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Commentaires de livres faits par bamby114

Extraits de livres par bamby114

Commentaires de livres appréciés par bamby114

Extraits de livres appréciés par bamby114

1.
Le deuil de Gradlon.
Au château de Quimper, en grand deuil, en grande tristesse, vivait Gradlon, roi de Cornouaille. Tout le long du jour, au fond de sa chambre, loin de la lumière, il demeurait sur son lit, ne parlant que pour quérir à boire des serviteurs ; et, s'il ne buvait point, à l'ordinaire il dormait.
Ses meilleurs hommes en étaient marris ; ils souffraient et murmuraient, et parfois doucement le prenaient à partie :
Seigneur, douleur et honte vous nous donnez. Nul ne vous voit plus partant, en belle cavalcade, pour la guerre ou la chasse. Or qui, mieux que vous, sait tirer de l'arc ou manoeuvrer l'épée ? Qui sait mieux servir le sanglier ou lever la trace du cerf ? Las ! Les gens de Léon qui nous sont sujets disent tout bas que le glaive de Cornouaille est en main débile ; et ceux de Vennes qui nous sont rivaux le disent hautement . Et vous saurez aussi, seigneur, qu'au pays des Gallois on prétend ceci : le moment serait bon pour prendre la belle ville de Quimper. A ces propos le cœur nous bat de colère, le sang nous monte au visage. Seigneur, n'êtes-vous pas d'avis que soient châtiés les mauvais parleurs ?
Mais Gradlon, sans répondre un mot, hélait l'échanson, lui tendait son gobelet d'or.
Seigneur, poursuivaient les comtes s'échauffant, s'il ne vous convient de batailler et de conduire votre chasse, mandez à l'un de nous, par faveur, d'être en votre place ; qu'il soi votre homme et notre chef et, comme à vous, chacun lui sera fidèle. Mais rien ne vau de laisser au fourreau l'épée, et le coursier au pâturage. Epée rouille, cheval engraisse : plus le sont bons à la guerre.
Mes fils, disait alors Gradlon, de me laisser en paix je vous prie ; combats nichasse ne m'agréent à cette heure. Et si l'un de vous se veut mettre en ma place, qu'il le tente ; alors il connaîtra si la Cornouaille est en main débile.
Et s'ils insistaient, il les menaçaient de mort,, car il était, dans l'ivresse, colère et d'humeur noire.
Défaits en cela, les comtes firent venir d'Aquitaine des jongleurs habiles à réciter lais et chansons, des bateleurs, danseurs de corde, mimes, grimaciers et montreurs d'animaux.
Sire, dirent-ils, nous vous tirerons de votre chagrin ; voyez ces jeux et divertissements, écoutez ces beaux poèmes, ils dispersent l'ennui comme le soleil les nuages.
Et jongleurs, bateleurs, mimes et grimaciers s'efforçaient de leur mieux, et nul ne les pouvait écouter sans être ému de leurs douces chansons, ni les regarder dans rire à plein gosier de leurs bons tours.
Gradlon seul se détournait d'eux et, au lieu d'argent, de chevaux de main, de beaux orfrois qu'ils recevaient ailleurs, il les renvoyait durement, honnis, bâtonnés, heureux d'éviter la hart qu'il leur promettait pour présent de bon accueil.
Si le roi de Cornouaille ainsi repoussait amis et plaisirs, c'était pour la douleur dont son âme et son corps souffraient sans repos. Certains jours, les murs du palais tremblaient aux hurlements de sa voix, pareils à ceux que les bêtes sauvages en amour font entendre dans les forêts ; il frappait de la tête et du poing les cloisons, brisait les meubles autour de lui, jetait dans le silence de la nuit d'horribles clameurs. Tous alors fuyaient sa folie et se cachaient par grande crainte.
Et les choses allaient de la sorte depuis qu'était morte la reine Malgven.
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date : 18-03-2016
L'été se terminait. Pierrick avait repris la route. Son métier l'obligeait à se déplacer pour rencontrer ses clients. Ils partaient souvent pour plusieurs jours. Jenny, elle, avait commencé son travail d'éducatrice au entre jour jeunes enfants. Comme elle partait à la journée, elle avait pris une baby-sitter pour s'occuper des enfants jusqu'à la fin des vacances.
Chacun prenait ses marques, ses repères, ses habitudes.
Le téléphone sonna.
C'est moi qui décroche ! Dit Yves.
LE premier arrivé ! Dit Alex.
Plus prés du combiné que son frère, il n'eut pas de mal à prendre le téléphone en premier.
Allô ? Papa ?
Oui, bonjour mon grand. Tu vas bien ? Tu t'es bien amusé aujourd'hui ?
Pendant qu'Alex racontait sa journée à son père, Jenny s'était approchée tout doucement.
Tu le passes papa ?
Oui, au revoir papa ! Tu rentres quand ?
Demain.
Allô chéri ? Comment vas-tu ?
Je suis fatigué mais tout va bien. J'ai encore un rendez-vous demain matin à Starsbourg, puis je rendre. Si tout va bien, je serai là en début de soirée avant le repas.
D'accord, tu me manques, tu sais. Le soir, sans toi, la maison me semble un peu triste.
J'aime quand tu es là.
Tout en parlant, elle se tourna de façon ) ce que les enfants ne l'entendent pas et elle chuchota :
La maison est un peu grande et isolée. J'avoue que parfois j'ai un peu peur.
Voyons, Jenny, tu as Stell, ton chien...et les enfants ! Ne sois pas si gamine !
Les enfants sont encore petits. Je ne peux compter que sur moi-même.
Tu n'as pus qu'une nuit sans moi. Je serai là pour tout le week-end. Ne t'inquiète pas comme cela ! S'il fait beau, je vous emmènerai à la mer pour le dernier week-end avant la rentrée des classes.
Oh ! Superbe ! Je vais l'annoncer aux enfants. Je t'embrasse mon chéri. A demain.
A demain, je t'aime.
Un souper rapide, un peu de repassage, puis Jenny alla coucher ses deux garçons.
Elle les embrassait chaque soirée passait un peu de temps auprès de chacun d'eux dans leur chambre ? Elle s'asseyait sur le lit et chaque enfant lui racontait ses petites histoires de la journée, puis après un ou deux baisers Jenny fermait la lumière.
Ce soir-là, après avoir vu Alex, puis Yves, elle redescendit à la cuisine auprès de Stell.
Stell était une chienne de la race des Setters irlandais, au pelage roux, très belle, svelte et musclée.
Heureusement que tu es là, ma belle, sinon qu'est-ce que j'aurais peur toute seule !
Stell la regardait de son regard doux et compréhensif, Jenny lui parlait souvent car elle avait l'impression qu'elle comprenait tout. Elle la suivait tout le temps où qu'elle aille dans la maison et elle savait que sa chienne ressentait ses émotions.
Stell s'approcha de Jenny et posa sa tête sur les genoux de sa maîtresse. Elle attendait ses caresses. Cet instant unique, elle l'avait tous les soirs.
Stell regarda Jenny qui commençait à avoir une petite larme qui roula au coin de l'oeil.
- Cette maison est très jolie mais presque trop calme. Stell, protège-moi et protège les enfants. Je ne sais pas pourquoi mais quand Pierrick n'est pas là, j'ai peur. Je n'ose pas trop lui dire et pourtant s'il savait....
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date : 12-04-2015
À travers tout ce que mon père m'a appris, les petites choses et les grandes, tout le savoir qu'il m'a transmis, et les règles de conduite, et la vérité sur la vie et la mort, les poèmes et les romans, et la philosophie, mon père m'a initiée à l'initiation, mon père m'a enseigné à transmettre, mon père m'a appris à apprendre, mon père m'a donné l'amour sans lequel je n'aurais jamais été capable d'aimer, mon père est un relais de tous les pères pour que la lumière se prolonge, mon père est un maillon de la chaîne des pères qui jamais ne doit s'arrêter, depuis l'origine jusqu'à la fin du monde, cela nous le savons, mais pourquoi, nous ne le saurons sans doute jamais.
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date : 12-04-2015
Rien n'est acquis dans l'amour, tout peut s'écrouler en un jour, une soirée, une phrase. On passe son temps à bâtir, et l'amour, c'est un château de cartes qui s'effondre d'un geste, d'un souffle, ou d'un mot malheureux.
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Il m'adressa un de ces sourires qui n'appartenaient qu'à lui.
Et avant elle, tes premières amours ?
A seize ans, une grande passion d'été pour une boulangère qui m'a tout appris, ensuite une étudiante de la Sorbonne, avec laquelle j'ai connu dix-huit mois d'un liaison si tumultueuse que j'ai bien failli rater mes examens. Puis quelques coups de cœur sans importance, enfin Joyce, rencontrée par hasard devant un grand magasin, et que j'ai adorée sur-le-champ. Tout ça est très banal.
Pas quand on le vit.
Il m'offrit une cigarette, se pencha pour me donner du feu.
As-tu connu des aventures extraordinaires ? Lui demandai-je.
Non, le mot est trop fort. Disons... des choses très bien.
Jusqu'à Dimitri ?
Dimitri en fait partie.
Je méditai sa réponse un moment. Je l'avais supposé plus concerné par l'homme qui vivait chez lui, avec lui.
Veux-tu qu'on en parle ? Ajouta Alexander.
De quoi ?
Du fait que je suis amoureux de toi.
Sa déclaration me laissa sans voix. Moi qui croyais l'incident oublié, qui imaginais stupidement que nous ne connaîtrions plus la moindre gêne, je me retrouvai si embarrassé que je le sentis rougir. Seigneur ! Jusqu'où me fallait-il remonter pour me rappeler avoir rougi ?
C'est ridicule, parvins-je à articuler.
C'est surtout difficile. J'ai longtemps espéré que ça me passerait, mais non.
Alexander, tu me mets dans une situation impossible !
Un cri du cœur, qu'il accepta avec un geste d'impuissance.
Je sais. N'ai-je vraiment aucun espoir de te convaincre ?
Me convaincre de quoi ?
D'essayer.
Souffle coupé, j'éprouvai une sensation de creux à l'estomac, comme si j'oscillais tout au bord d'un plongeoir. S'ensuivit une bouffée d'angoisse que je me levai, sans réellement vouloir quitter la pièce, mais au moins pour me soustraire à l'insistance de son regard.
Ne t'en va pas, dit-il à voix basse. S'il te plaît.
Alex, tu es mon ami, je ne tiens pas à me fâcher avec toi. J'ai beaucoup d'admiration et d'affection pour toi...
je m'en fous.
Comme il n'étais jamais vulgaire, sa phrase résignée me fit comprendre que nous ne pouvions plus faire machine arrière. Il fallait liquider le problème une fois pour toutes, en espérant que notre amitié y résisterait. Il se leva à son tour, alla prendre la bouteille de champagne et s'approcha de moi. Je dus me maîtriser pour ne pas bouger, mais ma main tremblait qued je lui tendis ma coupe. Il interrompit son mouvement, me la retira des doigts.
Je te fais peur, Mark ? Demanda-t-il doucement.
Il se débarrassa de la bouteille et du verre sur un guéridon, puis avança d'un pas.
Alex, non.
Ma voix devait manquer de conviction car il me prit par les épaules et m'attira à lui.
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date : 13-11-2014
Début de la réunion : 20 heures.
M. Orchard remercie les participants d'avoir sacrifié leur soirée et souhaite que..
Bea approuve et annonce au comité que HEATHER sera SECRETAIRE pour la toute première fois, et informe HEATHER qu'elle n'aura qu'à noter précisément ce que tout le monde dit, en donnant à leurs propos un tour un peu plus disons, officiel, si c'est possible.Elle tient aussi ) ajouter qu'elle adore les nouvelles chaussures de HEATHER.
M. Orchard reprend la parole pour déclarer que le dévouement des parents de la communauté le touche beaucoup. Il explique que c'est sa première affectation à la tête d'un école après plusieurs années à la City, que la situation financière et bien aussi grave que le veulent les rumeurs, mais qu'il a un certain nombre de propositions à faire qui permettront à l'école de s'en sortir et d'aller vers...
BEA remercie le DIRECTEUR au nom du comité et déclare qu'on a très hâte d'entendre ses projets, qu'elle sait qu'ils seront géniaux et qu'elle promet qu'ils se réaliseront très vite.
COLETTE informe le comité qu'elle a préparé des amuse-gueule, pas grand-chose, rien que des petites bouchées au fromage et que le comité peut se servir.
M. ORCHARD demande au comité de prendre un moment pour écouter...
BEA remercie à nouveau le DIRECTEUR et propose de procéder dans l'ordre. Le comité doit d'abord élire un président.
M. ORCHARD informe le comité qu'il suppose qu'il sera le...
CLOVER tien à ajouter qu'elle a acheté des biscuits apéritifs.
SHARON souhaite aviser tous les participants que BEA est le choix le plus évident pour la présidence.
JASMINE explique que c'est parce que BEA est toujours présidente.
BEA indique qu'elle ne veut pas être présidente, justement parce qu'elle l'est toujours. Il est peut-être temps que quelqu'un d'autre se dévoue.
DEBORAH exige que les membres du comité l'appellent BUBBA comme tout le monde et annonce qu'elle serait ravie d'être présidente, et qu'elle aimerait profiter de l'occasion pour évoquer sa longue expérience comme directrice des ressources humaines, carrière qu'elle à mise entre parenthèse pour prendre une année sabbatique.
BEA déclare que, pour l'amour du ciel, elle ne songe pas une minute à entrer en concurrence avec BUBBA. Elle déclare que les membres du COMITE sont fous de joie à l'idée de compter dans leurs rangs une personnalité aussi prestigieuse, et qu'un jour elle serait enchantée que BUBBA lui raconte sa brillante carrière tout en refaisant le monde lors d'une soirée autour d'une délicieuse bouteille. Pour l'instant elle ne peut ajouter qu'une chose, c'est qu'elle travaille depuis six ans sans relâche pour la communauté de Saint Ambrose, qu'elle connaît à fond tous les membres de la petite famille heureuse de l'école et qu'elle a remporté de brillants succès chaque fois qu'elle a organisé une collecte de fonds. C'est tout. Elle n'a rien d'autre à offrir.
M. ORCHARD déclare qu'il aimerait aussi être pris en considération pour le...
COLETTE clame «  que tous ceux qui sont en faveur de BEA disent oui » et «  que tous ceux qui sont en faveur de BUBBA disent oui ».
JO informe les participants que « pour une surprise, c'est une surprise. »
BEA remercie ses nombreux supporters pour leur vote de confiance et se déclare stupéfaite d'avoir été préférée à une concurrente aussi franchement redoutable.
SHARON demande qu'on prenne acte de son absence d'une minute et demande au DIRECTEUR si, euh, c'est à l'étage ?
M. ORCHARD acquiesce et ajoute que c'est la deuxième porte à droite.
JASMINE informe SHARON qu'elle l'accompagne.
BEA commence à exposer ses projets. Sa priorité numéro un pour la collecte de fonds est l'organisation de DEJEUNERS RELAIS, comme on le fait à Saint Francis. En résumé : une personne prépare un déjeuner en demandant quinze livres par couvert, et ceux qui y assistent doivent en organiser un à leur tour, et ainsi de suite. Ce projet peut devenir encore plus lucratif si on note toutes les recettes pour les publier dans un livre de RECETTES DE SAINT AMBROSE. Elle sait que Saint Francis n'y a pas encore songé et qu'on a donc une longueur d'avance sur eux. Elle annonce aussi un QUIZ possible, avant qu'il ne se mette à pleuvoir.
CLOVER s'excuse mais elle voudrait savoir si GEORGIE va bien ?
JO informe les participants qu'elle fait une petite sieste et demande si ça dérange quelqu'un.
COLETTE propose une TOMBOLA DES GOURMETS où tout le monde fait un plat à dîner, qu'on tire ensuite au sort. On gagne un nouveau plat pour son dîner. En plus d'aider à collecter des fonds, ceci encouragera la communauté à essayer de nouvelles recettes.
JO réveille GEORGIE et demande au comité de noter qu'elles s'absentent pour fumer une clope.
SHARON demande la permission d'interroger le DIRECTEUR sr un petit détail qui les intrigue toutes. Elle n'a pas pu s'empêcher de remarquer qu'il n'y avait qu'une brosse à dent dans la salle de bains et elle voudrait savoir si Mme ORCHARD va bientôt le rejoindre ?
JASMINE se joint à SHARON et précise que le comité a très hâte de la rencontrer.
M. ORCHARD répond que ce n'est pas la peine d'attendre puisqu'il n'y a pas de Mme ORCHARD et ajoute que, puisqu'il a la parole, il souhaite soulever la question de..

