Commentaires de livres faits par Beeboo
Extraits de livres par Beeboo
Commentaires de livres appréciés par Beeboo
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Dragan parvint à conserver un visage neutre en regardant passer un troupeau d’oies caquetant à qui mieux mieux, neutralité qui ne trompa pourtant pas la vieille dame. Elle lui sourit, les yeux brillant d’amusement. Un renard auquel il manquait l’une des pattes avant vint semer le désordre au milieu de la basse-cour, épaulé par un vieux chien borgne. Dragan ne put s’empêcher de remarquer que le chien était d’une race habituellement utilisée pour la chasse.
— Trois-Pattes et Pirate sont les meilleurs amis du monde, commenta Sophie. Étonnant, n’est-ce pas ?
Dragan se contenta d’émettre un bruit qui pouvait passer pour un assentiment.
— Vous n’avez pas encore rencontré Flipper, reprit-elle.
— Le dauphin ? demanda prudemment Dragan, qui pensait que venant de cette famille pour le moins excentrique plus rien ne pouvait l’étonner.
— Non, gloussa Sophie. Flipper est un petit singe. Comme il passe son temps à faire des bonds partout en criant, on lui a trouvé ce nom.
— Vous auriez pu l’appeler Corentin, fit remarquer Dragan, pragmatique. Il correspond à la description.
— Sélène y a songé, mais il aurait fallu ensuite préciser duquel on parlait.
— Adrian n’a pas besoin de récupérer son auréole, il ne l’a jamais perdue.
— Le pauvre, alors !
Joanna s’interrompit un instant.
— Tous les Ankous ne renoncent donc pas à leur auréole ?
— Non.
— Et... pourquoi ne voit-on pas celle d’Adrian ?
— Il l’a sans doute laissée à la maison.
Joanna le regarda de travers. Puis comprit qu’il se moquait d’elle avec cette histoire d’auréole.
— Vous faites de l’humour, constata-t-elle.
— Souvent. Mais la plupart du temps, les gens n’y sont pas sensibles, je ne comprends pas pourquoi.
— Donc... pas d'auréole pour les anges, n'est-ce pas ?
— Je sens comme une pointe de déception.
— Oui, c'est terrible de découvrir que tout ce que je croyais savoir est faux. Je crains de ne pas m'en remettre !
— Nous n'avons pas d'arc, non plus.
— Je crois que je ne supporterai pas davantage de révélations !
Joanna ouvrit la portière. Dragan l'imita, charmé par le rire de la jeune femme.
— C’est dommage que tu doives travailler ce soir, Jo, lança Corentin avec son enthousiasme habituel, on se fait une super soirée télé, avec pop-corn et tout.
— Et quel film avez-vous choisi ? demanda la jeune femme avec un sourire moqueur qui indiqua à Dragan qu’elle avait déjà sa petite idée sur la question.
— Les Anges gardiens[3] ! clama Corentin. Ensuite, quand les petits seront couchés, on continuera avec Michael[4].
— Laissez-moi deviner, ironisa Dragan : Michael, c’est un ange ?
— Tout à fait. À l’époque où Kieran est arrivé parmi nous, nous avons visionné tous les films avec des fantômes. Et ceux avec des Highlanders, expliqua Joanna.
— Et après, si on n’est toujours pas fatigué, on regardera la Cité des anges[5], reprit gaiement Corentin.
— Dire que je vais rater ça, fit Dragan en fixant Adrian. Quel dommage !
La grimace de l’autre le conforta dans l’idée qu’il gagnait vraiment au change avec Joanna et pas seulement parce qu’elle était beaucoup plus jolie et attirante ! Ils entrèrent dans la vaste maison, précédés par l’infatigable Corentin. Dragan surprit ce que Joanna glissa au passage à Adrian.
— Corentin a le vertige, confia-t-elle. Si vous voulez qu’il vous laisse tranquille, emmenez-le faire un petit tour en hauteur. Une fois qu’il aura vomi tripes et boyaux, il vous fichera la paix. Au moins pour un temps.
— Ça ne serait pas charitable, protesta mollement Adrian.
Je pouffai. C’était fort probable en effet.
— Je vois. Mais tu t’en es bien sorti ! m’exclamai-je en lui donnant un petit coup dans l’épaule, qu’il ne sentit même pas.
— Ça, on peut le dire effectivement. Nous sommes arrivés.
Alors que ma converse écrasait un nouveau morceau de plastique, je m’accroupis sur le sol pour ramasser le jouet. Je le fis rouler entre mes doigts un instant, mais mon attention fut rapidement attirée par un autre élément : une boîte en bois glissée sous le lit.
