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Périlleuse tentation.

Je fermai les yeux puis chuchotai les mots qui me permettraient d'accéder au pouvoir des chats. Il me suffit de quelques secondes pour percevoir leur puissance féline. Sans réfléchir, je bandai les muscles, me recroquevillai puis, d'un seul élan, sautai sur notre mur, qui mesurait plus de deux mètres de haut. Je me réceptionnai sur les orteils, les bras en croix, pour garder mon équilibre : là-haut, pourtant, je me sentais stable et en sécurité.

J'éclatai de rire, le visage levé vers le ciel. Mes yeux voyaient différemment, mes oreilles n'entendaient plus les mêmes choses. L'air avait un goût plus puissant. Je captais d'autres odeurs : des animaux, la brique mouillée, les feuilles vertes, les plantes en décomposition, la terre. Sensations qui m'emplissaient de vertige, d'excitation et d'un ardent désir de découvrir le monde nouveau qui s'ouvrait à moi. Ma vision nocturne à elle seule était d'une netteté sidérante et je contemplai longuement tout ce qui m'entourait - la moindre feuille sombre, la moindre tige ployée par le vent, les criquets dans l'herbe. Chaque détail s'affichait avec une précision photographique.

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Clignant des paupières, je levai les yeux vers le ciel sombre et sans lune, les toits des caveaux de famille.

Mon crâne me faisait mal ; je portai la main à la bosse qui se formait, au-dessus de la nuque, la frottai avec vigueur. Puis je me redressai. Une plaque s'était brisée, un morceau était tombé sur le sol - seule la déesse savait quand - et je m'y étais heurtée. Mais pourquoi étais-je tombée ? Si j'étais morte, pourquoi avais-je mal à la tête ? Et aux mains ?

Il me fallut encore une bonne minute pour comprendre que je n'étais pas morte. Je n'étais pas Cerise, mais Clio, la Clio d'ici et de maintenant. Mes quatre bougies avaient coulé, presque éteintes. Il n'y avait plus dans mon bol de pierre que des cendres grises. Je parcourus les alentours du regard pour retrouver mes marques. Puis je rampai jusqu'à mon sac et en tirai ma montre. Il était quatre heures du matin. Je me sentais épuisée, le souffle court. Cette fois-ci, au lieu d'avoir eu le spectacle du rite sous les yeux, je l'avais vécu. J'avais entendu l'incantation de Melita, vu les sigillés et les runes scintiller sur le sol - celles qu'elle avait écrites avant que le cercle se forme, à notre insu.

Je m'étais sentie mourir.

Je déglutis, avalai, tremblante, une petite gorgée d'air, avant de ranger mes ustensiles. Je répandis les cendres sur le sol et les frottai du plat de la semelle, pour qu'elles ne laissent aucune trace, mouchai les chandelles et pris soin de faire disparaître les coulées de cire.

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