BEA suggère qu'on suive l'ordre du jour et demande des volontaires pour prendre en charge les différentes activités de la collecte de fonds. Evidemment, BEA se charge du QUIZ comme d'habitude. Elle demande qui veut donner le premier DEJEUNER RELAIS ?
Les PARTICIPANTS restent silencieux.
HEATHER dit que si personne ne se propose, elle serait ravie de le faire mais qu'elle ne veut pas s'imposer ou marcher sur les plates-bandes de quelqu'un.
BEA dit que hum, à son avis GEORGIE devrait commencer et que le comité va l'en informer quand elle décidera de revenir parmi eux. Elle demande ensuite des volontaires pour la TOMBOLA DES GOURMETS.
Les PARTICIPANTS restent silencieux mais HEATHER lève la main.
BEA informe CLOVER que c'est le moment de monter de quoi elle est capable. Il ne reste donc plus que le VIDE-GRENIER, qui à son avis n'est absolument pas compliqué à organiser.
Les PARTICIPANTS restent silencieux. HEATHER lève à nouveau la main.
BEA annonce à HEATHER qu'elle peut organiser le VIDE-GRENIER mais désigne COLETTE pour superviser l'opération.
COLETTE dit que c'est d'accord, mais qu'elle travaille pour gagner sa vie, elle, et que ce serait bien si d'autres...
BEA demande aux participants comment elle s'en sortirait sans COLETTE et son soutien inébranlable ? Et si quelqu'un a remarqué à quel point sa veste lui va bien ? De plus, elle tient à féliciter le comité d'avoir démarré de façon si prometteuse.
M. ORCHARD acquiesce mais déplore qu'aucun autre membre masculin de la communauté n'ait pu être présent ce soir.
BEA explique que c'est parce qu'elle n'en a invité aucun et demande s'il y a autre chose à discuter.
JASMINE voudrait demander au DIRECTEUR s'il a envisagé d'abattre la cloison entre la salle de séjour et la cuisine.
SHARON lui garantit personnellement que cela créerait une salle de séjour plus spacieuse et plus lumineuse.
LE compte rendu compte que, à ce moment, GEORGIE et JO reviennent.
GEORGIE demande si elles ont raté un truc important.
HEATHER répond que oui : GEORGIE organise le premier DEJEUNER RELAIS.
GEORGIE déclare au comité que ça doit être une blague.
JO informe GEORGIE qu'elle avait vu le coup venir, et qu'elle s'est fait piéger.
COLETTE dit aux PARTICIPANTS : Hé ! Excusez-moi ? Mais comment va-t-on appeler le COMITE et va-t-on imprimer des tee-shirts ou des bracelets pour identifier les membres ?
SHARON a besoin d'un éclaircissement : le COMITE n'est-il pas une émanation de PASTA, le comité des parents d'élèves de Saint-Ambrose ?
BEA affirme qu'il faut distinguer PASTA du COMITE. Le problème du comité des parents d'élèves, qui fait au demeurant de l'excellent travail, c'est qu'il est ouvert à tout un chacun, ce qui est tellement génial et tellement sympathique que, parfois elle en a les larmes aux yeux. Mais que puisque ce comité-ci est uniquement sur invitation, il faut établir des limites afin d'éviter de créer des quiproquos ou de froisser qui que ce soit. On pourrait peut-être l'appeler le COMITE DE SAINT AMBROSE, acronyme COSTA ?
COLETTE appuie cetet proposition et suggère de fabriquer des bracelets, au nom du comité, parce que les tee-shirts, ça n'avantage personne et que celles qui ont des atouts ne devraient pas les dissimuler.
GEORGIE annonce que bon, ça suffit, elle s'en va.
Fin de la réunion 20h32.
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Prologue.
La vieille dame empoigna son déambulateur, accrocha la canne à côté du panier en essayant de se donner un air déterminé. Etre une bonne femme de 79 ans sur le point de commettre son premier hold-up, cela exigeait une certaine autorité. Elle se redressa, enfonça son chapeau sur son front et poussa la porte. Lentement, appuyée sur son déambulateur de la marque Carl-Oskar, elle entra dans la banque. C'était cinq minutes avant la fermeture, et trois clients attendaient leur tour. LE déambulateur grinçait un peu même si elle l'avait graissé avec de l'huile d'olive. Depuis qu'elle était entrée en collision frontale avec le chariot de ménage d'une société de services, une des roues faisait des siennes. Mais pour un tel jour, aucune importance. L'essentiel était que le déambulateur eût un grand panier pour y mettre beaucoup d'argent.
Originaire de Södermalm, Märtha Anderson se tenait un peu penchée en avant, habillée d'un imperméable de couleur indéterminée, choisi sciemment pour ne pas attirer l'attention. Elle était plus grande que la moyenne, enveloppée disons, mais pas grosse, et elle portait de bonnes chaussures de marche sombres afin de faciliter une éventuelle fuite. Ses mains aux veines apparentes étaient gantées d'une vieille paire en cuir et elle avait dissimulé ses cheveux blancs sous un chapeau marron à large bord. Autour du cou, elle avait noué un châle de couleur fluo. Au cas où elle serait photographiée, le fluo provoquerait automatiquement la surexposition de tout ce qui se trouvait autour et les traits de son visage disparaîtraient. Mais son nez étaient déjà cachés par son chapeau.
LA petite banque dans le Götagatan ressemblait à s'y méprendre à toutes les banques d'aujourd'hui. Il n'y avait qu'un seul guichet, des murs impersonnels un sol bien astiqué ; sur une petite table traînaient des brochures à propos d'emprunts avantageux avec des conseils sur la manière de s'enrichir. Ah, chers créateurs de brochures, pensa Märtha, moi, je connais des solutions bien plus efficaces ! Elle s'installa sur le canapé des visiteurs et fit semblant d'étudier les affiches sur des prêts d'épargne logement et des fonds d'action, mais elle avait du mal à empêcher ses mains de trembler. Discrètement, elle sortit des bonbons de sa poche, une mauvaise habitude contre laquelle les médecins la mettaient en garde, et qui faisaient le bonheur des dentistes. Mais avec un nom aussi contestataire sur rugissement de la jungle, ces réglisses archisalées convenaient parfaitement à un jour comme celui-ci. Et puis, après tout, elle avait bien le droit, d'avoir des faiblesses.
Le panneau d'appel émit un bip, et un homme dans la quarantaine se précipita vers le guichet. Son affaire fut vite expédiée, ainsi que celle de l'adolescente après lui. Ensuite ce fut le tour d'un monsieur plus âgé qui farfouilla longtemps dans ses papiers tout en marmonnant. Märtha commença à s'impatienter. Il ne fallait pas qu'elle reste ici trop longtemps. On pourrait remarquer son comportement et d'autres détails susceptibles de la trahir. Cela serait embêtant, juste au moment où elle voulait avoir l'air d'une dame âgée ordinaire venue à la banque pour retirer de l'argent.
Et c'était exactement ce qu'elle allait faire, même si la caissière serait étonnée du montant... Märtha fouilla dans sa poche de son imperméable pour retrouver la coupure de journal de Dagens Industri. Elle l'avait découpée dans une rubrique qui disait que les braquages coûtaient cher aux banques. L'article disait : « Ceci est un Hold up ! » Son action s'inspirait précisément de ces mots.
L'homme devant le guichet ayant bientôt fini, Märtha se releva en s'appuyant sur le déambulateur. Pendant toute sa vie, elle avait été quelqu'un de bien, qui inspirait confiance, elle avait même été déléguée de classe à l'école. A présent, elle allait devenir une criminelle. Mais il fallait bien qu'elle organise sa vieillesse ! Elle avait besoin d'argent pour s'offrir une belle maison pur les sien et elle-même ; ce n'était pas le moment de faire machine arrière. Avec ses vieux amis de la chorale, elle voulait vivre un troisième âge « radieux ». Bref, faire un peu la nouba à l'automne de sa vie. Il en prenait du temps, le monsieur là-bas, pour ranger ses papiers ! Finalement le numéro de Märtha s'afficha. Avec lenteur mais dignité, elle s'avança vers le guichet. Tout e qu'elle avait accumulé durant sa vie en termes de respectabilité allait voler en éclats en un instant. Mais que faire d'autre dans un société d'escrocs qui maltraite ses aînés ? Soit on acceptait et on se laissait anéantir, soit on s'adaptait. Elle avait toujours été du genre à s'adapter.
En franchissant les derniers mètres, elle regarda attentivement autour d'elle avant de s'arrêter devant le guichet, de poser sa canne sur le comptoir et de saluer la caissière d'un signe amical de la tête. Puis elle lui tendit la coupure du journal.
«  Ceci est un hold-up ! ».
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date : 01-11-2014
Avant-propos de l'auteur.

Je suis médecin de formation, bordé des titres de docteur en psychiatrie et en philosophie empirique. Le gouvernement m'a, par ailleurs, fait l'honneur de m'élever au grade de "professeur". Moi, je me considère comme un auteur. Au fil des ans, j'ai publié grand nombre d'ouvrages, dont certains se sont relativement bien vendus.
Depuis peu, je suis propriétaire d'un chat. Enfin, je crois plutôt que c'est le chat qui me possède. Comment j'en suis arrivé là alors que je m'étais promis de ne jamais avoir d'animal de compagnie est l'histoire de ce livre. Une histoire banale, voire un peu niaise. Mais j'ai plus de soixante-dis ans, je n'ai aucun statut à protéger, je n'ai plus à me battre pour faire carrière. Je peux me permettre ce récit. Comme beaucoup d'hommes mûrs, je suis assez sensible et j'ai facilement larme à l'oeil. Ce chat, en revanche, comme cela ne tardera pas à apparaître, est doté d'une volonté de fer, d'une détermination aussi méthodique que non violente. Le face-à-face n'a jamais tourné à la confrontation, mais, à la longue, l'animal m'a imposé ses desiderata.
Tout a commencé au retour d'un voyage...
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Et le Seigneur me dit: Enoch, scribe de justice, va dire aux Veilleurs du ciel, qui ont abandonné les hauteurs sublimes des cieux et leurs éternelles demeures, qui se sont souillés avec les femmes et ont pratiqué les œuvres des hommes, en prenant des femmes à leur exemple, qui se sont enfin corrompus sur la terre. Dis-leur que sur la terre, ils n'obtiendront jamais ni paix ni rémission de leurs péchés. Jamais ils ne se réjouiront dans leurs rejetons ; ils verront leurs bien-aimées exterminées ; ils pleureront leurs fils massacrés ; ils m'imploreront pour obtenir leur grâce , mais jamais ils ne trouveront ni paix ni miséricorde.

Livre d'Enoch 12 – 5 à 7.
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1.


Raze avait passé une nuit plutôt agréable, jusqu'à ce que la femme qu'il venait de baiser sauvagement pendant plusieurs heures tombe sur un cadavre éviscéré en ouvrant la porte d'entrée. Son cri strident avait rompu d'un coup la sérénité d e l'aube, et il avait dû assommer l'importune avant qu'elle rameute tout le voisinage. A présent, sous les premiers rayons du soleil qui s'étirait paresseusement sur l'horizon, Raze observait le corps en tâchant de contenir sa fureur.
C'est pas vrai ! On l'a balancé sur le pas de ma porte comme un vulgaire tas de merde ! Marmonna-t-il en passant ses mains sur son crâne rasé. Pauvre type !
Tu as une idée de l'heure à laquelle ton petit cadeau a été livré ? Demanda Vashti.
Ses bottes à talons aiguilles claquaient sur le sol au rythme impatient de ses allées et venues dans la pièce. Avec ses cheveux de feu qui lui tombaient sur les épaules en boucles épaisses,...
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4.

