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"Quand il s’est penché en avant, je n’ai pas osé bouger – je n’ai même pas osé respirer. J'étais encore toute étonnée de voir cette fossette au coin de sa bouche, puis ses lèvres se posèrent sur les miennes. Elles étaient douces et chaudes, comme si elles avaient quelque droit d’être là. Incapable de résister, je fermai les yeux, m’appuyai contre lui et me permettais l’idée que quelque chose pourrait être possible entre nous. Mais cela n’était pas possible, pas avec tous les secrets qui se dressaient encore entre nous."
(Traduit de l'anglais)
Afficher en entierAu moment où je retire la papillote de murmures nocturnes de l’étui à mon poignet, j’entends un pas sur les marches dernière moi. Je parcours l’antichambre des yeux, mais il n’y a aucun endroit où je puisse me cacher. Je remets vivement la papillote dans sa cachette, saisis la poignée de mon couteau et pivote sur moi-même pour faire face à l’escalier.
La grande silhouette sombre me fixe d’un air incrédule.
— Sybella ?
Merde ! Ce n’est pas qu’un simple garde ou une sentinelle, mais Julien. Il fait trois enjambées silencieuses vers moi et m’agrippe le bras.
— Que faites-vous ici ?
Au-delà de sa colère, je distingue dans ses yeux une véritable peur.
— Vous êtes de retour.
Mon ton joyeux est si convaincant que je me crois presque. Je souris d’un air coquet.
— Comment avez-vous su où me trouver ? demandé-je.
— Je vous ai cherchée jusqu’à ce que je songe à aller voir au seul endroit où vous ne devriez pas être, répond-il en me secouant légèrement le bras. Vous ne pouvez imaginer dans quelle situation dangereuse vous vous êtes placée.
— Je n’arrivais pas à dormir à cause du tapage que faisaient les fantômes. Saviez-vous que cette tour est hantée ?
— Vous avez pu entendre ces bruits d’aussi loin que vos appartements ?
Il écarquille les yeux d’incrédulité.
— Bien sûr que non, dis-je en le regardant de sous mes cils. Je suis venue à la chapelle afin de prier pour que vous reveniez en toute sécurité. C’est à ce moment que j’ai entendu les cliquetis.
Les traits durs de son visage se détendent légèrement.
— Même si j’apprécie vos prières, vous vous êtes mise en danger en furetant où vous ne le devriez pas.
— Comment pouvais-je savoir que mes prières seraient si rapidement exaucées ?
Je souris comme si je lui étais vraiment reconnaissante, puis je redeviens sérieuse.
— Des fantômes, Julien. Pouvez-vous sentir leur présence ?
Je me laisse aller à frissonner — une chose assez facile compte tenu de la froidure de tous ces morts tourmentés qui s’accrochent à moi comme des sangsues et de tant de peurs qui me traversent. Je m’assure de le regarder avec une pointe d’excitation dans les yeux.
— Les fantômes de tous les prisonniers qui sont morts ici, sans confession.
À ce moment précis, pour la première fois ce soir, j’entends cliqueter les chaînes du prisonnier. J’agrippe le bras de Julien.
— Voilà ! Vous entendez ? Ils pourraient s’infiltrer dans nos chambres la nuit et aspirer l’âme de nos corps.
Je me signe pour faire bonne mesure.Sans dire un mot, il m’observe pendant un long moment, puis il semble prendre une décision.
— Suivez-moi. Je vais vous montrer ces fantômes.
Il lâche mon bras puis frappe du poing à la porte grillagée. Tandis que les pas traînants se dirigent vers nous, il me jette un coup d’œil.
— Comment êtes-vous entrée ?
Je cligne des yeux comme si je ne comprenais pas sa question.
— J’ai simplement ouvert la porte.
— Impossible, siffle-t-il.
L’œil du geôlier apparaît à travers la grille. Il lève la tête pour qu’on voie son visage, puis un cliquetis se fait entendre quand il soulève le loquet.
Le fait que le geôlier ouvre si facilement la porte pour mon frère ne manque pas d’intérêt. À quel point d’Albret se confie-t-il à Julien ? J’avais cru qu’il n’était qu’indirectement impliqué dans les plans de d’Albret, juste assez pour éviter d’attirer l’attention sur lui-même, mais maintenant je dois reconsidérer cette idée.
La porte s’ouvre, et l’étrange petit homme incline maladroitement le buste.
— Ce n’est pas un fantôme, dis-je en regardant la créature, mais un vieillard infirme. Ou une gargouille.
Julien me jette un regard exaspéré, saisit mon bras et me traîne pratiquement à travers la petite pièce. Je couvre mon nez avec ma main.
— Et ce n’est certainement pas une puanteur venue de l’au-delà, ajouté-je.
— Voyez !
Julien me pousse vers la deuxième porte également dotée d’une fenêtre à barreaux.
— Votre fantôme, dit-il en prenant une torche sur le mur et en la passant à travers les barreaux.— Doux Jésus, murmuré-je.
L’homme pousse un grognement et essaie de détourner les yeux des flammes éclatantes. Son visage est tuméfié et déformé, et couvert de sang séché. Il est à demi nu, vêtu seulement de haillons, et deux grandes blessures à son bras gauche laissent couler un liquide sombre. Je n’arrive pas à croire qu’il s’agit du même homme qui a si vaillamment combattu les assaillants de la duchesse il y a moins de deux semaines. Encore une fois, d’Albret s’est emparé d’un noble chevalier pour le réduire à cet état.
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