...
Afficher en entier- Redoutez-vous la soirée qui s'annonce ?
Elle est interloquée.
Non, abruti, j'ai tellement hâte d'appartenir à un BOA qui va me vider les artères jusqu'à la fin de mes jours !!
Afficher en entierMalgré tout, il peut toujours courir s'il croit qu'elle va le saluer en le croisant.
Elle a participé, elle a obéi. Il a fait son travail, il l'a fait chier.
Afficher en entier– Tu as tort. L'amour, ça ne s'efface pas en claquant des doigts, objecte doucement Oxana. C'est pas parce qu'on décide d'oublier quelqu'un qu'on y arrive. C'est plus compliqué que ça, et je pense qu'on doit essayer de vivre ce qu'on a tant qu'on l'a, même si c'est de la merde et que ça ne semble mener nulle part.
Afficher en entier– C'était une erreur. Il y a des choses sur lesquelles nous n'avons pas de pouvoir. Le courage, parfois, c'est accepter d'attendre dans l'ombre.
Il ne pense pas un seul mot de ce qu'il dit, ça se voit, et ça met Oxana hors d'elle.
– Le courage, c'est mettre ses peurs de côté et agir pour le bien commun, réplique-t-elle en penchant le buste au-dessus de la table.
Afficher en entier– La peur n'est pas une ennemie, Victor. Tu ne dois pas la repousser, mais l'apprivoiser. Parce qu'elle ne disparaîtra jamais. Et plus tu auras de gens à aimer, plus elle grandira.
Afficher en entier— Il est inutile d'essayer de peindre un tableau noir avec de l'encre grise, Cléo, rétorque le jeune homme sur un ton également brusque. Je sais que ça n'ira pas, mais on a quoi à part un mince filet d'espoir, dis-moi ? On a quoi ?
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