Tournant la t^te avec nonchalance feinte, Adrian inspecta la salle. Il était surveillé. Etait-il possible que Syre ait retrouvé sa fille en premier et qu'il la traque ?
Je me demande bien quoi.
Ne fais pas le modeste, Adrian, ça ne te va pas. Une jolie brune. Pas très grande. Tu vas me la rendre. Intacte.
Adrian se détendit.
Si tu fais référence à la chienne écumante de rage qui m'a attaqué aujourd'hui, je suis au regret de t'annoncer que je lui ai brisé le cœur. Je l'ai écrasé de mon poing, pour être plus précis.
Un long silence s'ensuivit.
Nikki était la fille la plus gentille du monde, marmonna Syre.
Si c'est ça ta définition de la gentillesse, alors j'ai été trop clément. Tu me refais ce genre de pirouette, l'avertit-il calmement, et je vous extermine tous.
Tu n'en as ni la capacité ni le droit. Arrête de te prendre pour un dieu, Adrian, ou tu finiras comme moi.
Adrian se détourna du regard perçant de Lindsay et prit une profonde inspiration, espérant calmer la colère qui bouillonnait en lui. Il était Sentinelle, de la caste des Séraphins. Il n'était pas censé s'abaisser aux caprices des émotions humaines. Ni montrer de quelque façon, par le ton de sa voix ou par ses actes, une vulnérabilité déraisonnable. Mais ce qui avait été fait ne pouvait être défait ; son amour mortel l'attachait à la terre, l'éloignant par là même de la sérénité des cieux.
Tu n'as aucune idée de ce que j'ai le droit de faire ou pas, répliqua-t-il d'un ton égal. Elle a attaqué en plein jour, autrement dit l'un de tes Déchus, toi si ça se trouve, l'avait nourrie moins de quarante-huit heures plus tôt. Voilà qui suffit amplement à justifier que je prépare ma défense et celle de mes Sentinelles, de la façon que j'estimai convenir. Réfléchis-y à deux fois, avant de m'envoyer un autre de tes mignons suicidaires. Je ne suis pas Phineas. Nous avons déjà établi, toi et moi, que tu n'étais pas en mesure de gagner un combat contre moi.
Ce qui était la vérité, quoique simplifiée. S'il manquait à Syre le solide entraînement au combat qui affûtait les Sentinelles, il avait derrière lui des siècles de pratique en matière de guérilla. Il était aussi plus vieux, et ses erreurs l'avaient rendu plus sage, même s'il se montrait dernièrement aussi agité que les lycanthropes. Ses vampires le suivraient jusqu'en enfer s'il le leur demandait. Autant d'éléments qui faisaient de lui un être excessivement dangereux. Adrian savait qu'il pouvait encore battre Syre, mais ce serait sans doute plus malaisé que la fois précédente.
D'autant que Lindsay Gibson serait prise entre leurs tirs croisés.
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3.
JE l'ai. Une féroce poussée d'adrénaline gonfla les veines d'Adrian. Le triomphe.
Si Lindsay Gibson avait la moindre idée de son sens inné de la conquête sexuelle, de la façon dont il la menait, tel un rapace, elle y aurait réfléchi à deux fois avant d'accepter le dîner avec lui. Dès qu'il l'avait aperçue, sa seule pensée avait été de la coller à la première surface plane venue pour la prendre sauvagement. Pour elle, c'était la première fois qu'ils se rencontraient. En réalité, ils étaient enfin réunis après deux cents ans de séparation. Deux cents années infernales d'attente et d'envie insupportables.
Et il la retrouvait aujourd'hui. Bon sang, la vie avait vraiment le don de l'attraper par les testicules aux moments les plus inappropriés. Mais il n'allait pas s'en plaindre. Non, ça jamais.
Shadoe, mon amour.
Ils n'avaient jamais été séparés aussi longtemps par le passé. Leurs retrouvailles étaient toujours inattendues, imprévisibles. Et pourtant inéluctables. Malgré les routes différentes que prenaient leurs vies respectives, leurs âmes étaient attirées l'une vers l'autre.
LE cycle sans fin de la mort et le fait qu'elle ne se souvienne jamais de ce qu'ils représentaient l'un pour l'autre constituaient la punition d'Adrian, parce qu'il enfreignait la loi qu'il avait eu pour mission de créer . Un châtiment terriblement douloureux. Il mourait à petit feu ; son âme, le cœur de son existence angélique, était ravagée par le chagrin, la rage et une inextinguible soif de vengeance. Chaque perde de Shadoe, chaque jour qu'il était obligé de vivre sans elle compromettait un peu plus ses chances de mener à bien sa mission. L'absence de son âme sœur diminuait sa motivation à remplir son devoir, la pierre angulaire de ce qu'il était : un soldat, un leader, et le geôlier d'êtres aussi puissants que lui.
Deux cents putains d'années ! Elle était partie depuis assez longtemps pour le rendre dangereux. Un séraphin dont on emprisonnait le cœur dans la glace dvenait un danger pour tout et tous autour de lui. Et donc pour elle, tant sa faim était vorace. Il en venait à douter de sa capacité à la refréner. Quand elle partait, le monde s'éteignait. Le silence qui l'envahissait devenait assourdissant. Et quand elle revenait, les sensations explosaient tout autour de lui : les battements redoublés du cœur, la chaleur de son contact, la force du désir. LA vie ! Celle-là même qu'il perdait quand il perdait Shadoe.
Mon père vous appelle le Howard Hugues de ma génération, lança Lindsay alors qu'ils regagnaient leur siège.
L'impatience le rongeait. Le bavardage, l'obligation d'afficher une façade neutre malgré les événements de la journée, il trouvait cela à la fois pervers et angoissant. Dire qu'il était agité relevait de l'euphémisme. Il avait les sangs en ébullition, brûlants de fureur et de désir conjugués.
Je m'estime moins excentrique, répliqua-t-il sur un ton qui ne trahissait rien de son chaos intérieur.
Chaque cellule de son corps était aux aguets, assoiffée de Lindsay Gibson – vaisseau transportant l'âme sœur aimée. Les besoins physiques inhérents à sa coquille d'homme avaient grimpé à une vitesse cruelle, lui rappelant le temps qui s'était écoulé depuis leur dernière étreinte. Jamais il n'oubliait comme il était bien dans ses bras. Un seul regard fiévreux suffisait à allumer un incendie qu'il mettrait des heures à apaiser.
Il rêvait de ces heures d'intimité avec elle. Il la désirait follement.
Si le corps occupé par Shadoe respectait les caractéristiques génétiques de la famille de Lindsay, il la reconnaissait, la sentait quelle que soit l'enveloppe corporelle dans laquelle elle renaissait. Au fil des années, son apparence avait varié et pourtant, il l'aimait toujours autant, peu importait la forme ou l'ethnie qui lui servait momentanément d'abri. Cette attirance venait de la connexion qu'ils partageaient, cette certitude d'avoir trouvé en elle l'autre moitié de son être.
L'excentricité ne me dérange pas, confia-t-elle en haussant les épaules . Ca met un peu de sel.
La pluie faisait briller ses cheveux. Dans cette incarnation, elle était blonde, et il trouvait ses boucles ébouriffées sexy en diable. Elle les portait relativement courtes, environ quinze centimètres. Adrian serra les poings pour s'empêcher de les empoigner, de la maintenir ainsi immobile pendant que sa bouche se plaquerait sur la sienne, dans l'espoir fou d'étancher sa soif de la goûter.
Il était amoureux de l'âme de Shadoe, mais Lindsay Gibson éveillait en lui un désir torride. L'addition des deux produisait un effet dévastateur, quasi aveuglant pour lui qui était déjà à fleur de peau. Des picotements dans l'échine lui rappelaient presque douloureusement la présence de ses ailes, elles aussi sensibles à la vue et à l'odeur, et dont il devait réprimer l'envie de s'étirer de plaisir. Etre assis près de cette femme dans l'avion s'annonçait à la fois divin et infernal.
Il avait sur Lindsay l'avantage de se rappeler chacune de leurs relations passées. Elle ne pouvait compter que sur son instinct, qui lui envoyait visiblement des signaux qu'elle ne savait pas trop comment interpréter. Ses narines se dilataient et son langage corporel confirmait que l'attirance était réciproque. Elle l'observait attentivement, l'évaluait sans la moindre timidité. Elle était à la audacieuse et pleine de confiance en elle. Très bien dans sa peau. Indépendamment même de son histoire avec Shadoe, Lindsay lui faisait déjà un effet énorme.
Où allez-vous, en Californie ? S'enquit-il. Qu'est-ce qui vous a poussée à vous déraciner ainsi ?
Bien qu'il la connaisse aussi intimement qu'un homme peut connaître une femme, à plusieurs égards il recommençait de zéro chaque fois qu'ils se retrouvaient. Les goûts de Lindsay, sa personnalité, son tempérament, ses souvenirs étaient uniques. Les retrouvailles avaient donc toujours un goût de nouveauté. Celui de la découverte.
Elle retira l'opercule en plastique de sa canette de soda et en avala une gorgée.
Anaheim. Je travaille dans l'accueil, alors le tourisme en Californie du Sud, c'est tout à fait le genre de secteur qui me convient.
Il fit mine de chercher quelque chose dans sa poche arrière. Dans sa main, apparut une paille qu'il lui tendit.
Plutôt restaurants ou hôtels ?
Comment prenait-elle son café ? En buvait-elle d'ailleurs ? Dormait-elle sur le dos ou sur le ventre ? Où aimait-elle qu'on la caresse ? Etait-elle plutôt oiseau de nuit ou lève-tôt ?
Lindsay haussa un sourcil surpris, les yeux rivés sur la paille, l'air de demander d'où il l'avait sortie. Elle l'accepta, en déchira la protection de papier.
Merci
De rien.
Il avait tant à apprendre, et pour une durée qu'il savait impossible à prévoir. Une fois, elle lui était revenue pendant vingt minutes. Une autre fois, vingt ans. Son père la trouvait toujours. Chef des vampires, il était attiré vers elle tout comme Adrian, et Syre était déterminé à finir ce qu'il avait commencé jadis. A savoir rendre sa fille immortelle en la vampirisant, ce qui tuerait l'âme qui la reliait à Adrian.
Aussi longtemps qu'Adrian respirerait, il ne laisserait pas cette horreur arriver.
Les hôtels, répondit-elle enfin, revenant à sa question initiale. J'adore cette énergie. Jamais ils ne dorment, jamais ils ne ferment. Le flot continu de voyageurs constitue un défi toujours renouvelé.
De quel hôtel s'agit-il ?
Le Belladonna, c'est un nouveau complexe près de Disneyland.
Gadara Enterprises.
Ils ne s'agissait pas d'une question. Raguel Gadara était un nabab de l'immobilier, rivalisant avec des pointures telles que Steve Wynn ou Donald Trump. Chacun de ses nouveaux complexes bénéficiait d'une abondante publicité, mais ce n'était pas pour cette raison qu'Adrian connaissait si bien Raguel. Ils ne s'étaient pas seulement croisés dans leur vie terrestre, ils s'étaient aussi fréquentés au cours de leur vie céleste. Raguel était l'un des sept archanges déchus condamnés à errer sur terre, ce qui le plaçait plusieurs échelons en dessous d'Adrian, lui-même Séraphin, dans la hiérarchie des archanges.
Les yeux de Lindsay s'éclairèrent.
Ah, vous en avez entendu parler...
Raguel est une vieille connaissance, éluda-t-il.
Il commençait à planifier les étapes qui lui seraient nécessaires pour étudier l'histoire de Lindsay, depuis sa naissance jusqu'à l'instant présent. Il n'y avait pas de coïncidences, en ce bas monde. Ce n'était pas le hasard qui lui faisait retrouver Sahoe dans chacune de ses réincarnations. Non, leurs chemins étaient déstinés à se croiser. Mais de là à se rapprocher si près de son propre quartier général et à finir employée d'un ange... Raguel possédait des complexes dans le monde entier, notamment dans des agglomérations proches de la ville natale de Lindsay, sur la côte Est. Ca ne pouvait pas être une coïncidence si les circonstances la ramenaient en Californie.
Adrian avait besoin de découvrir le cheminement, la suite de décisions qui l'avaient conduite à faire irruption directement dans sa vie. Il devait répéter le même processus chaque fois qu'elle revenait : repérer ses habitudes ou tout schéma applicable à ses vies précédentes. Peu à peu, il acquérait suffisament de connaissances sur elle pour l'amadouer, suciter sa confiance et son affection. Et toujours, il devait veiller à ce qu'ils ne soient pas victimes de manipulations, car l'heure approchait où il devrait payer pour son orgueil. Il avait commis la transgression ultime, pour laquelle il en avait puni tant d'autres : il était tombé amoureux de Shadoe, une Néphel, le fruit d'une mortelle et de l'ange qu'était son père à l'époque. Et lui, Adrian avait succombé, à d'innombrables reprises, au péché indécent de sa chair.
Lui qui avait puni le père de Shadooe pour la même offense, qui avait coupé les ailes de l'ange déchu, privant par là même Syre de son âme et faisant de lui le premier vampires.
Les conséquences de l'hypocrisie d'Adrian finiraient bien par le rattraper, il avait depuis longtemps accepté l'inévitable châtiment qu'il encourrait alors. Si Raguel était l'outil que le Créateur entendait utiliser pour le punir, Adrian devait le savoir et s'y préparer. Il devait aussi s'assurer que Shadoe serait en sécurité, quand viendrait son heure à lui.

Son regard tomba sur ses gardes du corps lycanthropes, assis à quelques rangées de là, les encadrant l'air de rien. Ils étaient concentrés, curieux. Ils avaient forcément constaté,sans pouvoir se l'expliquer, la manière dont Adrian se conduisait envers Lindsay, si différente de son comportement habituel avec les femmes. LA dernière fois que l'âme de Shadoe l'avait rejoint, aucun de ces deux lycanthropes n'était encore né. N'empêche, ils connaissaient sa vie privée et le peu d'attention qu'il prêtait au sexe opposé.
Il allait avoir besoin de gardes supplémentaires, à présent qu'il pouvait reprendre sa traque de Syre, et Lindsay aurait besoin de sa protection. Adrian devrait agir avec doigté. Elle était jeune – vingt-cinq ans tout au plus – et démarrait une nouvelle vie dans un nouvel environnement. Pour elle, l'heure était à l'élargissement de son horizon, certainement pas à la découverte que son amant gérait sa vie.
Lindsay faisait rouler la paille entre ses doigts, et ses douces lèvres roses semblaient hésiter à s'entrouvrir.
Une vague de chaleur roula sur Adrian. Même en sachant qu'il allait la prendre de nouveau, qu'il oubliait une fois de plus son devoir, il ne parvenait pas à calmer la montée du désir qui lui enflammait les sangs. Il voulait sentir ses lèvres-là sur sa peau, qu'elles glissent sur sa chair en lui murmurant des paroles crues et tendres pendant une caresse longue et sans merci. Et bien que l'on ait interdit aux Sentinelles d'aimer et de s'accoupler avec des mortelles, rien ne parvenait à le convaincre que Shadoe n'était pas née pour lui appartenir.
Elle avait téléphoné à son père...
Il s'immobilisa.
S'il conservait un visage impassible, Adrian n'en demeurait pas moins aux aguets. Les différentes incarnations de Shadoe avaient toujours été élevées par leur mère, jamais par leur père. Comme si Syre avait marqué son âme au fer rouge, lorsqu'il avait entamé la transformation qui ferait d'elle une vampire, afin de s'assurer qu'aucun autre homme ne lui déroberait jamais son rôle de père, quelle que soit la vie de Shadoe.
Vos parents vivent à Raleigh ?
Une ombre voilà ses traits.
Mon père, oui. Ma mère est prote quand j'avais cinq ans.
Les poings d'Adrian se serrèrent. L'ordre dans lequel mouraient ses parents avait pourtant toujours été immuable, jusque-là.
Tout son monde, stabilisé depuis longtemps, avait basculé ce matin et Lindsay Gibson continuait à mettre son équilibre en péril. A cause d'elle, les objets qui l'entouraient semblaient bouger de leur place initiale. Les lycanthropes étaient de plus en plus agités, les vampires avaient franchi une ligne dangereuse avec la mort de Phineas et l'attaque de l'hélicoptère. Et maintenant, c'était Shadoe qui revenait après une interminable absence, mais cette fois, les éléments de base de ses réincarnations étaient altérés.
Toutes mes condoléances, murmura-t-il, adoptant la remarque prisée des mortels, qui considéraient si souvent la mort comme une fin, triste et douloureuse.
Merci. Et vous, vous venez d'une grande ou d'une petit famille ?
Grande. Avec des tas de frères et sœurs.
Je vous envie. Je n'en ai pas, moi. Mon père ne s'est pas remarié. En fait, il ne s'est jamais remis du décès de ma mère.
Adrian s'était fait un jeu agréable de séduire les mères de Shadoe. Les hommes, en revanche, lui battaient souvent froid, en dépit de tous ses efforts pour les mettre à l'aise. Ils sentaient instinctivement en lui l'homme de pouvoir. Il ne pouvait y avoir qu'un Alpha en un même lieu, et c'était lui. Sa faire accepter par le père en valait la chandelle. Le soutien familial faisait justement partie des outils qu'il utilisait pour obtenir l'abandon total et inconditionnel de celle en qui s'incarnait Shadoe. Or, il n'était pas question qu'il la possède à moins. Il la voulait toute entière.
Il lui effleura la main sur l'accoudoir, goûtant avec délices l'effet prodigieux de ce simple contact. Il entendait battre son cœur affolé, aussi clairement que s'il lui avait posé l'oreille sur la poitrine. Malgré le cliquetis des panneaux d'information sans cesse mis à jour, les appels à embarquement et les changements de portes, le rythme fort et régulier de ce cœur adoré lui parvenait distinctement.
Certaines femmes sont inoubliables.
Vous seriez donc romantique ?
Ca vous étonne ?
Elle esquissa un sourire.
Rien ne m'étonne.
Ce sourire...Il lui serrait le cœur. Ils étaient séparés depuis trop longtemps, mais enfin l'attente touchait à son terme. Même si elle ressentait forcément l'alchimie qui passait entre eux, elle ne l'aimait pas encore. Il ne posséderait que son corps, au début, ce qui étancherait sa soif la plus dévorante sans toutefois éteindre la flamme qui le consumait.
Son attention fut momentanément détournée de Lindsay. Derrière eux, Elijah s'était levé et avait quitté la zone moquettée pour gagner le hall principal. Les lycanthropes étaient mal à l'aise dans les espaces clos et surpeuplés. Adrian aurait pu affréter un vol privé, voir faire venir l'un de ses propres avions, ce qui aurait épargné cet inconfort à ses gardes, mais il voulait envoyer un message aux vampires qui seraient assez stupides pour le croire affaibli par l'embuscade aérienne ou par la mort de son second : Venez un peu, je vous attends.
Vous aimez être surpris, devina-t-elle.
Adrian se tourna vers elle.
Je déteste ça, au contraire. Sauf si la surprise, c'est vous.
Elle lâcha un rire très doux, qui raviva une chaleur oubliée dans sa poitrine.
Une jeune femme avec poussette et bébé agité dans les bras se dirigeait vers le comptoir d'embarquement juste en face d'eux. Alors qu'elle tâchait de faire entendre raison à un autre petit qui traînait sa propre valisette, le portable d'Adrian sonna. Il s'excusa auprès de Lindsay et s'éloigna de quelques pas.
L'écran affichait un numéro de téléphone, mais pas d'identité de l'appelant.
Mitchell, répondit-il.
Bonjour, Adrian.
Il reconnut sur le-champ la voix glaciale.
Une montée d'agressivité primale accéléra ses pulsations cardiaques. Au même instant, un éclair déchira le ciel, immédiatement suivi par un roulement de tonnerre.
Syre...
Tu as quelque chose qui m'appartient.
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2.
Lindsay Gibson le remarqua immédiatement, de la porte d'embarquement, alors qu'elle balayait du regard la salle de l’aéroport Sky Harbor International de Phoenix. Un rêve de pure sensualité. Elle s'immobilisa au milieu du hall et laissa échapper un sifflement appréciateur. Peut-être sa chance était-elle enfin en train de tourner ? Après la journée qu'elle venait de passer, elle n'avait rien contre un petit rayon de soleil . Au départ de Raleigh, le décollage avait été retardé de près d'une heure, du coup elle avait raté sa correspondance. A en juger par le nombre de passagers qui se pressaient à la porte d'embarquement, le vol qu'elle avait réussi à trouver en remplacement risquait d'être compromis lui aussi.
Elle termina son examen de la foule qui l'entourait, puis reporta son attention sur l'homme le plus séduisant qu'elle eût jamais vu.
Vêtu d'un jean ajusté qui mettait ses longues jambes en valeur, il arpentait la salle d'attente d'un pas rapide et précis. Son épaisse chevelure brune, légèrement trop longue, encadrait un visage très masculin. Mâle, en fait. Et pour compléter agréablement le tout, un tee-shirt crème à col V mettait en valeur des épaules puissantes et parfaitement dessinées.
Repoussant une mèche de cheveux mouillés par la pluie qui lui retombait sur le front, Lindsay enregistrait chaque détail de ce physique impressionnant. Ce type dégageait un sex-appeal à l'était brut. Du genre que l'on ne pouvait ni feindre, ni acheter ; du genre qui transformait la beauté en simple bonus.Il avançait sans un regard alentour, et pourtant il évita facilement un homme qui coupait son chemin. Toute son attention semblait pourtant focalisé sur son BalckBerry, sont il manipulait du pouce le pavé tactile avec une dextérité et à un rythme qui provoquèrent un serrement au bas du ventre de Lindsay.
Une goutte de pluie lui coula dans le cou. Loin de la calmer, le contact de l'eau fraîche ne fit qu'accentuer le trouble où la jetait l'homme qu'elle dévorait du regard. Derrière lui, le tarmac révélait une fin d'après-midi grise et terne. LA pluie frappait les vitres du terminal. Cette météo hostile était pour le moins inattendue, et pas seulement parce que les bulletins ne l'avaient pas annoncée. D'habitude, Lindsay anticipait les conditions météorologiques avec une précision troublante, et pourtant elle n'avait pas vu venir cette tempête-là. Quant elle avait atterri, il faisait grand beau, et tout d'un coup il s'était mis à pleuvoir à verse.
En temps normal, comme elle adorait la pluie, ça ne l'aurait pas gênée de sortir pour attraper la navette qui la conduirait au terminal d'où décollait sa correspondance. Aujourd'hui, cependant, le temps avait un je-ne-sais-quoi de morose. Une sorte de pesante mélancolie, de tristesse endeuillée qui déteignait sur elle.

