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Baby on Board, Tome 15 : Une famille pour un play-boy



Description ajoutée par Underworld 2017-09-08T12:48:20+02:00

Résumé

Joshua a promis de s’occuper de ses neveux pendant les vacances, bien décidé qu’il est cependant à les confier à un centre aéré. N’a-t-il pas en horreur les cris et les pleurs de bébé ? Mais quand les enfants débarquent dans son bureau, accompagnés de leur jolie nounou, Joshua s’entend leur proposer de s’installer chez lui !

* * *

Description en VO :

Playboy tycoon Joshua Cole doesn't expect to be confronted with a frumpy nanny and a howling baby in his expensively furnished office. But the child is his nephew, so he steps in to help!

Dannie Springer has been hiding behind her staid nanny uniform since she got her heart broken. Yet over the weeks with Joshua, she starts to see the man beneath the designer suits--and she is secretly wishing he could see the real her....

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Classement en biblio - 3 lecteurs

extrait

** Extrait offert par Cara Colter **

1.

Joshua Cole tendit l’oreille. Le son qu’il percevait à travers la lourde porte de noyer qui séparait son bureau de celui de son assistante était tout à fait inhabituel. Un sentiment qu’il éprouvait très rarement — au point qu’il mit quelques secondes à l’identifier — s’insinua en lui. Il s’agissait ni plus ni moins de panique.

Il se ressaisit rapidement. Ne se flattait-il pas d’être un homme qui abordait toutes les situations de front, même les plus inattendues ? Cette stratégie lui avait réussi dans le monde impitoyable des affaires.

Quand il parla dans l’Interphone qui le reliait à son assistante, il constata néanmoins avec une pointe de dépit que sa voix ne reflétait pas son assurance légendaire.

— Amber, dites-moi que je rêve. Que signifie ce raffut ?

Comme pour confirmer ses craintes, le son se répéta, amplifié par l’Interphone. Malgré sa question de pure forme, il savait à quoi s’en tenir : il s’agissait de pleurs de bébé. Les sanglots d’abord hésitants s’étaient mués en cris stridents.

— Ils disent que vous les attendez, déclara la jeune femme d’un ton où l’incrédulité le disputait à l’affolement.

Bien sûr qu’il les attendait, mais pas aujourd’hui ! Et surtout pas ici. En effet, rien n’était plus incongru dans ces bureaux que la présence d’enfants en bas âge, qui plus est en train de brailler.

Joshua Cole avait construit sa fortune et la renommée de sa compagnie, Sun, sur la garantie que ce genre de sons ne parviendrait jamais aux oreilles des clients qui fréquentaient ses centres de vacances d’où les enfants étaient bannis.

A l’image de ces lieux de villégiature, le siège de son empire touristique de luxe dégageait jusque dans les moindres détails l’atmosphère raffinée qui faisait son succès. Les œuvres d’art, contemporaines ou anciennes, étaient authentiques, les tapis provenaient des marchés les plus réputés d’Orient. Les étoffes et les meubles de son bureau de directeur s’harmonisaient subtilement, reflétant la personnalité de son occupant : masculine, assurée et charismatique.

Ce matin cependant, entièrement accaparé par un nouveau projet, il ne prêtait pas plus attention à la décoration de la pièce qu’au panorama spectaculaire qu’offraient les baies vitrées sur les gratte-ciel du centre de Vancouver, avec à l’arrière-plan les montagnes majestueuses aux sommets enneigés. Son bureau était jonché de photos d’un complexe touristique vieillot situé dans une région sauvage du fin fond de la Colombie-Britannique. Au premier regard, il avait pressenti que Moose Lake Lodge possédait le potentiel nécessaire pour devenir un des fleurons de son groupe.

Malheureusement, son premier contact avec les propriétaires s’était soldé par un échec. L’attachement sentimental des Baker pour ce lieu de vacances familial au bord de l’eau les conduisait à considérer son offre avec beaucoup de réticences. Sa réputation de play-boy, ainsi que l’idée de voir leur complexe transformé en lieu de villégiature de luxe ne paraissaient pas les enchanter.

