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Être agriculteur aujourd'hui demande de gérer une paperasse incroyable et de digérer le vocabulaire qui va avec. Les aides accordées à mon exploitation forment dès la première année plus de soixante pour cent du chiffre d'affaires. Elles sont indispensables à son fonctionnement, tout simplement. En cas de non-respect des contraintes qui découlent de ces aides, des sanctions existent. On ne peut vouloir le beurre et l'argent du beurre. Mais quel fatras ! Il faut deux cerveaux bien distincts et très obéissants pour garder ses brebis le jour et régler ses papiers le soir. Le grand écart est insupportable et je me suis souvent sentie incapable. Bon an mal an, je finirai par mettre de l'ordre dans tout cela, au prix d'une impression de dédoublement de la personnalité par moments. Comment font les autres ?
inventaire annuel du troupeau, carnet d'agnelage, carnet sanitaire, bons de circulation, comptabilité, registre parcellaire, droits à paiement unique, convention pluriannuelle de pâturage, prime à l'herbe agro-environnementale, indemnitéSpoiler(cliquez pour révéler) compensatrice au handicap naturel, mesure agro-environnementale ter, fiches de salaire, unité gros bovin, bordereau de perte, déclaration de TVA, assurances, prime à la brebis, baux verbaux, aide à la trésorerie, registre des boucles, commandes, stocks, chargement par hectare, carnet de pâturage, bons de livraison, bons d'équarrissage, notices explicatives, conditionnalité, sanctions, déclaration trimestrielle des salaires, délais de livraison, ordonnances vétérinaires,réglementation européenne, contrôles, bureau des simplifications, papiers, papiers, papiers
Afficher en entierComme c'est le printemps, les verts font leurs feux d'artifices juvéniles, piquetés de chants d'oiseaux passereaux que le vent ramasse dans sa main joyeuse et propage toujours plus loin vers la mer. En passant, il brosse les jeunes feuilles, les herbes mûres. Il caresse, ondoiement pulsatile, la fourrure des friches et la toison du trait de ruisseau. Ses doigts s'oublient entre les pins qui respirent ensemble et abandonnent leur semence jaune à la migration copulatrice. Il ébouriffe le papillon, prend de l'élan, d'un sursaut franchit la falaise, moissonne les abeilles affairées, aspire les parfums printaniers, les pousse devant lui, leur fait traverser le plateau. Il transhume à nos côtés et va recracher plus loin, sur le désert d'eau, nos vapeurs et la poussière de nos sueurs.
Afficher en entierCe village nous surprend davantage de jour en jour. Par ses habitants. Par la générosité et la simplicité de l'accueil.Par l'attention que chacun semble porter à autrui, ainsi qu'aux animaux, sans parler des enfants qu'il est impensable de punir ou de simplement gronder, ils sont sacrés.
Très vite nous avons la sensation d'habiter ailleurs qu'en France. De part les paysages, l'Espagne et même l'Afrique sonnent à la porte. Les lois sont bien françaises, mais d'autres règles, régies par le respect d'autrui, par la bienveillance, parle bon sens, par la difficulté économique que traverse la viticulture locale, se superposent à la Loi et parfois la recouvrent.
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