Aussi loin qu'elle se souvienne, le vent lui avait toujours parlé. Qu'il hurle à travers la tempête ou murmure dans le silence, il lui transmettait son message sans coup férir. Pas en parole, mais en émotions. Son père qualifiait ça de sixième ses et faisait mine de se comporter comme s'il s'agissait là d'une bizarrerie plutôt cool qu'anormale.
Tout autant que le physique avantageux de l'appétissant étranger, c'était son radar intérieur qui la poussait aujourd'hui vers lui dans la salle d'embarquement. Tout en lui exhalait la tristesse, el souci, lui rappelait un ouragan qui enfle en rassemblant ses forces. Oui, voilà précisément ce qui l'attirait chez cet homme. Ca et l'absence d'alliance à son doigt.
Elle obliqua dans sa direction et le fixa longuement pour l'obliger à lui rendre son regard. Il leva finalement la tête. Et ses yeux rencontrèrent les siens. Elle eut l'impression que le vent venait de la gifler, de lui fouetter les cheveux. Sauf qu'il n'y avait rien de froid dans son contact. Tout n'était que chaleur et humidité. Séduction. Elle soutint son regard pendant ce qui lui parut une éternité, hypnotisée par l'attraction des prunelles azur, brillantes, aussi tumultueuses et profondes que la furie des éléments au-dehors.
Elle inspira brusquement, puis se détourna pour se diriger vers le stand d'un vendeur de bretzels, donnant ainsi l'opportunité à l'inconnu de venir se renseigner sur l'intérêt évident qu'elle lui portait...ou pas. Mais elle savait d'instinct qu'il était du genre curieux.
Postée contre le comptoir, elle étudia le menu. L'odeur de pain chaud et de beurre fondu lui fit monter l'eau à la bouche, mais la dernière chose dont elle avait besoin avant de passer une heure assise, c'était la tonne de glucides que contenait un bretzel géant. D'un autre côté, la montée de sérotonine l'apaiserait peut-être. Etre confrontée à la foule provoquait toujours chez elle un rush sensoriel épuisant pour les nerfs.
Une boîte de bâtons de bretzels, s'il vous plaît, commanda-t-elle. Avec une sauce marinara et un Coca light.
Le serveur lui apporta sa commande.
Je vous en prie, entendit-elle au moment où elle plongeait la main dans son sac.
Dieu, cette voix ! Délicieusement grave. Elle sut immédiatement que c'était lui.
Comme il passait un bras devant elle, sa fragrance exotique lui parvint. Ce n'était pas de l'eau de toilette juste l'odeur terreuse, virile du mâle. Vive et pure, comme celle de l'air après la pluie. Il glissa un billet de vingt dollars au serveur et Lindsay, tout sourire, le laissa faire, navrée d'être vêtue de son plus vieux jean, d'un tee-shirt ample et d'une paire de bottes à motif camouflage. Si la tenue était idéale pour la liberté de mouvements, elle aurait largement préféré se trouver plus à son avantage face à un homme tel que celui-ci. Mais elle devait se faire une raison : à en juger par son allure de star de cinéma et la montre Vacheron Constantin qu'il arborait au poignet, le type ne boxait pas dans sa catégorie.
Elle se tourna vers lui.
Merci, monsieur... ? Fit-elle en lui tendant la main.
Adrian Mitchell.
Taquin, il en profita pour lui prendre la paume et caresser ses phalanges d'un pouce gourmand.
Elle sentit son corps répondre à ce contact de façon spontanée, viscérale. Son souffle, les battements de son cœur s'accélérèrent. Vu de près, il était encore plus sublime. A la fois méchamment masculin et effroyablement beau. Parfait.
Bonjour, Adrian Mitchell.
Il se pencha pour saisir de ses longs doigts élégants l'étiquette de la valise qu'elle avait posée près d'elle.
Enchantée de faire cotre connaissance, Lindsay Gibson...qui vient de Raleigh ? Ou qui y retourne ?
Je vais dans la même direction que vous, puisque nous sommes dans le même avion.
Il avait des yeux d'un bleu, incroyable, jamais elle n'en vait vu de pareils. Ce bleu ciel que l'on voit au cœur des flamme. Sur une peau mate et encadrés par d'épais cils noirs, ces yeux-là étaient tout bonnement envoûtants.
D'autant qu'ils étaient rivés sur elle, comme si leur propriétaire ne parvenait pas à se rassasier de la regarder.
Il la passa en revue de la tête aux pieds, d'un regard si brûlant qu'elle se sentit soudain nue, rougissante. Il l'avait déshabillée en esprit. Et son corps répondait à la provocation. Es seins gonflèrent, elle était toute molle.
N'importe qu'elle femme aurait réagi de la sorte face à e type, tant son aura était puissante. Depuis les contours bien définis de ses épaules et ses biceps jusqu'à son visage ciselé, tout son corps était acéré, le dessin précis.
De nouveau il passa un bras près d'elle, pour récupérer sa monnaie. Chacun de ses gestes était empreint d'une grâce et dune souplesse primales.
JE parie qu'il baise comme un animal.
Échauffée par cette idée, Lindsay empoigna sa valise à roulettes.
Alors, dites-moi, vous êtes de Californie, ou est-ce que vous y allez pour les affaires ? Demanda-t-elle.
Je rentre à la maison. A Anaheim. Et vous ?
Elle se dirigea vers le comptoir d'enregistrement des bagages. Il marchait derrière elle, à pas plus lents ; pourtant il y avait quelque chose de naturellement déterminé dans sa façon de la suivre. Un prédateur, voilà ce qu'il était. Un frisson d'excitation la parcourut. Enfin, sa chance tournait : elle aussi allait à Anaheim.
Je vais m'établir en Californie, pour le travail.
Pas question, à ce stade, d'entrer dans les détails en lui donnant, par exemple, un nom de ville. Lindsay savait se protéger au besoin, et elle ne comptait pas se fourrer dans le pétrin de plus qu'elle n'y était déjà.
Sacré changement ! Vous allez vous isntaller à l'autre bout du pays ?
Il était temps pour moi de changer de décor.
Elle vit sa bouche exquise se relever en un léger sourire.
Dînez avec moi.
Sa voix de velours piqua un peu plus l'intérêt qu'il lui inspirait déjà. Cet homme était à la fois charismatique et magnétique, deux qualités qui pouvaient rendre mémorable n'importe quelle histoire d'un soir.
Elle accepta le bagel et le soda que lui tendait le serveur.
Vous allez droit au but. Ca me plaît.
Un message contenant leur vol retentit à cet instant dans les haut-parleurs, ramenant l'attention de Lindsay sur la porte d'embarquement. On annonçait un léger retard,c e qui provoqua une vague agitation parmi les passagers en attente. Adrian, lui, ne l'avait pas lâchée des yeux.
Voilà qui nous laisse le temps de faire ample connaissance.
Lindsay l'accompagna jusqu'à la zone d'attente, qu'elle balaya à nouveau du regard, remarquant au passage le nombre de femmes qui admiraient Adrian. Maintenant que, dehors, la tempête n'était plus qu'une lourde bruine, elle était un peu moins assaillie par la sensation que cet homme était un ouragan maîtrisé. La corrélation était indéniablement intrigante.
Sa réaction quasi féroce à la présence d'Adrian Mitchell, ainsi que la capacité de cet homme à mettre en route le radar interne de Lindsay la confortaient dans sa décision de se rapprocher de lui. Toute anomalie demandait une investigation approfondie.
Il attendit qu'elle soit installée sur un siège.
Vous avez des amis qui viennent cous chercher à l'arrivée ? Demanda-t-il aussitôt. De la famille ?
Personne ne l'attendrait. Elle avait réservé une navette qui la conduirait à l'hôtel où elle résiderait en attendant de trouver un appartement convenable.
Il ne serait pas très sage de partager ce genre d'informations avec un étranger.
Dans ce cas, laissez-moi couper court à tout soupçon de votre part.
D'un geste fluide et gracieux, il tira son portefeuille de sa poche arrière, pour en sortir une carte de visite qu'il lui tendit.
Appelez donc les gens qui vous attendent. Indiquez leur qui je suis et comment me joindre.
Vous êtes déterminé, dites-moi.
Et habitué à donner des ordres. Ce qui ne la dérangeait pas, d'ailleurs. Dotée elle-même d'une forte personnalité, elle avait besoin en retour d'un partenaire énergique, sinon elle avait tendance à prendre les rênes. Les hommes dociles avaient du bon dans certaines situations, mais pas dans sa vie privée.
En effet, admit-il sans honte.
Elle se saisit de sa carte. A l'instant où leur doigts s'effleurèrent, une décharge électrique lui remonta jusque dans le bras.
Les narines d'Adrian se dilatèrent. Il retint sa main, lui caressant la paume du bout des doigts. Il l'aurait titillée entre les jambes qu'elle n'aurait pas été plus excitée par ce simple contact.Son regard s'était fait brûlant, sombre et intense, plein d'un désir quasi tangible. Comme s'il avait saisi d'instinct où résidaient ses points sensibles...ou avait décidé de les repérer.
Je sens que vous allez me causer des ennuis, murmura-t-elle en resserrant son étreinte pour immobiliser les doigts curieux.
Ce sera juste un dîner, agrémente d'un conversation plaisante. Je vous promets de bien me tenir.
Sans lui lâcher la main, elle porta l'autre à ses yeux pour observer la carte de visite. Le sang battait dans ses veines, comme affolé par l'excitation d'une attirance aussi immédiate qu'incontrôlée.
Mitchell Aéronautique, lut-elle. Et pourtant, vous voyagez en classe économique ?
Ce n'était pas prévu ainsi, rétorqua-t-il d'un ton sec. Mais mon pilote m'a lâché sans prévenir.
Son pilote. Elle ne put s'empêcher de sourire.
N'est-ce pas extrêmement contrariant ? Le taquina-t-elle.
En effet...Mais vous êtes apparue. Tenez, ajouta-t-il en sortant son BlackBerry de sa poche. Utilisez mon téléphone. De cette façon, la personne que vous appellerez aura ce numéro-là aussi.
Lindsay le libéra à contrecoeur et accepta le téléphone, même si elle avait le sien. Posant son soda sur la moquette râpée, elle se leva. Adrian l'imita. Cet homme était riche, élégant, sophistiqué, attentionné et , ce qui ne gâchait rien, beau à tomber par terre. Pourtant, derrière la bonne éducation, il émanait de lui une sorte de danger qui titillait les instincts les plus élémentaires d'une femme. Peut-être était-ce le terminal bondé qui mettait les sens de Lindsay à vif. Ou peut-être existait-il entre Adrian et elle une compatibilité sexuelle brûlante. Ce dont elle ne songerait nullement à se plaindre.
Abandonnant son sac de bretzels sur le siège, elle s'éloigna de quelques pas et composa le numéro de la concession de voitures de son père. Pendant qu'elle était occupée, Adrian se dirigea vers le comptoir de la salle d'embarquement.
Lindsay, tu es déjà arrivée ?
Comment as-tu deviné que c'était moi ? Demanda-t-elle, surprise.
L'écran affichait le code 714, c'est ta région.
Je suis en escale à Phoenix, j'utilise le téléphone de quelqu'un d'autre.
Le tien ne marche plus ? Et pourquoi est-ce que tu es encore à Phoenix ?
L'ayant élevée seul pendant vingt ans, Eddie Gibson avait toujours été très protecteur. Rien, d'étonnant, si l'on considérait la façon horrible dont Regina Gibson était morte.
Mon téléphone fonctionne parfaitement, mais j'ai raté ma correspondance. Et puis j'ai rencontré quelqu'un.
Lindsay expliqua la situation à son père et lui transmit les informations indiquées sur la carte de visite d'Adrian.
Je m'en fait pas trop, conclut-elle. Il m'a l'air du genre à avoir besoin qu'on lui résiste un peu. Je n'ai pas l'impression qu'il entende souvent le mot « non ».
sans doute. Ton Mitchell, c'est un peu Howard Hughes.
Elle haussa les sourcil.
Comment ça ? L'argent, le cinéma, les starlettes, ce genre de choses ?
Elle se tourna vers Adrian, profitant de ce qu'il était occupé ailleurs pour l'observer à loisir. Vu de derrière, il était tout aussi impressionnant que de face, avec son dos puissant et ses fesses appétissantes.
Si tu prenais cinq minutes pour te poser, de temps en temps, tu le saurais, lui fit remarquer son père.
Il n'avait pas tort. C'était quand, la dernière fois qu'elle avait lu un magazine ? Et pour ce qui était de la télévision, elle avait annulé son abonnement au câble depuis des années, préférant les films et les séries, pour éviter les publicités.
J'arrive déjà tout juste à gérer ma propre vie, papa. Où veux-tu que je trouve le temps de m'occuper de celle des autres ?
Tu ne te gênes pourtant pas pour mettre ton joli nez dans la mienne, la taquina-t-il.
Ca n'a rien à voir : toi, je te connais, je t'aime. Les people, je m'en fiche.
Mitchell n'est pas un « people », comme tu dis. Au contraire, il veille jalousement sur sa vie privée. Il habite dans une sorte de complexe plus ou moins clos, en Californie. Je l'ai vu à la télévision, je m'en souviens. L'endroit est une merveille d'architecture. Non, si je comparait Mitchell à Hugues, c'est parce que tous les deux sont très riches et qu'ils adorent les avions. Les médias parlent de lui car le public a une espèce de fascination pour les aviateurs. Ca a toujours été comme ça. Il paraît aussi qu'il est séduisant, mais je ne suis ps le meilleur juge en la matière.
Et dire qu'elle l'avait repéré au milieu de la foule !
Merci pour la mise à jour, papa. Je t'appelle dès que je suis installée.
Je sais que tu es une grande fille, mais fais tout de même attention à toi, d'accord ?
Comme toujours. Et toi, ne va pas dîner au fast-food. Cuisine-toi plutôt quelque chose de bon. Ou mieux encore, rencontre une jolie fille et mets-la-derrière les fourneaux.
Lindsay...commença-t-il sur un ton faussement mécontent.
Elle raccrocha en riant, puis entra dans l'historique d'appels du téléphone et effaça le numéro.
Adrian s'approcha, une esquisse de sourire sur les lèvres. Il se mouvait avec une fluidité, une grâce empreinte d'autorité et de confiance qu'elle trouvait encore plus attirante que sa beauté.
Tout va bien ?
Très bien.
Il lui tendit une carte d'embarquement. En voyant son nom inscrit dessus, Lindsay fronça les sourcils.
J'ai pris la liberté de nous réserver des sièges voisins, expliqua-t-il.
Elle saisit les billets. Première classe. Siège n°2, c'est-à-dire au moins vingt rangées plus près de l'avant que son billet original.
Je n'ai pas de quoi payer ça.
Je ne vais tout de même pas vous faire payer une modification que vous n'aviez pas demandée.
Il faut des papiers d'identité, pour effectuer ce genre de manipulation.
Normalement, oui, mais j'ai tiré quelques ficelles, répliqua-t-il en récupérant son portable qu'elle lui tendait. Ca vous va ?
Elle hocha la tête, mais sa méfiance innée était en état d'alerte maximum. Vu les consignes de sécurité en vigueur dans les aéroports, changer un billet sans l'accord préalable de son titulaire tenait du miracle. Peut-être l'employée avait-elle succombé au charme d'Adrian ? A moins qu'il ne lui ait sérieusement graissé la patte ? Quoi qu'il en soit, Lindsay ne pensait jamais son instinct à la légère. Elle allait devoir obtenir d'avantage d'informations sur cet homme mystérieux, et sérieusement revoir les projets de doux interlude, brûlant, sexy et sans lendemain qu'elle caressait à son endroit.
Très honnêtement, un type comme Adrian n'avait pas besoin de se donner autant de mal pour la mettre dans son lit. Dans la salle d'embarquement, toutes les femmes l'admiraient,certaines arborant le genre de regard qui disait : Donne-moi le moindre encouragement et je suis à toi. Putain, il y avait même des hommes qui le reluquaient ! Et lui semblait parfaitement à l'aise avec la lubricité qu'il suscitait. Aucun doute là-dessus, c'était toujours comme ça sur son passage. Ses yeux étaient sans cesse en mouvement, ne s'arrêtaient sir personne, n'accordaient à personne le moindre intérêt. En fait, il usait de cette indifférence comme d'un bouclier. Et pourtant, elle l'avait traversé comme un flèche, avec un regard pénétrant. Bizarre. A bien y réfléchir, cela semblait beaucoup trop facile. Pourquoi avait-il avalé son hameçon ? Elle avait les cheveux trempés, une tenue complètement débraillée. Certes, la confiance en soi – dont elle ne manquait pas – attirait les hommes puissants, mais ça n'expliquait pas le sentiment qu'elle sentait poindre au fond 'elle : en fait de harponnage, c'était elle la victime.
Je préfère être claire avec vous, commença-t-elle. J'ai été élevée dans un milieu où les femmes attendent des hommes qu'ils leur ouvrent la porte, avancent leur chaise et paient l'addition. En échange de quoi, ces dames font l'effort de s'habiller joliment et de se montrer charmantes. Ca ne va pas plus loin. Vous n'achèterez pas une nuit dans mon lit, on est d'accord ?
Sa bouche s'étira en un vague sourire, le même qu'il lui avait déjà offert.
Parfaitement d'accord. Nous allons avoir une heure pour discuter dans l'avion. Si, à notre arrivée, vous ne vous sentez pas totalement en confiance avec moi, je me contenterai d'un échange de numéros de téléphone. Dans le cas contraire, une voiture m'attend à notre aéroport de destination, et nous pourrons le quitter ensemble.
Ca marche.
Elle perçut une lueur satisfaite dans le regard bleu et se força à ne pas y répondre. Qui que soit Adrian Mitchell et quelles que soient ses motivations, il représentait un défi qu'elle était impatiente de relever.
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1.
Phineas est mort.
L'annonce atteignit Adrian Mitchell comme un coup en plein ventre. Avec une telle force qu'il dut s'agripper à la rampe de l'escalier pour retrouver son équilibre. Il jeta un regard de biais au Séraphin qui montait à côté de lui. Si ce qu'il disait était vrai, Jack Taylor allait devenir son commandant en second à la place de Phineas.
Quand ? Comment ?
Jason suivait sans peine l'allure inhumaine imposée par Adrian alors qu'ils s'approchaient du toit.
Il y a environ une heure de ça. Une attaque vampire, apparemment.
Et personne n'a été capable de repérer un vampire à si peu de distance ? Bon sang, mais comment est-ce possible ?
Je me pose la même question, alors j'ai envoyé Damien pour se renseigner.
Ils atteignirent le dernier palier. LE lycanthrope en faction leur ouvrit la lourde porte métallique, et Adrian chaussa ses lunettes de soleil pour se protéger les yeux avant de sortir dans la lumière de l'Arizona. Il vit le garde reculer quand la chaleur étouffante pénétra à l'intérieur, et le second lycanthrope, qui fermait la marche, poussa un gémissement plaintif. Si rudimentaires que soient les instincts de ces créatures, elles n'en demeuraient pas moins beaucoup plus sensibles aux stimuli physiques que les Séraphins ou les vampires. Quant à Adrian, la nouvelles de la disparition de Phineas lui avait tellement glacé le sang qu'il ne sentait même pas la chaleur.
Un hélicoptère les attendait, ses pales ronronnantes brassant l'air surchauffé et poussiéreux du toit. Sur le flanc, l'engin arborait côte à côte le blason de Mitchell Aéronautique et le logo ailé d'Adrian.
Tu as des doutes.
Ne pouvant pas se permettre pour l'instant de laisser libre cours à sa colère, il préférait se concentrer sur les détails. Pourtant, au fond de lui, il était anéanti par la perte de son meilleur ami et lieutenant de confiance. Oui, mais en tant que chef des Sentinelles, il lui était impossible de se montrer diminué de quelque manière que ce soit. Nul doute que la mort de Phineas provoquerait l'émoi dans les rangs de son unité d'élite. Les sentinelles attendraient de lui force et conseil avisé.
L'un de ses lycanthrope a survécu à l'attaque.
Malgré le grondement du moteur, Jason n'avait pas besoin d'élever la voix pour se faire entendre. Pas plus qu'il n'avait besoin de couvrir ses yeux bleus de Séraphin, contrairement à ce que pouvaient suggérer les lunettes de créateur perchées sur son crâne doré.
Tout ça me paraît bien...étrange. Phineas enquête sur la meute du lac Navajo, puis il tombe dans une embuscade en rentrant et se fait tuer. Pourtant, l'un de ses chiens survit pour dénoncer une attaque de vampires ?
Cela faisait des siècles qu'Adrian utilisait les lycanthropes comme gardes du corps de ses Sentinelles, et comme chiens de meute pour parquer les vampires dans des zones précises. Ces derniers temps, néanmoins, il avait repéré des signes d'agitation parmi les lycanthropes, ce qui l'avait incité à renforcer sa garde. Ces créatures avaient été créées dans l'unique but de servir son unités. SI cela s'avérait nécessaire, Adrian n'hésiterait pas à leur rappeler le pacte conclu par leurs ancêtres. Qu'ils n'oublient pas que l'on aurait pu se contenter de les transformer en vampires suceurs de sang et dépourvus d'âme, en châtiment de leurs crimes. Mais il les avait épargnés au nom de leur contrat. Refusant d'admettre que ce monde était conçu pour les mortels, certains lycanthropes pensaient néanmoins que leurs prédécesseurs avaient suffisamment payé leur dette. Mais jamais ils ne pourraient vivre aux côtés des humains. Ils n'avaient donc ps d'autre place que celle qu'Adian avait bien voulu leur assigner.
L'un de ses gardes se baissa pour traverser péniblement les turbulences créées par les pales de l'hélicoptère. Ayant atteint l'engin, il s'empressa de leur ouvrir la portière.
Adrian, en revanche, possédait un pouvoir tel que la tempête ne le dérangeait pas. Il avança sans le moindre effort jusqu'à l'appareil.
Je vais devoir interroger le lycan qui a survécu à l'attaque, dit-il à Jason.
Je préviendrai Damien.
Le venet qui fouettait les boucles blondes de son lieutenant envoya voler les lunettes de soleil. Adiran les rattrapa d'un, geste rapide comme l'éclair.
Il se courba et entra dans la cabine de l'hélicoptère, s'installant sur l'un des deux sièges-baquets, dos à dos avec celui du pilote. Jason s'assit sur l'autre.
J'ai tout de même une question à te poser : est-ce qu'un chien de garde qui ne protège pas son maître sert à quelque chose ? Tu devrais peut-être le punir, histoire de le remotiver un peu.
S'il est en faute, il paiera de sa vie, répliqua Adrian en lui envoyant ses lunettes. Mais tant que je n'ai pas plus d'information, je le considère comme une victime. Et mon unique témoin. J'ai besoin de lui pour attaquer et châtier ceux qui ont fait ça.
Les deux lycanthropes – l'un trapu, du genre malabar, et l'autre presque aussi grand qu'Adrian – s'installèrent sur la rangée de sièges face à eux.
LA compagne de ce « chien » est morte en essayant de protéger Phineas, fit remarquer le plus grands des deux lycans en bouclant sa ceinture. S'il avait pu faire quoi que ce soit, il l'aurait fait.
Jason s'apprêtait à répliquer, mais Adrian leva la main pour le faire taire.
Tu es Elijah.
Le lycanthrope hocha la t^te. Il avait une tignasse brune et des yeux d'un vert lumineux, marque typique des créatures souillées par le sang des démons. C'était d'ailleurs l'un des sujets de litige entre Adrian et les lycanthropes : il avait transfusé leurs ancêtres séraphins avec du sang de démon, quand ceux-ci avaient accepté de servir les sentinelles. Si cette touche démoniaque en faisait des êtres à mi-chemin entre l'homme et la bête, elle avait cependant épargné leur âme, qui aurait sans cela succombé à l'amputation de leurs ailes. En revanche, cela les rendait aussi mortels, avec une espérance de vie réduite, ce pour quoi beaucoup d'entre eux en voulaient à Adrian.
Tu sembles en savoir plus que Jason sur cette affaire, constata-t-il en l'observant.
Elijah avait été placé dans la meute d'Adrian en observation, parce qu'il montrait des caractéristiques Alpha inacceptables. Les lycanthropes étaient éduqués pour obéir aux Sentinelles. Si on laissait l'un d'entre eux prendre trop d'assurance, cela risquait d'affaiblir leur loyauté, voire de leur donner des velléités de rébellion. Or, la meilleure façon de gérer un problème, c'était de e tuer dans l'oeuf.
Elijah tourna la tête vers le hublot, se plongeant dans l'observation du toit qui s'éloignait à mesure que l'hélicoptère s'élevait dans le ciel sans nuage de Phoenix. Ses poings serrés trahissaient la peur des hauteurs partagée par tous ceux de sa race.
Nous savons tous que deux lycans accouplés ne peuvent vivre l'un sans l'autre, lâcha-t-il enfin. Aucun ne regarderait sa compagne mourir volontairement. Sous aucun prétexte.
Adrian s'adossa à son siège, tâchant d'apaiser la tension créée par ses ailes bridées qui demandaient à s'étirer, douloureuse manifestation physique de la colère qui l'avait envahi. Elijah disait vrai, et donc la thèse de l'attaque vampire ne pouvait être écartés sans examen approfondi. Adrian laissa retomber sa tête contre le dossier. Le besoin de vengeance brûlait en lui comme de l'acide. Les vampires lui avaient tant pris. LA femme qu'il aimait, mais aussi des amis.
Ses lunettes de soleil ne suffiraient pas à masquer les iris flamboyants qui trahissaient ses émotions, alors il ferma les yeux...
… il faillit rater le reflet du soleil sur l'argent.
Instinctivement, il se jeta de côté, évitant de peu la lame d'une dague qui lui frôla le cou.
Et il comprit. Le pilote.
Adrian saisit le bras qui venait de s'enrouler devant son appui-tête et brisa l'os d'un coup sec. Un hurlement strident déchira la cabine. Un hurlement féminin. Le membre brisé pendait désormais contre le fauteuil en cuir et la lame tomba à terre. Adrian défit son harnais de sécurité et fit volte-face, toutes griffes dehors. Les lycanthropes bondir, un de chaque côté de lui.
Sans plus personne pour tenir le manche, l'hélicoptère piqua brusquement du nez. Des alarmes affolées envahirent le cockpit.
Oubliant son bras inutilisable, le pilote lança de l'autre main un seconde dague en argent dans l'interstice entre les deux sièges.
Babines retroussées sur les crocs. Bave aux lèvres. Yeux injectés de sang.
Merde, un vampire enragé ! Distrait qu'il était pat la mort de Phineas, Adrian avait commis une erreur de débutant en ne vérifiant pas l'identité du pilote.
Les lycanthropes avaient entamé leur transformation, maintenant la menace avait réveillé la bête qui somnolait toujours en eux. Leurs grondements agressifs résonnaient dans l' espace confiné. Courbé à cause du toit trop bas pour sa haute stature, Elijah balança le poing. L'impact envoya la pilote buter contre le manche cyclique, qu'elle poussa vers l'avant. Le nez de l'hélicopère plongea, envoyant tous les passagers au sol.
Les alarmes étaient devenues assourdissantes.
Adrian se précipita et, d'un tacle au niveau de la taille, projeta la vampire contre le pare-brise du cockpit. LA vitre éclata en mille morceaux et ils tombèrent en chute livre, bataillant toujours.
Laisse-moi juste te goûter, Sentinelle, fredonnait-elle à travers l'écume de sa bouche, les yeux écarquillés par la fureur alors qu'elle tentait de lui enfoncer dans le cou ses canines acérées comme des aiguilles.
Il envoya violemment son poing dans al cage thoracique de la créature, déchirant la chair et les os pour empoigner son cœur battant. Un large sourire se dessina sur le visage d'Adrian alors que ses ailes se déployaient dans une auréole iridescente, de blanc et de pourpre mêlés. Comme un parachute de plus de neuf mètres d'envergure, elles stoppèrent sa descente, avec une brutalité à couper le souffle. L'organe palpitant de la vampire fut brusquement expulsé de sa propriétaire. Elle poursuivit sa chute inexorable vers le sol, laissant sur son passage une traînée de fumée acide et de cendres, alors qu'elle se désintégrait. Dans la pomme d'Adrian, le cœur battait encore, crachant son sang vicié avant de succomber enfin et de s'enflammer. Il en écrasa les reste jusqu'à le réduire en pulpe informe, qu'il jeta au loin. Les braises s'éparpillèrent. Nuage scintillant.
L'hélicoptère passa près de lui dans une vrille incontrôlée, irrémédiablement attiré par le sol. Adrian serra les ailes et plongea à sa suite. Par la vitre brisée du cockpit, il aperçut l'un de ses lycanthropes, le visage blême et les yeux luisants.
Jason surgit de l'hélicoptère à la dérive comme une boule de feu. Il le contourna et, en se déployant, ses ailes gris sombre et bordeaux déchirèrent les cieux clairs.
Qu'est-ce que tu fais, capitaine ?
Je sauve les lycanthropes.
Pourquoi ?
Pour toute réponse, Adrian se contenta de darder sur lui un regard féroce. Sagement, Jason repiqua vers l'appareil.
Sachant les deux loups pétrifiés par leur terreur innée des hauteurs, il ordonna à celui qui se tenait dans le cockpit :
saute !
LA résonance angélique de sa voix roula dans le désert comme un grondement de tonner. Sans réfléchir , le lycanthrope se lança dans le vide. Jason fondit immédiatement sur lui et l'arrach à une mort certaine.
Elijah n'eut même pas besoin d'incitation. Faisant preuve d'un remarquable courage, il plongea gracieusement de l'appareil condamné.
Adrian descendit vers lui en piqué, lâchant un grognement quand le musculeux lycanthrope s'abattit sur son dos. Ils n'étaient plus qu 'à quelques mètres du sol, suffisamment près pour que ses immenses ailes, en battant, soulèvent une nuée de sable.
Une seconde plus tard, l'hélicoptère frappait la terre du désert. Son explosion fut suivie d'un jaillissement de flammes que l'on aperçut à de kilomètres.
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Et le seigneur me dit : Enoch, scribe de justice, va dire aux Veilleurs du ciel, qui ont abandonné les hauteurs sublimes des cieux et leurs éternelles demeures, qui se sont souillés avec les femmes et ont pratiqué les œuvres des hommes, en prenant des femmes à leur exemple, qui se sont enfin corrompus sur la terre. Dis-leur que sur la terre, ils n'obtiendront jamais ni paix, ni rémission de leurs péchés. Jamais ils ne se réjouiront dans leurs rejetons ; ils verront leurs bien-aimées exterminées ; ils pleureront leurs fils massacrés ; ils ne trouveront ni la paix ni miséricorde.