Mais Joshua savait qu’il était pratiquement le seul acquéreur en lice et il avait l’intention de leur rendre visite personnellement. Il ne doutait pas qu’il parviendrait à les faire changer d’avis à son sujet. Il était très doué pour convaincre les gens, notamment en leur communiquant l’enthousiasme qui l’habitait quand il s’agissait de défendre ses projets.

Il possédait encore son premier hôtel de charme en Italie, au cœur de la Toscane, qui avait constitué la première pierre de l’empire qu’il avait bâti. S’y étaient ajoutés, entre autres, un site en Amazonie, qui proposait des excursions dans la forêt tropicale, et un autre en Afrique, où il organisait des safaris-photos dans la savane. Récemment, Sun avait lancé des croisières haut de gamme pour les amoureux de la mer.

Au-delà de la diversité géographique, le point commun de toutes ces destinations était qu’elles attiraient une clientèle jeune et dynamique, peu soucieuse de laisser des cris d’enfants gâcher ses vacances. Irait-il jusqu’à affirmer que ses clients détestaient les enfants ? Non, car parmi eux se trouvaient aussi des parents débordés qui avaient besoin d’un peu de repos loin de leur progéniture pour reprendre des forces.

Même sa propre sœur, Mélanie, qui était une mère modèle, avait accepté son offre de passer quelques jours, seule avec son mari, sur le tout nouveau site de Kona, à Hawaii. Tandis que résonnaient les vagissements assourdissants, il songea que ça n’avait rien d’étonnant.

Quoi qu’il en soit, il ne comprenait pas ce que son neveu et sa nièce faisaient ici alors que son agenda surchargé indiquait qu’ils ne devaient arriver que le lendemain. Il avait prévu d’aller les accueillir à l’aéroport à 10 heures. Une fois qu’il les aurait salués, il comptait les mettre dans une limousine qui les conduirait avec leur nurse à Whistler, où il avait réservé à leur intention un chalet dans un centre de vacances spécialement conçu pour les enfants de zéro à quinze ans.

Dans son esprit, les enfants s’amuseraient avec leurs congénères pendant que leurs parents profitaient d’un repos bien mérité dans un endroit de rêve et l’oncle Josh serait le héros du jour.

C’était sur un coup de tête qu’il avait offert le séjour en amoureux à Mélanie et Ryan, alarmé par les traits tirés de sa sœur — d’ordinaire si énergique — lors d’une de leurs conversations via la webcam. Il n’avait pas réellement pensé aux conséquences de son geste impulsif. Mélanie lui avait pourtant immédiatement demandé qui s’occuperait de ses enfants. Là encore, le frère secourable s’était héroïquement proposé de les garder.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-il dans l’Interphone.

— Euh… Il y a une jeune femme avec un bébé et… un autre petit enfant…

— Je sais qui est là, coupa-t-il, impatient. Pourquoi le bébé fait-il tout ce vacarme ?

— Vous les connaissez ?

Le ton surpris d’Amber laissait deviner que cette nouvelle la prenait au dépourvu. Elle ne pouvait donc pas mettre les intrus à la porte sans autre forme de procès, comme elle en avait eu l’intention.

— Ils étaient censés arriver demain…

— Mademoiselle ! entendit-il Amber s’écrier. Vous ne pouvez pas entrer comme ça chez M. Cole.

Les protestations d’Amber n’eurent apparemment aucun effet, car l’instant suivant la porte de son bureau s’ouvrit. En dépit du bébé aux traits congestionnés qu’elle tenait dans ses bras et de la fillette de quatre ans qui s’agrippait à son manteau, la jeune femme qui se tenait dans l’entrebâillement affichait un calme dans la tempête qui forçait le respect.

Lorsqu’il baissa les yeux vers sa nièce, quel ne fut son étonnement de découvrir l’expression courroucée de la fillette. La dernière fois qu’il l’avait vue, à Toronto, Susie ne l’avait pas lâché d’une semelle et lui avait témoigné une affection encombrante, comme si elle n’avait rien senti de l’aversion que lui inspiraient les enfants. A cette époque, le bébé n’était pas encore né et sa sœur n’avait pas engagé une nurse à demeure.

Désarçonné, il reporta son attention sur la jeune femme qui accompagnait les enfants.

