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Mais, en posant les yeux sur le plâtre pour la première fois après l’avoir extirpé des manches de son pyjama, elle manqua de s’étrangler. Horrifiée, elle écarquilla les yeux, et son problème de shampoing lui parut soudain très, mais alors très secondaire. Comment Quinn avait-il osé?
Il avait dessiné des sexes masculins sur le plâtre. Une armée de sexes. Des gros, des petits. Certains en érection, d’autres pas, certains très détaillés, d’autres plus abstraits ou fantaisistes… Il y en avait pour tous les goûts et de toutes les couleurs: des rouges, des verts, des violets, des noirs, des bleus, des oranges; certains arboraient même toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Le salaud ! Il avait osé transformer son plâtre, cet attirail censé protéger sa blessure, en publicité ambulante pour vibromasseurs fantaisie. Elle allait le tuer.
Afficher en entier— Rasseyez-vous, ma belle. Ce n’est pas le moment de tomber tête la première alors que votre homme vient vous récupérer.
— Ce n’est pas mon homme, protesta-t-elle en se renfonçant confortablement dans le siège. C’est juste une vieille connaissance.
— Bien entendu ! s’esclaffa l’infirmière. Il est grand, ténébreux, plein de mystère, il fait exploser le standard de l’hôpital en appelant toutes les deux heures pour savoir si votre état s’améliore… Depuis trois jours, la plupart des infirmières se ruent sur le téléphone en espérant tomber sur lui… Elles font toutes des pieds et des mains pour avoir leur tour de garde au moment des heures de visites, juste dans l’espoir de le croiser dans votre chambre, dans un couloir…
Afficher en entier— Tu connais cette fille? Je veux dire, à l’époque où tu…
Plutôt que de conclure sa phrase, il le mima en train de jouer du piano tel un virtuose. Imitation délibérément grotesque.
— Très drôle, maugréa Quinn en secouant la tête d’exaspération. Mais oui, nous étions amis à l’époque.
— Amis? Ou «amis»? répéta son camarade avec un demi-sourire entendu.
— Franchement, Wyatt, tu as douze ans?
— À peu près. Le médecin ici dit que je souffre d’immaturité affective. C’est pour ça que je plonge dans des quêtes effrénées du plaisir, destructrices pour moi et mon entourage.
Afficher en entierSans lui laisser le temps de poursuivre, Quinn lui arracha le téléphone des mains et le lança de toutes ses forces par la fenêtre, dans le jardin. Il avait espéré le faire atterrir en haut d’un arbre ou au milieu d’un buisson, histoire qu’Elise ne puisse pas le retrouver tout de suite. Mais l’appareil survola la haie et tomba, avec un grand « plouf », en plein dans l’immense fontaine de pierre qui se dressait au centre de la cour.
Durant plusieurs secondes, ils restèrent tous deux comme pétrifiés. Bouche bée, yeux écarquillés, ils fixèrent la fontaine. Ce fut Elise qui retrouva la parole en premier.
— Tu n’as pas osé ? s’insurgea-t-elle d’une voix stridente.
Eh bien si, il avait osé ! Pour de bon. Peu à peu, il sentit l’hilarité monter en lui et, bien que cette attitude soit complètement suicidaire, il ne put s’empêcher d’éclater de rire – le tout sous le regard on ne peut plus furieux d’Elise.
— Espèce de salaud ! Espèce de gros salaud ! s’écria-t-elle en ouvrant violemment sa portière. C’était mon téléphone !
— Je sais, je sais, marmonna-t-il en s’efforçant de tempérer sa jubilation.
Chaque fois qu’il posait les yeux sur le visage déconfit d’Elise, c’était plus fort que lui : il riait à s’en étrangler. Il n’y pouvait rien. Avec sa bouche béante et son front plissé, elle avait des allures de merlan frit…
— Je n’ai pas fait exprès, bredouilla-t-il simplement.
— Bien sûr, je vois ça !
Afficher en entierEn tout cas, avant qu'elle réponde à toutes ces questions, ou même qu'elle demande son nom à cette jeune femme, Ryder débarqua dans la cuisine, bientôt suivi de Jared et de Quinn.
— Je savais bien que ça sentait la pizza ! s'exclama-t-il avant de se précipiter vers la rouquine qu'il enlaça avant de l'embrasser langoureusement.
Ce n'est qu'à ce moment-là qu'Elise comprit à qui elle avait affaire.