Livre d'Enoch 12 – 5 à 7
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- Et qu'est-ce qui vous a amenées à effectuer ce long trajet jusqu'à nous ?
- LA recherche d'un ancêtre.
- D'un ancêtre ? C'est pas banal.
Elles avaient parlé à haute voix, si bien que l'entourage avait saisi leur conversation.
- Est-ce ici que vit Sylvain Degraeve ? Demanda Valentine.
- Je suis là.
LA voix provenait du fond de la salle. Un jeune homme y était assis à l'écart du bruit, dessinant à sa table.
- Dieu, merci, vous n'êtes pas au service militaire, remarqua Esmèrance.
- J'en suis revenu, madame, que me voulez-vous ?
- C'est un moine de l'abbaye du mont des Cats...
- Le frère Marcel ? Coupa-t-il.
- Exactement. Vous peignez des moulins, n'est-ce pas ?
Valentine s'était approchée de lui. Il leva les yeux vers elle. Aussitôt, elle sentit ses joues la brûler. Il détourna le visage et s'exclama à l'adresse d'une jeune paysanne qui venait d'entrer :
- J'arrive, Cathelyne, je finis juste un croquis.
Il ne fallut pas plus d'une seconde à cette dernière pour dévisager la jeune inconnue et la détester.
- Excusez-nous d'insister, dit Valentine, mais nous aurions besoin de converser avec vous. Nous pensons que notre ancêtre s'appelait Degaeve.
- C'est un nom courant dans le Nord.
Leurs regards se cherchèrent, s'affrontèrent, se défièrent silencieusement, se séparèrent à nouveau.
Sylvain prit un air détaché, et rencontra l'expression attentive de Cathelyne. Celle-ci n'avait rien perdue de l'échange entre son fiancé et l'étrangère. Elle vint à ses côtés, lui entoura les épaules de son bras, se fit tendre afin de bien marquer son territoire. Ce qui agaça Valentine.
Le nom de Degraeve avait suscité l'attention d'Edmonde et du géant des moulins. Il s'approchèrent à leur tour de la table de Sylvain.
- Ainsi, vous vous appelez Degraeve, comme nous ? Demanda Edmonde.
- Non, pas exactement, bredouilla Valentine. Mon nom est Valentine de Montfleury.
- Elle est de la haute, murmura Cathelyne à Sylvain.
Esmérance se présenta à son tour
- Je suis la grand-mère de Valentine. Mon nom de jeune fille est Esmérance de LA Grève. Mais nous avons tout lieu de croire qu'en réalité il s'agit de « Degraeve ». Nous possèdons un tableau représentant une certaine Blondine Degraeve, qui serait la mère de mon grand-père...
- C'est compliqué, votre histoire, remarqua Sylvain. Il jouait nerveusement avec son crayon.
Esmérancz ne se départit point de sa bonne humeur.
- Sur le tableau sont représentés un mont et un moulin. Peut-être est-ce Cassel.
- Les Degraeve – la famille de mon mari -, déclara Edmonde, ne sont pas d'ici. Mon homme est aux champs, sinon, il vous le dirait. Son père est venu du mont de Cats.
- J'en étais sûre, murmura Esmérance. Un ancêtre des Degraeve serait-il parti vers la Bourgogne ?
- Aucune idée, dit Edmonde.
- Votre mari le sait peut-être ?
- Cela m 'étonnerait. Nous n'en avons jamais parlé.
Sylvain restait muet. Jan, le géant, le fisait d'une curieuse façon. Il prit la parole.
- Mais, Sylvain, cette histoire...
- Il n'y a aucune histoire, et cela ne regarde que nous.
La conversation semblait devoir s'achever de façon inhospitalière.
- Accepteriez-vous de voir ce tableau ? Demanda Esmérance.
- Je ne fais pas de portrait, répondit-il sèchement.
- Non, mais vous pourriez nous aider pour le mont et le moulin, dit Valentine d'une voix vive et agacée.
Ses yeux lançaient des étincelles. Cathelyne resserra son étreinte.
- Alors, tu viens, Sylvain ?
- Accepteriez-vous de voir ce tableau ? Réitéra Esmérance.
- Peut-être, mais pas aujourd'hui, répondit-il, de fort méchante humeur, je pars à Lille. Je serai de retour après-demain.
En sortant de l'estaminet, elles étaient très perplexes. Valentine se sentait courroucée. Sa voix était tendue.
- Ce Sylvain m'agace !...
- Allons, calme-toi. Il était occupé, nous l'avons dérangé...
- Avait-il besoin d'être si désagréable ? Demanda-t-elle, irritée. Je ne lui ai rien fait. Et cette fille...
- Sa fiancée, sans doute.
- Oui, peut-être. Mais on aurait dit que j'allais le lui prendre. C'est ridicule !