Intriguée, je lâchai le Lego et me penchai un peu plus en avant en tendant le bras pour attraper la boîte en question. Dans mon dos, Isabelle fit un pas en avant.
— C’est son grand-père qui lui a fait, expliqua-t-elle alors que j’examinais attentivement l’objet. Il y range ses petits secrets, ses trésors.
Une malédiction, disait Eddy, le réceptionniste du motel ? Le Marchand de sable, pensait Noah ?
Je ne savais pas encore de quoi il en retournait vraiment, mais j’étais remontée à bloc et plus déterminée que jamais à découvrir la vérité derrière ce phénomène énigmatique.
M’exécutant avec hargne, je secouai la tête de gauche à droite. Ce fut alors qu’une femme apparut dans l’encadrement de la porte de la salle de bain.
— Eh merde, c’est qui celle-là ?
— Poppy, je te présente Cordelia Wright, énonça le vieil homme lorsque celle-ci vint se placer à ses côtés. Delia, je te présente Poppy ma…
— Petite-fille, termina-t-elle à sa place, quel plaisir de faire enfin ta connaissance, Poppy.
Perdue, et pas certaine de savoir ce qui se passait ici, j’ouvris la bouche, mais il me fallut un instant pour prononcer une phrase correcte. Ou presque.
— Putain c’est quoi ce bordel ?
Délaissant l’établissement pour se tourner vers moi, Bram ouvrit de grands yeux en lorgnant l’arme à feu entre mes mains. Il recula légèrement.
— Putain c’est quoi ce truc ? s’exclama-t-il, ahuri.
— Un fusil à pompes, répliquai-je, tu n’en as jamais vu ?
— Bien sûr que si ! Mais bordel, d’où tu sors ça ?
Un petit rire rauque chatouilla ma gorge.
— Chéri, cette bagnole est un arsenal de guerre monté sur quatre roues, il y a plus d’armes planquées ici que dans un commissariat de police !
Le garou ouvrit sa portière et posa un pied sur le trottoir.
— Nick n’a pas peur de vivre avec toi ?
Je haussai une épaule.
— Il a fini par s’y faire. Et puis au moins, il sait à quoi s’attendre s’il fait une connerie. Se retrouver avec une balle en argent nichée dans le derrière fait partie des risques du métier quand on vit avec une chasseuse.
— Ce fichu rouquin a toujours aimé vivre dangereusement.
— Il n’est pas conseillé de se promener seule dans les rues par les temps qui courent, on ne sait jamais sur qui on peut tomber.
Malgré la colère et l’incompréhension que je pouvais ressentir, une vague traîtresse de satisfaction intense me caressa l’échine. Elle parvint presque à me faire oublier la fureur destructrice qui parcourrait mes veines.
— Oh mais ne t’en fais pas, Roméo, je suis loin d’être une demoiselle en détresse
Je pouffai, ma toux redoubla. Vincent se leva, il posa sa main sur mon épaule en passant à côté de moi.
— Rejoins vite ton mâle, Poppy, il a besoin de toi.
Je souris et hochai la tête. Il suivit sa femme en traînant des pieds, tout en lui affirmant qu’il était solide et que son taux de cholestérol était parfait.
— Bonne nuit, gamine, me dit Ella en posant une main dans le dos de son compagnon. Il y a du sirop dans un des tiroirs de la cuisine, tu n’as qu’à fouiller.
J’esquissai un sourire et la remerciai difficilement avant de les regarder quitter la pièce main dans la main, tout en se chamaillant comme des gosses.
— Tourne, chérie, m’intima-t-il.
Le géant à ma gauche gronda, je lui lançai un regard en coin avant d’arquer un sourcil.
— Vous voulez mater mes fesses ? demandai-je, surprise.
Le maître des lieux releva le menton, il plissa les yeux.
— Tout juste.
— Je suis pas ce genre de nana, répliquai-je sèchement.
Il soupira.
— Je ne fais que vérifier la marchandise, plaida-t-il.
— Grand-père, gronda Nick.
— Quoi ? s’exclama-t-il. Il faut bien que je m’assure que tu l’aies bien choisie
— C’était un solitaire, pas de famille, pas d’attache. Il traînait comme un fantôme dans les rues de Rogers, c’est ton grand-père qui en a informé Nick, et c’est pour ça qu’il s’est rendu au bar le soir de ta rencontre avec lui.