— Tu es Jamison ? demanda-t-elle d'une voix hésitante. La fiancée de Ryder ?
— Et aussi ma petite sœur, précisa Jared en passant une main affectueuse dans les cheveux de la jeune femme.
— C'est moi-même, répondit la belle rouquine avant d'écarquiller les yeux. Mais attends... Je ne me suis pas présentée ?
Elise fit doucement « non » de la tête en souriant.
— Je comprends mieux pourquoi tu me regardais comme si je sortais de l'asile ! Je commençais d'ailleurs à me demander ce qui clochait. Mais oui, c'est bien moi, Jamison. Petite sœur de Jared, fiancée de Ryder et amie de Quinn.
Elle insista sur le mot « amie » d'un air entendu, au point qu'Elise baissa la tête et sentit ses joues s'empourprer. Quinn n'était peut-être pas le seul dont la jalousie crevait les yeux.
Afficher en entier« — Mais de quel côté est-ce que tu es ? s’agaça Quinn en fusillant le guitariste du regard.
— Du côté de ta copine, c’est clair, fit Jared en ôtant son tee-shirt pour le donner à Elise. Tiens, ma jolie, ça devrait être plus confortable qu’un rideau…
— Merci, Jared. C’est très gentil, murmura-t-elle en saisissant le vêtement encore plus ample que ceux de Quinn.
En quittant la cuisine pour aller se changer, elle entendit Quinn persifler :
— Franchement, les gars, vous me cassez mon coup. J’essayais juste de lui donner une leçon.
— Mec, j’ai vu ce qu’elle t’a fait hier. À ta place, je ne chercherais pas à lui donner envie de se venger encore une fois…
— Il n’a pas tort, nota Ryder. Je crois que je vais aller lui prêter mon pantalon. »
Afficher en entier-Ca ne se fait pas de voler les sous-vêtements des gens! gronda-t-elle. Rends moi ma culotte, Quinn et tout de suite!
Avant même qu'il puisse répondre, un petit rire amusé fusa derrière elle. Quand elle se retourna, Jared et Ryder entraient dans la pièce, une tasse de café à la main.
-Tu entends ce que te dit la demoiselle, Quinn? plaisanta Ryder. Enlève donc sa culotte et rends-la-lui!
Afficher en entierIl garda donc le silence plusieurs minutes avant de déclarer :
— Eh bien, tu peux toujours la kidnapper…
Quinn attendit la chute de la blague, mais, comme Wyatt ne disait plus rien, il l’interrogea du regard.
— C’est tout ? C’est ça, ton conseil ? Je dois kidnapper une femme gravement blessée et en deuil ?
— C’est ça, confirma Wyatt non sans désinvolture.
— Excuse-moi, mais tu n’aurais rien d’autre à me suggérer que des actions passibles de prison ?
— Pas grand-chose d’autre, non…
— Génial ! Merci pour… pour rien, en fait.
Afficher en entierDébut du prologue :
Des poissons rouges nageaient dans sa baignoire.
Poissons rouges.
Dans sa baignoire.
Poissons rouges.
DANS... SA... BAIGNOIRE.
Quelques secondes s'écoulèrent. Tétanisée, Elise McKinney ne put que balayer du regard la petite salle de bains de l'hôtel. Comme si les murs vert pâle allaient lui livrer un indice quelconque susceptible d'expliquer pourquoi - et comment - quelqu'un avait réussi à transformer sa baignoire en aquarium. Et ce, deux heures seulement avant sa montée sur scène pour ce qui devait être le plus important concours de sa vie.
Cela dit, Elise n'avait besoin d'aucune aide pour démasquer le coupable. De toute façon, pensa-t-elle en contemplant la baignoire, je sais exactement qui s'est faufilé dans ma chambre d'hôtel pour me faire une de ces crasses dont lui seul a le secret.
Ce crétin de Quinn Bradford.
Afficher en entier— Joue avec moi, chuchota-t-il à son oreille. Ça fait si longtemps que je ne t’ai pas écoutée jouer… Joue avec moi, Elise. Maintenant.
Il s’attendait à un refus catégorique – refus qu’il aurait tenté de contrer –, mais elle ne dit rien. Du moins pas tout de suite. Au lieu de cela, elle appuya sur deux touches avec ses doigts fins, puissants et souples. Elle alla même jusqu’à produire deux accords… avant de s’arrêter net, laissant les notes résonner longuement entre eux.
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