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Durant ce printemps 1906, un projet s'échafauda dans leur esprit. Esmérance, la première, en insuffa l'idée :
Si je t'emmenais en voyage ?
En voyage ? Répéta Valentine, croyant ne pas avoir saisi la question.
Oui, en voyage.
La grand-mère semblait visiblement satisfaite de sa proposition.
Mais...Où ?
Dans le Nord... En Flandre, ajouta-t-elle, l'air mutin. Pourquoi n'irions-nous pas voir sur place s'il reste des traces de ces Degraeve ?
Mais tu n'as jamais voyagé, grand-mère, et moi, je ne suis guère allée qu'à Paris et Deauville.
Raison de plus. Cela te permettra par ailleurs de prendre un peu de recul.
C'est-à-dire ?
Tu sais très bien où je veux en venir : à tes fiançailles et au mariage éventuel avec ceet Emile.
Il ne t'inspire pas confiance, n'est-ce-pas ?
Pas plus qu'à toi, ma chère fille.
Le projet pris corps.
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Qui est ce jeune homme, installé timidement dans ce coin ?
Je ne sais pas. Demandons à papa.
Hector les mena vers la personne en question.
Je vous présente Louis, mon nouveau secrétaire de mairie. Il est revenu au pays pour être maître d'école et s'établir. C'est un bachelier de Paris.
Louis rougit devant le compliment. Il était touchant de maladresse. Il était de ceux que le baccalauréat avait rendus myopes et portait des lunettes. Là où les Montfleury s'élevaient par l'armée et le commerce, Louis grimpait les échelons de la vie sociale par l'amour des livres.
Mademoiselle Valentine, inscrivez-moi sur votre carnet de bal... Si votre fiancé y consent.
Le jeune homme était charmant. Mariage ou non avec Emile, Valentine était décidée à profiter de ses dernières libertés.
Je ne suis pas encore mariée. J'y consens avec plaisir, et tout de suite, si vous le voulez.
Face aux grands yeux bleus de la jeune fille, un sentiment d'admiration respectueuse et de tendresse passionnée envahit Louis.
Est-ce indiscret de vous demander qui est représenté sur le portrait du petit salon, au-dessus de la cheminée ?
Une de mes ancêtres, nommée Blondine.
C'est étrange...
Quoi ?
Vous en êtes certaine ?
Ne me ressemble-t-elle pas ? Demanda-t-elle,coquette.
Si... Ce n'est pas ce que je veux dire... Dansons, voulez-vous ?
Son cavalier lui enlaça la taille. >elle en éprouva une sensation agréable. Certes, Louis n'était pas un aussi bon danseur qu’Émile. Était-ce si important ?
L'orchestre cessa. Aussitôt la danse achevée, Emile s'approcha d'elle, écarta Louis qui s'éloigna et la prit dans ses bras de façon autoritaire. Il la serra fortement, mais son visage était glacial, sa voix, sèche, coupante, le ton impératif.
Elle frissonna.
Dorénavant, vous ne danserez plus qu'avec moi, Valentine.
Pardon, Emile, vous ais-je blessé ?
Il avait bu.
Vous n'avez pas besoin de vous afficher avec ce rouge, ce dreyfusard. Je vous prie de l'éconduire.
Ce rouge, comme vous dites, est le secrétaire de mon père. Et mon père, lui, me semble plus nuancé dans ses opinions concernant Dreyfus.
Emile ne répondit pas à l'attaque. Sévère, il renouvela son interdiction. 
J'espère que, une fois mariée, vous n'outrepasserez pas la bienséance.
Ils se turent tous les deux, Valentine n'osa le défier une nouvelle fois. L'esprit querelleur d'Emile l'effrayait.
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Saint-Paul-en-Brionnais.