Le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne ressemblait pas aux créatures sophistiquées et sublimes qu’il fréquentait habituellement. Mais elle incarnait l’idée qu’on se faisait de la gouvernante idéale. Un teint frais qui ne devait rien aux artifices du maquillage, des chaussures confortables, une jupe noire très simple sous son trench-coat froissé. Un des ses bas noirs filait. Il ne lui manquait plus qu’un parapluie pour parachever le portrait.

Bref, elle était exactement le genre de femme effacée à laquelle il n’accorderait qu’un bref regard. Surpris de découvrir qu’elle était plus jeune qu’il ne s’y attendait, il l’examina un peu plus attentivement. Un délicat médaillon en or qui ne correspondait pas à l’austérité de son allure générale brillait à son cou, faisant ressortir le velouté de sa peau diaphane.

Et que dire de sa chevelure ? De superbes boucles d’un noir d’ébène s’échappaient d’une barrette qui retenait tant bien que mal leur masse luxuriante. Ces mèches rebelles ne donnaient cependant pas une impression de négligé. Elles évoquaient plutôt une créature un peu sauvage et exotique.

Ses yeux renforçaient cette impression. Ils étaient d’une incroyable nuance de bleu, bordés de cils épais et sombres comme ses cheveux. Malheureusement pour lui, il y découvrit la même lueur de désapprobation qu’il venait de lire dans le regard de sa nièce.

Au premier abord, le visage de la jeune femme n’avait rien de particulièrement séduisant. Et pourtant il possédait quelque chose — peut-être une certaine fraîcheur — qui retenait le regard et qui intriguait.

Il eut l’impression qu’elle était réelle au milieu du monde de fantaisie qu’il avait construit. Ce monde qui lui avait apporté la fortune au-delà de ses rêves les plus fous, et auquel, soudain, il semblait manquer quelque chose d’essentiel.

Mécontent du cours que prenaient ses pensées, il les écarta d’un haussement d’épaules. Les cris incessants du bébé devaient l’avoir perturbé. Il lui suffisait de regarder autour de lui pour s’assurer que la vie l’avait comblé. Et ce n’était pas le regard hautain d’une nurse sévère qui le convaincrait du contraire. Fermement résolu à amadouer ce dragon, il s’apprêtait à lui adresser son sourire le plus charmeur quand sa nièce Susie prit la parole :

— Mon oncle nous déteste.

— Susie ! s’exclama la gouvernante. On ne dit pas des choses pareilles ! C’est très grossier.

Sa voix grave et légèrement voilée évoquait de façon insidieuse la sensualité enfouie sous son apparence quelconque.

Joshua était contrarié de devoir se justifier face à une fillette qui, moins d’un an auparavant, l’avait accablé de billets doux ponctués de XOXO, après lui avoir expliqué que chaque X signifiait un baiser et chaque O un câlin.

— Je ne vous déteste pas du tout, répondit-il à sa nièce, je suis terrifié. C’est différent.

Il appuya sa remarque d’un sourire.

Les lèvres de la gouvernante frémirent et elle porta la main à son médaillon. Si c’était un sourire qu’elle avait esquissé, cela n’alla pas plus loin. L’attitude réservée de la jeune femme le déconcerta car il n’était pas habitué à ce genre de réactions de la part du sexe faible.

— Si, tu nous détestes, répéta Susie. C’est toi qui as envoyé maman et papa en vacances sans nous.

Sur ces mots, elle plongea la tête dans les plis du manteau de la gouvernante et éclata en sanglots. En entendant sa sœur pleurer, le bébé joignit ses cris aux siens.

— Elle est fatiguée, expliqua la nurse.

Joshua constata avec fascination qu’il lui suffisait de quelques paroles murmurées d’une voix apaisante et d’une caresse tendre pour calmer aussitôt les pleurs de la fillette.

— Elle a l’impression d’avoir été abandonnée, poursuivit la jeune femme en s’adressant de nouveau à lui. Le fait que vous nous ayez oubliés à l’aéroport n’a pas arrangé les choses.

— Il semblerait qu’il y ait eu un malentendu à propos des dates. Si vous aviez passé un coup de fil de l’aéroport, j’aurais envoyé quelqu’un pour vous chercher.

— J’ai appelé, rétorqua-t-elle. Apparemment, il n’est pas facile de parler directement à quelqu’un comme vous.

