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Il y eut cette seconde terminale, cette libération, puis un flot de douleur inouï se déversa en moi, si bref que j'eus à peine le temps de le sentir.
La mort avait perdu.
Afficher en entierSon image s'était gravée dans mon esprit avec une netteté inhabituelle. J'étais sûre de le connaître, certaine de ne l'avoir jamais vu.
Bal de givre à New York,Page16
Afficher en entierJ'étais sûre de le connaître, certaine de n'en l'avoir jamais vu.
Afficher en entier- Qui êtes-vous ?
C'était une question idiote : je connaissais la réponse. Ce que je ne comprenais pas, c'est comment j'avais pu me laisser surprendre.
- Je dois te parler.
Pourquoi avais-je l'impression de le connaître ? Pourquoi, dans le même temps, étais-je incapable de me souvenir de son nom ?
- J'ignore ce que vous me voulez mais vous vous trompez de personne.
- Bien sûr que non.
Il s'approcha, s'arrêta à distance respectable.
- Où nous trouvons-nous ?
- En un lieu solitaire, répondit-il. (Il enroba le balcon d'un geste ample.) Si tu veux bien te donner de la peine...
J'avançai, me frictionnant les épaules. Mon manteau avait disparu et je ne portais plus qu'un chandail. Le blizzard me coupait le souffle. Là-bas, sous la grisaille, la forêt des tours sombres - un canyon de verre et de métal fouillé par des projecteurs indolents.
Au-dessus des flots noirs, tendue sur plusieurs miles, une chaîne gigantesque nous reliait au port.
Le doute n'était plus permis. Nous nous trouvions au sommet de la Dame du Temps, le symbole de New-York, une statue monumentale marchant courbée contre la tempête et tirant, tel un fardeau sacré, la ville entière derrière elle.
De l'autre main, la Dame tenait un sablier à moitié vidé. Dieu sait comment le Masque m'avait amenée sur Time Island.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? fis-je, incapable de détacher mon regard de sa figure.
Il tendit un bras vers New-York:
- Cette ville n'est pas la tienne. Il serait temps de l'admettre.
- Quoi ?
- Tu n'habites pas ici.
Je n'avais à lui opposer qu'un rire aigre.
- Ridicule.
- New-York ne ressemble pas à ça, Anna. Et tu le sais.
Au-dessus des gratte-ciel, le dirigeable Seth-Smith, qui venait de sortir d'un nuage, tournoyait lourdement sur lui-même.
- "Le sens de la vie", ânonna le Masque. Ne réalises-tu pas ce que cela signifie ?
Il s'était posté devant moi, vibrant d'une colère contenue. Il connaissait mon nom.
Je m'éloignai d'un pas. J'avais remarqué une porte, sur le côté: une porte entrouverte, qui devait fatalement déboucher sur un escalier.
Feignant une crampe, je me repliai sur moi-même. Il s'approcha.
- Anna ?
Dague en main, je me relevai d'un bond. La lame avait surgi. Un éclair argenté cisailla la pénombre.
Afficher en entierCe n'était pas tant une maison, en réalité, qu'un véritable manoir gothique au toit de verre et de chrome, coincé entre deux buildings. Bâti en pierre et en brique, orné de flèches et de gargouilles, de tourelles, de lucarnes, il me jaugeait lui aussi, si fier et intimidant dans le crépuscule que je m'attendais à tout instant à ce qu'il m'interpelle d'une voix caverneuse.
Il avait toujours été là.
Afficher en entier- Tu as froid ?
Je hochai ka tête avec timidité. Ses bras se refermèrent sur moi. Paupières mi-closes, je le laissai enfouir son visage dans mon cou. Puis, avec lenteur, je me retournai et nos langues se mêlèrent.
Afficher en entierLes manches se terminaient par des lanières glissées entre le pouce et l'index. Les cheveux mi-longs arboraient une teinte corbeau. Le visage était dissimulé par un masque blanc semblable à ceux de quelque théâtre antique, scindé en deux par une ligne verticale.
La moitié gauche représentait un personnage riant, doté d'un demi-sourire et d'un oeil réjoui cerné de noir.
Afficher en entierPeu à peu, j'en vins à me considérer comme une princesse de roman à l'eau de rose. Une caméra bienveillante suivait chacun de mes faits et gestes. Le décor était moderne, la mise en scène épurée et certains personnages déparaient quelque peu le casting mais, en définitive, on en revenait sempiternellement à la même histoire : celle d'une princesse alanguie, attendant avec constance le retour de son prince.
Afficher en entier- Je t'aime dis-je
- Je t'aime aussi, Anna. Tu n'as pas idée. Je pensais...
- Tu pensais que je ne m'en sortirai pas, terminai-je à sa place. J'en ai mis du temps à comprendre. Mais je suis revenue pour toi, tu vois?
Afficher en entierLa porte s'ouvrit pour me laisser sortir. Le matin était devenu bleu, éblouissant. Je descendis quelques marches puis m'arrêtais. Le parterre était jonché de pétales de roses : des milliers de pétales, d'un rouge intense qui ne laissait plus voir le sol.
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