Valentine de Montfleury contempla son reflet dans le miroir. Oui , elle était belle. Son père avait raison. Il était si fier de sa fille. Cela ne l'empêchait pas de la vendre en ce début de l'année 1906...
Allons, tout était parfait. LA parure était superbe. Elle avait troqué sa jupe de velours noir pour une robe grège au décolleté de dentelle et aux dessous bordés de bouillonnés de mousseline de soie. Ses bras étaient couverts de longs gants de couleur crème assortis à sa toilette. L'étoffe captait admirablement la lumière. Comment ne pas être attirante dans une tenue aussi fastueuse ? S'il n'y avait eu ce maudit corset . S'il n'y avait eu ces maudites fiançailles...
Certes, Emile était un bel homme. Les amies de Valentine l'enviaient, sûrement. Lors de la rencontre aménagée par les parents, elle s'était attirée par lui, et, lorsqu'il l'avait emmenée en promenade à cheval aux alentours du domaine de LA Grève, la beauté du paysage bocager, les collines verdoyantes, les petites églises romanes te les murets l'avaient attendrie.
Ses joues s'étaient enfiévrées lors de leur premier baiser. Mais plus le temps passait, moins elle était certaine de l'aimer. Le physique n'était pas tout et Valentine ne voyait pas d'autres qualités à Emile. Elle avait beau, chercher, elle le trouvait prétentieux et sot.
Au tréfonds, une petite voix lui disait qu'il était trop tôt pour s'engager dans la vie. Son cœur l'avertissait qu'elle commettait une bêtises. Valentine n'avait que dix-sept ans. Emile n'était pas son choix, c'était celui de son père, et Valentine ne supportait pas qu'on lui imposât sa vie.
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2 Inattendu.
Il est sur le point d'entrer en scène.Les hauts-parleurs hurlent son nom et le public devient hystérique.
– Mesdames et messieurs, une fois encore voici RIPTIDE.
Je ne me suis toujours pas remise de l’avoir vu de si près et je sens que ma circulation sanguine trimbale des tas de petites choses étranges, pétillantes et chaudes. À l’instant où il apparaît dans le couloir qui mène au ring, en trottinant dans son peignoir rouge, mon pouls augmente, mon ventre se serre, et je suis prise d’une irrésistible envie de rentrer chez moi.
Le type est juste trop. Trop mec. Trop masculin, trop bestial ! Tout ça réuni fait de lui du sexe en barre et toutes les femmes qui sont autour de moi crient aussi fort qu’elles le peuvent qu’elles ont envie de le « lécher ».
Remington grimpe sur le ring et se met dans son coin. Il retire son peignoir, exposant tous ses muscles si souples, et le tend au jeune homme blond qui semble être l’assistant de son coach chauve.
– Et maintenant voilà le Marteau !
Le Marteau monte à son tour sur le ring, et Remington esquisse un petit sourire. Son regard se pose directement sur moi : il sait exactement où je suis assise. Souriant toujours, il lève un doigt en direction du Marteau, puis le pointe sur moi comme s’il me disait « ce combat est pour toi ».
Je ressens un coup de poignard dans le ventre.
– Merde, il me tue. Pourquoi est-ce qu’il fait ça ? Il est tellement sûr de lui, je le déteste !
Je hurle :
– Mélanie, ressaisis-toi ! 
Puis je m’assieds parce que moi aussi, il me tue. Je ne sais pas ce qu’il me veut, je me sens coincée car je ne m’attendais pas à vouloir, moi aussi, quelque chose de sexuel et de personnel de sa part.
Je repense alors à ce moment tout à l’heure où j’étais si proche de lui, mais la cloche du début de match me tire de ma rêverie.
Les deux boxeurs commencent à s’affronter. Remington tente une feinte d’un côté tandis que le Marteau se balance d’une façon stupide en essayant de suivre son adversaire. Remington trouve une ouverture par la gauche, il s’approche et lui envoie des coups dans les côtes. Ils se séparent. Remington agit avec beaucoup d’arrogance, continuant à faire des feintes, ce qui rend le Marteau fou. Il me regarde, désigne le Marteau, puis se retourne à nouveau vers moi juste avant de le percuter tellement fort que le mec atterrit dans les cordes derrière lui et tombe à genoux. Il a visiblement du mal à se remettre debout.
Les muscles de mon sexe se contracte à chaque fois qu’il porte un coup à son adversaire, et quand c’est lui qui en prend un, c’est mon cœur qui se serre.
Pendant la soirée il fait plusieurs combats qui se terminent tous de la même façon. À chaque fois qu’il gagne, il se tourne vers moi avec un sourire suffisant, comme s’il voulait que je comprenne bien que c’est lui, le mâle dominant. En le regardant bouger sur le ring, tout mon corps tremble et je n’arrive pas à m’empêcher de fantasmer. J’imagine ses hanches contre les miennes, son corps dans le mien, ses grandes mains partout sur moi...
Pendant les derniers rounds, il semble plus appliqué et en raison de l’effort qu’il doit fournir, sa cage thoracique se soulève plus rapidement et dégouline de sueur.
J’ai tout à coup la sensation que je n’ai jamais rien désiré autant de toute ma vie. Je veux perdre la raison. Me lancer dans le vide. Sprinter à nouveau, même si c’est dans le sens littéral du terme. Tous ces rendez-vous que j’ai ratés, parce que je m’entraînais pour quelque chose qui n’est, finalement, jamais arrivé ! Ces tours en moto que je n’ai pas faits par peur de me casser quelque chose. Ne jamais boire. Toujours avoir de bonnes notes pour pouvoir continuer à courir. Remington Tate représente tout ce que je me suis interdit pendant des années. Maintenant je sais exactement pourquoi j’ai mis des préservatifs dans mon sac avant de venir au combat. Ce type est un combattant. Je veux toucher son fabuleux torse, je veux embrasser ses lèvres pulpeuses. Je veux ses mains sur moi. Je vais probablement jouir à la seconde où il va me pénétrer. Je n’ai jamais eu droit à des préliminaires aussi excitants, et ce soir je veux passer à l’action !
Après sa dixième victoire, son regard se pose à nouveau sur moi. Je le regarde à mon tour car je veux lui faire sentir que j’ai envie de lui. Tout en sueur, il me sourit, ses joues creusées par deux petites fossettes, les yeux brillants. Il saute par-dessus les cordes et se retrouve sur la rangée devant la mienne.
Mélanie se fige sur place alors que son beau corps luisant et bronzé s’approche de nous. Il n’y a aucun doute sur l’endroit vers lequel il se dirige. Je retiens ma respiration jusqu’à ce que mes poumons soient sur le point d’exploser puis je me lève, chancelante. La foule hurle et des femmes derrière moi crient :
– Roule-lui une pelle !
– Tu ne le mérites pas, salope !
– Tire-toi !
Ces fossettes réapparaissent juste devant moi, j’attends qu’il me touche. Il se penche vers moi. Le souvenir de ses mains la dernière fois qu’elles m’ont touchée est très présent, une sensation dingue, étrange et sensationnelle alors qu’elles recouvraient presque entièrement ma nuque. Je suis en train de mourir. De mourir de désir. Avec insouciance. Avec espoir.
Au lieu de poser ses mains sur moi, il murmure une phrase à mon oreille, et la seule chose de lui qui me touche est son souffle. Mon corps prend feu quand j’entends sa voix chaude me dire :
– Reste là. J’enverrai quelqu’un te chercher.
Il sourit et s’éloigne. La foule continue de hurler. Il grimpe sur le ring, me laissant toute retournée. La fille à côté de moi met deux bonnes minutes à se remettre :
– Oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu, il m’a frôlée, il m’a frôlée !
– Mesdames et messieurs, Riptide ! hurle le speaker.
Comme mes jambes flagellent, je me rassois. Je me sens légère comme de la crème chantilly et je croise mes mains pour les empêcher de trembler. Mon cerveau est tellement vide que je n’arrive pas à me souvenir d’autre chose que lui passant au-dessus des cordes et me murmurant à l’oreille de sa voix si sexy que quelqu’un viendrait me chercher. Mélanie est bouche bée. Pandora et Kyle me regardent telle une sainte venant de terrasser une bête sauvage.
– Mais putain, qu’est-ce qu’il t’a dit ? parvient à articuler Kyle.
– Jésus, Marie, Joseph, rajoute Mélanie en me serrant dans ses bras, ce type est dingue de toi.
La femme à côté de moi me donne un petit coup sur l’épaule.
– Vous le connaissez ?
Je secoue la tête, ne sachant pas quoi répondre. Tout ce que je sais, c’est que depuis que je l’ai vu la première fois, je n’ai pas cessé de penser à lui. Tout ce que je sais, c’est que j’aime autant que je déteste ce qu’il provoque en moi et que la façon qu’il a de me regarder me remplit de désir.
– Mademoiselle Dumas, dit une voix.
Je lève la tête et aperçois deux hommes vêtus de noir, grands et minces. L’un est blond, l’autre a des cheveux bruns frisés.
— Je m’appelle Pete, dit le frisé, je suis l’assistant de monsieur Tate. Et lui, c’est Riley, le coach en second. Si vous voulez bien nous suivre, monsieur Tate voudrait vous parler dans sa chambre d'hôtel.
Je ne comprends pas tout de suite qui est monsieur Tate, mais quand je percute, je me sens transpercée par un éclair. Il te veut dans sa chambre d’hôtel, mais toi, le veux-tu ? Le souhaites-tu vraiment ? D’un côté, évidemment, j’en crève d’envie mais de l’autre je préfère ne pas bouger de ma chaise.
– Vos amis peuvent venir avec vous, ajoute le blond d’une voix aimable.
Je suis soulagée. Enfin, je crois… Hou là là ! je ne sais même plus ce que je ressens.
– Allez Brooke, c’est Remington Tate !
Mélanie me pousse à me lever et me force à les suivre. Je commence à paniquer parce que je ne sais pas quelle va être ma réaction quand je vais me retrouver devant lui. Alors que nous sortons de la salle et nous dirigeons vers l’hôtel, de l’autre côté de la rue, et grimpons dans l’ascenseur, mon cœur bat à tout rompre. Lorsque l’ascenseur s’immobilise au dernier étage, je suis comme paralysée, dans le même état de trac qui précède une compétition. Imaginer cet homme me prendre était juste un rêve, mais là c’est sur le point de devenir une réalité. J’ai la sensation grisante d’être sur un grand huit au moment où le manège descend. Mon coup d’une nuit, me voilà…
– Ne me dis pas que tu vas te faire ce mec, me souffle Kyle l’air inquiet à l’instant où les portes s’ouvrent. Tu n’es pas comme ça, Brooke, tu es bien plus responsable !
Ah oui ?
Vraiment ?
Parce que ce soir je me sens chaude. Chaude pour une bonne partie de jambes en l’air avec deux fossettes sexy.
– Je vais juste parler un peu avec lui, je réponds sans conviction.
Nous suivons les deux hommes jusqu’au premier salon de la gigantesque suite.
– Vos amis peuvent attendre là, dit Riley. Et je vous en prie, servez-vous, continue-t-il en montrant le bar.
Mélanie, Pandora et Kyle se précipitent sur les bouteilles d’alcool. Au moment où Mélanie, ravie, pousse un petit cri aigu, Pete me prie de le suivre. Nous traversons la suite et arrivons à la chambre. Il est là, assis sur la banquette au bout du lit, les cheveux mouillés et une poche de glace sur la mâchoire. La vision de ce mâle en train de se soigner alors qu’il vient de mettre K-O plusieurs hommes est terriblement sexy.
Deux femmes asiatiques sont agenouillées sur le lit et lui massent chacune une épaule. Il a une serviette blanche nouée autour de la taille et la peau toujours humide. Trois bouteilles de Gatorade jonchent déjà le sol alors qu’il avale le liquide, aussi bleu que ses yeux, de la quatrième avant de la jeter par terre.
Les mains des femmes qui tentent de détendre ses muscles noués m’hypnotisent. Je sais à quel point il est important de se faire masser après un exercice physique aussi intense, mais ce que je ne comprends pas, c’est l’effet que ça a sur moi.
Je connais pourtant le corps humain, je l’ai vénéré pendant six ans jusqu’à ce que je réalise que je ne pourrais plus jamais courir et que je devais me trouver un autre but dans la vie. La vérité, c’est que rien que l’idée de toucher ce corps afin de détendre en profondeur chacun de ses muscles, les doigts me démangent.
– Tu as apprécié le combat ?
Il me regarde avec un sourire insolent et ses yeux brillent comme s’il savait que j’avais adoré.
Mes sentiments sont mitigés, entre fascination et dégoût. En tout cas, après avoir entendu cinq cents personnes hurler qu’il était le meilleur, je ne peux pas lui dire ça. Je me contente de hausser les épaules et de lui répondre :
– Disons que tu en fais un spectacle intéressant. 
– C’est tout ? 
– Oui.
Il semble soudainement énervé et secoue vivement les épaules pour signifier aux deux femmes d’arrêter. Il se lève, sautille, fait craquer son cou d’un côté, puis de l’autre.
– Laissez-moi.
Les masseuses esquissent un sourire et sortent. Je me retrouve seule avec lui.
C'est hallucinant que je sois ici, dans cette chambre d’hôtel, cela m’angoisse quelque peu. Il est là, debout, ses longues mains bronzées le long de son corps, et moi je suis prise d’une envie terrible de les voir se poser sur moi.
Je suis en ébullition. Dans un effort surhumain je lève mes yeux vers lui et rencontre son regard. Il fait craquer ses articulations, comme si la demi-douzaine de combats l’avait laissé sur sa faim et qu’il en redemandait encore.
– Le garçon avec lequel tu es, dit-il tout en ouvrant et fermant ses poings comme s’ils étaient engourdis, c’est ton petit ami ?
Bon, je ne sais vraiment pas ce que je cherchais en entrant dans cette chambre, mais dans les grandes lignes je me faisais sauter tout de suite sans bla-bla ! Je suis de plus en plus gênée et angoissée. Qu’est-ce qu’il veut ? Et surtout, qu’est-ce que moi je veux ?
– Non, c’est juste un ami.
Son regard se baisse un instant sur ma bague.
– Pas de mari ?
Je ne me sens pas très bien, peut-être à cause du fort parfum des huiles essentielles avec lesquelles les femmes l’ont massé.
– Pas de mari non, pas du tout.
Il me regarde un long moment, presque froidement, ce qui me donne un peu honte. Puis il me sourit timidement avant de poursuivre.
– Tu es stagiaire dans une école privée de rééducation pour jeunes sportifs ?
– Tu as fais des recherches sur moi ou quoi ?
– En fait, c’est nous, répondent en chœur les deux hommes qui m’ont accompagnée un peu plus tôt en entrant dans la chambre. Pete a même un dossier dans les mains qu’il tend à Riley.
– Mademoiselle Dumas.
C’est Pete, celui avec les cheveux frisés et les yeux noisette, qui s’adresse à moi.
– Comme je suis certain que vous vous demandez ce que vous faites ici, nous allons donc vous l’expliquer. Nous quittons la ville dans deux jours et nous n’avions pas le temps de procéder autrement mais… monsieur Tate veut vous engager.
Je reste interdite un moment, totalement ahurie et très embarrassée par leur proposition.
– Vous me prenez pour qui ? je leur réponds, en proie à la colère. Je ne suis pas une escort !
Ils explosent tous les deux de rire, tandis que Remington reste de marbre et se rassoit sur le banc.
– Vous nous avez percés à jour, mademoiselle Dumas, car c’est vrai que lorsque nous voyageons, nous trouvons fort pratique d’avoir sous la main quelques amies pour assouvir les besoins spécifiques de monsieur Tate avant ou après un combat, me répond Pete en riant.
Mon sourcil gauche se lève. Chez les athlètes ce genre de pratique est monnaie courante. J’ai fait de la compétition et je sais que le sexe, avant ou après une épreuve, est excellent pour combattre le stress et aider à la performance. J’ai moi-même perdu ma virginité lors des épreuves de sélection où mon genou m’a lâchée, avec un sprinter qui était presque aussi nerveux que moi. Je deviens rouge de honte en les entendant parler des « besoins spécifiques » de monsieur Tate. C’est trop personnel !
– Comme vous pouvez l’imaginer, mademoiselle Dumas, un homme comme Remington a des demandes bien précises, poursuit Riley, le blondinet qui ressemble à un surfeur, mais il a été très clair avec nous : c’est vous qu’il veut, et vous seule.
Mon ventre se noue. Je regarde tour à tour Riley, puis Pete, et enfin Remington dont la mâchoire est encore plus carrée que dans mon souvenir, comme si elle était faite du plus beau, du plus précieux morceau de granite. Je n’arrive pas à deviner ce qu’il pense, son sourire s’est peut-être évanoui mais ses yeux, eux, sont moqueurs. La partie gauche de son visage est encore légèrement gonflée, et ça me donne immédiatement envie d’y remettre la poche de glace. De toute façon j’ai déjà, dans mes rêves, nettoyé le sang qu’il a sur la lèvre avec ma salive. Une chose est sûre : je ne pourrai jamais me contrôler avec un homme dont le pouvoir de séduction a autant d’effet sur moi. Le simple fait d’être dans la même pièce que lui me perturbe trop.
Pete tourne les pages du dossier.
– Vous avez étudié à l’Académie militaire de rééducation sportive et vous avez eu votre diplôme il y a deux semaines. Nous sommes prêts à vous engager pour le reste de la tournée, soit huit villes au total, pour que vous vous chargiez de la remise en forme de Monsieur Tate pour les compétitions à venir. Nous vous offrirons un très bon salaire. C’est une belle opportunité, mademoiselle, de vous occuper d’un tel athlète, et ça fera un superbe effet sur un CV.
Je cligne des yeux.
J’ai effectivement envoyé des CV, en vain. L’école m’a alors proposé de revenir pour un cours d’été de remise à niveau, en août, mais ce n’est que dans plusieurs mois. Et avoir un diplôme et ne pas travailler me ronge. Je réalise soudain qu’ils ont tous les yeux rivés sur moi, surtout Remington, qui me regarde intensément.
Moi.
Travailler pour lui alors que j’ai imaginé baiser avec lui me met très mal à l’aise.
– Il faut que je réfléchisse, je ne veux pas d’un travail en dehors de Seattle.
Je jette un coup d’œil à Remington, puis aux deux autres.
– Alors si vous n’avez plus besoin de moi, je vais y aller. Je vous laisse ma carte sur le bar.
Je tourne les talons, mais la voix autoritaire de Remington stoppe mon élan.
– Réponds maintenant ! dit-il sèchement.
– Quoi ?
Je me retourne. Il me fixe durement et il n’a plus l’air de plaisanter du tout.
– Je t’ai offert un boulot, et je veux une réponse.
Le silence tombe. Nous nous dévisageons, le démon aux yeux bleus et moi, et je ne parviens pas à analyser tout ce que ces regards se disent. J’entrevois juste quelque chose qui ressemble à une nouvelle vie…
Bon allez. Oublie le désir. Tu as besoin de ce job.
– Je travaillerai pour toi pendant les trois mois de ta tournée, mais je veux une chambre, mes transports payés, des références pour mon CV et l’autorisation de dire à mes futurs clients que j’ai bossé pour toi.
Comme il ne me quitte pas des yeux, je me dirige vers la porte, certaine qu’il veut y réfléchir.
– D’accord, dit-il en hochant la tête.
Je m’immobilise. J’ai du mal à croire ce que je viens d’entendre.
Il m’a engagée.
Je viens d’obtenir mon premier boulot.
Remington se lève lentement en tenant sa serviette d’une main pour qu’elle ne tombe pas. Il s’adresse aux deux hommes :
– Faites-lui signer un papier me certifiant qu’elle ne partira pas avant la fin de la tournée.
Alors qu’il noue sa serviette plus fermement et s’approche, je ne peux m’empêcher de remarquer la tension de ses muscles. Il a à nouveau l’air d’un prédateur, et son sourire plein d’assurance est carnassier. Il sait qu’il me trouble. Cet homme d’1,80 mètre est une boule de muscles, sa peau est encore huileuse. Oh mon Dieu !
Mon cœur s’arrête quand il prend ma main dans la sienne et se penche pour murmurer, me broyant les phalanges :
– Nous avons un contrat, Brooke. 
Un courant électrique traverse tout mon corps.
Je crois que je vais m’évanouir.
Alors que son sourire me transperce, il recule, se retourne et lance à ses assistants : 
– Préparez les papiers pour demain, et veillez à ce qu’elle rentre chez elle sans encombre