A son regard désapprobateur, il comprit qu’aux yeux de la jeune femme les mesures draconiennes destinées à protéger son intimité et son temps précieux n’étaient qu’une preuve de son ego surdimensionné.

— Vraiment désolé. Je serais curieux de savoir d’où vous vient cette connaissance des « gens comme moi » ? demanda-t-il en haussant un sourcil interrogateur.

— J’ai lu un long article sur vous dans People durant le voyage, monsieur Cole.

A la simple intonation de sa voix, il devinait ce que cela signifiait dans l’esprit de la jeune femme : il était un play-boy superficiel et hédoniste. Autant dire qu’avant même qu’il leur ait fait faux bond à l’aéroport elle l’avait jugé coupable.

En fait, Joshua n’appréciait pas particulièrement son statut de personne célèbre, mais il avait découvert que plus il luttait contre l’attention des médias, plus ceux-ci le traquaient. Cet article dans People était paru sans son autorisation et l’avait embarrassé plus qu’autre chose.

« Le Célibataire le plus sexy du moment ». Quel titre ridicule ! A en juger par les nombreuses photos de lui torse nu — il se demandait où le magazine les avait dénichées —, on pouvait avoir l’impression qu’il était plus jeune que ses trente ans bien sonnés et qu’il passait ses journées à se prélasser sur une plage, alors qu’il avait l’impression de travailler sept jours sur sept. La journaliste avait pris des accents lyriques pour s’émerveiller sur son « corps d’athlète » et ses « yeux verts aux profondeurs marines ». Toute cette prose l’avait littéralement écœuré.

Il devait reconnaître cependant que cette exposition médiatique procurait certains avantages. D’une part, elle constituait une publicité gratuite pour Sun. Et, d’autre part, la réputation de play-boy qui lui collait à la peau faisait fuir les femmes qui rêvaient d’un compagnon stable avec lequel elles pourraient fonder un foyer. Les autres, très nombreuses, se satisfaisaient de vivre une aventure sans lendemain, ravies d’être vues en sa compagnie dans les endroits à la mode et de recevoir des cadeaux de prix. En d’autres termes, ces relations n’impliquaient aucun engagement véritable de sa part.

Le revers de la médaille était que des gens un peu vieux jeu comme les propriétaires du Moose Lake Lodge rechignaient à l’idée de vendre leur complexe à un homme dont la notoriété un peu sulfureuse les inquiétait.

Et parfois, souvent au moment où il s’y attendait le moins, à la pensée que personne ne savait vraiment qui il était, une sensation de solitude le submergeait. Ces crises étaient cependant de courte durée, car un coup de fil à sa sœur suffisait généralement à les faire passer.

Etait-ce parce qu’il la sentait proche de Mélanie qu’il éprouva soudain le curieux besoin de faire bonne impression sur la gouvernante qui accompagnait son neveu et sa nièce ? Cela n’expliquait pas toutefois cette autre envie, plus étrange encore, de connaître l’opinion de la jeune femme sur son titre de Célibataire le plus sexy du moment.

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle semblait estimer que les critères d’évaluation du journal étaient à revoir.

Etait-il possible qu’elle ne le trouve pas séduisant ? Pendant une fraction de seconde, cette idée le contraria, comme si le jugement de cette Mlle Pincée lui importait ! Savait-elle seulement à quoi ressemblait un homme sexy ? Ou ce qu’elle ressentirait si un homme sexy s’approchait d’elle et l’embrassait ?

Suivant le cheminement de ses pensées, ses yeux se posèrent sur les lèvres de la jeune femme. Malgré sa moue sévère, qui aurait dû le rebuter, il ne put s’empêcher de songer que ses lèvres pleines et pulpeuses invitaient au baiser.

Comme si elle était consciente des pensées que lui inspiraient ses lèvres et que son médaillon représentait une amulette protectrice contre le loup-garou qu’il était, elle porta de nouveau la main à son bijou.

— Je ne me suis pas présentée, déclara-t-elle. Je suis Danielle Springer, mais tout le monde m’appelle Danielle. Je pensais que vous deviez nous attendre à l’aéroport.

— Il semblerait qu’il y ait eu un malentendu, répéta-t-il. Cela arrive souvent quand ma sœur organise quelque chose.