Je fronçai les sourcils, il ne m’en avait pas parlé. Il fallait dire que je ne l’avais pas fait non plus. Je n’avais posé aucune question au sujet de la visite de Nick ce soir-là au bar, j’avais préféré ne pas montrer mon intérêt pour lui, je ne voulais pas que mon grand-père sache que l’arrivée de ce bel Écossais m’avait rendue toute chose.
— Nick a décidé de le recueillir, les loups solitaires ne sont pas en sécurité, c’est mal vu, tu sais.
Je hochai la tête, son Alpha m’en avait déjà parlé.
— Il était réticent au début. Faire confiance à un Alpha et à une meute en général, c’est compliqué, surtout pour un lycan qui n’a pas d’attache et qui est aussi jeune que l’était Steven. Mais bon, Nick est extrêmement dominant, on ne peut que se trouver attiré par sa force incroyablement attractive.
Oui, je peux très facilement le comprendre…
C’est en pressant ses doigts dans le bas de mon dos que le lycan m’intima d’entrer dans l’immeuble désaffecté. Je m’exécutai sans rechigner, surtout pour échapper à l’atmosphère pesante qui s’était installée dans la rue.
— Hector paiera pour le mal qu’il a fait à Poppy, si qui que ce soit la touche, sache que je le tuerais. Je compte sur toi pour faire passer le message, Devon.
La voix grave et rauque du loup était aussi tranchante qu’une lame de rasoir. Il mettait en garde quiconque voudrait s’en prendre à moi, il le mettait en garde par la même occasion. Cette démonstration de force aurait pu être flatteuse, mais je n’étais pas de cet avis. J’étais une grande fille, je pouvais me débrouiller seule. Ici, j’avais la déplaisante impression d’être réduite à une petite fille fragile incapable de se défendre par ses propres moyens. De nos jours, les femmes savaient se défendre sans l’aide dite indispensable du prince charmant sur son cheval blanc. Je détestais être sous-estimée, je fronçai les sourcils en faisant un pas en avant
— Pourquoi Hector et toi êtes vous en conflit ? lui demandai-je pour changer de sujet.
Nick inspira profondément en se concentrant de nouveau sur le chemin qu’il suivait.
— Disons que nos méthodes sont différentes. Hector est un enfoiré antipathique qui prend son pied en faisant le mal autour de lui. Nous avons eu plusieurs altercations au cours des dernières années, nous ne nous sommes jamais appréciés.
— Au point de s’attaquer à un membre de ta meute ? insinuai-je en pensant à Steven.
Il secoua la tête.
— Je te l’ai déjà dit, je ne pense pas qu’il ait quelque chose à voir avec la mort de Steven. Il n’aurait pas été assez stupide pour s’en prendre à l’un de mes loups, au risque que je le retrouve et lui fasse la peau.
— Oui, mais imaginons une seconde que ce soit possible, insistai-je. Cela pourrait expliquer qu’il veuille s’en prendre à moi. Il sait que je travaille pour toi, enfin, que je t’aide à retrouver le responsable de la mort de ton loup. Ne voulant pas être démasqué, il pourrait chercher à me stopper dans mes recherches.
encore revenue, mais ça ne durerait pas.
– Søren, insistai-je. Je ne veux pas accoucher au beau milieu de la
pièce.
Je le vis répéter mes mots silencieusement, puis…
– Nom de dieu de bordel de merde ! jura-t-il en écarquillant
les yeux. Maintenant ?
Je souris à nouveau. Son visage était encore plus livide qu’une
minute auparavant. Le pauvre était encore plus perturbé que moi.
– Peut-être pas à la seconde, mais d’ici quelques heures sans
aucun doute, l’informa Hélène gentiment.
Quelques heures, me lamentai-je mentalement.
Honnêtement, j’aurais préféré que le travail se déroule beaucoup
plus vite, pour ne pas avoir à subir d’autres contractions
à ma fièvre acheteuse. Ce fut d’ailleurs à l’occasion d’une
livraison que se produisit un fait qui aurait pu être anodin. Sur le
moment, je crus à une erreur de destinataire. Avec les divers paquets que
me livra le facteur ce jour-là, s’en trouvait un, tout petit
(environ quinze centimètres sur quinze) qui, s’il m’était
effectivement adressé ne comportait aucune mention de l’expéditeur.
Et l’attitude du préposé m’étonna grandement, en ce sens que
lui ne parut pas s’apercevoir que le colis ne comportait que mon
prénom, manuscrit en lettres capitales.
déposa un léger baiser sur ma joue. Une mèche de ses cheveux glissa de son
épaule et effleura ma main. Puis il se redressa, juste assez pour pouvoir
me regarder dans les yeux.
– Je prendrai soin de lui, m’assura-t-il tout bas.
