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Gallmeister, p. 13
« Avant le christianisme, les Cherokees étaient fiers de leur société matriarcale et matrilinéaire. Les femmes étaient à la tête de la famille, mais le christianisme a donné aux hommes un rôle prédominant. À la suite de ce bouleversement, les femmes ont été écartées de la terre qu'elles avaient possédée et cultivée. On leur a donné un tablier et on leur a signifié que leur place était à la cuisine. Aux hommes, qui avaient toujours été des chasseurs, on a dit qu'ils devaient maintenant travailler dans les champs. Les Cherokees ont vu leur mode de vie traditionnel éradiqué, de même que la répartition des rôles entre les deux sexes, qui avait permis aux femmes d'occuper une place aussi importante que celle des hommes. »
Afficher en entierTu sais pourquoi je t'appelle Petite Indienne ? C'est pour que tu saches que tu es déjà quelqu'un d'important.
Afficher en entier- C'est pour cette raison que je suis devenue une putain, a-t-elle expliqué en continuant à dessiner. J'avais tellement peur d'être envoyée à l'asile. Je couchais avec tous les hommes que je pouvais trouver. On n'essaie pas de guérir une femme qui couche avec des hommes. On la paie.
Afficher en entierQuand j'étais petite, je croyais qu'être cherokee signifiait être reliée à la lune, comme un éclat de lumière qui s'en déroulait au bout d'un fil.
Afficher en entierTon père lui ne connaît rien de tout ça. Les seuls nombres que Landon Carpentier a en tête, c’est le nombre d’étoiles qu’il y avait dans le ciel la nuit où ses enfants sont nés. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais moi je dirais qu’un homme qui a dans la tête des cieux remplis des étoiles de ses enfants est un homme qui mérite leur amour. En particulier l’amour de celle qui avait le plus d’étoiles.
Afficher en entierParfois, je pense que l’univers est juste une lueur. La lueur d’une cigarette dans le noir. Toutes les étoiles, les planètes, les galaxies, les marges infinies. Tout cela est maintenu dans le petit bout rouge d’une cigarette dans la main d’un homme qui, appuyé contre un mur pour suivre des yeux une fille qui rentre chez elle, sait déjà qu’elle n’arrivera jamais jusque-là.
Afficher en entierDevenir femme, c’est affronter le couteau. C’est apprendre à supporter le tranchant de la lame et les blessures. Apprendre à saigner. Et malgré les cicatrices, faire en sorte de rester belle et d’avoir les genoux assez solides pour passer la serpillière dans la cuisine tous les samedis. Ou bien on se perd, ou bien on se trouve. Ces vérités peuvent s’affronter à l’infini. Et qu’est-ce que l’infini, sinon un serment confus ? Un cercle brisé. Une portion de ciel fuchsia. Si l’on redescend sur terre, l’infini prend la forme d’une succession de collines ondoyantes. Un coin de campagne dans l’Ohio où tous les serpents dans les hautes herbes de la prairie savent comment les anges perdent leurs ailes.
Afficher en entierDevenir femme, c’est affronter le couteau. C’est apprendre à supporter le tranchant de la lame et les blessures. Apprendre à saigner. Et malgré les cicatrices, faire en sorte de rester belle et d’avoir les genoux assez solides pour passer la serpillière dans la cuisine tous les samedis. Ou bien on se perd, ou bien on se trouve. Ces vérités peuvent s’affronter à l’infini. Et qu’est-ce que l’infini, sinon un serment confus ? Un cercle brisé. Une portion de ciel fuchsia. Si l’on redescend sur terre, l’infini prend la forme d’une succession de collines ondoyantes. Un coin de campagne dans l’Ohio où tous les serpents dans les hautes herbes de la prairie savent comment les anges perdent leurs ailes.
Afficher en entier- Ce n'est pas facile d'être une femme, P'tite Cherokee. Et surtout, ce n'est pas facile d'être une femme qui passe sa vie à avoir peur de celle qu'elle est vraiment. Tout le monde m'appelle la Vieille Slipperwort. La Vieille. Voilà ce que je suis. La femme qui va au magasin en chaussures plates à semelles en caoutchouc pour acheter des pommes de terre, du lait et du pain. Avec des taches sur ma robe, provenant du petit déjeuner que je prends toute seule. Le dos courbé, mes bas retombant sur mes jambes veinées de bleu et de violet. Des cheveux tout blancs et un visage que plus personne ne voit. Quatre-vingt-dix-sept ans que je suis sur cette terre. Et voilà le résultat : je me retrouve seule dans ma chambre, en train de contempler le reflet d'une femme qui a toujours eu peur d'être elle-même.
Dans le miroir, ses yeux sont passés de son image à la mienne.
- Ne laisse pas une telle chose t'arriver, Betty. N'aie pas peur d'être toi-même. Faut pas que tu vives aussi longtemps pour t'apercevoir à la fin que tu n'as pas vécu du tout.
Afficher en entierCes tâches avaient donné à sa peau la couleur de la terre elle-même. J'étais sure que si je déposais une graine dans ses mains, elle germerait et pousserait dans ses paumes comme si elle avait été plantée dans le sol...
Lees gens auraient pu utiliser toutes sortes de mots pour décrire les mains de mon père. Dures. Tannées. Fendillées et crevassées comme l'écorce d'un arbre. On aurait pu dire que ses mains étaient, par dessus-tout, rugueuses, mais je savais que son contact était doux. Les gens se contentaient de jeter un coup d'œil aux mains de mon père et ils croyaient pouvoir en déduire ce qu'il valait dans ce monde.
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