— Ce n’est pas évident de préparer des petits enfants pour un voyage !

En d’autres circonstances, Joshua aurait admiré la façon dont elle avait pris la défense de son employeuse.

— N’est-ce pas pour l’aider qu’elle vous a engagée ? demanda-t-il d’un ton suave.

Mlle Springer leva le menton et soutint son regard.

— Vous pensez que ce n’est qu’une affaire de valises à remplir et d’avion à attraper ? rétorqua-t-elle. Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne me surprend pas.

Devinant que sa sérénité se doublait d’un caractère bien trempé, Joshua ne résista pas au plaisir de la titiller.

— Ce n’est pas le cas ? demanda-t-il.

— L’éducation d’un enfant ne consiste pas simplement à subvenir à ses besoins physiques, lança-t-elle sèchement. Et votre sœur le sait.

— Sainte Mélanie ! Ma chère sœur m’accuse sans cesse d’être sans cœur, répliqua-t-il d’un ton enjoué, mais quoi qu’elle prétende sur la débâcle de ma vie affective, je n’aurais surtout pas voulu faire de la peine à Susie. Je vous assure que je ne vous attendais pas avant demain. Je suis désolé.

Etait-ce de l’optimisme de sa part, ou avait-il décelé une amorce de pardon dans le regard myosotis qui l’observait ? Susie, quant à elle, le dévisagea d’un air soupçonneux avant de prendre son pouce dans sa bouche et de se mettre à le sucer. Danielle fit passer le bébé de son bras gauche à son bras droit et se pencha pour retirer le pouce de la bouche de Susie, avant de s’avancer vers lui. Joshua se rendit soudain compte que le bébé devait être lourd et que la nurse semblait fatiguée.

Devinant ce qui allait advenir, il se redressa brusquement, espérant que Danielle comprendrait le message et changerait d’avis. Mais elle poursuivit son chemin et vint le rejoindre derrière le bureau.

— Pouvez-vous le tenir pendant une minute ? demanda-t-elle en lui tendant le bébé. Il est temps de le changer, mais je dois sortir le nécessaire de mon sac.

Et, avant qu’il ait pu se préparer psychologiquement à accomplir ce geste, Joshua se retrouva avec un petit paquet de chair rouge et hurlante dans les bras. Il ferma les yeux tandis que la chaleur qui émanait de Jake, son neveu de huit mois, se propageait dans tout son corps. Un souvenir qu’il pensait perdu à jamais lui revint à la mémoire avec une telle violence que sa gorge se noua.

— Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas aussi terrible que vous semblez le redouter, déclara Danielle.

Joshua ouvrit les yeux et vit que la jeune femme l’observait d’un air intrigué. Pensant qu’il s’inquiétait des dégâts que son neveu pouvait causer à sa cravate de soie ou à sa chemise sur mesure, elle ne suspectait pas les véritables raisons de son trouble et c’était mieux ainsi.

Le bébé, aussi étonné de se retrouver dans les bras de son oncle que celui-ci de le tenir, avait cessé de pleurer et le dévisageait à présent de ses grands yeux saphir. Son expression de sereine satisfaction ne dura cependant qu’un instant avant de se transformer en grimace. Puis il redevint écarlate et émit un grognement terrifiant.

— Qu’est-ce qui lui arrive ? demanda Joshua, interloqué.

— J’ai bien peur que cette fois-ci ce soit la grosse commission, l’informa Danielle, en éclatant de rire.

Pendant l’espace de quelques secondes, Joshua se laissa envoûter par ce rire joyeux. Au point d’oublier le désastre qui l’environnait et l’invasion de son bureau par l’ennemi le plus redoutable qui soit : le bonheur domestique. S’il n’avait pas éprouvé un léger haut-le-cœur, il aurait éclaté de rire lui-même.

— Amber ! s’écria-t-il en tentant de retrouver son self-control.

Son assistante passa la tête par la porte entrouverte.

— Que voulez-vous que je fasse ? demanda-t-elle.

— Les enfants n’ont pas déjeuné, répliqua Mlle Pincée, prenant la situation en main. Pourriez-vous nous faire livrer quelque chose à manger ?

