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Laliya se souvenait, mi-amusée, mi-contrariée, des remontrances dont il accablait sa parente chaque jour : « Pourquoi ma fille n’est-elle pas descendue dans la salle d’étude ce matin ? l’interpellait-il, fâché. Que dis-tu ? Une matinée pour s’occuper de ses cheveux ? Où étiez-vous quand je suis rentré du palais ? l’interrogeait-il, furieux. Que dis-tu ? Choisir des étoffes ? N’a-t-elle pas assez de toilettes pour une jeune personne ? Elle n’a pas eu le temps nécessaire pour classer ces tablettes, lui reprochait-il. De la cuisine ? Regarde dans quel état tu l’as mise ! C’en est fini des distractions futiles ! Je n’ai besoin d’aucune femme ici pour prendre soin de ma fille. Retourne chez toi ! » pestait-il.
Mais Hazalâ n’avait pas semblé se décourager pour autant. Faisant mine de se soumettre à ce tyran irascible qu’était le scribe, elle continua à veiller avec affection sur Laliya. Elle semblait s’accommoder de son caractère, et rien ne laissait présager sa disparition. Pourtant, du jour au lendemain, il y avait de cela cinq ans, elle disparut. Laliya n’obtint aucune explication de la part de son père. Comment pouvait-il ignorer la raison de son départ ? se demandait-elle, perplexe. Elle le pressa de questions, en vain. Sa tante ne revint pas, ne lui donna plus aucune nouvelle. Pour la seconde fois, elle perdait les tendresses d’une mère.
Pourquoi Hazalâ l’avait-elle abandonnée ?
Cette question lui brisait le cœur.
Afficher en entierLes quais commençaient à être envahis par les files désordonnées des chalands. Après la période d’étiage, les fortes pluies sur les montagnes avaient grossi les affluents de l’Euphrate, rendant le fleuve de nouveau propice à la navigation, et au commerce.
Tirant des ânes brayant, des paysans, à l’affût de bonnes affaires, se traînaient pendant que d’autres déchargeaient leur charrette croulant sous le poids des légumes à vendre. Des pêcheurs entassaient leurs poissons dans des paniers, leurs modestes barques coincées entre les grosses embarcations.
Yasîm avait veillé à ce que soit dégagée une place suffisante pour l’amarrage de son bateau. Il était connu de tous ici, et personne n’aurait osé empiéter sur son territoire, même si, aux dires de certains, il prenait ses aises comme si le port lui appartenait.
Il n’attendit pas bien longtemps avant d’apercevoir, avec soulagement, son bateau se découper sur l’horizon. Les rayons de l’aurore coloraient les voiles d’ambre clair. Un vent venu du fleuve soufflait par à-coups. Il filait droit sur le port. Mais ce n’était pas celui qu’il attendait avec impatience. Une déception de courte durée, car celui-ci transportait une cargaison de valeur dont il tirerait un large profit.
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