– J’en suis certaine, murmurai-je en lui adressant un sourire
de reconnaissance.
Avant que j’aie pu réaliser ce qui se passait, les lèvres de Pierre
étaient sur les miennes. Mais le plus surprenant fut l’absence
presque totale de réaction de la part de Søren qui se contenta d’émettre
un petit grondement désapprobateur. Ma position, le dos calé contre son
torse, me permit d’en ressentir physiquement les vibrations.
Pierre poussa la provocation jusqu’à adresser un signe de tête
assorti d’un léger sourire à Søren avant de nous laisser.
la grande salle était vide.
– Il semblerait, soufflai-je en m’asseyant à l’une des
tables près de l’entrée de la pièce.
Hélène prit élégamment place sur une chaise, alors que je m’étais
laissé tomber sur la mienne.
– Vous êtes certaine d’aller bien ? s’inquiéta-t-elle
à nouveau après m’avoir regardée un moment.
– N’essayez pas de vous montrer compatissante, aimable, ou
pire, d’essayer de m’amadouer, répliquai-je, agacée par sa
bienveillance qui m’empêcherait, peut-être, de la détester comme je
le voulais.
– Je ne vous veux aucun mal, répondit-elle doucement. Et je… je ne
suis pas aussi mauvaise que vous semblez le croire. Je suppose que c’est
logique puisque tous ceux qui vous ont parlé ont des griefs contre moi,
mais… Ma vie n’a pas été facile et j’estime pouvoir bénéficier
de quelques circonstances atténuantes.
– Je vous écoute, soupirai-je.
place.
– Je suis désolée, mais tu viens de préciser que nous parlions d’une
situation qui n’existe pas, et à ma décharge je te signale qu’il
est loin d’être repoussant.
– Je ne peux pas te dire, je n’aime pas les blonds,
grommela-t-il en guise d’excuse.
– Non, tu préfères les blondes, le taquinai-je.
– C’est faux, s’offusqua-t-il en me jetant un regard
noir.
– Oh, le menteur ! m’esclaffai-je. Toutes les femmes qui
gravitaient autour de toi l’étaient.
– Peut-être, mais c’est une brune que j’aime, et on ne
parle pas de ça pour l’instant. Bon, encore une question
frémissais encore après m’être réveillée. Jetant un coup d’œil
à Niall dont le regard était fixé sur la route, j’ouvris la fenêtre
pour aspirer de l’air frais à grandes goulées, avec l’innocent
espoir qu’il me lave, efface ce que je venais de voir et de vivre.
le drame qu’il avait vécu, jamais Niall ne s’était montré
particulièrement mélancolique. Nous avions passé de délicieux moments
ensemble sans que son histoire ne vienne interférer dans la nôtre. M’aurait-il
un jour raconté cette partie de sa vie si le sujet des enfants n’avait
pas été évoqué ? Je comprenais pourquoi ses souvenirs avaient
rejailli mais ne parvenais pas à saisir pourquoi ils prenaient soudain
tant d’ampleur. Sans doute parce qu’il ne les refoulait plus.
Et il me demandait ce qu’il m’arrivait ? Voir Nabu, habillé en rappeur et l’imaginer se promenant tranquillement la nuit dans les rues de Paris eu raison de moi. Je ne pus retenir mon fou rire plus longtemps.
La fugace vision du vénérable vampire dans cette tenue, sur scène, gesticulant et agitant les bras comme un chanteur de rap était vraiment trop drôle. J’en pleurais de rire.
L’inconnu s’avança de quelque pas dans ma direction de façon très décontractée. Sortant les mains de ses poches (des mains pourvues de griffes) il abaissa sa capuche et retira son écharpe. J’écarquillai les yeux à mesure que le quidam dévoilait son visage et son identité. Un fou rire monumental monta en moi.
– Nabu ? m’exclamai-je. C’est vous ?
— J’aurais plutôt demandé son aide à Kieran, répartit Athénaïs d’un ton empli de sous-entendus. C’est un druide puissant.
Aïe, elle jouait sur l’ego de l’ange en laissant entendre que le Highlander était plus puissant que lui.
— Il n’est pas trop tard, rétorqua Dragan. On peut vous déposer sur le bas-côté avec un portable et on se retrouve à destination.
— Vous n’arriverez nulle part sans moi, je jetterai un sort à la voiture pour que vous ne puissiez plus avancer et vous devrez me regarder partir, impuissants.
— Sauf si j’assomme l’Écossais avant de vous bâillonner. Je suis sûr que tout le monde me remerciera de ne plus avoir à subir votre langue de vipère.