Comment pouvait-elle songer à manger en un moment pareil ? se demanda Joshua. Sans compter qu’Amber, très efficace au demeurant, n’était peut-être pas la personne la mieux indiquée pour cette mission. A sa connaissance, sa secrétaire se sustentait principalement de branches de céleri.

Les bébés mangeaient-ils des branches de céleri ? Si quelqu’un lui avait prédit ce matin qu’il se poserait des questions sur l’alimentation des bébés avant la fin de la matinée, il lui aurait ri au nez. Il était bien placé, pourtant, pour savoir que quelques secondes pouvaient bouleverser l’existence d’un homme pour toujours. L’image d’un bébé minuscule, enveloppé dans une couverture d’hôpital bleue, son visage fripé, ses yeux plissés, sa petite main parfaite…, lui traversa fugitivement l’esprit, ravivant une douleur ancienne.

Décidément, il était écrit que cette journée lui réserverait bien des surprises, ce qui ne lui était plus arrivé depuis bien longtemps.

Il glissa un regard vers sa visiteuse et ne put s’empêcher de remarquer ses courbes féminines. De toute évidence, elle ne se nourrissait pas exclusivement de branches de céleri. En fait, il l’imaginait parfaitement en train de savourer avec un bel appétit un grand plat de spaghettis. L’image qui se formait dans son esprit était indéniablement sensuelle.

— Je vais changer le bébé, déclara-t-elle.

— Ici ? demanda-t-il d’une voix qu’il aurait voulue plus ferme.

— A moins que vous ne disposiez d’une pièce à langer sur le palier…

Joshua comprit qu’elle était capable de lui demander de pousser son vase Lalique pour improviser une table à langer sur la table basse. Il était temps de reprendre la situation en main ! Ce n’était pas parce que les enfants étaient arrivés plus tôt que prévu qu’il ne devait pas mettre son plan à exécution. La pensée que sa sœur se délecterait de le voir s’empêtrer dans cette situation imprévue lui insuffla un sursaut d’énergie.

— Les toilettes sont au bout du couloir, déclara-t-il en essayant d’éviter que Jake ne lui mette les doigts dans le nez.

Quand elle lui reprit le bébé des bras après avoir déniché une couche dans son sac de voyage, il lui fut tellement reconnaissant qu’il la gratifia d’un sourire.

— Dès que vous aurez déjeuné, lui dit-il à son retour, je changerai les réservations que j’ai faites pour vous. Vous allez adorer Whistler.

— Mélanie n’a jamais parlé de Whistler, protesta Danielle. Elle disait que nous allions rester avec vous.

— Je ne veux pas rester avec lui, ronchonna Susie. Il nous déteste, je le sais.

Joshua se demanda si ce n’était pas le moment de sortir tous ces billets doux qu’elle lui avait donnés et qu’il conservait dans le tiroir supérieur de son bureau, avant de se raviser. La gouvernante y verrait une marque de faiblesse. Elle avait beau l’intriguer et l’exaspérer, pour une raison inexplicable, il n’avait pas l’intention de dévoiler la moindre faiblesse devant elle.

— Ne t’inquiète pas, répondit-il à la fillette, personne ne reste avec moi, parce que je n’ai aucune envie de…

— Je vous conseille de ne pas dire un mot de plus, l’interrompit Mlle Springer d’un ton sans réplique.

Interloqué par son audace, il la dévisagea attentivement, tout en essayant de se souvenir à quand remontait la dernière fois où quelqu’un avait osé lui donner un ordre de la sorte. A vrai dire, cela ne lui était jamais arrivé. Et ce ton ! Personne ne lui avait parlé sur ce ton depuis… l’école primaire.

— Amber ! appela-t-il.

Son assistante apparut à la porte du bureau. A la lueur de rébellion qui dansait dans son regard, il comprit qu’une nouvelle exigence aurait raison de son dévouement.

— Veuillez vous occuper des enfants pendant que Mlle Springer et moi nous nous entretenons en privé.

L’assistante s’approcha de Danielle, lui prit le bébé des bras et quitta la pièce en le tenant devant elle.

— Va avec Amber, Susie, dit gentiment Danielle.

Son autorité sur les enfants était telle que Susie obtempéra sans mot dire et suivit la secrétaire en traînant les pieds, non sans avoir jeté un regard sombre à son oncle avant de refermer la porte derrière elle.