Mélanie saute du tabouret de bar dès qu’elle m’aperçoit, le regard interrogateur, et glisse une bouteille miniature dans son sac.
– Déjà ? C’était rapide ! Je pensais qu’il était plus résistant que ça, dit-elle uniquement pour me contrarier.
Kyle, qui est le seul à ne pas boire d’alcool, lui répond : 
– Attends, le type vient de combattre dix mecs de la taille d’un grizzli, normal qu'il soit vidé !
- du calme. il ne s'est rien passé.
Je suis sur le point d’exploser de rire en voyant la tête que fait Mélanie.
-  Mais j’ai trouvé un boulot pour l’été.
– Quoi ?
Mais je ne peux rien raconter à mes amis tant que les deux collaborateurs de Remington sont là.
– Prête, mademoiselle Dumas ? 
– Brooke, s’il vous plaît.
Je n’aime pas qu’ils m’appellent mademoiselle Dumas et je suis certaine que mes amis ne vont pas me rater là-dessus !
– Je n’ai vraiment pas besoin que vous me suiviez partout, vous savez.
Riley secoue la tête et dans un sourire me dit : 
– Croyez-moi, ni Pete ni moi ne dormirons tant que nous ne saurons pas que vous êtes bien rentrée chez vous.
– Hey, je crois que nous n’avons pas été présentés, dit Mélanie d’une voix suave en regardant Riley, les yeux pétillants.
Puis elle s’approche de Pete en minaudant :
– Et toi, qui es-tu ?
Je fais rapidement les présentations, attrape mes deux amies par un bras et les pousse vers l’ascenseur puis dans la voiture de Kyle. Elles ne cessent de parler de ce qui vient de se passer, Kyle lui, se met au volant, et moi j’ai toujours le cœur qui bat la chamade
– Quelle étrange façon de passer un entretien ! Dans une putain de chambre d’hôtel !
– Ne m’en parlez pas…
En fait, je suis un peu vexée, j’avais fini par être convaincue que Tate voulait coucher avec moi et, contre toute attente, il m’a offert un boulot. Je me mets vraiment à douter de mon intuition féminine !
– C’est dingue, ils nous escortent comme si nous étions des personnalités, nous dit Mel quelques secondes plus tard en sortant son téléphone pour prendre une photo.
– Qu’est-ce que tu fais ?
Je lui pose la question tout en craignant la réponse.
– Je tweete !
– Fais-moi penser à ne plus jamais sortir avec toi, je marmonne dans un grognement.
Je suis à bout. Des yeux bleus. Des fossettes. Des épaules larges. Une peau luisante et bronzée. Mais pas de sexe… Définitivement pas de sexe avec lui !
– Ils sont supposés faire quoi, ces types-là ? demande Mel.
– J’en sais rien. Riley, le blond que tu as envie de te taper, est l’assistant du coach et Pete celui de Remington.
– En fait je me taperais bien les deux ! Pete est mignon avec son air de gentil garçon, bon, faudrait juste qu’il s’étoffe un peu. Et Riley, lui, semble assez désinvolte. En tout cas, ils sont tous les deux comestibles. Tu crois qu’ils ont quel âge ? Une trentaine d’années ?
Je lui réponds par un haussement d’épaules. Elle ne se décourage pas pour autant et continue : 
– Remington a 26 ans, je pense qu’ils sont un peu plus âgés. Oui, Remy est clairement plus jeune. Tu crois qu’ils se sont connus comment ?
– Je ne vois pas pourquoi tu me demandes ça ! C’est toi qui as toutes les infos ! Je ne passe pas mes journées à faire des recherches sur Google, moi.
Sauf sur lui. Merde !
Kyle nous interrompt : 
– Parle-nous de ce nouveau boulot, Brooke. Dis-moi, tu n’as pas vraiment l’intention de suivre un mec qui a une telle réputation ?
Je mets un moment à répondre parce que j’ai toujours du mal à réaliser que j’ai trouvé un travail, même temporaire. Depuis que je suis petite, on me dit que je suis faite pour courir, et lorsque que je me suis blessée, pendant des jours ou plutôt des mois, j’ai pensé que je ne servais plus à rien. Mais la rééducation m’a aidée à guérir, tant physiquement que moralement, et je pense vraiment être la bonne personne pour aider un homme aussi agressif que Remington, dont le corps est mis à rude épreuve à chaque combat.
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date : 03-10-2014
Marguerite ne réussit pas à rejoindre Guyette et Bertine. Elles avaient disparu, englouties dans cette masse indistincte et grouillante. C'est à ce moment précis qu'elle surprit le vol.
Efflanquées et scrofuleuses, deux filles d'une douzaine d'années rôdaient, tels des chiens affamés. Marguerite se rappela les paroles de Renelde, bénit le Seigneur d'avoir mis sa « petite mère » sur son chemin. L'une d'elles accrocha un passant, tandis que l'autre lui dérobait sa bourse. Il s'éloigna sans se douter le moins du monde qu'il se trouvait délesté d'une partie de sa fortune, peut-être de stout son bien.
La fillette à la bouche mince, au visage déjà marqué de petite vérole, se tourna brutalement vers Marguerite, figée de surprise :
Qu'as-tu à me regarder ?
Dans un élan de compassion, Marguerite lui sourit. Elle désirait lui faire comprendre qu'elle aussi était orpheline, qu'elle aurait pu être des leurs, mais la malheureuse en haillons crut avoir affaire au sarcasme, au mépris d'une bourgeoise qui n'avait pas été élevée à la dure. Elle s'approcha d'un ivrogne accroupi dans une encoignure puante, vociféra à l'encontre de Marguerite et la fixa du doigt. Un regard torve l'atteignit en plein cœur.
C'est aussi une créature du Diable, criaillait la fille.
Mais oui, elle est aussi belle que ces drôlesses, renchérit l'homme aux cheveux sales et emmêlés, qui s'était levé et s'était approché en titubant.
Une sorcière revêt toutes les apparences, même celle d'un ange !
Il se tenait à présent face à elle. Les deux sauvageonnes éclatèrent d'un rire indécent. Elle se sentit happée par le bras perfide de l'individu à la mine simiesque.
« Où sont les soldats ? » pensa-t-elle. Elle tourna la tête de tous côtés. « Personne ne me délivrera ? Renelde... Petite mère ? »
Quelques regards la toisaient de manière étrange. Elle se vit en un instant livrée au bûcher. Son visage courroucé se remplit d'effroi.
Laissez-moi ! Parvint-elle à murmurer. «  Que se passe-t-il ? Je n'arrive même pas à crier ! »
L'homme se tenait contre elle, les narines frémissantes. L'angoisse de Marguerite montait. Elle sentit le désir qui s'emparait de lui. Elle respira son haleine répugnante et suffoqua. Sa cape chaude lui glissa des épaules. Les yeux de son agresseur s'arrêtèrent sur son décolleté. Il arbora un terrible sourire.
Le beau tendron que voilà ! Oh ! Regardez ! Elle porte la marque du Diable ! Proféra-t-il, en touchant une tache rousse sur son épaule opaline, glacée de froid et de peur.
Le sang quitta les pommettes de Marguerite. Elle essaya encore de protester, mais sa mâchoire restait bloquée. Aucun son ne sortait de ses lèvres pâlies.
Atour d'eux, hormis deux ou trois esprits échauffés qui croyaient avoir reconnu une nouvelle œuvre de Satan, les spectateurs ne s'en préoccupaient pas. Ils assistaient à la montée des six filles sur l'estrade qui les attendait.
Ah ! Mais tu en es pleine, de ces tâches du Diable, ma jolie !
Il la dévorait des yeux. Son souffle se fit plus lourd, plus âcre, tandis qu'il lui crachait à l'oreille :
Viens, ma rousse, je vais t'emmener te confesser. Viens, donc, tu rouleras de plaisir, tu verras...
Il accompagna ses paroles d'une geste obscène, et lui saisit un sein à travers son corsage. Elle eut l'impression que son cœur allait éclater dans sa poitrine. Des sueurs froides perlaient à son front.
Tu hurleras de plai...
Il ne put achever sa phrase. Un formidable coup de poing lui ferma la mâchoire et le projeta en arrière.
Marguerite n'eut pas le temps de voir l'inconnu au visage dissimulé par un grand chapeau qui avait surgi du ciel, de façon inopinée. Elle s'évanouit.
L'immonde individu se releva rapidement et disparut, lâchement, comme un personnage de cauchemar, avec quelques dents de moins.
Dans son rêve, Marguerite flottait. Elle s'envolait. Non, quelqu'un la soulevait de terre. Oui, c'était cela. Elle était bien. Elle aurait voulu le dire. Aucun son ne sortait. Elle aurait voulu soulever les paupières. Elles étaient si lourdes. Elle sentit qu'on la déposait. Elle était à l'abri.
Renelde n'écoutait plus Gabriel. Son regard anxieux cherchait Marguerite.
Tout se passa très vite. Des silhouettes. Une bousculade. Des piétinements. Elle l'aperçut enfin, qui disparaissait au-dessous de la masse confuse des chapeaux et des coiffes.
Il lui sembla distinguer un feutre à large-bord, « identique à celui de Grégoire », pensa-t-elle. Elle fendit la foule.
Déjà Marguerite revivait dans les bras de sa petite mère. L'inconnu s'était volatilisé. Gabriel essaya, en vain, de savoir ce qu'il en était auprès des badauds. Ils étaient trop occupés par la suite de l'exécution, ou ne tenaient pas à admettre qu'ils avaient assisté à l'agression et ne s'étaient pas interposés. Les rares propos étaient contradictoires.
C'était un vieux.
Non, un jeune...
On ne sait pas... Il semblait grimé.
De toute façon, il cachait son visage...
C'était peut-être le Diable ? Un Diable boiteux.Mais alors, la fille serait une sorcière ?
Gabriel et Renelde l'emmenèrent au plus vite, loin des clameurs d'une foule fanatisée, fasciné par le spectacle.
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Paris, 1959


Tomas quitta l'hôpital Américain sans se départir du sourire courtois qu'il avait réussi à conserver durant tout l'entretien. Mais une fois sur le trottoir du boulevard Victor-Hugo, il fut submergé par une bouffée d'angoisse qui transforma son expression affable en grimace.
Six mois, un an au mieux, le verdict était sans appel . Et malgré le tact dont le professeur Dubois avait fait preuve, impossible d'atténuer la brutalité du choc : Tomas venait d'être condamné. Son espérance de vie se réduisait désormais à si peu de chose que le sentiment de l 'urgence lui fit stupidement presser le pas.
Avait-il jamais songé à la maladie en général, au cancer en particulier ? A soixante-quatre ans, il semblait toujours en pleine forme, avec sa robuste constitution d'Irlandais, et les médecins n'avaient guère tenu de place dans sa vie jusque-là. Au contraire de Berill, son épouse, qui courait d'un spécialiste à l'autre, consultait des homéopathes ou des acupuncteurs, aurait même écouté un marabout au besoin, et se portait de toute façon comme un charme.
Berill, mon amour...,murmura Tomas.
Le vent était si froid qu'il releva le col de son pardessus de cachemere. Pour l'instant, la mort ne l'effrayait pas encore, mais la perspective de quitter Berill était au-dessus de ses forces.
« j'ai eu trente-deux années de bonheur fou. C'était mon lot, je ne peux pas me plaindre. »
Sa femme se débrouillerait sans lui, elle avait maintes fois prouvé sa force de caractère, en particulier lorsqu'il avait été fait prisonnier à Vienne, au début de la guerre, puis durant tout le temps où il avait disparu en Angleterre, engagé de l'ombre dans la résistance. Elle saurait faire face, comme toujours, cependant il ne la verrait plus, ne s'endormirait plus à côté d'elle, ne pourrait plus plonger au fond de ce regard d'améthyste qui l'avait séduit une fois pour toutes.
Il se remémora son premier éblouissement, survenu à Madrid alors qu'il n'était qu'un jeune homme. Ce devait être en 1923 ou 1924, et sur la piste du cirque Berill était belle à damner un saint, moulée dans son maillot pailleté. Elle domptait des lions, ou du moins évoluait parmi eux, mais elle aurait aussi bien pu faire du trapèze ou chevaucher un éléphant, Tomas n'aurait rien remarqué d'autre qu'elle et elle seule.
De nouveau un sourire étira ses lèvres, parce que songer à la manière dont ils s'étaient rencontrés, Berill et lui, le mettait toujours dans un état euphorique. LA danseuse et les fauves...Dieu, comme c'était loin ! Déjà très loin, et voilà que leur histoire allait s'achever. Y aurait-il des moments abominables avant l'adieu ? Sans doute la souffrance, la dégradation physique, les mensonges charitables prodigués à un mourant, ensuite l'agonie dans un lit d'hôpital.
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Un mois avant le jour J
A l'heure qu'il est vous devriez :

Expédiez les invitations à la réception du dîner
Procéder aux derniers essayages de votre robe de mariée
Vendredi !!!!
Aller chercher votre certificat de mariage
Appeler les invités n'ayant pas encore confirmé
leur présence
Finaliser le plan de table
- Tout va bien se passer. Tout va se passer à merveille, tu verras.
Un mois que je me tue à répéter ça à mon fiancé Cooper.
Chaque fois que je le dis, Cooper me jette un de ses adorables regards, l'un de ses sourcils bruns dressé plus haut que l' autre. Il sait exactement de quoi je parle, et cela n'a rien à voir avec notre mariage prochain, au Plaza Hotel de New York.
- Sais-tu que, d'après les statistiques, les 18-23 ans sont ceux qui risquent le plus de se retrouver un jour aux urgences ? Fait-il remarquer. Du moins en ce qui concerne les blessures dues aux accidents. Et ils sont également plus nombreux à mourir de ce type de blessures que dans tout autre groupe d'âge.
Quand on vit avec un détective privé, on peut-être assuré de plusieurs choses. Un, de l'irrégularité de ses horaires. Deux, de la présence d'armes à feu sous son toit.
Trois, vous pouvez compter sur lui pour vous sortir toutes sortes de détails concernant des sujets sur lesquels vous ne coulez pas forcément en savoir davantage. LE nombre de délinquants sexuels fichés vivant dans un rayon de huit kilomètres autour de votre maison, par exemple. Ou le fait que les 18-23 ans risquent, plus que n'importe quel autre groupe d'âge, de se retrouver aux urgences.
JE le fusille du regard.
Et alors ?
Il n'y a donc riren d'étonnant à ce qu'une université ayant une population aussi importante compte un ou deux décès par ans.
Pas cette année ! Dis-je en secouant énergiquement la tête au-dessus de nos plats chinois commandés par téléphone.
Tout ce que nous consommons, ces derniers temps, nous arrive dans des boîtes en papier parce que avec l'installation imminente des Première année, je n'ai plus une minutes à moi. LE soir, je rentre à la maison de plus en plus tard, sur les rotules à force de mettre de l'ordre dans les jeux de clés et de superviser le nettoyage des chambres. De son côté, Cooper est sur une enquête, même si par souci de confidentialité envers son client, il refuse de me dire ce qu'implique sa mission.
Cette année va être complètement différente des précédentes. Il n'y aura pas un seul mort parmi les résidents de Fischer Hall. Pas même à cause d'un accident.
Tu comptes faire quoi pour ça ? Demande Cooper en mâchonnant un travers de pôrc sauce aigre-douce. Les envelopper dans du papier bulle ?
Je m'imagine des étudiants de premier cycle que résident dans le bâtiment où je travaille s'efforçant de se déplacer dans les rues de New York emmailloté dans un matériau d'emballage en plastique. Bizarrement, l'idée n'est pas pour me déplaire.
Difficilement faisable, hélas. Je crains qu'ils ne protestent au nom des droits de l'omme. Bien vu, cela dit.
Cooper a les deux sourcils dressés, à présent. Et l'air vaguement amusé.
Vaut sans doute mieux qu'on ne puisse pas avoir d'enfants, si tu penses que c'est une bonne idée de les envelopper dans un papier bulle.
J'ignore la pique.
Ok, et dit comme ça, tu en penses quoi : « Tant qu'aucun d'eux ne se fait assassiner, je m'estime heureuse ! »
Tendant la main par-dessus le porc aux champignons noirs, Cooper serre tendrement la mienne.
Voici l'une des nombreuses raisons pour lesquelles je suis tombé amoureux de toi, Heather. Ton optimisme ne connaît pas de limites.
Oui, cette année serait différente des autres. Rien à voir avec l'année dernière. J'avais commencé à bosser comme directrice adjointe en étant persuadée de ne pas plaire à Cooper, et en ayant perdu ma première étudiante au bout de quelques semaines.
Cette année, Cooper et moi allions nous marier. Et la rentrée n'avait pas même eu lieu que Fischer Hall déplorait déjà la mort de l'un de ses résidents.
J'aurais dû rester sur l'idée de les emballer dans du papier bulle.
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date : 02-07-2014
Tomas avait regagné son hôtel dans un état euphorique. Que Berill ait accepté de le revoir lui semblait trop beau pour être vrai, il n'en revenait pas.
Il appela le room-service pour se faire monter un repas froid accompagné d'une carafe de vin, puis il ôta sa veste, son gilet et sa cravate. Sur la commode, il déposa son quatrième billet de cirque, à côté des trois autres. Il était allé voir le spectacle quasiment tous les soirs de la semaine ! Mardi, il avait ressenti un véritable éblouissement lorsque le projecteur s'était allumé sur cette fabuleuse jeune femme aux cheveux noirs. Une apparition improbable qui l'avait cloué dans son fauteuil du troisième rang pendant le numéro. Mercredi, il y était retourné en se disant qu'il serait déçu, or son enthousiasme avait redoublé. Jeudi, il avait prévu des fleurs sans savoir s'il aurait la possibilité – ou même le culot- de les lui offrir. Enfin, aujourd'hui, elle lui avait présenté ses tigres, et demain il déjeunerait avec elle...Incroyable!
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date : 02-07-2014
Ce fut un jeudi soir, après la représentation, que Berill rencontra l'homme qui aller bouleverser son destin. Il l'attendait devant la tente où se changeaient les artistes, un gros bouquet de fleurs à la main, et se présenta sous le nom de Tomas Blaque-Belair. Irlandais, il n'avait pas les cheveux roux et ne portait pas la barbe, c'était un grand blond large d'épaules, au regard bleu délavé et aux traits volontaires, comme taillés à la coups de serpe. Berill ne le trouva ni beau ni sympathique, mais très intéressant. LA plupart du temps, elle n'accordait aucune attention à ses admirateurs – trop nombreux et trop empressés -, sachant qu'elle n'avait pas grand-chose à attendre d'eux. Elle les avait fait rêver en piste, leur avait coupé le souffle quand Malchior ou Sultan l'avaient frôlée, avait provoqué leur désir parce que son maillot blanc ne cachait rien de ses formes parfaites, mais, en dehors d'une invitation à dîner, que pouvait-elle espérer? Assez intelligente pour admettre qu'elle n'était qu'une romanichelle et qu'aucun garçon bien né ne la présenterait jamais à sa famille, elle repoussait les avances en riant. Presque chaque jour, elle offrait à sa mère les fleurs qu'elle recevait et jetait les cartes de visite sans même y penser.
Tomas Blaque-Belair semblait différent. Durant leur brève conversation devant la tente, il posa des questions pertinentes sur les difficultés du numéro, le caractère des tigres. Il s'exprimait en anglais, parlant lentement pour être sûr de se faire comprendre, scrutant Berill d'une regard indéchiffrable. Il prit congé en déclarant qu'il reviendrait le lendemain, puis s'enquit de ce qui serait susceptible de lui faire plaisir. En
manière de plaisanterie, Berill répondit qu'au lieu des fleurs elle préférait une friandise pour ses fauves, par exemple un beau morceau de bœuf.
LE vendredi soir, après la représentation, l'Irlandais se présenta à la porte de la tente, avec à ses pieds une caisse estampillée d'une boucherie en gros. Désarçonnée, Berill dévisagea une seconde Tomas Blaque-Belair, puis elle souleva le couvercle et constata qu'il s'agissait effectivement de viande fraîche d'excellente qualité. Elle partit d'un grand éclat de rire en cascade, avant de proposer à Tomas de l'accompagner jusqu'à la ménagerie où se reposaient les fauves.
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date : 30-06-2014
Ils sont là. Je suis... Ne laisse pas Snookie manger du chocolat, c'est un poison pour les chiens, elle va t'implorer, le garçon. Le garçon regardez le garçon regardez les morts, ô Seigneur ils sont tellement nombreux...Ils viennent pour moi à présent. Nous allons tous partir bientôt. Tous. Adieu Joanie j'adore ce sac adieu Joanie, pasteur Len avertissez-les que le garçon ne doit pas...

Les dernières paroles de Pamela May Donald (1961-2012)
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