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— Petra vient juste de contrer mes pouvoirs alors que j'accomplissais le rite le plus important de ces deux derniers siècles, répliqua Daedalus d'un ton détaché. Est-elle au courant de ta visite ?
J'eus un moment d'hésitation. Si je disais la vérité, en profiterait-il pour me découper en petits morceaux ?
— Non, me lançai-je, le menton levé, aussi désinvolte que lui.
Zut, n'étais-je pas Clio Martin, celle qui fait chavirer les cœurs des hommes, qu'ils aient dix-sept ou cent soixante dix-sept ans ?
— Mais j'en ai parlé à Thais, ajoutai-je.
Tout en restant dans le vague. Sans lui dire que j'allais mettre mon projet à exécution. Elle m'aurait tuée si elle avait su ce que je venais de faire.
Daedalus m'observa. Les lampes jetaient une lumière douce et ambrée sur les murs de son appartement ; le plafond avait l'air encore plus haut que ses trois mètres cinquante. Daedalus finit par me faire signe d'entrer. Je m'attendais presque à ce que retentisse une musique un peu flippante et baroque, du genre « Tu passes le seuil, ô jeune fille, oh-oh ».
Afficher en entierThais
Le feu. À la fois créateur et destructeur. Le feu qui rend la vie possible et peut cependant l’anéantir en un instant. Fanal dans l’obscurité, chaleur dans le plus froid des hivers, symbole éternel du foyer, de la maison, du confort.
Et bien commode quand on veut faire cuire un steak.
Je me penchai par-dessus le barbecue en forme de demi-cercle qui trônait dans notre jardin sur ses trois pattes rouillées, et lui palpai le flanc d’une main.
— Mais où est l’interrupteur ?
Ma sœur me lança un regard apitoyé avant de gratter une allumette qu’elle posa sur une petite pile de briquettes de charbon. La première tentative d’allumage ayant échoué, elle recommença. Et le feu prit — léger, tremblant, infime frémissement au-dessus du charbon, comme si l’air lui-même se ployait.
— Voilà, dit Clio, la main tendue.
Une petite flamme timide était apparue sur une des briquettes, qu’elle noya bientôt de sa lumière liquide ; et bientôt les briquettes arborèrent toutes une petite couronne orange et dansante.
Afficher en entierLa porte donnait sur un espace plongé dans le noir. Daedalus s'empara d'un chandelier à quatre branches et caressa les mèches des bougies. Elles s'enflammèrent immédiatement. Waouh, le classe. Il franchit le seuil obscur, me faisant signe de le suivre.
Dans un film, c'est le genre de moment où les spectateurs hurlent :
- Non ! N'y va pas !
Mais bien sûr, l'héroïne fonce, l'andouille. Et la hache de l'assassin s'abat sur son crâne. J'emboîtai le pas à Daedalus, le cœur palpitant au fond de la gorge.
Afficher en entier- Mon père a été assassiné ! m'écriai-je ; et les mots résonnèrent dans cette pièce tranquille dans tout leur dureté, toute leur nudité. Je veux le venger. Le meurtrier est un sorcier. Je veux le dépouiller de ces pouvoirs.
Tout cela me semblait soudain si absurde, si incroyable. Qu'étais-je en train de faire ? Qui était-je ? Ces paroles ne me ressemblaient pas.
- Tu crois donc à la magie ?
- Il le faut bien, puisque je suis une sorcière.
La femme traversa lentement la boutique, le visage pensif, comme si elle réfléchissait à se qu'elle venait d'entendre. De temps à autre, son regard ténébreux se posait sur moi.
- Pour dépouiller quelqu'un de ses pouvoirs, il faut avoir recours à la magie noire. Ton âme en sera marquée à jamais.
- Il a tué mon père.
Je sentis les larmes me monter aux yeux.
- Je vais t'apprendre un sortilège, dit la femme. Si ta décision est réellement prise. Ce ne sera pas facile. Es-tu prête à affronter la douleur ? La peur ? Les ténèbres ?
- Oui, répondis-je, tremblante.
- Voici ce dont tu auras besoin. Reviens quand tu auras tous ces ingrédients.
Un bout de papier, épais et gris, sembla se matérialiser sous mes yeux.
Je le pris d'une main tremblante.
- D'accord, soufflai-je d'une voix à peine audible.
- Rentre chez toi, maintenant, ma petite, et ne reviens pas avant d'être prête.
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