— Vous ne vous apprêtiez pas à dire devant les enfants que vous ne vouliez pas d’eux ? demanda Danielle dès qu’ils furent seuls.

Ce qu’il découvrit dans le regard inquisiteur dont elle le toisait le contraria. Chaque seconde qui passait, elle semblait de moins en moins impressionnée par lui. Et, malgré l’indifférence que lui inspirait son statut de célébrité, Joshua devait admettre qu’il s’était habitué à susciter une forte impression chez ses interlocuteurs. Ainsi qu’une lueur d’appréciation dans le regard des femmes qu’il côtoyait. Elles avaient d’ailleurs mille façons délicieuses de lui montrer leur admiration.

Mais Mlle Pincée semblait faite d’une autre trempe et ses yeux n’exprimaient que la désapprobation. Soudain, elle secoua sa chevelure. Ce n’était pas le mouvement de coquetterie auquel les femmes qu’il fréquentait l’avaient habitué. Et pourtant il dut reconnaître qu’il fut subjugué. L’espace d’un instant, il eut l’impression que, sous ses dehors de gouvernante prude, se cachait en réalité une sauvage et libre bohémienne.

— Ecoutez, déclara-t-il. J’ai pris mes dispositions pour que vous passiez un séjour agréable dans un superbe complexe touristique à Whistler. Ils organisent des activités pour les enfants tout au long de la journée. Je peux sans problème modifier la réservation. Dans moins d’une heure, vous devriez être en route.

— Non.

De nouveau, elle secoua sa chevelure d’ébène. Son geste ne pouvait toujours pas s’interpréter comme une tentative de séduction. Au contraire, elle semblait réellement en colère.

— Comment ça, non ? s’étonna-t-il.

— Ce n’est pas ce que Mélanie a prévu. Et après tout c’est elle qui m’emploie, pas vous.

Le sentiment de trahison qu’il éprouvait parfois inconsciemment à l’égard de sa sœur le submergea. Elle avait été à ses côtés à l’époque exaltante où il avait commencé son affaire. Mais elle avait brisé la règle numéro un. On pouvait sortir avec des clients. Mais il n’était pas question d’en tomber follement amoureuse ! Au bout de toutes ces années où elle avait accepté comme lui les principes qui régentaient Sun, elle avait voulu des enfants.

Joshua n’y avait rien trouvé à redire. Il lui avait même rapidement pardonné ce qu’il considérait au début comme une véritable trahison, alors que sa sœur, de son côté, le harcelait sans cesse — du moins, c’est ainsi qu’il ressentait son attitude — pour le convaincre qu’une relation durable pouvait être quelque chose de merveilleux, que les enfants étaient un don du ciel et qu’une vie sans engagement, sans relation sérieuse et sans famille était vide de sens.

Elle lui envoyait par e-mail ou par MMS des vidéos de Susie en train de chanter, de jouer avec son chat, ou de danser en tutu. Récemment, Jake avait rejoint sa sœur dans ces productions impromptues. Le mari de Mélanie, Ryan, un entrepreneur en bâtiment plutôt du genre macho, apparaissait souvent à l’arrière-plan, et on pouvait voir qu’il était ému jusqu’aux larmes devant les exploits de sa progéniture.

Jusqu’à présent, Joshua s’enorgueillissait d’avoir résisté aux efforts de sa sœur pour lui faire partager sa conception d’une vie idéale. L’arrivée de ses enfants faisait-elle partie d’un nouveau plan qu’elle avait manigancé pour le convaincre que sa vie était désespérément vide et triste, comparée à la sienne ?

— Pourquoi avoir invité les enfants si c’est pour les envoyer aussitôt à Whistler ? s’enquit Danielle.

— Le club propose des ateliers de pâte à modeler.

— Ils auraient pu tout aussi bien en faire à la maison. Mélanie s’imaginait que vous vouliez passer du temps avec les enfants. Elle était enchantée à l’idée qu’ils allaient apprendre à mieux vous connaître.

— Je ne vois pas pourquoi.

— Franchement, moi non plus.

Visiblement découragée, elle se laissa tomber sur le canapé.

— Quel gâchis ! s’exclama-t-elle. Mélanie prétendait qu’elle vous confiait ses enfants les yeux fermés, mais vous n’avez même pas été capable de venir nous chercher à l’aéroport.

— Pour cette faute-là, je plaide non coupable !

— Je n’en reviens toujours pas que Mel ait pu commettre une pareille erreur.

Visiblement, elle commençait à envisager qu’il puisse lui dire la vérité.

— Ce n’est pas très grave, la rassura-t-il. Comme je le disais, ce petit malentendu peut être réglé en quelques coups de fil.

Au lieu de lui lancer le regard reconnaissant qu’il estimait mériter, elle le fixa de nouveau avec son air sévère.

— Monsieur Cole, je crains que cela n’aille pas.

Dans le monde où il évoluait, c’était Joshua qui décidait ce qui allait ou qui n’allait pas.

— Qu’est-ce qui ne va pas ? s’enquit-il, incrédule.

— Vous ne pouvez pas nous expédier dans un hôtel à Whistler comme un vulgaire paquet. Ce ne sont pas les vacances qu’il faut à des enfants aussi petits.

— Quel type de vacances leur faut-il ?

En son for intérieur, il songeait qu’il était prêt à accepter n’importe quelle destination qu’elle lui proposerait, aussi éloignée ou extravagante fût-elle.

— Ils ont besoin d’être entourés de gens qui les aiment, répondit-elle de sa voix douce. Dans un endroit où ils se sentent en sécurité. C’est dans cet esprit que Mélanie les a envoyés chez vous, sinon, elle les aurait gardés avec elle.

Et elle ne serait pas partie elle-même se reposer, songea Joshua avec une pointe de mauvaise conscience en repensant aux traits tirés de sa sœur quand il lui avait parlé la dernière fois. L’instant précédent, il était prêt à offrir à ses neveu et nièce des vacances de rêve, sans regarder à la dépense. Mais était-il prêt à sacrifier de sa personne ?

Il ne pensait pas avoir laissé entendre à Mélanie qu’il avait l’intention de s’occuper lui-même de ses enfants. Il ne se sentait donc en rien responsable de l’idée erronée que sa sœur s’était faite.

Curieusement, il avait beau collectionner les succès dans le monde des affaires et contrôler un empire, il lui arrivait de se sentir comme un gamin recherchant l’approbation de sa sœur aînée. Désirait-il être digne de sa confiance ? Une petite voix lui murmurait : « Sois un homme meilleur. »

— Vous pouvez venir chez moi, proposa-t-il d’une voix totalement dépourvue d’enthousiasme.

Quand Danielle Springer le dévisagea d’un air sceptique, il se rendit compte — trop tard — de tout ce que sa proposition impliquait. Mlle Pincée, la redoutable gouvernante aux lèvres sensuelles et aux yeux mystérieux, logerait également chez lui.

De plus, en prononçant ces paroles, il prit conscience qu’il allait vivre pendant quelques jours une vie qui aurait pu être la sienne s’il n’avait pas pris la décision irrévocable d’abandonner un petit garçon, il y avait des années de cela.

Son fils.

Il avait beau vouloir se montrer dignede la confiance de sa sœur, à quoi bon se leurrer ? Depuis ce jour-là, il avait perdu foi en sa capacité à s’engager dans une relation affective, quelle qu’elle soit.

Priant pour que Danielle Springer refuse l’offre qui lui avait échappé sur un coup de tête inexplicable, il retenait sa respiration.

— De toute façon, il faut bien que nous nous posions quelque part, répondit-elle. Il est hors de question que les enfants reprennent la route aujourd’hui.

Sa proposition semblait aussi peu l’enchanter que lui-même. Mais son consentement avait fait basculer le monde bien réglé de Joshua dans l’incertitude. Et s’il y avait quelque chose dont il avait horreur, c’était qu’un grain de sable vienne se glisser dans sa vie parfaitement organisée.

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Dates de sortie

Baby on Board, Tome 15 : Une famille pour un play-boy

  • France : 2010-03-15 - Poche (Français)
  • USA : 2009-05-12 - Poche (English)

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Titres alternatifs

  • Hired: Nanny Bride - Anglais
  • Hired: Nanny Bride (Baby on Board #15) - Anglais
  • De niñera a amante - Espagnol
  • Onverwacht gelukkig - Néerlandais

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